Kernos Revue internationale et pluridisciplinaire de religion grecque antique 1

Kernos Revue internationale et pluridisciplinaire de religion grecque antique 16 | 2003 Varia Les Tragiques Grecs. Eschyle - Sophocle - Euripide Alain Moreau Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/kernos/844 DOI : 10.4000/kernos.844 ISSN : 2034-7871 Éditeur Centre international d'étude de la religion grecque antique Édition imprimée Date de publication : 1 janvier 2003 Pagination : 369-372 ISSN : 0776-3824 Référence électronique Alain Moreau, « Les Tragiques Grecs. Eschyle - Sophocle - Euripide », Kernos [En ligne], 16 | 2003, mis en ligne le 14 avril 2011, consulté le 21 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/kernos/ 844 ; DOI : https://doi.org/10.4000/kernos.844 Kernos Reuue des Liures 369 reste pas dit que ces deux caractérisations s'excluent mutuellement; elles correspondent peut-être à une évolution diachronique de l'école pythagoricienne. Dans cette seconde section, on peut épingler le copieux essai d'A. Mele sur Megale Hellas e pitagorismo (aux p. 297-333) qui retiendra l'attention des historiens de la Grande- Grèce. Mele s'efforce en effet de repréciser le concept de Megale Hel/as, en Italie méridio- nale et en Sicile, par le biais d'un dossier textuel extrêmement riche et détaillé, et de préciser le rapport avec le pythagorisme: « il pitagorismo non solo dispiegà la sua attività nella J11egale Hel/as e si giovà della sua prosperità, ma se ne fece anche valorizzatore e diffusore » (p. 333). Mais le pythgorisme fut aussi romain, comme nous le rappelle la belle contribution d'A. Storchi Marino: Il pitagorismo romano. Pel' un bilaneio di studi reeenti, une étude qui fait une large place à l'historiographie, mais affronte aussi la question des disciples romains de Pythagore, de la mise en parallèle avec Numa, de la prétendue citoyenneté romaine de Pythagore, etc. On pourra regretter deux choses: tout d'abord que le volume ou, mieux encore, que chaque partie ne se termine pas par une conclusion. Le chantier mis en œuvre par nos collègues napolitains est remarquable, multiforme, très enrichissant, mais on aurait aimé que l'un d'entre eux prenne le soin de dresser un bilan des acquis ou des pistes au terme du travail, ne serait-ce que parce que la « Presentazione » occupe tout au plus une demi- page et n'apprend pratiquement rien des enjeux réels des problématiques. Ensuite, des indices eussent été très utiles, quoiqu'ils se fassent rares dans les volumes collectifs. Cela dit, la qualité du volume est telle qu'il servira assurément de point de référence en la matière. Il fournit au suprplus une bibliographie très fournie. On signalera enfin aux lecteurs la récente parution, en deux volumes, d'un recueil des textes relatifs aux religions à mystères: Paolo Scm'pi, Le religioni dei misteri, Milan 2002, les textes orphiques figurant dans le premier tome (texte grec, traduction italienne, commentaire; cf ici-même le compte rendu d'André Motte). Corinne Bonnet (Université de Toulouse-Le Mirail) Les Tragiques Grecs. Eschyle - Sophocle - Euripide. Théâtre complet avec un choix de fragments. Traduction nouvelle, notices et notes de Victor-Henri Debidour. Édité avec une introduction générale et un dossier sur la tragédie par Paul Demant et Anne Lebeau, Paris, Éd. de Fallais, Le Livre de Poche, 1999. 1 vol. 11 x 18 cm, 1998 p. (La Pochothèque). ISBN: 2-253-13246-2. Les Tragiques grecs. Eschyle - Sophocle - Euripide, édition établie par Louis Bardollet, Bernard Deforge et Jules Villemonteix; ouvrage dirigé par Bernard Deforge et François Jouan, Paris, Robert Laffont, 2001. 2 vols 13, 5 x 19, 5 cm, 864 et 832 p. (Collection Bouquins). ISBN: 2-221-06553-0 & 2-221-06554-9. Quelle bonne nouvelle! Les Tragiques grecs sont un « créneau porteur» ! En deux ans deux traductions avec un dossier abondant et sérieux. Dans les Cabiers du CITA 14 (2001), j'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais de l'ouvrage de 1999. La traduc- tion de la Pochothèque est l'œuvre de Victor-Henri Debidour, dont on apprécie depuis longtemps les savoureuses traductions d'Aristophane. On reconnaît immédiatement une traduction de V.H. Debidour. C'est un amoureux de la langue française, surtout de la langue française dans son enfance et son adolescence. Ses lectures préférées vont de la Cbanson de Roland à Rabelais. Il adore cette langue pittoresque, colorée, charnue, qui n'est pas encore passée sous les fourches caudines du Samnite Vaugelas. Qu'on en juge avec le début de sa traduction des Perses: l'aboi, l'ost, les mariniers, les paluds, la charrerie, l'arroi, l'estoc, le bâti, le planchéiage, la guivre... Le Servateur au vers 8 des Sept contre Tbèbes, c'est chez Rabelais qu'il faut aller le chercher et mon ordinateur, un puriste, souligne ce mot abominable d'un trait rouge ondulé qui marque la violence de son indignation. Et que dire de « l'épouse partie, affriandée d'un homme» au vers 411 de l'Agamemnon, premier stasimon ! Il faut aussi remonter jusqu'au XIVe siècle pour en trouver la trace... Mais le traducteur sait raison garder et adapter la langue à l'auteur qu'il 370 Revue des Livres traduit. Puisque Eschyle incarne la jeunesse de la tragédie, Sophocle incarnera la maturité: si au vers 1289 de l'Aja.x on trouve un « barbaresque» qui remonte à 1534, la fréquence des mots anciens a notablement diminué. Il n'empêche que dans Iphigénie cl Au/is, la dernière des tragédies d'Euripide, on découvre un « fief» au vers 91 qui fleure bon son Moyen Âge. Le dossier est établi, avec leur compétence habituelle, par Anne Lebeau et Paul Demont. L'introduction générale est l'oeuvre d'Anne Lebeau: origines du théàtre, particu- larités de la tragédie, biographie des poètes tragiques, tableau chronologique. Chaque pièce est précédée d'une introduction et d'une analyse. Les notes sont de V.H. Debidour (informations et attention attirée sur le choix de telle leçon ou de telle conjecture quand il ne suit pas les choix de Mazon). Après les tragédies conservées est donnée la traduction d'un choix de fi-agments, non seulement des trois grands tragiques, mais aussi d'auteurs dont il ne nous reste que des bribes, comme Théodecte, Agathon, Carcinos, Iophon, Ion, Chérémon, sans compter des adespota, les fragments sans maître. À la fin de l'ouvrage on trouve une bibliographie: introductions générales au théàtre grec antique, à la tragédie, études sur Eschyle, Sophocle, Euripide, et sur chacune de leurs pièces, un utile lexique et un index des noms propres qui permet de retrouver facilement les occurrences dans l'ouvrage. Un travail très solide et qui rendra de grands services. Les deux volumes publiés dans la collection «Bouquins» présentent des qualités équivalentes. L'introduction générale, par Bernard Deforge et François Jouan, est intitulée Du rituel au spectacle. Naissance et développement de la tragédie grecque. Elle comporte quatre parties: 1. Autour de la tragédie grecque. 2. La tragédie antique. Vie d'un genre littéraire. 3. La représentation théâtrale. 4. La mort sur la scène tragique. Rituel et spectacle (un sujet cher à Bernard Deforge, auteur d'un ouvrage intitulé Le restival des cadavres. Morts et mises cl mort dans la tragédie grecque, Paris, Les Belles Lettres, 1997). L'intro- duction est suivie d'un glossaire utile, d'une Chronologie des VI" et ve siècles grecs. Tragé- dies et événements et de Repères bibliographiques sur la tragédie grecque en général. Vient ensuite le travail sur Eschyle. Traduction de Louis Bardollet et Bernard Deforge, à partir d'une traduction publiée en 1975 (Belles Lettres/Denoël), mais entièrement revue et corrigée; notice de B. Deforge; présentations et notes de 1. Bardollet et B. Deforge. La notice donne tout d'abord la traduction de la Vie d'Eschyle faite par André \X!artelle; une chronologie eschyléenne; un développement sur le texte, oeuvre perdue et oeuvre conser- vée; la transmission; un tableau d'ensemble de cette oeuvre avec un commentaire sur le sujet; une étude sur le « créateur de la tragédie »; des repères bibliographiques limités à l'oeuvre d'Eschyle en général. C'est le seul point faible du livre par rapport au Debidour- Lebeau-Demont : ceux-ci donnent également les principales éditions et commentaires des pièces. En revanche, divine surprise ou plutôt rencontre inévitable, les traducteurs sont en plein accord avec les choix opérés par V.H. Debidour et revendiquent les audaces de leur traduction. Le style d'Eschyle et sa pensée n'ont rien de classique: « traduire Eschyle de la même manière que Sophocle... est aussi déplacé que de vouloir traduire semblablement Rabelais, par exemple, et nos grands auteurs du XVII" siècle ». La communauté de vue avec V.H. Debidour est admirable. Qu'on en juge: « Nous ne nous sommes pas interdit l'usage de mots rares ou inusités aujourd'hui, voire de néologismes «< se douloir » pour « se plaindre »; «la bastringue» pour « le bastingage; « poindre » au sens transitif de «pi- quer », «blesser »; « pointure » pour « piqûre »; « racquérir »; « glatir »... (mon ordinateur puriste s'étrangle de fureur). Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il n'y a rien de classique dans le style et la pensée d'Eschyle, car je le crois tout de même plus proche de Sophocle que de Thespis et Pratinas, mais je pense qu'il y a de la jeunesse, de la verdeur et de la violence dans son oeuvre, parce qu'il participe à la fois à la naissance d'un nouvel art et à la naissance, nécessairement convulsive, d'un nouveau monde, celui de la démocratie (voir uploads/Litterature/ kernos-844-pdf 1 .pdf

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