Revue théologique de Louvain Où va l'exégèse du Psautier ? Bilan de six années

Revue théologique de Louvain Où va l'exégèse du Psautier ? Bilan de six années d'études psalmiques (1995-2000) Jean-Marie Auwers Citer ce document / Cite this document : Auwers Jean-Marie. Où va l'exégèse du Psautier ? Bilan de six années d'études psalmiques (1995-2000). In: Revue théologique de Louvain, 32ᵉ année, fasc. 3, 2001. pp. 374-410; https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2001_num_32_3_3168 Fichier pdf généré le 29/03/2018 Abstract This is a presentation of twenty-seven commentaries and monographs which have influenced Psalter research from 1995 to 2000. Formgeschichte remains the principal framework of reference, but structural analysis has also obtained the right to be heard. There has been a multiplication of works devoted to the «message» of the Psalter taken as a whole and to the literary composition of individual collections. Some studies try to understake synchronic and diachronic approaches simultaneously ; others propose a lectio continua of the Psalter which uses the structural, lexical and thematic links between the psalms. Exegesis of the Psalms is more diversified today than it was up to recently and is tending to become more «theological». Résumé Présentation de vingt-sept commentaires et monographies qui ont marqué la recherche sur le Psautier durant les années 1995-2000. L'histoire de formes reste le cadre de référence principal, mais les analyses structurelles ont désormais gagné droit de cité. On a vu se multiplier des ouvrages consacrés au «message» de l'ensemble du Psautier et à la composition littéraire de collections particulières. Certains travaux cherchent à mener de front approche synchronique et approche diachronique ; d'autres proposent une lectio continua du Psautier, qui tire parti des liens structurels, lexicaux et thématiques entre les psaumes. L'exégèse du livre des psaumes est plus diversifiée aujourd'hui qu'elle ne l'était jusqu'à un passé récent, et tend à redevenir « théologique » . Revue théologique de Louvain, 32, 2001, 374-410. Jean-Marie Auwers Où va l'exégèse du Psautier? Bilan de six années d'études psalmiques (1995-2000) Le Psautier est un des livres de la Bible les plus commentés. Les publications, dans ce domaine, sont nombreuses et généralement de qualité. On trouvera ci-dessous la présentation critique d'une vingtaine de commentaires et de monographies qui ont marqué la recherche sur les études psalmiques ces six dernières années. I. Introductions et généralités (1) Hermann Gunkel, Introduction to Psalms. The Genres of the Religions Lyric of Israël, completed by Joachim Begrich, translated by James D. Nogalski (coll. Mercer Biblical Studies). Maçon (GA), Mercer University Press, 1998. ix-388 p. 26 x 18. 45 US$. Isbn 0-86554-579-0. Tous ceux que rebute la langue de Goethe se réjouiront de disposer désormais d'une traduction anglaise du plus important des ouvrages qui ont été consacrés à la psalmique au cours du xxe siècle. Ce n'est pas ici le lieu d'en présenter le contenu: toutes les initiations à l'Ancien Testament, toutes les introductions au Psautier signalent la classification des genres littéraires (Gattungen) à laquelle H. Gunkel a attaché son nom. Certes, d'autres, avant lui, avaient esquissé l'étude des catégories de la poésie hébraïque, mais il a été le premier à fournir des critères rigoureux pour déterminer les genres littéraires des pièces du Psautier et surtout à postuler une relation étroite entre les «formes» par lui déterminées et des fonctions spécifiques de la vie communautaire, en particulier de la vie cultuelle. Son commentaire du Psautier1 a fait date, et plus encore son Einleitung in die Psalmen, complétée par son disciple J. Begrich et publiée un an après la mort du maître (1933; 4e éd., 1985). L'influence de H. Gunkel sur les études psalmiques fut si importante qu'on a vu paraître des commentaires où les pièces du Psautier étaient regroupées par genres (E. Kônig, 1927; G. Castellino, 1955). Parmi les commentaires parus entre 1930 et 1975, rares sont ceux qui restèrent imperméables au système gunkélien, qui est aujourd'hui encore le cadre principal de l'exégèse du Psautier - cadre à l'intérieur duquel les discussions se poursuivent activement2. 1 H. GuNKEL, Die Psalmen (coll. Gôttinger Handkommentar zum Alten Testament, II/2), Gottingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1926; 6e éd., 1986. 2 Voir les aperçus fournis par J. Vermeylen, Où en est l'exégèse du psautier? , dans Lumière et Vie, n° 202 (t. XL-2), 1991, p. 75-92. ÉTUDES SUR LE PSAUTIER 375 La méthode gunkélienne procède, de manière caractéristique, d'une démarche de type archéologique: l'interprétation des pièces individuelles passe par l'interprétation de la forme des genres psalmiques, laquelle s'explique par leur situation primitive, qui coïncide avec le stade cultuel de la religion. Certes, Gunkel admettait une évolution entre la fonction originaire des différents genres présents dans le Psautier et le caractère propre des spécimens de ces genres conservés: la prédication prophétique des vme et vif siècles aurait orienté la psalmique dans une direction nouvelle. Le professeur de Halle ratifiait ainsi le principe de la Religionsgeschichtliche Schule encore mal libérée des vues wellhauseniennes, principe selon lequel la piété cultuelle, et donc collective, précède la dévotion privée. Il considérait que les poèmes à forme littéraire pure l'emportaient en ancienneté sur les Mischungen et que les poèmes d'inspiration nationale et cultuelle avaient devancé dans le temps les prières individuelles. Le chant purement spirituel, c'est-à-dire celui qui aurait coupé le cordon ombilical avec le culte - das kultfreie, geistliche Lied - représenterait le stade ultime de l'évolution. La présentation matérielle de l'ouvrage est soignée. On aurait pu souhaiter que la pagination de l'édition allemande soit reproduite d'une manière ou d'une autre, même s'il est habituel de renvoyer aux paragraphes et alinéas de YEinleitung de Gunkel. Un index scripturaire facilite la consultation de l'ouvrage. (2) Martin Kleer, «Der liebliche Sànger der Psalmen Israels». Unter- suchungen zu David als Dichter und Beter des Psalmen (coll. Bonner Biblische Beitrâge, 108). Bodenheim, Philo, 1996. 353 p. 24,5 x 16,5. 98 Dem. Isbn 3-8257-0037-2. Depuis sa parution en 1996, cet ouvrage n'a guère trouvé d'écho, ce qui est profondément injuste, car il traite avec compétence d'un sujet important: le processus qui a abouti à faire de David l'auteur du Psautier. La rubrique ledàwid, qui apparaît soixante-treize fois dans les titres du Psautier masso- rétique, a été interprétée différemment au cours du temps. Selon M. Kleer, la signification originelle de cette rubrique serait «à propos de David, en rapport avec lui» (auf David hin, in Bezug auf David, oder hinsichtlich Davids, p. 80-81), David étant présenté comme le personnage auquel celui qui prie est invité à s'identifier ildentifikationsfigur, p. 82; d'autres exégètes pensent que la rubrique indique le recueil dont le psaume ainsi intitulé est issu - ce qui, à vrai dire, ne fait que repousser le problème, car il faut alors se poser la question de savoir ce qu'est un «recueil-David»). Dans un second temps, les éditeurs du Psautier auraient cherché à préciser les circonstances de la vie de David auxquelles tel ou tel psaume pouvait être rapporté; le sens originel des «titres historiques» des premier et deuxième livres du Psautier3 serait donc: «à propos de David, quand les Philistins le 3 Le Psautier est divisé en cinq «livres», dont les quatre premiers sont terminés par des formules de bénédiction taillées sur le même patron (Ps 41,14; 72,18-19; 89,53; 106,48), tandis que le Ps 150 est considéré comme la doxologie qui conclut à 376 J.-M. AUWERS saisirent à Gat, quand il a fui de devant Satil dans la grotte, etc. » Le colo- phon qui suit le Ps 72 («fin des prières de David, fils de Jessé») témoigne qu'à un moment donné (au Ve siècle, selon M. Kleer) le nom de David a été interprété comme celui de l'auteur présumé des psaumes. Du coup, le deuxième recueil des psaumes ledâwid (Ps 51-72*) a été perçu comme le «journal intime» du roi (geistliches Tagebuch, p. 113). Au cours du Ve siècle également, le rédacteur final des livres de Samuel a associé le Ps 18 (// 2 Sa 22) aux «dernières paroles de David» (2 Sa 23,1-7); ce faisant, il présentait David comme un sage et comme un prophète, à qui Dieu a inspiré la composition et le chant des psaumes. L'accent est mis ici sur la dimension sapientiale du contenu du Psautier; cette dimension a été valorisée au sein de la tradition du Psautier par les scribes responsables de l'édition des trois premiers livres (Ps 2-89) comme ensemble structuré (vers 300 av. J.-C). Les deux derniers livrets du Psautier (Ps 90-106; 107-150) ont été ajoutés après coup. L'image de David qui y est présentée n'est plus celle du David du passé, mais celle du David de l'avenir que l'on attend, chantre cosmique qui invite toute la création à entrer dans la louange de yhwh (p. 119-124). L'ouvrage de M. Kleer se prolonge par une étude de la figure de David chez Ben Sira - ce qui nous vaut une analyse très fouillée de la péricope sur le roi-musicien dans l'éloge des Pères (Sir 47,1-11) - et par un commentaire serré des textes de 11 QPsa relatifs à David (Ps 151 A et le catalogue en prose des compositions de David, qui s'élèveraient à quatre mille cinquante pièces!). M. Kleer retrace ainsi les étapes d'une tradition foisonnante qui a abouti à faire de uploads/Litterature/ jean-marie-auwers-pdf.pdf

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