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HAL Id: dumas-00496308 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00496308 Submitted on 30 Jun 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’Empire des signes de Roland Barthes : essai de rencontre Florian Panet To cite this version: Florian Panet. L’Empire des signes de Roland Barthes : essai de rencontre. Littératures. 2010. dumas-00496308 Université Stendhal (Grenoble 3) UFR de Lettres et arts Département de Lettres Modernes L' Empire des signes de Roland BARTHES : essai de rencontre Mémoire de recherche de M1 Master Lettres et arts, spécialité : Littératures et représentations 18 crédits Présenté par : Directeur de recherche : Florian PANET Claude COSTE Professeur Année universitaire 2009-2010 1 2 L' Empire des signes de Roland BARTHES : essai de rencontre 3 Sommaire Introduction p.5 Chapitre 1 : On échoue toujours à parler du Japon p.11 1.1Le Japon : altérité absolue p.12 1.2Une altérité inaccessible pour l'occidental p.18 1.3 La fiction : dernier recours contre l'aporie p.23 Chapitre 2 : Une écriture de la rencontre p.32 2.1Une écriture singulière à l'image du Japon p.33 2.2 La perte de l'itinérant p.39 2.3 Le langage des corps p.43 Chapitre 3 : Une poétique de l'interstice p.46 3.1L'objet japonais : un interstice concret p.47 3.2La dérive métaphorique barthésienne p.49 3.3L'essai : forme littéraire de l'interstice p.57 Conclusion p.63 Annexes p.67 Bibliographie p.76 4 Introduction « On échoue toujours à parler de ce que l'on aime »1 avouait Roland Barthes. Voilà donc la gageure de mon travail, assumer un discours critique, métalinguistique sur l'écriture barthésienne. Cette dernière repose sur une poétique de l'essai problématique. En effet, le genre essayistique apparaît difficile à cerner, à identifier. C'est dans cette perspective générique que ce travail souhaite s'inscrire. Cette interrogation n'est point innocente. A la lumière de son œuvre, Barthes opère un grand voyage générique, une fuite en avant, hors de la stabilité, de l'habitude, de la sclérose. Il s'agit donc de faire un bref tour d'horizon du statut de cet écrivain qui se caractérise ainsi : […] pour ma part, je ne me considère pas comme un critique, mais plutôt comme un romancier, scripteur, non du roman, il est vrai, mais du « romanesque » : Mythologies, L' Empire des signes sont des romans sans histoire, Sur Racine et S/Z sont des romans sur histoires, Michelet est une para-biographie,etc. C'est pourquoi je pourrais dire que ma propre proposition historique (il faut toujours s'interroger là- dessus) est d'être à l'arrière-garde de l'avant-garde : être d'avant-garde, c'est savoir ce qui est mort ; être d'arrière garde, c'est l'aimer encore : j'aime le romanesque mais je sais que le roman est mort : voilà, je crois, le lieu exact de ce que j'écris.2 Le premier lieu est sans doute celui des Mythologies publié en 1957, l'écriture pamphlétaire cohabite ici avec l'écriture brève. Une dimension marxiste se dégage de l'ouvrage, condamnant au passage la confusion entre Nature et Histoire. En ce sens, l'ouvrage est une quête de l'idéologie cachée dans les objets du quotidien. Mythologue donc mais aussi critique, Roland Barthes publie notamment Sur Racine en 1963 au Seuil. On observe dans cette analyse concise une lecture anthropologique du personnage racinien et du mythe qu'il est devenu dans les institutions littéraires et universitaires. Sous l'égide de Charles Mauron et de Georges Poulet, l'auteur désacralise le statut du dramaturge. Cette nouvelle conception de l'auteur institutionnalisé lui vaut les foudres de la critique, plus exactement d'un professeur de la Sorbonne : Raymond Picard. Le responsable de l'édition de l'œuvre de Racine dans la Pléiade publie en réponse un pamphlet en 1965 : Nouvelle critique, nouvelle imposture ? Fustigeant les analyses barthésiennes, Picard dénonce l'absence de scientificité du texte. La discorde ne s'arrête pourtant pas ici. En 1966, Roland Barthes publie Critique et Vérité, réponse adressée directement à Raymond Picard. Il réexamine point par point les développements issus 1 Titre d'un article paru in Tel Quel en 1980. Barthes, Roland. Tome V des Œuvres complètes. Seuil, 2002. p. 906 2 Entretien publié in Tel Quel en 1971. Barthes, Roland. Tome III des Œuvres complètes. Seuil, 2002. p. 1038 5 de Sur Racine et offre, au passage, une remise en question du statut de la critique contemporaine. Il reste à évoquer le troisième lieu de l'identité poétique de Barthes. En effet, sous l'influence de Genette et de plusieurs autres intellectuels français et étrangers comme Saussure et Greimas, l'auteur construit une pensée structuraliste, notamment : Système de la mode (1967). S/Z (1970) montre déjà un écart avec ce mouvement. L'ouvrage est consacré à une nouvelle de Balzac, Sarrazine à laquelle Barthes applique l'analyse structurale des récits, inspirée des schémas de Vladimir Propp. Dans cette perspective, il découpe le texte en lexies3, l'analyse par le truchement de cinq codes censés offrir toute la richesse interne de la nouvelle. Il consacre ici le post- structuralisme. Dernier lieu de l'auteur, lieu manqué peut-être, celui d'écrivain. Roland Barthes par Roland Barthes (1975), La Chambre claire (1980), Journal de Deuil (2009) sont autant de traces de ce désir pour l'écriture romanesque. Pourtant, à la lumière des œuvres citées, une certaine hétérogénéité, tout du moins générique, se dégage de l'ensemble. Pour redéfinir une cohérence, il faut considérer l'essai comme fil conducteur de cet ensemble hétéroclite. L' Empire des signes appartient à cette catégorie apophatique, retorse, difficile à définir qui déjoue les horizons d'attente du lecteur. En effet, il semble difficile de faire adhérer le texte aux quatre lieux développés ci-dessus. « Barthes a fait son premier séjour au Japon en 1966 à l'occasion d'une invitation de son ami Maurice Pinguet [L' Empire des signes lui est dédié], alors directeur de l'Institut français de Tokyo. Il y retournera en 1967 et 1968 »4. Ces trois voyages successifs ont alimenté son écriture si bien que son premier texte sur le Japon paraît dans Tel Quel dès l'été 1968. Intitulé « Leçon d'écriture », soit deux ans avant la parution de L' Empire des signes, il y est déjà question du Bunraku, un thème qui réapparaît dans l'ouvrage de 1970. En outre, certains concepts ou couples d'oppositions fondamentales sont dès lors présentes « animé/inanimé » ; « dedans/dehors », ces mêmes concepts constituent les titres de certains fragments de l'ouvrage définitif. Ainsi, il faut penser L' Empire des signes comme un carrefour, une concentration des enjeux génériques. S/Z et L' Empire des signes forment une frontière dans la poétique barthésienne entre science et romanesque. L'année 1970 constitue une charnière. C'est une mutation que souligne Marielle Macé : 3 Selon la définition de Barthes lui-même : « C'est une sorte de quadrillage du texte, qui donne les fragments de l'énoncé sur lesquels on va travailler […] j'ai proposé de les appeler des « lexies », des unités de lecture. » Barthes, Roland. Tome III des Œuvres complètes. Seuil, 2002. p. 462 4 Présentation de Éric Marty in Tome III des Œuvres complètes. Seuil, 2002. p. 15 6 Progressivement, la revendication d'appartenance de l'essai à la littérature a en effet changé de lieu, elle est passée d'un travail tactique sur le statut de la critique à un recentrage sur la fiction littéraire. Il s'agit d'une véritable entrée en dialogue avec le genre romanesque, point d'aboutissement inattendu de l' « Essais : voyez Romans » qui ouvrait ce siècle d'essayisme, et qui coïncide avec un intêret théorique pour la fiction dans l'ensemble des sciences humaines. L'année 1970 peut constituer un moment-pivot dans le parcours de Barthes, puisqu'elle voit paraître conjointement S/ Z (porte de sortie de la critique) et L' Empire des signes (porte d'entrée du fictionnel).5 Pour mettre à l'épreuve l'ouvrage, il faut envisager quelques définitions de l'essai. La quête d'outil théorique conduit à une première constatation : l'appareil critique qui entoure ce genre insituable est moins développé que celui des trois genres majeurs (Roman, Théâtre, Poésie). Bien sûr, la presse universitaire compte quelques ouvrages majeurs qui tentent de caractériser la nouveauté générique de l'essai. On peut citer ici les travaux de Marielle Macé, de Pierre Glaudes et de Jean-François Louette qui servent de référence à cette réflexion. Avant toute chose, il est peut-être utile de rappeler ici la valeur lexicale du mot « essai », comme premier moment, premier pilier de ce travail. Si l'on se réfère au Dictionnaire historique de la langue française, édité sous la direction d'Alain Rey, le mot apparaît vers 1140. Issu du latin exagium désignant le passage, le poids, le mot est dérivé du verbe exigere, signifiant mesurer, régler. En ancien français, le mot « essai » acquiert trois sens : il peut s'agir d'une tentative (on retrouve ici l'expression un « coup d'essai »). Le mot peut également désigner l'opération par laquelle uploads/Litterature/ panet-f 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 21, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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