1 INTRODUCTION A UNE POETIQUE DU FA Introduction à une poétique du Fa 2 Du même
1 INTRODUCTION A UNE POETIQUE DU FA Introduction à une poétique du Fa 2 Du même auteur – Entre Mythes et Modernités : Aspects de la poésie négro- africaine d'expression française, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, 524 p., (Essai). – Créations burlesques et Déconstruction chez Ken Bugul, Cotonou, Les Editions des Diasporas, 2001, (Essai). – Ce Regard de la Mer… Anthologie de la poésie béninoise d'aujourd'hui, Cotonou, Les Editions des Diasporas, 2001, (Anthologie). – Introduction à une poétique du Fa, Cotonou, Les Editions des Diasporas / Editions du Flamboyant, 2006, 176 p., (Essai). – La petite fille des eaux, (Collectif), Paris, Editions NDZE, 2006, 97 p. (Roman). – Poétique baroque dans les littératures africaines francophones : Tome 1 : Olympe Bhêly-Quenum (Thèmes et styles), Cotonou, Editions des Diasporas, 2007, 217 p. (Essai). – Les épouses de Fa : Récits de la parole sacrée du Bénin, Paris, L'Harmattan, 2008, 100 p. (Récits). – Pour circoncire le sel (Hoquets pélagiques), Lomé, Les Editions de la Rose Bleue, 2009, 87 p. (Poème). – Si Dieu était une femme..... Anthologie de la poésie béninoise d’aujourdhui, Cotonou, Les Editions des Diasporas, 2009, 287 p. 7 PREFACE A LA PREMIERE EDITION Poésie des sons, des images et des idées pour une pensée de la vie, poésie pour une philosophie J e remercie Monsieur Mahougnon KAKPO de m'avoir fait lire son manuscrit et je rends hommage et grâces à la chaîne d'amitié qui nous a mis en contact. Mais ayant pris connaissance de l'Introduction à une poétique du Fa, je brûle d'envie – désormais – de lire Entre Mythes et Modernités, cet essai de plus de cinq cents pages que Monsieur KAKPO a consacré aux Aspects de la poésie négro-africaine d'expression française1. Car je voudrais pouvoir contempler quelque temps encore ces lumières que les expertises conjuguées de la critique littéraire et de l'étude scientifique de la poésie sont aptes à jeter sur le génie créateur des poètes africains d'hier et d'aujourd'hui, nos si grands orfèvres et maîtres de la parole. La charge poétique d'un énoncé littéraire n'est pas rivée aux sons (phonèmes) de la langue qui est la première à l'exprimer. C'est ce qui fait que la traduction d'un poème dans une langue étrangère laisse très souvent intacte sa 1- Entre Mythes et Modernités : Aspects de la poésie négro-africaine d'expres- sion française, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, 524 p., (Essai). Préface Introduction à une poétique du Fa 8 charge poétique. Il en va ainsi pour tous les grands poètes, qu'ils soient anciens ou modernes ; c'est aussi le cas de tous les grands textes, même lorsqu'ils sont d'auteurs carrément inconnus ou simplement légendaires. C'est certainement le cas de la littérature orale relative à Fa. Et cela, le livre de M. Kakpo le démontre amplement. Ainsi, la poésie se joue des langues. Elle les transcende toutes ; parce qu'elle n'est pas uniquement poésie des sons ; elle est aussi, sinon surtout, poésie des images et poésie des idées ; comme la sculpture est poésie des formes et des reflets pendant que la peinture est poésie des couleurs et des formes, poésie des ombres et des lumières. Au niveau des sons, la poésie joue et se joue des ressemblances et des dissemblances, des résonances et des tonalités, des assonances, des consonances et des dissonances… Tandis qu'au niveau des images, ce sont les juxtapositions, les oppositions, les appositions et les superpositions qui fournissent au poète la matière première de son jeu créateur. Sans que ce qui se donne à observer avec les sons et avec les images aient à disparaître totalement, au niveau des idées, ce dont se joue et avec quoi joue le poète, ce sont les répétitions, les conjonctions, les disjonc- tions, les négations, les inductions, les implications, les déductions, etc. De la poésie des sons à la poésie des idées en passant par la poésie des images, la matière première de la création se dématérialise pendant que le génie du poète se grise au spectacle de ses propres prouesses qu'il nous offre à contempler. 9 A lire l'Introduction à une poétique du Fa, ce à quoi je me délecte, c'est la manière dont les textes de Fa ne sont pas seulement une poésie des sons et des images ; ils sont aussi une poésie des idées, une pensée. Quatre voies mènent au contenu révélé de chaque figure oraculaire lorsqu'elle apparaît dans le processus de la consultation géomantique Fa, processus si admirablement décrit et mis en schéma par le Professeur Mahougnon KAKPO : son nom, sa devise proférée, sa légende initiatique et son chant. L'un des mérites du Professeur Mahougnon KAKPO – et non des moindres – est d'avoir réussi à mettre en lumière la manière dont la convergence de ces quatre voies d'accès à la révélation de Fa fonctionne comme une poésie ; et j'ajoute une poésie au sens grec de poiésis qui est fondamentalement création. Le gniko, le Fa gbesisa, le Fa gleta et le Fa han véhiculent un seul et même message mais selon ses différentes facettes. Chacune de ces quatre voies mène à la même lumière mais elle en magnifie des reflets différents et complémentaires dans le tout de la révélation géomantique Fa. C'est pourquoi le profil de Lègba que met en lumière le Fa gléta n°1 est rigoureusement complémentaire de celui que dévoile le Fa gléta n°2. Car si dans le premier c'est Lègba qui convoite le pouvoir de voyance détenu par Aglavu Wesi, dans le second, c'est Aglavu Wesi qui convoite le pouvoir de prestidigitation du magicien qui se révèlera être encore Lègba. De la sorte, Lègba n'est pas seulement capable de convoiter ; il est aussi convoitable et de fait convoité. Il n'y a là rien d'anormal ! Préface Introduction à une poétique du Fa 10 Mais que Lègba gagne toujours tandis que Aglavu Wesi toujours perde, voilà qui mérite qu'on y réfléchisse. Serait- ce parce que l'un est un dieu et l'autre un animal ? Ou serait- ce plutôt parce que leurs destins respectifs ont fait du premier un gagnant et du second un perdant ? Que non ! Aussi inattendu que cela puisse paraître, le destin, notre destin, n'est pas derrière nous. Il n'est pas déjà écrit depuis toujours et pour toujours. Il est plutôt devant nous et donc avec nous. C'est en tout cas ce qu'enseigne patiemment et minutieusement l'oracle Fa. En effet, le premier pas à faire sur la voie de la maîtrise de son destin est de s'en préoccuper et, ce faisant, le reconnaître sans cependant le rendre rigide et implacable. Et se soucier de son destin, c'est chercher à le connaître. Parfois dans sa totalité, comme destin, et parfois sur le point précis d'une action que l'on s'apprête à initier. C'est là le tout premier élément de différence entre Lègba et Aglavu Wesi. Car comme le démontrent les Fa gleta n°1 et n°2, Lègba a – d'abord – soumis son projet de conquête du don de voyance détenu par Aglavu Wesi aux lumières de Fa ; il a consulté le devin ; ce que ne fit pas Aglavu Wesi lorsque vint son tour de recevoir ses amis à manger ni lorsqu'il conçut l'idée de s'approprier le pouvoir de prestidigitation du grand magicien qui n'était autre que Lègba lui-même. Le deuxième signe distinctif de Lègba en tant qu'actant, lorsqu'on le compare à Aglavu Wesi est que l'action qu'il projette d'accomplir est précédée par une action préparatoire faussement considérée comme propitiatoire. Cette pré- action, c'est l'oracle qui la prescrit à travers le vo 11 couramment et encore plus faussement compris comme un sacrifice. Car, bien sûr, très souvent Fa demande qu'on immole un animal et cela est bien un sacrifice. Mais c'est la situation de la pré-action prescrite par le vo qui dévoile sa véritable fonction qui, ici, prime sur sa nature et l'éclaire. Comme cela apparaît dans le cas de Lègba décrit dans le Fa gleta n°1, le Vo s'insère dans la trame de l'action à mener et en constitue d'emblée un élément constitutif, organi- quement lié et relié aux autres éléments. Comme tel et parce qu'il précède l'action projetée, le vo oriente la totalité de l'action-à-venir vers le but désiré par celui qui l'a initiée et qui l'accomplira. C'est de cette façon que le consultant – désormais actant – acquiert la maîtrise de son destin. Cette maîtrise est donc une conquête ; elle n'est pas un don. A l'opposé, celui qui ne se soucie pas de son destin et ne cherche ni à le reconnaître ni à le connaître en subit la stricte rigueur. Tel apparaît Aglavu Wesi, parfaite incarnation de l'insensé. Croyant agir, il est plutôt agit. Il subit son destin alors qu'il aurait pu le dompter, le maîtriser : il n'a pas simplement un destin, il est son destin et devient, de la sorte, le bois dont on fait le feu. Le rôle de la figure oraculaire Tula-do-lo-gbe devient dès lors nettement plus clair. D'abord, il n'apparaît qu'à celui qui « cherche et recherche2 » et donc s'inquiète. uploads/Litterature/ introduction-a-la-poetique-du-fa.pdf
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- Publié le Sep 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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