INSTITUT' D'ETtJDES ORI~NTALES DE LA FACULTE DES LETTRES D'ALGER III HAYY BEN .

INSTITUT' D'ETtJDES ORI~NTALES DE LA FACULTE DES LETTRES D'ALGER III HAYY BEN ....... YAQDHAN ROMAN PHILOSOPHIQUE D'IBN THOFAÏL TEXTE ARABE AVEC .LES "VAR.IANTES DES MANUSCRITS ET DE PLUSIEURS ÉDITIONS ET TRADUCTION FRANÇAISE ze EDITION REVUE, AUG?4ENTEE ET COMPLÈ'I'EMENTR.EM'ANIÉE PAR LÉON GAUTHIER Docteur ès .lettres Professeur honora.lre d'histoire de la phUosophle musulmane à la Faculté des lettres d'Alger BEYROUTH IMPRIMERIE CATHOLIQUE 1936 NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LA THA.NSClUPTION DES MOTS AHABES. Un travail d'hi::\toire de la philosophie musulmane n'appartient pas exclu- sivement à J'érudition orientaliste. Les mots arabes qui s'y rencontrent, termes techniques et noms propres, sont destinés à prlsser, tels qu'on les y voit trans- crits, dans les livres d'histoire de la philosophie universelle. L'auteur d'Ull pareil travail ne doit donc pas s'attacher imperturbablement à un système de transcription rigoureusement scientifique, ayant pour conséquence inevitable de susciter à qui n'est pas arahisant trop de complications, de difficuÎlés et d'énigmes. Nous suivons sur ce point l'exemple des de Sacy, des Ml1nk, des Renan, etc., en adoptant toritclois un mode de transcription un peu plus strict. Nous distinguolls, par exemple, le J q, du ~ 1<., le1, (t fort) th, du CI (t faible) l; mais nous renonçons à distinguer le .,.. (11 fort) Il, du' 0 (Il faible) Il, le ,) (cl zézayé) dh, du J; (d emphatique) dh, etc., parce que la l)énurïe de l'alphabet fi'ançais ne nous permettrait d'indiquer ces nuances, d'~illeurs légères pour qui Il'est pas initié, qu'en surchargeant de signes conventiollnels nos caractères. Cependant, nous rendons conventionnellement, suivant l'usage courant, le lwmza par ' (sauf au début des mots, où sa prononciation est moins sensible) et le 'aïn par', afin de ne pas supprimer deu" consonnes arabes. Nous l"endons, en principe, le U"" (s fl\ible) par s ct le ~ (s emphatique) par ç; néanmoins, nous transcrivons lJ" par ç lorsque, entre deu" voyelles, il risquerait d'être indûment prononcé comme un z. Enfin, nous avons renoncé à modifier l'ortho- graphe altérée de quelques mots devenus chez nous d'un usage tout à fait cou- rant, comme vizir, almohade, etc. - Dans nos citations soit d'auteurs ou tra- ducteurs francais, soit d'auteurs ou traducteurs étrangers que nons traduisons en français, nous ramenons à notre système de transcription les transcriptions variées de mots arabes, en particulier de noms propres, qui pourraient trou- bler cert~ins lecteurs; pa.r exemple: Abentofail (Ibn Thofaïl), Abenjaldün (Ihn Khaldoun), risala (riçâla), etc. INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME ÉDITION La deuxième édition dn Hagy ben Yaqdhân d'Ibn Thofaïl, avec traduction fr~nçaise, notes, etc., que nous publions ici, diffère consi- dérablement de la première, éditée en 1900, et constitùe, en somme, une œuvre nouvelle. Depuis cette date, il a paru, sous notre signature ou sous celle d'autres orientalistes, divers travaux, qui ont rendu nécessaire une reprise en sous-œuvre de l'ancienne Introduction. La possibilité, qui s'offrait à nous maintenant, de dépouiller, soit directement, soit d'après nne copie photographique, trois nouyeaux manuscrits, sans parler d'une troisième édition égyptienne, a eu pour conséqnerice un accroissement considérable de notre liste des varian- tes.' et parfois une refonte du texte. L'adoption d'un certain nombre de leçons meilleures et, d'autre part, une révision minutieuse de notre version française de 1900, révi- sion plusieurs fois répétée dans nos conférences d'explication de textes philosophiques arabes à la Faculté des lettres d'Alger, nous ont permis d'améliorer sensiblement notre primitive traduction. Nous avons enfin enrichi l'ouvrage de notes nouvelles, d'une Liste alphabétique des ouvrages cités, d'Appendices, et de divers Index alphabétiques renvoyant à la page et à la ligne: Index des ter- mes techniques arabes avec leur traduction en français, Index des noms propres, Index des matières. 1. _. BIOGRAPHIE SOMMAIRE n'IBN 'fHOFAïL (1). Abou Bekr Mohammed ben 'Abd el-Malik Mohammed ben Mo- hammed ben Thofaïl el-Qaïcî (Abubaccr chez certains scolastiques latins) (2) naquit à Wâdî-Ach (Guadix), en Andalousie, très probable- (1) Voir, pour sa biographie complète et ses écrits, Léon Gauthier, Ibn Tllofaii, sa vie, ses œuvres. Paris, 1909. (2) Voir Appendice III. - IV- ment dans les dix premières années du XIIe siècle de notre ère. Il de- vint premier médecin et vizir du khalife almohade Abou Ya 'qoub You- çof, qui régnait à la fois sur l'Espagne musulmane et sur l'Afrique du Nord. Protecteur éclairé des sa vants, c'est Ibn Thofaïl qui présenta au « souverain des deux continents» le philosophe Ibn Rochd (Averroès), et qui l'engagea, sur un désÏl' exprimé par ce prince, à entreprendre les fameux Commentaires des écrits d'Aristote. En 1182, sans doute à cause de son grand âge, il résigna ses fonctions de médecin du khalife, et c'est son protégé Ibn Rochd qui lui suetéda dans cette charge; mais il con- serva celle de vizir, qu'il continua d'exercer, après la mort d'Abou Ya'qoub Youçof (1181:), sous s~n fils et successeur Abou Youçof Ya'qoub. Il mourut à Marrâkech .en 1185. Divers témoignages nous le représentent comme versé dans presque toutes les sciences de son temps. II. - ŒUVRES. On trouve mentionnés sous le nom d'Ibn Thofaïl plusieurs écrits sur des matières très diverses: poésie, médecine, astronomie, philoso- phie. Mais, comme nous l'avons montré üilleurs (1), bien qu'il eût des vues, plus ou moins originales, sur le système planétaire, Ibn Thofaïl n'a rien écrit sur l'astronomie, sauf, dans son HaYN ben Yaqdhâll, un passage épisodique de trois pages (2) sur les zônes de la terre, les régions habitables et inhabitables. De ses œuvres poétiques et médi- cales, peu importantes, il nous reste un tout petitnombre de pièces de quelques vers, remplies d'allusions à des évènements historiques contemporains, et peut-être un poème didactique sur les «(simples» (3). En ce qui concerne ses œuvres philosophiques, outre son célèbre roman philosophique intitulé Histoire de lIayy ben YaqdJuîn, on lui attribuait, sur la foi d'un historien arabe du XIIIe siècle, •Apd el-Wâ- hid el-Marrfllwchî, qui déclare en avoie vu le manuscrit autographe, un Traité de l'âme. On pouvait même croire quJil existai~ à la Biblio- thèque de l'Escurial un manuscrit de ce traité. Casiri,en effet, dans (1) Ouvr. cité, pp. 26-27 ; Joumal Asiatique, 1909: Une réforme du sy:.;lème astronomique de Ptolémée tentée pal' les pllilo.sbpl!es arabes du XJIe siècle. (2) Voir notre présente traduction, p. 18, 1.4, à p. 21, 1. 1f, (3) Voir Léon Gauthier, Ibn TllOfaïl, sa vie, ses œuvres, p. ~·t, n. 2, et p. 25. 1. 13à del'n. li~ne. -v- son catalogue des manuscrits de l'Escurial, publié à Madrid en 1760- 1770, sous le titre de Bibliotheca Arabico-IlispanŒ Escurialensis, men- tionnait, 1. l, p. 203, nO DCXCUI, le manuscrit mutilé d'un Traité de l'âme dont l'auteur est Abou Bekr ben Thofaïl, l'Espagnol, de Cordoue, et qui a pour titre ~;..rÜI 4..x.,..11 J'""...I. Dans son catalogne des Manuscrits arabes de l'Escurial. Paris, 1884, 2 vo1., t. l, p. 492, nO 669 (il faut lire 696), Hartwig Derenbourg faisait mention du même manuscrit, « en très mauvais état et dont le commencement est indéchiffrable »). Mais, dès 1859, Samnel Munk, dans ses Mélanges de philosophie juive el arabe, p. 411, dern. 1., avait émis la conjecture que ce manuscrit « est peut- être identique...avec le traité philosophique...[de Hagy ben Yaqdhâlll». Dans l'Intro.dnction de notre première édition, nous faisions remar- quer, à l'appui de cette conjecture, que le titre de ce manuscrit )1""....\ ~"":J.l 4,:C~1I (1) est précisément le sous-titre du Hagy ben Yaq- dhâll d'Ibn Thofaïl, dont une partie traite de l'âme, et nous expo- sions encore d'autres raisons qui, en attendant une vérification directe, incitaient à penser qu'il s'agissait d'un seul et mêl11e ouvrage. Peu de temps après, en septembre 1900, sur nos indications ct à notre de- mande, M. Francisco Code'ra, professeur à l'Université Centrale de Madrid, voulut bien se rendre à la Bibliothèque de l'Escurial et nous adresser copie de plusieurs pages tirées de différentes parties du ma- nuscrit arabe nO 696: elles établissaient péremptoirement l'identité fondamentale des deux textes (2). Le Hayy ben YaqdJzân est donc le seul ouvrage philosophique d'Ibn Thofaïl qui nous reste, el même le seul qu'il ait jamais écrit (3). III. - L'OIUGINALITÜ D'IBN THOFAïL DANS soN HOMAN PHILOSOPIUQUlL En 1909, dans notre ouvrage intitulé Ibn Tlwfarl, sa vie, ses œuvres, nous avons abordé, chemin faisant, la question de l'originalité d'Ibn Thofaïl en tant que philosophe et en tant que romancier. Sur le ptemier de ces deux points nos conclusions restent intactes: Ibn Thofaïl n'a jamais visé à une véritable originalité philosophique(4). (1) Les secrets de la philosophie illumillative. Il faut vocaliser :i:.J.rtt (illll1ninative) et non 4~J"t.: (orientale) comme on le faisait naguère. Voir Lêon Gauthier, ibid. p. 59, n.~ 1. (2) Voir, ["Sr plllsamples déhdls. Léon Gauthier, ibid., pp. 32 à 35. (3) Ibid., plR 38 à 41. (4) Ibid.• pp. 92 à 98. - VI- S'il a fait preuve parfois d'une originalité relative, que nous signalerons dans les notes, c'est en quelque sorte à son insu. Il a d'ailleurs pris soin de déclarer, vers la fin de son Introduction, qu'il emprunte le fond de ses doctrines à EI-Ghazâlî, à Ibn Sînâ (Avicenne) et, accessoi- rement, à des philosophes récents de moindre importance (1). Quant à son uploads/Litterature/ inst-d-x27-etudes-orientale-de-la-faculte-des-lettres-d-x27-alger-leon-gauthier-ibn-thofail-arabe-bn-tfyl-hayy-ben-yaqdhan-roman-philosophique-d-x27-ibn-thofail-texte-arabe-et-traduction-francaise-i.pdf

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