Jouer sa vie en jouant aux échecs DU MÊME AUTEUR L’Évangile selon Bergman, essa
Jouer sa vie en jouant aux échecs DU MÊME AUTEUR L’Évangile selon Bergman, essai, PUL et Hermann, 2019 Sur le sentiment océanique, essai, PUL et Hermann, 2018 Collectif, Les vingt-cinq ans de l’APLAQA, Perce-Neige, 2018 Jeux interdits, du Décalogue à la Trilogie de Kieslowski, 2e édition revue et augmentée, essai, PUL et Hermann, 2016 Les avatars du Poona Party, roman, Druide, 2014 Mon Nord magnétique, roman, Druide, 2009 Édition critique, Le Manifeste et les Manuscrits de 1844, CEC, collection « Philosophies vivantes », 2009 Édition critique, Le Prince de Machiavel, CEC, collection « Philosophies vivantes », 2008 Édition critique, Le Principe responsabilité d’Hans Jonas, CEC, collection « Philosophies vivantes », 2007 La Source opale, roman, Québec Amérique, 2005 Winter et autres récits, Triptyque, 2000 Collectif, La condition québécoise, essai, VLB éditeur, 1994 Un certain été, nouvelles, Éditions de la Paix, 1990 PRIX ET DISTINCTIONS Prix Jean-Claude-Simard, 2021 Prix Esdras-Minville, 1994 Yves Vaillancourt Jouer sa vie en jouant aux échecs Essai sur la symbolique du jeu d’échecs dans la littérature, l’art, la poésie et le cinéma Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts. Révision linguistique : Dominique Chantraine Mise en pages : Diane Trottier Maquette de couverture : Laurie Patry © Les Presses de l’Université Laval 2021 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 3e trimestre 2021 ISBN : 978-2-7637-5520-5 ISBN PDF : 9782763755212 Les Presses de l’Université Laval www.pulaval.com Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce soit est interdite sans l’autorisation écrite des Presses de l’Université Laval. Ce ne sont pas les poètes qui deviennent fous Ce sont les joueurs d’échecs Chesterton À Christiane IX Table des matières Préface..................................................................................... XI Introduction ........................................................................... 1 Une origine sacrificielle.................................................... 1 Quelques règles des échecs à la façon d’un maître : Borges................................................................................ 5 La folie et la sérénité.............................................................. 13 The Queen’s Gambit. ........................................................... 14 Le Joueur d’échecs (Stefan Zweig)..................................... 21 La Défense Loujine (Vladimir Nabokov)........................... 24 Jouer sa vie. ....................................................................... 26 Marcel Duchamp............................................................... 28 L’ataraxie de Fernando Pessoa......................................... 31 Les mobiles du crime. ............................................................. 35 Le Tableau du Maître flamand......................................... 36 Edgar Allan Poe................................................................. 43 Le Golem (Gustav Meyrink) ............................................. 46 « L’Assassin des échecs ».................................................... 49 Quand la Ville devient un échiquier.................................... 51 Le jeu qui rend immortel.................................................. 54 Échecs et alchimie............................................................. 59 L’absolu.................................................................................... 65 Ingmar Bergman............................................................... 65 Dieu et les calculs humains.............................................. 70 La partie inachevée........................................................... 72 Bibliographie et filmographie............................................... 77 Notes........................................................................................ 79 XI Préface Pour apprécier Jouer sa vie, ce n’est pas nécessaire d’être joueur d’échecs, mais ce qui rend cette analyse de différents ouvrages convaincante et originale à mon avis, c’est que l’auteur, lui, est un véritable joueur et qui, par conséquent, connaît les enjeux, les stratégies et le milieu des échecs. Entrent en jeu aussi les connaissances étendues en art, litté rature, poésie, cinéma et philosophie d’Yves Vaillancourt et surtout sa finesse de conteur. Alors, avec Vaillancourt, nous faisons le tour d’une vaste gamme d’œuvres d’art, dont nous saisissons la trame et l’apport particulier au jeu, le tout sous la grille d’analyse richissime du jeu d’échecs. Cet essai est avant tout un témoignage sincère de la part d’Yves Vaillancourt de ce que le jeu d’échecs représente en tant que vision de l’univers, de perception de la vie et de philosophie de l’art. Comme le démontre Yves, philosophe, romancier, essayiste, photographe, professeur et… (je reprends mon souffle !) joueur d’échecs, le jeu d’échecs constitue la recherche de la perfection, mais en même temps cette recherche se joue au bord d’un abime. C’est la vie qui s’y joue, ce sont les hauteurs, mais c’est aussi la faiblesse, l’hybris et la folie qui guettent le joueur. L’essai présente une série d’études d’ouvrages à première vue hétéroclites mais qui sont rassemblés par le motif des échecs et qui font comme un dialogue autour des thèmes centraux. Ils en font valoir le symbolisme, l’urgence et la beauté de ce que représente le jeu d’échecs. Un poème incon tournable de Borges « Ajedrez » sert de point de référence pour tout le reste, de même que Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig. Le septième sceau de Bergmann implique la recherche de l’absolu tandis que la télésérie The Queen’s Gambit XII Jouer sa vie en jouant aux échecs souligne, entre autres, la notion du sacrifice1, concept stra tégique important dans la pratique du jeu mais également présent dans la symbolique des pièces. Toutefois, à l’instar des combinaisons presque infinies jouées sur les 64 cases d’un échiquier, ces ouvrages ne sont que quelques repères dans cet essai informé par une vaste érudition, pourtant clair et accessible au lecteur curieux. Et un fil à travers Jouer sa vie, c’est le conflit entre, d’une part, la permanence garantie par la rigueur des règles et le côté rituel associé à ce jeu ancien et, d’autre part, le mouvement vers l’avant, le devenir, car le joueur d’échecs sait que le calcul, même si basé sur des principes solides, vise un avenir qui reste à déterminer. Et je termine cette préface sur une note personnelle. Au cours des ans, Yves et moi avons joué beaucoup de parties d’échecs ensemble, toujours compétitifs et joyeux en même temps. Nous en jouerons beaucoup d’autres. Mais surtout, j’ose croire que ces parties et nos discussions autour des échecs lui ont servi d’inspiration pour écrire cet ouvrage magistral. Larry STEELE 1 Introduction UNE ORIGINE SACRIFICIELLE Aux yeux de l’histoire, il semble certain que l’Inde soit le berceau du jeu d’échecs et que ce jeu ait migré de l’Inde du Nord vers la Perse au début du VIe siècle. Mais sur la création de ce jeu, nous ne savons rien. Dans son ouvrage intitulé Le Sacrifice, René Girard s’est penché sur les pratiques sacrificielles de l’Inde védique. Il analyse de façon succincte ces textes des Brahmanas où se joue la rivalité toujours renaissante entre les devas et les asuras, c’est-à-dire les dieux et les démons. Je trouve parti culièrement intéressant ici le fait que ces rivalités se concluent toujours par des sacrifices de démembrement, qualifiés de « mise en pièces ». Par exemple, du sacrifice de Purusha surgiront plusieurs « pièces » : le guerrier, l’artisan, le serviteur, le cheval, et ainsi de suite. Cela donne à penser aux pièces du jeu d’échecs qui, dans la forme la plus ancienne que nous lui connaissons, contient des figures combattantes, humaines et animales, ainsi que des figures du pouvoir, tels des rois. Le rite sacrificiel du roi est d’ailleurs un thème ethnologique très important pour Girard. Il le relie à la genèse du sacré et du religieux. J’aimerais avancer l’hypo thèse que nous atteignons avec ces pratiques obscures le faisceau de significations religieuses d’où aurait surgi le jeu d’échecs. L’historien Michel Pastoureau a consacré un ouvrage fort instructif au jeu d’échecs médiéval. Ce jeu serait arrivé en Europe au XIe siècle. Un premier détail intéressant concerne les couleurs. Dans sa forme orientale, le jeu opposait les blancs et les rouges, avec des pièces souvent sculptées dans 2 Jouer sa vie en jouant aux échecs l’ivoire. L’historien indique que la polarité du blanc et du rouge est plus signifiante dans l’univers symbolique de l’Inde et de la Perse anciennes que celle entre le blanc et le noir. C’est le Moyen Âge chrétien qui substituera à cette polarité du blanc et du rouge celle que nous connaissons aujourd’hui, le blanc et le noir. Et c’est vers l’an 1200 que le couple blanc et noir supplante définitivement le précédent, à l’époque où le noir connaît une promotion que Pastoureau qualifie de remarquable. Nous retrouvons au passage toute la drama turgie occidentale sur l’opposition entre la lumière et les ténèbres. Le jeu d’échecs apparait dans les légendes du roi Arthur, diffusées dans divers textes littéraires du XIIIe siècle, et cela à travers le personnage de Palamède. Ce dernier fait connaître le jeu aux chevaliers de la Table ronde qui se préparent à la quête du Graal. « Vers 1230, le jeu d’échecs est déjà pensé comme un véritable parcours initiatique 2 », dit le réputé historien. La dimension symbolique du jeu d’échecs que j’envisage d’explorer est donc déjà là dès l’arrivée du jeu en Europe. Le jeu d’échecs symbolise une quête de dépasse ment de soi, d’absolu, dont le sacrifice semble être l’épreuve indispensable. La récente série télévisée The Queen’s Gambit indique par son titre même la part sacrificielle à la fois du jeu et de la vie du joueur – ici une femme – car un gambit n’est rien d’autre qu’un sacrifice. Rappelons la dimension sacrificielle dans le Parsifal de Wagner ou le Septième Sceau de Bergman, deux œuvres inspirées de ces légendes cheva leresques. Dans la seconde, le chevalier Antonius Block, revenu des Croisades sans avoir trouvé la Connaissance, entreprend de jouer aux échecs contre la Mort ! Pour revenir au jeu d’échecs médiéval dont traite Michel Pastoureau, son livre regorge d’illustrations de miniatures, de vitraux, de panneaux et même de valves de miroirs des uploads/Litterature/ jouer-sa-vie-en-jouant-aux-echecs-essai-sur-la-symbolique-du-jeu-d-x27-echecs-dans-la-litterature-l-x27-art-la-poesie-et-le-cinema-yves-vaillancourt 1 .pdf
Documents similaires
-
35
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 09, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 1.3834MB