3 Vingt-six lettres à combiner pour former des syllabes, qui de- viendront des
3 Vingt-six lettres à combiner pour former des syllabes, qui de- viendront des mots, qui deviendront des phrases, qui deviendront des poèmes, ou des albums, ou des romans, ou des documentaires, ou qui donneront corps à des images. Vingt-six lettres pour autant d’univers, durs ou légers, sobres ou colorés, enjoués ou engagés... Façon de ranger le monde, de le classer sans classes, dans un ordre presque aléatoire, la structure de l’alphabet nous a semblé idéale pour inviter chacun à faire entendre sa voix, ses choix, son petit blabla au point de croix et tenter ainsi de broder, tous ensemble, un bilan de ce qu’est aujourd’hui le métier d’auteur jeunesse, les chemins qui nous y ont menés, et les raisons qui font qu’on y reste. Le résultat est un grand patchwork d’avis, conseils, remarques, bémols et autres partages d’expériences qui s’adresse d’abord aux auteurs débutants, voire aspirants, mais aussi à ceux qui sont déjà « dedans » et curieux de la manière de faire de leur voisin d’étagère. Chaque avis est personnel, assumé par l’auteur qui le signe, mais par- fois contredit par celui qui le précède ou le suit. Car sur ces vingt-six lettres et ce qu’il faut en faire, nous avons nécessairement des avis qui divergent... Le seul point sur lequel nous sommes tous absolument d’accord, c’est que notre force réside dans cette diversité et dans notre capacité à la partager. Alors à bientôt peut-être, pour en discuter, en personne ou par clavier. — Alice Brière-Haquet pour la Charte — a,b,c,d… 26 lettres, nous partons tous de là ! Auteurs : Alice Brière-Haquet, avec la participation de 37 auteurs et illustrateurs pour la jeunesse Illustratrice : Gwenaëlle Doumont Graphisme : Anne Bullat-Piscaglia / voiture 14 Coordination : Florence Vandermarlière Brochure réalisée avec le soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication et de la Sofia Copie privée. comme Adulte La littérature jeunesse est une littérature d’adultes : elle est écrite par les adultes, éditée par les adultes, vendue par les adultes, et quasi- ment toujours achetée par les adultes. Bien sûr, elle est destinée aux enfants et aux adolescents, mais elle est pleine des préoccupations et des opinions des adultes et de ce qu’ils pensent que les enfants devraient lire. C’est une littérature très contrôlée. Écrire de la littérature jeunesse est un problème (et une joie) d’adulte : ça permet de ne pas abandonner un certain rapport existentiel lié à l’enfance, de régler des comptes avec son passé, mais aussi de trans- mettre une vision du monde. Dans le pire des cas, c’est le moyen de faire la morale aux enfants. Cette position d’adulte qui parle à des enfants ne devrait pas être une évidence, elle devrait conduire les écrivains et dessinateurs jeunesse à s’interroger sur leur rapport à l’enfance et aux enfants, mais aussi sur leur statut d’adultes s’adres- sant à des enfants, et sur les pièges possibles : l’autocensure et la condescendance. — Martin Page — 5 6 comme Chute Les enfants aiment les fins d’histoires (les éditeurs aussi, du coup). C’est parfois le plus important, surtout dans un texte court. Pour un album, commencez par élaborer votre histoire grossièrement, en pen- sant doubles-pages (en général une douzaine). Pensez tout de suite à la façon dont cette histoire va se terminer. Il faut que le déroulement soit équilibré, et que la fin vienne comme un feu d’artifice (elle peut être surprenante, douce, logique, absurde...). Ensuite seulement, tra- vaillez les mots, les phrases. Mais il faut construire sur une structure qui tienne la route et la fin joue donc une place prépondérante. — Anne-Gaëlle Balpe — comme Connais-toi toi-même Écrire et illustrer est avant tout un travail intérieur. Ce sont nos pen- sées, notre vision du monde et même nos idées politiques qui s’exposent dans notre travail. Comment nous nous relions au monde. Ce que nous sommes est la matière vive avec laquelle nous travaillons : notre premier outil de travail. Le type de réalité que nous mettons dans nos histoires, ce que nous évitons de regarder, ce que nous accusons ou défendons face à nos lecteurs et spectateurs. Pour cela et pour mille autres raisons, il est absolument primordial de bien se connaître, dans notre métier. — Beatrice Alemagna — comme Binômer Le web fourmille d’idées pour rassembler auteurs et illustrateurs et les amener à monter des projets d’albums ensemble. Un projet, c’est en général un texte et trois ou quatre images que l’on envoie aux édi- teurs. On peut aussi envoyer des textes seuls, mais c’est souvent plus parlant et plus motivant à deux. On vous répondra parfois que la mai- son préfère marier elle-même texte et images, mais d’autres aussi seront ravis de rencontrer des duos prêts à travailler ensemble... Et au cas où cela ne donne rien au final, vous aurez rencontré plein de gens sympa, et vous pourrez toujours proposer vos textes ou votre book seul ! Pour trouver l(es) âme(s) sœur(s), rendez-vous sur les « Foires aux Tandems », ou sur les forums spécialisés, ou encore sur Facebook. Bons projets ! — Alice Brière-Haquet — comme Bien tout seul ! Présenter seul son book aux éditeurs est une manière de se prendre en main : choisir les illustrations qui nous ressemblent, se renouve- ler de temps en temps. Le dialogue qui s’instaure avec l’éditeur est plus direct et plus professionnel... Plus confortable également : on met moins d’affect dans une commande, on se retrouve en mesure de négocier ou de décliner, les choses sont plus carrées. Et puis c’est exaltant de se glisser dans l’idée d’autrui, il y a un côté défi. Le désa- vantage, évidemment, c’est qu’on est moins libre... — Thanh Portal — 7 9 comme Exercices Si j’écrivais sur les jours de la semaine ? Ou une histoire avec des F ? Si je me mettais à la place d’une chaussette ? Ces petits exercices vous assoupliront l’imagination (comme un muscle) et peuvent parfois révéler de jolies surprises. Vous pouvez aussi y jouer avec vos enfants : « Pourquoi le ciel est bleu ? », « Qui habite dans cette maison ? » Intérêt bonus : ça occupe en voiture. — Alice Brière-Haquet — comme Enfant Quand j’écris, quand je dessine, j’ai toujours le visage d’un enfant que je connais qui s’imprime dans mes pensées, sans que j’aie décidé sa venue… Du coup, les phrases grandiloquentes tombent à plat. Est-ce qu’il va aimer mon histoire ? C’est le plaisir de notre métier : être relié à l’enfant qu’on a été, celui à qui on a donné la vie, celui qu’on côtoie, ou encore celui qui se révèle chez l’adulte qui demande : « Vous pouvez me faire un dessin ? » — Florence Vandermarlière — comme Épure Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Il faut parfois savoir se dire : « Stop, l’image est terminée. » — Hajnalka Cserháti — comme Droit Le principe du droit d’auteur est d’associer les revenus de l’auteur aux ventes de son livre. Si le livre ne se vend pas bien, l’auteur aura touché un minimum garanti (l’à-valoir), un point c’est tout. Si en revanche il a du succès, l’auteur, une fois l’à-valoir dépassé, touchera une somme proportionnelle aux ventes. À raison d’environ 6 % par livre, pour un prix moyen de 10 euros H.T., cela fera à la louche trois Carambar par livre vendu. Il est de coutume, si le livre se vend bien, une fois les frais de fabrication et de vente amortis, d’associer l’auteur à son succès. Pour cela, on a inventé les droits dits progressifs, qui augmentent en même temps que les ventes. Exemple : 6 % jusqu’à 5 000 exemplaires, 7 % jusqu’à 10 000 et 8 % au-delà. À vous les orgies de Carambar ! — Gwendoline Raisson — comme Diversité La plume fait des zigzags et c’est tant mieux. Elle passe par des pro- jets pour petits, pour moyens, pour grands. Elle ne va jamais en droite ligne. Vous vous en étonnez, vous vous demandez si vous pouvez suivre le rythme, si c’est bien normal ? Moi je dis oui ! Il faut s’essayer aux différents styles et laisser parler ses envies. Cela n’aboutit pas, reste au fond de l’ordi ? Pas grave ! C’est une couche de plus à votre mille- feuille ! Celui qui finira (forcément) par faire triompher ses saveurs ! — Anne Loyer — 8 11 10 comme Grossesse Fonder une famille, ça change la vie. Et quand on est auteur, il y a quelques trucs à savoir. Si on est affilié à l’Agessa, que l’on justifie d’au moins une année de cotisations (à jour !), alors on a droit à un congé maternité / paternité. L’indemnité journalière, calculée selon les reve- nus de l’année précédente, sera versée tous les 15 jours par votre CPAM. N’hésitez pas à insister auprès de votre caisse et à y aller avec votre attestation annuelle de versement de cotisations : ils ne sont pas tou- jours les mieux informés ! — Anaïs Massini uploads/Litterature/ l-x27-abecedaire-des-auteurs-et-illustrateurs-jeunesse.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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