JACQUES LACAN ÉCRITS ÉDITIONS DU SEUIL 27, rlle Jaçob, Paris-VI- © Édilionl du
JACQUES LACAN ÉCRITS ÉDITIONS DU SEUIL 27, rlle Jaçob, Paris-VI- © Édilionl du Seuil, 1911. La loi du Il mars 19S7 interdit les copios ou reproductions dostin6es lune lItiUsation collcctive. Toutc repTfsentation ou reproduction intfgrale ou partiellc faitc par quelquc procede que ce soit, sans lc consentcment de l'autcur ou dc ses ayants ClWll e, est Illicite et constituc une contrefaçon saoclionnfe par les article. 42S et suivanls du Code ptnal, 1 Ouverture de cp recueil « Le style est l'homme même », répète-t-on sans y. voir de malice, ni s'inquiéter de ce que l'homme ne soit plus référence si certaine. Au reste l'image du linge parant Buffon en train d'écrire, est là pour soutenir l'inattention. Une réédition du V'!l0ge à Mon/bar (publié an IX chez Solvet, posthume) de la plume d'Hérault de Séchelles, titre qui reprend une V isite à Monsiellf' de Buffon de 1785, serait propice à plus de réflexion. Non pas seulement de ce qu'on y goûte un autre style qui préfigure le meill eur de nos repor tages bouffonnants, mais de rendre le propos lui-même à un contexte d'impertinence où l'hôte ne le cède en rien à son visiteur. Car l'homme agité en l'adage déjà classique à cette date d'être extrait d'un discours à l'Académie, Ij'avère en ce crayon être un fantasme du grand.homme, qui l'ordonne en scénario pour y prendre sa maison entière. Rien ici qui relève du naturel, Voltaire là-dessus, on s'en souvient, généralise méchamment. Le style c'est l'homme, en rallierons-nous la formule, à seulement la rallonger: l'homme à qui l'on s'adresse? Ce serait simplement satisfaire à ce principe par nous promu : que dans le langage notre message nous vient de l'Autre, et p·our inversée. (Et rappelons que ce principe s'est appliqué à sa propre énonciation, puisqu'à avoir été émis par nous, c'est d'un autre, interlocuteur éminent, qu'il a reçu sa meilleure frappe.) Mais si l'homme se réduisait à n'être rien que le lieu de retour de notre discours, la question ne nous en reviendrait elle pas d'à quoi bon le lui adresser? C'est bien la question que nous pose ce lecteur nouveau dont on nous fait argument pour rassembler ces écrits. Nous lui ménageons un palier dans notre style, en donnant à l a Le/tre voUe le privilège d'ouvrir leur suite en dépit de la diachronie de celle-ci. OUVERTURE DE CE RECUEIL A ce lecteur de rendre à la lettre en question, au-delà de Ceux qui firent un jour son adresse, cela même qu'il y trouvera pour mot de la fin : sa destination. A savoir le message de Poe déchiffré et revenant de lui, lecteur, à ce qu'à le lire, il se dise n'être. pas plus feint que la vérité quand elle habite la fiction. Ce « vol de la lettre », on le dira la parodie de notre discours: soit qu'on s'en tienne à l'étymologie qui mdique un accom pagnement et implique la préséance du trajet parodié; soit qu'à rendre le terme à son emploi commun, on en voie conjurée l'ombre du mattre à penser, pour obtenir l'effet que nous lui préférons. The rape o f the lork, le vol de la boucle, le titre ici s'évoque du poème où Pope, par la grâce de la parodie, ravit, lui à l'épopée, le trait secret de son enjeu de dérision. Notre tâche ramène cette boucle charmante au sens topo logique qu'aurait le mot : nœud dont un trajet se ferme de son redoublement renversé, - soit td que récemment nous l'avons promu à soutenir la structure du sujet. C'est bien là que nos élèves seraient fondés à reconnattre le « déjà» pour lequd ils se contentent parfois d'homologies moins motivées. ' Car nous déchiffrons ici en la fiction de Poe, si puissante, au sens mathématique du terme, cette division où le sujet se vérifie de ce qu'un objet le traverse sans qu'ils se pénètrent en rien, laquelle est au principe de ce qui se lève à la fin de ce recueil sous le nom d'objet a (à lire: petit a). C'est l'objet qui répond à la question sur le style, que nous posons d'entrée de jeu. A cette place que marquait l'homme pour Buffon, nous appdons la chute de cet objet, révélante de ce qu'elle l'isole, à la fois comme la cause du désir où le sujet s'éclipse, et comme soutenant le sujet entre vérité et savoir. Nous voulons du parcours dont ces écrits sont les jalons et du style que leur adresse commande, amener le lecteur à une conséquence où il lui faille mettre du sien. 10 Le slminaire sur «( La Lettrè-voIle ) Und wenn es uns glückt. Und wenn es sich schickt, 50 sind es Gedanken. Notre recherche nous a mené à ce point de reconnaître que l'automatisme de répétition (W ied erholun gszwang) prend son principe dans ce que nous' avons appelé l'insistançe de la chaine signifiante. Cette notion elle-même, nous l'avons dégagée comme corrélative de l'ex-sistençe (soit : de la place excentrique) où il nous faut situer le sujet de l'inconscient, si nous devons prendre au sérieux la découverte de Freud. C'est, on le sait, dans l'expé rience inaugurée par la psychanalyse qu'on peut saisir par quels biais de l'imaginaire vient à s'exercer, jusqu'au plus intime de l'organisme humain, cette prise du symbolique. L'enseignement de ce séminaire est fait pour soutenir que ces incidences imaginaires, loin de représenter l'essentiel de notre expérience, n'en livrent rien que d'inconsistant, sauf à être rapportées à la chaîne symbolique qui les lie et les oriente. Certes savons-nous l'importance des imprégnations imagi naires (Prli gung) dans ces partialisations de l'alternative symbo lique qui donnent à la chaîne signifiante son allure. Mais nous posons que c'est la loi propre à cette chaîne qui régit les effets psychanalytiques déterminants pour le sujet: tels que la forclusion (Verwerftm g), le refoulement (V erdrlingttng), la dénégation (Ver neinung) elle-même, - précisant de l'accent qui y convient que ces effets suivent si fidèlement le déplacement (Entstellnng) du signi fiant que les facteurs imaginaires, malgré leur inertie, n'y font figure que d'ombres et de reflets. Encore cet accent serait-il prodigué en vain, s'il ne servait à votre regard, qu'à abstraire une forme générale de phénomènes dont la particularité dans notre expérience resterait pour vous l'essentiel, et dont ce ne serait pas sans artifice qu'on romprait le composite original. II LE SÉMINAIRE SUR « LA LETTRE VOLÉE » C'est pourquoi nous avons pensé à illustrer pour vous aujour d'hui la vérité qui se dégage du moment de la pensée freudienne que nous étudions, à savoir que c'est l'ordre symbolique qui est, pour le sujet, constituant, en vous démontrant dans une histoire la détermination majeure que le sujet reçoit du parcours d'un signifiant. C'est cette vérité, remarquons-le, qui rend possible l'existence même de la fiction. Dès lors une fable est aussi propre qu'une autre histoire à la mettre en lumière, - quitte à y faire l'épreuve de sa cohérence. A cette réserve près, elle a même l'avantage de manifester d'autant plus purement la nécessité symbolique, qu'on pourrait la croire régie par l'arbitraire. C'est pourquoi sans chercher plus loin, nous avons pris notre exemple dans l'histoire même où est insérée la dialectique concer nant le jeu de pair ou impair, dont nous avons le plus récemment tiré profit. Sans doute n'est-ce pas par hasard que cette histoire s'est avérée favorable à donner suite à un cours de recherche qui y avait déjà trouvé appui. Il s'agit, vous le savez, du conte que Baudelaire a traduit sous le titre de : La lettre volée. Dès le premier abord, on y distinguera un drame, de la narration qui en est faite et des conditions de cette narration. On voit vite au reste ce qui rend nécessaires ces composants, et qu'ils n'ont pu échapper aux intentions de qui les a composés. La narration double en effet le drame d'un commentaire, sans lequel il n'y aurait pas de mise en scène possible. Disons que l'action en resterait, à proprement parler, invisible de la salle, - outre que te dialogue en serait expressément et par les besoins mêmes du drame, vide de tout sens qui pût s'y rapporter pour un auditeur: - autrement dit que rien du drame ne pourrait apparaître ni à la prise de vues, ni à la prise de sons, sans l'éclaitage à jour frisant, si l'on peut dire, que la narration donne à chaque scène du point de vue qu'avait en le jouant l'un de ses acteurs. Ces scènes sont deux, dont nous irons aussitôt à désigner la première sous le nom de scène primitive, ct non pas par inatten tion, puisque la seconde peut être considérée comme sa répéti tion, au Sens qui est ici même à l'ordre du jour. La scène primitive donc se joue, nous dit-on, dans le boudoir 12 LE SÉMINAIRE SUR « LA LETTRE VOLÉE» royal, de sorte que nous soupçonnons que la personne du plus haut rang, dite encore l'illustre personne, qui y est seule quand elle reçoit une lettre, est la Reine. 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- Publié le Mai 04, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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