LE TRÉSOR DES TRÉSORS CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE N I C O L A S G R O S P A R M Y

LE TRÉSOR DES TRÉSORS CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE N I C O L A S G R O S P A R M Y [attribué par Chevreul à Artéphius] AVANT-PROPOS a Salamandre de Lisieux a sans doute représenté un point de départ pour Fulcanelli afin qu’il évoque le sort de trois alchimistes, de trois compagnons alchimistes : « C’étaient Nicolas de Grosparmy, gentilhomme, Nicolas ou Noël Valois, nommé encore Le Vallois, et un prêtre du nom de Pierre Vicot ou Vitecoq. Ce dernier se qualifie lui-même “chapelain et serviteur domestique du sieur de Grosparmy” […] » [Bibliothèque nationale, ms. 14789 (3032) : La clef des Secrets de Philosophie, de Pierre Vicot, prêtre ; XVIIIe siècle] L Le château de Flers (XVIe – XVIIIe siècles) Nous avons évoqué ce trio en abordant le commentaire qu’Eugène Chevreul a donné dans trois articles successifs [Journal des Savants], à la section du Livre secret d’Artéphius et aussi dans le commentaire de l’Introïtus VI, de Philalèthe. Ces trois compagnons nous offrent le témoignage que les alchimistes étaient, au plus haut degré, animés par l’esprit d’association. Comme le dit F. Hoefer [Histoire de la chimie, 3ème époque], ils s’attachaient un certain nombre d’amis, et se réunissaient pour travailler et rédiger en commun leurs ouvrages. Grosparmy, Valois et Vicot offrent un exemple remarquable de compagnonage. On ignore à peu près l’époque où ils vivaient ; peut-être faut-il les placer à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. Il paraît que d’anciens historiens de l’alchimie n’évoquent pas ce trio, parmi eux Gmelin, Lenglet-Dufresnoy, P. Borel, Nazari, Bergman. Leurs ouvrages n’ont point été imprimés. Comme nous l’avons écrit dans l’Introïtus, VI, en commentaire, ces oeuvres se trouvent dans deux manuscrits, l’un appartenant à la Bibliothèque royale – ms 1642 du fonds de Saint-Germain – l’autre à celle de l’Arsenal – ms 160. in-4. Ce dernier ms, du XVIe siècle, se fait remarquer par la beauté et par l’élégance de son écriture ; c’est un des plus beaux manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal. On y lit sur le verso de la 1ère feuille, ces lignes tracées par une main étrangère : « Grosparmy était un gentilhomme du pays de Caux en Normandie ; il y avait, dit-on, trouvé la pierre philosophale dans son château, où il y avait une vieille tour qui fut abattue longtemps après sa mort, et dans laquelle le comte de Flers, son héritier, avait, dit-on, trouvé la poudre de projection qu’a faite Grosparmy et son ami Valois. L’abbé Vicot était précepteur des fils de Grosparmy, et il mettait en vers les découvertes alchimiques du seigneur chez qui il demeurait. » Le traité de N. Grosparmy, très intéressant pour l’histoire de l’alchimie, est divisé en deux livres ; le premier est intitulé Abrégé de théorique, le second, le Trésor des trésors. La pensée des trois alchimistes de Flers reste connue par leurs ouvrages. Nicolas Grosparmy composa deux traités : l’Abrégé de Théorique et le Secret des Secrets, traduction assez libre de la Clef d’une plus grande Sagesse, de l’alchimiste arabe Artéfius. C’est ce traité dont parle Chevreul dans sa série d’articles sur Artéphius : en effet, jusqu’en 1850, la Clef de la Sapience était attribuée à Alphonse X le Sage. Chevreul prouve que ce traité est de la main d’Artephius ; seul problème : Artéphius n’a jamais existé… Dans le même manuscrit (n°160), ce traité est suivi des cinq livres de Nicolas Valois, compagnon du seigneur Grosparmy. Après celui-là, vient le livre du prestre Vicot : « Ce livre-cy estoit doré et escrit en parchemin et lettres d’or, et relié aux quatre coins de quatre grands clous d’or ; et en iceluy est déclaré ce que ces meissieurs [Grosparmy, Valois, Vicot] avaient un peu caché, dont ce présent est la copie et l’original. Donc, ceci soit gardé sous le silence, et qu’il ne soit montré à personne s’il n’est parfaict philosophe et homme de bien, en peine d’encourir les tourments et peines éternelles par l’ire de Dieu. » F. Hoefer ajoute, avec toute raison, que ceci rappelle l’histoire du Livre d’or du Juif Abraham, dont parle Nicolas Flamel et qui, en fait, n’a jamais existé comme l’a montré Fulcanelli. enfin le manuscrit n°160 est terminé par un poème alchimique : le Grand Olympe ou Philosophie poétique, attribuée au très renommé Ovide, traduit du latin en langue française. En voici un extrait : « Après vient Saturne le noir – Que Jupiter de son manoir – Issant, déboute l’empire – Auquel la lune aspire – Aussi fait bien dame Vénus, – qui est l’airain, je n’en dis plus ; – Sinon que Mars, montant sur elle, – Sera du fer l’ange mortelle, – Après lequel apparaistra – Le Soleil, quand il renaistra – […] » Il s’agit là de régimes planétaires du 3ème oeuvre qui suivent [Saturne] la dissolution initiale. Voyez notre Olympe Hermétique, la Matière et le traité du Cosmopolite, ou encore les Douze portes de Ripley pour ce sujet. De Grosparmy dit qu’il termina son écrit le 29 de décembre 1449. Pour peu qu’on ait lu et qu’on se rappelle les écrits où le comte Bernard le Trévisan et Denis Zachaire parlent des peines et des déceptions de tout genre qu’ils ont éprouvées longtemps avant d’être parvenus au but de leurs désirs, on verra l’analogie de leurs écrits avec le récit bien plus bref que Grosparmy fait de ses voyages et de ses études alchimiques. « Nicolas de Grosparmy (dit l’auteur des remarques du manuscrit B), a fait la maison des comtes de Flers, en basse Normandie, trés illustre et trés riche, et l’original de tous ses écrits est entre les mains du comte de Flers, lesquels tient si chers et avec raison qu’il se les cache à luy mesme » Voici quelques lignes additionnelles que nous devons à L. Gérardin [Alchimie, Belfond, 1972]. Ce trio d’alchimistes qui travaillait à Flers en Normandie, au début du XVe siècle, illustre cette collaboration pour l’accomplissement du Grand Oeuvre. Il s’agit du seigneur de Grosparmy, de son ami Nicolas Valois et de leur chapelain le prêtre Vicot. A la lecture de leurs oeuvres, il ressort nettement que Nicolas Valois fut l’âme du groupe, le seigneur de Grosparmy jouant les mécènes, se piquant de traiter de science. Vicot l’illuminé, à l’affût de recettes nouvelles, essayait de découvrir celle enfin capable de faire de l’or ! Aucune des oeuvres des adeptes de Flers ne fut imprimée ; cependant il en existe de multiples copies manuscrites généralement très bien exécutées [la critique textuelle indique le Mss. 3019 de la Bib. de l’Arsenal (Paris) comme le meilleur. Les Mss. français 12298-9, B. N. , restent les plus beaux et contiennent de remarquables illustrations sur vélin]. Ces copies, et surtout les plus anciennes, contiennent des notices historiques, témoignage de la curiosité que nos Normands ont provoquée. Leurs oeuvres auraient été composées de 1430 à 1450 alors que toutes les copies que possèdent les bibliothèques sont au plus tôt du XVIIe siècle : le fait paraît surprenant, bien qu’il existe une explication simple que voici. Le prêtre Vicot n’a laissé aucune trace dans les archives des chartriers seigneuriaux. Aurons-nous plus de chance avec Nicolas Valois ? Peut-on le rattacher à la maison des Le Valois, seigneurs d’Escoville, localité située à une soixantaine de kilomètres au nord de Flers ? Les Le Valois apparaissent au XVe siècle en la personne de Jean Le Valois. Son fils, Nicolas Le Valois, né en 1494 et marié en 1534, fit construire un fastueux hôtel orné de sculptures symbotiques dans le goût du temps. Aucune filiation, hélas ! ne se retrouve entre ces Le Valois et notre Nicolas séparé par trois générations : coupure impossible à combler par la seule existence de sculptures symboliques sur l’hôtel d’Escoville. […] Le château de Flers (XVIe – XVIIIe siècles) Quant à Flers et à son château, voilà ce qu’on peut en dire, en liaison avec nos alchimistes. Dans les cinq familles seigneuriales furent des personnages marquant : – Foulques d’Anou qui accompagna Guillaume en 1066 lors de la conquête de l’Angleterre. – Robert II d’Arcourt qui partit pour la croisade contre les Turcs en 1396 et combattit vaillamment en Hongrie. – Nicolas II de Grosparmy célèbre alchimiste compagnon de recherche de Nicolas de Valois et de Nicolas D’Escoville et qui construit, au début du XVIe siècle l’aile orientale du château actuel. – Nicolas de Pellevé qui combattit à Amiens auprès d’Henri IV pour chasser les Espagnols et qui fut récompensé par le titre de comte. Le château a aussi appartenu à la famille Tournebu entre le XIIe siècle et le XVe siècle. Le château de Flers (XVIe – XVIIIe siècles) NICOLAS GROSPARMY – 2 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE L’austère aile droite du château, flanquée de ses deux tours, est la partie la plus ancienne encore en place actuellement. Elle a été construite sous l’impulsion de Nicolas II de Grosparmy entre 1527 et 1541. Selon la légende, celui-ci avait acquis une fortune considérable en se livrant à des recherches alchimiques. uploads/Litterature/alchimia-nicolas-grosparmy-le-tre-sor-des-tre-sors-ou-clavis-majoris-sapientiae.pdf

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