ÉTUDES DE LINGUISTIQUE FRANÇAISE p . i . e . p e t e r l a n g gramm r - Jacque

ÉTUDES DE LINGUISTIQUE FRANÇAISE p . i . e . p e t e r l a n g gramm r - Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Jean-Marc Sarale et Sophie Sarrazin (dir.) Dialogisme : langue, discours Comment le discours d’autrui pénètre-t-il mon propre discours ? Comment se marque cette altérité ? Quels outils la langue fournit-elle par lesquels se signifie la pluralité énonciative ? Cet ouvrage apporte des réponses à ces questions en faisant travailler une notion héritée du philosophe du langage russe Mikhaïl Bakhtine (1895-1975) : le dialogisme, que l’on définira comme l’orientation, constitutive de sa production comme de son interprétation, de tout discours vers d’autres discours. Cette orientation dialogique se manifeste sous forme d’échos, de résonances, d’harmoniques, qui font signe vers d’autres discours ; sous forme de voix introduisant de l’autre dans l’un, que l’on étudie à partir des marques linguistiques qu’elles laissent en surface. Les analyses retenues dans ce travail collectif font travailler la notion de dialogisme à l’articulation de la langue et du discours, à partir de l’hypothèse suivante : si la production du discours est constitutivement orientée vers d’autres discours, alors cette dynamique doit affecter certains outils de la langue elle-même. Ainsi se voient questionnés différents lieux de la grammaire de la langue et du texte : la dislocation, la locution adverbiale un peu, le connecteur non que, l’interrogation en est-ce que, le déterminant démonstratif, les temps verbaux de l’indicatif, la structuration du texte en paragraphes, le titre de presse. Jacques Bres est professeur de linguistique française. Aleksandra Nowakowska est maître de conférences en linguis- tique et communication. Jean-Marc Sarale est agrégé des lettres. Sophie Sarrazin est maître de conférences en linguistique hispanique. Ils enseignent à l’Université Paul-Valéry Montpellier III et sont membres du laboratoire de recherche Praxiling UMR 5267 CNRS- Montpellier III. p.i.e. peter lang bruxell es ÉTUDES DE LINGUISTIQUE FRANÇAISE gramm - r www.peterlang.com 14 1 2 3 P.I.E. Peter Lang Bruxelles      Bern  Berlin  Frankfurt am Main  New York  Oxford  Wien Dialogisme : langue, discours 4 5 Jacques BRES, Aleksandra NOWAKOWSKA, Jean-Marc SARALE et Sophie SARRAZIN (dir.) « GRAMM-R. Études de linguistique française » N° 14 Dialogisme : langue, discours 6 Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit, est illicite. Tous droits réservés. © P.I.E. PETER LANG S.A. Éditions scientifiques internationales Bruxelles, 2012 1 avenue Maurice, B-1050 Bruxelles, Belgique www.peterlang.com ; info@peterlang.com Imprimé en Allemagne ISSN 2030-2363 ISBN 978-90-5201-852-2 (paperback) ISBN 978­3­0352­6212­4 (eBook) D/2012/5678/52 Information bibliographique publiée par « Die Deutsche Nationalbibliothek » « Die Deutsche Nationalbibliothek » répertorie cette publication dans la « Deutsche Nationalbibliografie » ; les données bibliographiques détaillées sont disponibles sur le site <http://dnb.de>. Nous remercions le laboratoire Praxiling UMR 5267 pour le soutien financier apporté à cette publication. 7 Table des matières Préface .................................................................................................... 9 PREMIÈRE PARTIE DU DIALOGISME DANS LA GRAMMAIRE L’approche dialogique de la dislocation à gauche d’un syntagme adjectival au superlatif relatif .................................. 15 Aleksandra Nowakowska Hypothèse de découverte d’un marqueur dialogique : un peu ........ 27 Danielle Leeman et Céline Vaguer Non que – marqueur de plurivocité ................................................... 37 Daciana Vlad La question en est-ce que : une histoire de « dé-dialogisation » ? ................................................. 47 Gilles Siouffi Le déterminant démonstratif. Un rôle contextuel de signal dialogique ? .......................................... 61 Jean-Marc Sarale DEUXIÈME PARTIE TEMPS VERBAUX ET FONCTIONNEMENT DIALOGIQUE Aspect, modalité et dialogisme. Théorie et analyse de quatre langues européennes ........................... 77 Adeline Patard Point de vue et repérage énonciatif. L’imparfait est-il un marqueur dialogique ? .................................... 93 Sylvie Mellet Le futuro perfeito, marqueur de dialogisme. Dialogisme et discours journalistique : la « une » du quotidien Público .......... 109 Isabel Margarida Duarte 8 Dialogisme de langue et dialogisme de discours. Des emplois dits concessifs du futur et du conditionnel en espagnol .................. 123 Sophie Sarrazin On aurait oublié les clés du dialogisme sur la porte de l’analyse ? De l’effet de sens de conjecture du futur et du conditionnel en français .................... 137 Jacques Bres et Sophie Azzopardi TROISIÈME PARTIE DIALOGISME, TEXTUALITÉ, ÉNONCIATION Le paragraphe, un signal de dialogisme ? ....................................... 153 Françoise Dufour Dialogisme, intertextualité et paratexte journalistique .................. 167 Françoise Sullet-Nylander « Oui, il y a encore du pain sur la planche… » À propos de la notion d’énoncé dans la théorie du dialogisme de Jacques Bres .................................................................................. 181 Patrick Dendale Se parler à l’autre .............................................................................. 197 Dominique Ducard Notices biographiques ....................................................................... 211 9 Préface La notion de dialogisme est de nos jours fortement sollicitée en sciences du langage, ce qui se manifeste notamment par les publications qui lui sont consacrées : citons à titre d’exemple, l’ouvrage dirigé par S. Mellet, Concession et dialogisme (Peter Lang 2008), ou le récent numéro de la revue Langue française. Dialogisme et marqueurs gram- maticaux (no 163 sept. 2009). C’est que ladite notion s’avère d’une grande puissance, notamment dans les sous-disciplines de l’analyse du discours, de la sémantique discursive, de la sémantique grammaticale, de la linguistique textuelle et de l’énonciation. Comme on le sait, la notion de dialogisme est avancée dans les tra- vaux du cercle de Bakhtine qui, à partir de la fin des années 1920, développe un ensemble de thèses sémiotiques et discursives de caractère heuristique. Certaines de ces recherches ont été progressivement tra- duites, à partir de 1970, notamment en anglais et en français ; en 1981, l’ouvrage de T. Todorov, Mikhaïl Bakhtine. Le principe dialogique, suivi de Écrits du cercle de Bakhtine, vient consacrer une influence – parfois une emprise – déjà largement engagée, tant dans la critique littéraire qu’en analyse du discours ou en linguistique de l’énonciation. C’est ce dernier domaine qui retiendra plus particulièrement notre attention. Si l’on s’accorde pour attribuer la paternité du dialogisme aux écrits du Cercle de Bakhtine, et tout particulièrement à cet auteur, on ne saurait en trouver une définition explicite dans ces travaux. En appui sur leur lecture, on peut définir cette notion comme l’orientation de tout discours, constitutive et au principe de sa production comme de son interprétation, vers d’autres discours. Cette orientation se manifeste sous forme d’échos, de résonances, d’harmoniques, qui font signe vers d’autres discours ; sous forme de voix qui introduisent de l’autre dans l’un. Ces marques dialogiques, plus ou moins explicites, affectent le discours à ses différents niveaux, tant macrotextuel (roman, texte, discours, tour de parole) que microtextuel (mot) ; comme dans ses différentes dimensions : sémantique, syntaxique, intonative, énonciative. Le présent ouvrage fait travailler la notion de dialogisme à l’articula- tion de la langue et du discours, à partir de l’hypothèse suivante : si la production du discours est constitutivement orientée vers d’autres discours, alors cette dynamique doit affecter certains outils de la langue elle-même, contrairement à ce qu’a pu écrire parfois Bakhtine, comme Dialogisme : langue, discours 10 lorsqu’il déclarait : « les rapports dialogiques (y compris ceux du locu- teur avec son propre mot) sont un objet de la translinguistique. […] Dans la langue, objet de la linguistique, n’existe et ne peut exister aucun rapport dialogique » (1963/1970 : 239). Non, la langue n’est pas à l’abri des rapports dialogiques : les articles qui composent cet ouvrage ques- tionnent les différentes façons dont le dialogisme peut pénétrer la pro- duction du sens d’un élément linguistique, jusqu’à parfois s’installer en son cœur. L’ouvrage est divisé en trois parties. La première, intitulée Du dialo- gisme dans la grammaire, regroupe des recherches qui font travailler la notion de dialogisme sur divers faits grammaticaux : la dislocation, la locution adverbiale un peu, le connecteur non que, l’interrogation en est- ce que, le déterminant démonstratif. Aleksandra Nowakowska analyse le fonctionnement de la disloca- tion à gauche d’un syntagme adjectival au superlatif relatif de supériori- té (par exemple le pire, c’est que […]). Elle met en évidence que, dans ce tour, la combinaison du détachement et du superlatif adjectival instaure implicitement un rapport dialogique avec une évaluation prêtée par l’énonciateur à son énonciataire. Danielle Leeman et Céline Vaguer montrent que la locution adver- biale un peu connaît deux emplois comme marqueur dialogique : l’un comme marqueur antiphrastique (Elle fait un peu vieille fille) ; l’autre comme marqueur métalinguistique, témoignant de la distance du locu- teur avec le terme qu’il emploie, compte tenu ou en prévision de ce qu’il peut imaginer de la position de l’interlocuteur (Monique, c’est un peu notre mère à tous). Daciana Vlad développe l’idée que non que sert à mettre en place un énoncé qui fait coexister deux points de vue de polarité opposée, introduisant de la sorte une potentialité polémique que le contexte se chargera de développer ou d’éteindre. Gilles Siouffi étudie diachroniquement est-ce que en interrogation totale. Il défend l’hypothèse que ce tour a subi, parallèlement à sa grammaticalisation progressive entre le début du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, un mouvement de « dédialogisation » qui permet de rendre compte de son évolution sémantique. Jean-Marc Sarale s’intéresse au fonctionnement de certains SN démonstratifs à expansion prédicative, qui uploads/Litterature/ jacques-bres-aleksandra-nowakowska-jean-marc-sarale-sophie-dialogisme.pdf

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