71 het instrueren van de student niet meer gebruik maken van het Spaans lijkt o

71 het instrueren van de student niet meer gebruik maken van het Spaans lijkt ons evenwel een gemiste kans. Niettemin schenkt Así es 1 de cursist genoeg autonomie, kennis en vaardigheid om van hem een competente taalgebruiker te maken. Pilar Molina Gómez Jean-Pierre CUQ, Isabelle GRUCA, Cours de didactique du français langue étrangère et seconde, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2002, 454 p., € 30. Enfin un « cours de didactique du français langue étrangère et secon- de » … et qui fait le poids ! Dès sa parution en mai 2002, le Cours de didactique du français langue étrangère et seconde (CDFLES) de Cuq et Gruca fut salué comme « une sorte de décathlon de la pensée, une somme que nul ne pourra plus contourner » par la revue Le Français dans le Monde (FDM), qui enchaîna : « Il fallait un courage de maréchal d’empire et une conviction chevillée pour entreprendre un aussi gigantesque travail »1. Comme le public attendait visiblement ce type d’ouvrage avec impatience, le succès commercial ne se fit pas attendre et après quelques mois seulement il fallut déjà procé- der à une réimpression. Certes, ce n’est pas le tout premier cours ou manuel de didacti- que du FLES. 2 Seulement, les ouvrages existants constituent des tentatives, depuis longtemps dépassées, qui pâlissent à côté de la synthèse magistrale que viennent de publier nos collègues français. Les auteurs Les auteurs sont tous deux des didacticiens chevronnés. Jean-Pierre Cuq, à qui nous devions déjà e.a. un classique bien connu Le français langue seconde (Cuq, 1991) et une remarquable Introduction à la didactique de la grammaire en FLE (Cuq, 1996), est actuelle- ment professeur de didactique du FLE à l’Université de Provence et Président de l’Association pour la Diffusion du français langue étrangère (ASDIFLE). Isabelle Gruca, de son côté, enseigne également la didactique du FLE à l’université internationale d’été de Nice-Sophia Antinopolis, dont elle est la directrice. Elle a fait un doctorat sur un sujet éminemment didactique Les textes littéraires dans l’enseignement du FLE - Étude de didactique comparée (Gruca, 1993). Comme didacticiens expérimentés, les deux auteurs sont donc particulièrement bien placés pour appréhender le champ avec le recul nécessaire, de façon panoramique. 1 Cours de didactique du français langue étrangère et seconde de Cuq et Gruca, (2002), compte rendu dans le Français dans le Monde, 323, sept.-octobre, 84 et descriptif dans Point Commun, 18, 36. Pour ce qui est de la didactique du français langue seconde, en revanche, il existe des ouvrages assez récents (Cuq, 1991 et Vigner, 2000). Les notions de langue étrangère et langue seconde seront clarifiées ci-dessous. 2 Songeons e.a. aux livres sur la didactique du FLE de Decoo (1982) pour le domaine néerlandophone et à l’ouvrage de Rivers (1975) pour le domaine anglo-saxon. 72 Public-cible et justification L’ouvrage s’adresse aux étudiants, aux jeunes chercheurs et aux enseignants en forma- tion continue. Voici comment les auteurs justifient leur publication : « Après bientôt vingt années d’existence des formations universitaires en français langue étrangère et de leur extraordinaire succès auprès des étudiants, il nous a paru utile de mettre à leur disposition un ouvrage qui donne un aperçu général des connaissances actuelles dans ce domaine, et qui soit pour eux une sorte de manuel dans lequel ils puissent trouver l’essentiel des références utiles à leur formation » (p. 8). Articulation Le CDFLES adopte une structure quelque peu arborescente et comprend trois parties, allant du plus général, du plus abstrait, du plus théorique, du niveau méta ou macro au plus concret, au plus pratique, au niveau micro. Dans la première partie, Le niveau métadidactique, les auteurs essaient de créer un cadre de référence, de structurer et de délimiter le champ du français langue étrangère et seconde par rapport à ses disciplines de référence et à la didactique des langues étrangè- res et secondes en général. Ils passent en revue les principaux acteurs institutionnels, décrivent les diverses situations d’apprentissage et d’enseignement, la classe et ses ac- teurs : les apprenants et les enseignants, tout en clarifiant les concepts-clefs relevant du champ de la didactique du FLES, comme la didactologie des langues et des cultures. Cette dénomination a été lancée par R. Galisson qui voulait associer ainsi de façon plus étroite le binôme indissociable langue-culture. Le niveau méthodologique constitue la deuxième partie. Elle comprend une présentation des quatre compétences fondamentales ; elle décrit quelques concepts méthodologiques de base et quelques outils de référence incontournables, comme le français fondamen- tal, un niveau-seuil, le cadre européen commun de référence, le portfolio européen des langues ; elle consacre ensuite presque tout un chapitre à l’évaluation, au problème des certifications, des échelles de niveaux et des tests. Les méthodologies et méthodes tra- ditionnelles et non conventionnelles sont décrites, sans oublier le français sur objectifs spécifiques (FOS) qui fait l’objet de tout un paragraphe. Le niveau technique, celui de la pédagogie, des approches et des démarches didactiques concrètes, est traité dans la troisième partie ; elle présente les différents domaines de connaissance : la grammaire, la traduction, le lexique. Le deuxième chapitre est réservé à la littérature et aux documents authentiques, alors que le dernier examine les pratiques d’intervention en classe (typologie d’activités et d’exercices) et les supports technolo- giques (du tableau jusqu’au multimédia). Clarté et richesse des informations Un Cours de didactique se doit de recourir à un discours didactique, c’est-à-dire vulgarisa- teur, clair et compréhensible. Ce qui frappe d’emblée en effet, c’est ce souci de clarté qui se manifeste dans l’architecture générale de l’ouvrage, dans l’agencement judicieux des paragraphes et alinéas, mais également dans le style et dans la précision des défini- tions. Cette précision, on la retrouve même dans la définition de concepts qui parais- sent simples et transparents à première vue comme FLE, apprendre une langue étrangère, langue seconde et langue maternelle : « Le français est une langue étrangère pour tous ceux qui, ne le reconnaissant pas 73 comme langue maternelle, entrent dans un processus plus ou moins volontaire d’appro- priation et pour tous ceux qui, qu’ils le reconnaissent ou non comme langue maternelle, en font l’objet d’un enseignement à des parleurs non natifs » (C&G, 93). « Apprendre une langue étrangère ne signifie plus simplement acquérir un savoir linguistique, mais savoir s’en servir pour agir dans cette langue et savoir opérer un choix entre différentes expressions possibles liées aux structures grammaticales et au vocabulaire qui sont subordonnés à l’acte que l’on désire accomplir et aux paramètres qui en commandent la réalisation » (C&G 197). La collocation langue seconde a en fait deux acceptions. Cuq reprend la définition la plus stricte de son livre de 1991. Il désigne « le français parlé notamment dans les régions du monde (e.a. l’Afrique), où cette langue, tout en n’étant pas la langue mater- nelle de la majorité de la population, n’est pas une langue étrangère comme les autres, que ce soit pour des raisons statutaires ou sociales ». Le français y est donc une langue de scolarisation. En Belgique, en revanche, on utilise généralement langue seconde dans un sens plus large, « issu de la sociolinguistique anglo-saxonne », c’est-à-dire « tout système acquis chronologiquement après la langue première » (C&G, 95)3. « On peut donc appeler langue maternelle une langue qui, acquise lors de sa première socialisation et éventuellement renforcée par un apprentissage scolaire, définit prioritai- rement pour un individu son appartenance à un groupe humain et à laquelle il se réfère plus ou moins consciemment lors de tout apprentissage linguistique » (C&G 93). Chaque chapitre est assorti d’une bibliographie succincte récente (Pour en savoir plus), alors qu’une Bibliographie générale clôt le volume. Le lecteur appréciera aussi particulière- ment les précieuses Annexes avec le Matériel didactique de français langue étrangère et le Tableau des méthodes de français sur objectifs spécifiques (FOS) publiées en France, clairement structurées avec chaque fois une fiche signalétique de l’ouvrage en question, le public- cible, etc. Idées innovantes, prises de position tranchées Le CDFLES comprend toute une série de notions ou d’idées nouvelles qui viennent enrichir le champ de la didactique FLES et dont quelques-unes méritent d’être signalées à titre d’exemple. La notion de posture d’apprentissage, par exemple, est introduite par Cuq et Gruca, l’opposition culture cultivée et culture anthropologique, en revanche, est une distinction empruntée à Bourdieu. « Le concept de posture d’apprentissage recouvre de façon large ce qu’on appelle en psy- chologie la motivation, ou « ensemble des phénomènes dont dépend la stimulation à agir pour atteindre un objectif déterminé » (C&G, 138). « La culture est certes la littérature, la musique, la peinture, etc., tout ce qu’on réunit depuis Bourdieu sous l’appellation de culture cultivée, mais aussi toutes les façons de vivre et de se conduire, qu’on réunit sous le nom de culture anthropologique. En ce sens, pour Louis Porcher “une culture est un ensemble de pratiques communes, de manières de voir, de penser et de faire qui contribuent à définir les appartenances des individus, 3 Remarquons qu’en Flandre le français a longtemps revêtu un statut de langue seconde. C’était la langue de scolarisation, uploads/Litterature/ jp-cuq-concepts-didactiques 1 .pdf

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