LA R T 1 DE PETER, ESSAI THÉORI-PHYSIQUE ET MÉTHODIQUE, A l'usage des Personnes
LA R T 1 DE PETER, ESSAI THÉORI-PHYSIQUE ET MÉTHODIQUE, A l'usage des Personnes cOliflipées, des Personnages graves & austeres , des Dames mélancoliques, & de tous ceux qui font esclaves dupréjugé Suivi derhifloire de PsT-E N-L-Aiit dela. REINE DES AMAZONES, vu Tort trouve l'origine des Vuidarigeuts. NOUVELLE ÉDITION. Augmentée de laSociétédesFRANÇ$-PÂTEUHSM pour ceux qui délireronty être initiés. ENWESTPHALlÉy Ghe? FILOP,ENT-Q, ruePet-en-Gueule, •p';f- auSoufflet.'-À-V' M.DCC. LXXVI. A LEURS EXCELLENCES i MESSEIGNEURS CARNAVAL ET CAREME-PRENANT. Messeigneurs, Soxx s quelsauspices> inieux que fous ceux deVos EXCELLEN- CES , pouvait paraître/'Art de PéterEtqu'ejl-il besoind*expo- ferici les raisons que j'ai de vous l'offrir? Le Public les fait déjà toutes: ilfait que cet Ouvrage a été entrepris & compafé avec votre aveu, Sf que CARNAVAL & CAREME-P RENANT doi- vents'intéresseraufort d'un Livre, quisérvira à son Auteur de voiture - dans la route de l'immortalité. D'ailleurs bien capables yous- mêmes de le produire, qui feroit plus capable d?ensentirleprix que YQ$ fixentZtEWÇEf f JE devroisfaireici votre élogt Sr Célébrer votre origine, qui va Jeperdre dans lesfièc/es dont on ne Je fluvient-plus;je parcourrois enjuitel'HiJloire de vos illustres Aïeux; je passeroisenjin à vos vertus & à vos talens qui ont mé- rité de passèr en proverbe; mais la connoissance que j'aide ma mal-adrejfey & la peur que j'au- rois de caffir les nés de Vos ExcÈLLENeEs à COUpS d'elzcenjôir, ne me permettentpas d'en courir les risques à la tete d'un Ouvrage où vousaureifou- vent besoin de ce précieux organe. JE fuis avec un profondrefpecl & un dévouement continuel, MESSBZCNEURS; * DE VOSEXCELLENCES; Le très-humbletrès- obéissantServiteur, CAPUT APRINUM CELERRIMUM. A VIS AU LECTEUR. * Iz*efl honteux, Leéleur, que , depuis' le 'temps que vous pétez , vous nefachteïpas encore comment vous le faites, & comment vous deveï le faire (*). (*) Si l'on se rappelle que de graves Auteurs se (ont exercés par plaisanterie sur des matieres plus indécentes encore; que le célébré Dotteur Swift a fait un Traité de la Chaisepercée Se des Latrines publiques , qui a pu donner l'idée de l'Art dese débarrasser du superflu des aliments9 si bien détaillé dans la premiere dissèrtation des Mémoires de l'Académie Troyenne; enfin, si l'on peutconifdérer cette Brochure comme une dé- bauche de Carnaval, elle pourra trouver grâce On s'imagine communément que les pets rie différent quedu petit au grand, & qu'aufond, ilsfont tous de lamême eJpèce : erreur groj^ fiere. erreur grof- Cette mature que je vous offre aujourd'hui,analysée avec toute rexactitude pojJihle, , avoit été ex- trêmementnégligéejusqu'àpréfet; non pas qu'on la jugeât indigne d'être maniée, mais parce qu'on ne Veftimoit pas susceptibled'une certaineméthode & de nouvelles découvertes.Onse trompoiu Péter efl un art, & par consé- quent> une chose utile à la vie s comme, diflntLucien, Hermogene> Quintilien, &c. Il efl en effet plus cffentiel qu'onne pense ordinaire- aux yeux des Lecteurs les plusséveres, &peut- être même dérider leur front fédeu. « mentdesavoir péter>àpropos. Un PET qui, poursortir, a fait un vain effort Dans les flancs déchirés reportant sa furie, Souvent cause la mort. D'un mortel constipé qui touche au sombre bord , Un PET à temps lâché, pourroir sauver lavie. Enjin oh peut peter avec règle & avec goût, comme je vous le fèraifintir dans toute lafuite de cet Ouvrage. Je ne balance donc pas à faire part au Publicde mes recherches & de mes découveites, sur un Art dont on ne trouve rien de satisfai- sant dans les plus amples Dic- tionnaires :&en effet ,il n'y cjl pas quejliohj (chofl incroyabk),, ", de lanomenclature mime decet Artydont je pré/enteaujourd'hui lesprincipesauxCurieux. L' ART DE-PETER. EXORDE PÉRIODIQUE. CoMMEainsi foit que MARC- TULLE-CICERON ait repris, re- préhendé , admonesté, blâmé & vitupéré Panastius (offic. z.), de s'emberner jusqu'au nez dans la matiere sans la définir, & sans faire sentir à ses Auditeurs cedont est question; comme ainsi foit aussi que cet inimitable Orateur ait dans le même Livre des Offices, oublié aüssi-tôt lui-même un conseil si fage, siprudent,sisàlutaire & si bien placé: nousquivoulons éviter les reproches que nous pourrions nous attirer avecjultice, en tom- bant dans le mêmedéfaut, & pro- fiter de l'avis, des remontrances, des leçons& des foutes de l'Ora- teur Romain, nous n'attaquerons & ne traiterons pas méthodique- ment dupet, qu'au préalable, nous n'en ayions donné une définition authentique & satisfaisante. PREMIERE PARTIE Des Petsproprement dits. ; CHAPITRE PREMIER. Définition du Pet en général. L E pet que les Grecs nomment 7ro^j les Latins,Crépitus ventris; l'ancien Saxon, Purten ou Furten; le haut Allemand , Fartzen 8c l'Anglois,Fart,estun composé devents qui sortent tantôtavec bruit, & tantôtsourdement&sans en faire. Il y a néanmoins des Auteurs afîez bornés &même assez témé- JWespour foutçnir avec abfutfUtç arrogance & opiniâtreté, malgré Calepin & tous les autres Diction- naires faits ou à faire, que le mot pet, proprement pris, c'est-à-dire, dans son sens naturel, ne doit s'entendre que de celui qu'on lâche avec bruit; & ils se fondent surce vers d'Horace qui ne suffit point pour donner l'idée complette du pet. - Nam difplofa sonat quantum rifica pepedi. SAT. 8. J'ai pété avec autant de tintamar- re, qu'en pourroit faire une vessie biensoufflée. , Mais qui ne fènt pas qu'Horace dans ce vers, a pris lemotpedere, péter, dans un sens générique? & qu'étoit-il besoin, pour faire entendre que le mot pederesigni- ,fie un sonclair, qu'il se restreignît à expliquerl'espèce dupetqui éclate - en fortant ? St.-Evremond, cet agréablePhilosophe, avoit un idée àxxpkt bien différente de cellequ'en a prisele vulgaire:félon lui,c'étoit un soupir; &, ildisoit un jour à sa maîtresse devant laquelle il avoit fait un pet: Mon cœur, outré dedéplaisirs, Etoit si gros de Tes soupirs Voyant votre humeur si farouche, Que l'un deux se voyant réduit A n'oser sortir par la bouche, Sortit par un autre conduit. Le pet est donc, engénéral, un vent renfermé dans le basventre, causé, comme les Médecins le pré- tendent, par le débordement d'une pituite attiédie, qu'unechaleurfoi. ble a attenuée ei, détachée sans la dissoudre;ou produite, félonles paysans & le vulgaire, par l'usage de quelques ingrédients venteux ou d'aliments demême nature. On peut encore le définir, unair com- primé, qui, cherchantà s'échapper, parcourt les parties internes du corps}&fortenfin avecprécipita* tioti quand iltrouve uneissue que la bienséanceempêche de nommer. Mais nous ne cachons rien ici; cet être se manifeste par l'anus, foit par un éclat, foit làns éclat: tantôtla naturele chaslesans efforts, & tantôt l'on invoque le secours de Fart, qui, à l'aide de cette même nature,lui procure une naissance aiséé,cause de la délégation,sou- vent même de la volupté. C'est ce qui a donné lieu au proverbe, que Pour vivre fain & longuement3 Ilfautdonneràsonculvent. Mais revenons a notre définition, & prouvons qu'elle est conforme aux regles les plus faines de la Philosophie, parce qu'elle renfer- me le genre, la matiere &la dif- sérence, quià nempe confiâtgenere, materiâ& differentiâ, I°. Elleren- ferme toutes les causes & les espè- ces; nous le verrons par ordre; 2.°. Comme elle est confiante par le genre, il n'y point de doute qu'elle qu'elle ne le foit aussi par sa cause éloignée, quiest celle qui engen- dre les vents, savoir lapituite, & les aliments mal atténués.Discu- tons ceci avec fondement, avant de fourrer le nez dans les espèces. Nous disons donc que la matiere du petest attiédie & légèrementat- ténuée. Car de même qu'il ne plut ja- mais dans les pays les plus chauds, ni dans les plusfroids, la trop grande chaleurabsorbant dans ces premiers climats, toutes fortes de fumées & de vapeurs, & l'exces- sive gelée empêchant dans les au- tres, l'exhalation des fumées; com- me au contraire ilpleut dans les régions moyennes & tempérées (comme Font très-bien observé Bodin, meth. hill. , Scaliger & Cardan) : de même aussi lorsque la chaleur estexcessive, non-seule- ment elle broye & atténue les ali- mens, mais elle dissout & consume toutes les vapeurs, ce que le froid ne sauroit faire, & c'est ce qui l'empêche de produire la moindre fumée. Le contraire arrive lorsque la chaleur est douce & tempérée. Sa foiblesse l'empêche de cuire parfaitement les aliments.; & ne les atténuant que légércment, W pituite du ventricule & des intestins peut exciter beaucoup de vents qui deviennentplusénergiques en pro- portion de laventosité des aliments, lesquels mis en fermentation par la chaleur médiocre , procurent des fumées fort épaisses & tourbillon- nantes. Onfent cela nettement par la comparaisôn du printemps& de l'automne, avec l'été & l'hyver, & par l'art de la distillation au feu 1 médiocre. I CHAPITREII. Desdifférences du Pet, notamment du Pet & du Rot, & démonstra- tion totale de la définition du PET. No u s avons dit plus haut que le pet fort par l'anus. C'est en quoi il differe du rot9 ou rapport Espa- gnoL Celui-ci, quoique formé de lamême matiere, mais dans l'esto- mac, s'échappeparen-haut, à cause du voisinage de l'issue, ou de la dureté & réplétion du ventre, ou de quelques autres obstacles qui ne lui permettent pas de prendre les voies inférieures. Selon nos forma- lités, le rotva de pair avec lepet, quoique, félon quelques-uns, il foit plus odieux que le pet même: mais n'a-t-on point vu, à uploads/Litterature/ l-x27-art-de-peter.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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