DAVID ROUSSET ET LES CONFLITS DE LA REPRESENTATION LITTERAIRE: A LA DECOUVERTE
DAVID ROUSSET ET LES CONFLITS DE LA REPRESENTATION LITTERAIRE: A LA DECOUVERTE DE L’HUMANITE CONCENTRATIONNAIRE By Sandrine Francine Schirmacher A DISSERTATION Submitted to Michigan State University in partial fulfillment of the requirements for the degree of French, Language and Literature – Doctor of Philosophy 2013 ABSTRACT DAVID ROUSSET ET LES CONFLITS DE LA REPRESENTATION LITTERAIRE: A LA DECOUVERTE DE L’HUMANITE CONCENTRATIONNAIRE By Sandrine Francine Schirmacher Dans Les jours de notre mort, David Rousset dresse un portrait épique de l’univers concentrationnaire nazi. Actif résistant, trotsyste et partisan du parti communiste, Rousset est déporté en 1943 à Buchenwald. De cette expérience naissent un essai et un roman qui ont pour but de dresser un portrait complet des camps qui dépasse largement l’expérience vécue de l’auteur. C’est à travers un voyage au sein de la violence et des complots entre déportés politiques et prisonniers criminels que Rousset nous fait découvrir cette société « hors norme ». Notre étude analyse les motifs qui poussèrent Rousset à choisir le genre romanesque dans son deuxième récit plutôt que le témoignage autobiographique pour représenter la déportation et l’extermination des populations juives d’Europe de l’Est. Chez Rousset la force des images et du langage tiennent une place primordiale. En effet, le but de l’auteur n’était pas simplement de témoigner de la vie quotidienne et du fonctionnement des camps nazis mais d’enseigner une leçon civique et humaine à la société d’après-guerre afin que de telles atrocités ne puissent se reproduire à l’avenir. DAVID ROUSSET AND THE CONFLICTS OF LITERARY REPRESENTATION: DISCOVERING THE INCARCERATED HUMANITY OF NAZI CONCENTRATION CAMPS By Sandrine Francine Schirmacher A DISSERTATION Submitted to Michigan State University in partial fulfillment of the requirements for the degree of French, Language and Literature – Doctor of Philosophy 2013 ABSTRACT DAVID ROUSSET AND THE CONFLICTS OF LITERARY REPRESENTATION: DISCOVERING THE INCARCERATED HUMANITY OF NAZI CONCENTRATION CAMPS By Sandrine Francine Schirmacher Although now mostly forgotten, David Rousset was an important literary and political figure of the period immediately following WWII. His first essay, L’Univers Concentrationnaire, published in 1946, was awarded the Renaudot Prize in 1947 and is considered to be the foundational French text about the emergence of repression and its evolution in Nazi Germany. His conceptualization of Nazi concentration camps largely permitted the reconstruction of a unified French national memory. This dissertation analyzes David Rousset’s Les Jours de Notre Mort and his use of the novel genre to testify about his experience in Nazi concentration camps. The problem of being both a witness, yet also testifying on behalf of others, is central to the comprehension of his work. In fact, Rousset only recounts fragments of his life and his suffering during his deportation to and internment in Buchenwald, Neuengamme and Porta Wesphalica. The interplay between fiction and testimony of his experience allows him to hide the mental and physical changes that affected him during his 16 months of incarceration. Recounting life in the camps through fictional characters as well as the stories of real comrades allows him to transcend not only his limited experience but also to focus on the extreme violence that prevailed in the camps and is crucial in explaining how Rousset relates and reconstructs the process of extermination in his novel. Copyright by SANDRINE FRANCINE SCHIRMACHER 2013 iv A Alex, con amor A mis compañeros que su cariño y amor me acompañen por la eternidad v REMERCIEMENTS Je tiens avant tout à exprimer ma profonde gratitude à Anna Norris qui m’a fait découvrir la littérature de guerre et qui a éveillé ma curiosité et ma passion sur ce sujet. Son soutien et ses conseils ainsi que sa gentillesse et sa générosité tout au long du doctorat m’ont été précieux. Mes remerciements vont aussi à Michael Koppisch et Ehsan Ahmed. Je leur suis extrêmement reconnaissante pour leurs encouragements et leurs commentaires. Je tiens aussi à remercier le Département de français à Michigan State University pour son généreux soutient financier qui m’a permis de me concentrer pleinement sur mon projet de recherche. vi SOMMAIRE Introduction : Entre l’expérience personnelle et le vécu collectif ................................1 Chapitre I : Témoignage et art : Les conflits de la représentation ..............................4 I. Textes, récits, romans : La problématique du témoignage ..................................12 1. Littérature concentrationnaire : Qu’est-ce qu’un témoignage ? ............................12 2. Morts ou Survivants : Qui sont les vrais témoins des camps ? .............................14 II. Déportation, idéologies, nation: Les jougs de la mémoire ..................................17 1. L’empreinte de la déportation : L’impact du lieu et de l’époque sur le vécu ........18 2. Idéologies politiques et narration ..........................................................................19 3. Contexte social et politique : La marque du temps sur la représentation .............22 III. Témoin et Audience : L’ineffable, l’inimaginable, le transfert traumatique ..22 1. Réception de la littérature de témoignage : Entre l’oubli et l’obsession ..............23 2. Témoin et réception : L’expérience concentrationnaire est-elle inimaginable ? ...26 IV. Les jours de notre mort : à la croisée des genres littéraires .............................29 1. Rousset et le témoignage : Une position ambivalente ..........................................29 2. Témoignage et vérité : Le fossé de l’expérience concentrationnaire ....................31 3. Accéder à la vérité concentrationnaire à travers l’art et la fiction ........................33 Chapitre II : De L’univers concentrationnaire aux Jours de notre mort : La réécriture autobiographique de l’expérience personnelle ...........................................38 I. De LUC aux LJM: La reconstruction de l’expérience concentrationnaire .......38 1. LUC : L’apprentissage des camps ........................................................................41 2. LUC un ouvrage didactique ..................................................................................43 II. LJM: La réécriture de l’expérience concentrationnaire ....................................45 1. LJM : La genèse de la déportation .......................................................................46 2. L’arrivée et l’entrée dans les camps : Les formalités de l’enfer ...........................50 3. L’autobiographie de la survie à travers l’omniprésence de la mort ......................53 III. La représentation de l’expérience vécue : Une absence notoire de témoin ...55 1. L’expérience concentrationnaire : Un témoignage universel ...............................55 2. La dialectique du soi et de l’autre..........................................................................57 Une expérience concentrationnaire commune : L’intrusion du « nous » .................68 4. Le « nous » de la camaraderie : L’impact des idéologies .....................................74 Chapitre III : Représenter l’inimaginable : Le roman au secours du témoignage ...78 I. Représentation de l’inimaginable : Limites du langage ou limites de l’imagination? ......................................................................................................80 II. Transcender l’expérience concentrationnaire : L’art au secours du langage ..87 1. La limite du langage : Le pouvoir de représentation du roman ............................91 2. Le roman réaliste: Le vécu de l’humanité des camps ...........................................93 vii III. Faire comprendre l’inimaginable : Le rôle de la mort et de la violence dans LJM ..............................................................................................................................96 1. La profitabilité économique de la mort: Faire « voir » l’impensable ..................99 2. Une mort prématurée: La fin des valeurs morales ..............................................103 3. Une mort violente: Faire « expérimenter » l’horreur de la déportation ..............105 IV. Violence et choc émotionnel : Comment retenir le lecteur .............................110 1. Le trauma de l’écoute : Le transfert du vécu ......................................................111 2. Mort et violence : L’initiation à l’horreur ...........................................................115 Chapitre IV : Une représentation ambigüe du génocide : Entre histoire et fiction 121 I. La représentation du génocide : Entre fiction et histoire ..................................121 1. La représentation fictionnelle de l’extermination ..............................................123 2. La famille Stern : Le visage éphémère du génocide ...........................................123 3. L’innommable: Les enfants et les femmes voués aux chambres à gaz ...............125 4. Les S.S : Les Seigneurs de la mort .....................................................................126 5. Rousset et Éva: Un destin parallèle ? ..................................................................128 6. Le visage de l’extermination: Transcender l’anonymat de la mort industrielle .131 II. Les ambigüités de la représentation du génocide .............................................131 1. Les camps de concentration et les camps d’extermination : Une différence de degré .......................................................................................................................134 2. L’univers concentrationnaire : Une plèbe vouée à la destruction .....................137 3. Entre omission et compassion : Le destin des Juifs dans l’univers concentrationnaire ...................................................................................................140 3.1- Les Sonderkommando : L’agonie des fossoyeurs ........................................142 3.2- Le peuple Juif dans L’univers concentrationnaire ......................................146 4. Déportés raciaux et déportés politiques: Une lutte idéologique .........................144 Conclusion : Une œuvre et une vie militantes ............................................................150 BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................156 1 Entre l’expérience personnelle et le vécu collectif L’homme peut tout et d’abord m’ôter à moi-même, me retirer le pouvoir de dire « Je » (Blanchot, 193)1 Le retour en France de milliers de déportés ayant survécu à l’enfer des camps nazis a donné lieu à une énorme quantité de textes, depuis l’après-guerre jusqu’à l’époque contemporaine : « simples » témoignages écrits ou oraux, autobiographies, récits, mémoires, pièces, poèmes et romans. Nombreuses de ces malheureuses victimes ont voulu témoigner de cette expérience qui défie encore de nos jours l’imagination. Certains n’écriront qu’un récit, alors que pour d’autres la déportation fut l’événement central de leur vie qui devint la source unique et inépuisable de l’écriture comme c’est le cas pour Charlotte Delbo, Primo Levi, Jorge Semprún et Elie Wiesel. David Rousset, ardant militant trotskyste et résistant, est arrêté le 12 octobre 1943 par la Gestapo. Il est incarcéré à Fresnes pendant trois mois puis déporté en Allemagne à Buchenwald. Il sera par la suite transféré dans les camps de Neuengamme, Porta Westphalica et Woebblin. À son retour de Buchenwald, malgré ses réticences initiales, David Rousset, comme tant d’autres compagnons d’infortunes, n’échappe pas à ce besoin uploads/Litterature/ schirmacher-grad-msu-0128d-11897.pdf
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- Publié le Nov 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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