Chéze, Théodore Théodore Antoine Chèze naquit à Toulon le 8 décembre 1864 de Th

Chéze, Théodore Théodore Antoine Chèze naquit à Toulon le 8 décembre 1864 de Théodore Chèze, un mécanicien d’origine creusoise et d’Angeline Torrelli, une jeune toulonnaise sortie à peine de l’adolescence. Peu après sa naissance, ses parents se fixèrent à Aubusson où Théodore Chèze passa son enfance. On le retrouve à Paris à la fin de l’année 1885 parmi les habitués du cercle de La Butte, 13, rue de Ravignan, fondé, par le peintre Jean Noro, à son domicile, et présidé par Paul Alexis associé à Clovis Hugues. Là, peintres, sculpteurs, musiciens, poètes, journalistes, se réunissaient régulièrement entre 1885 et 1887. Théodore Chèze, devenu instituteur, y fit la connaissance de Louis-Pilate de Brinn’Gaubast, Édouard Dubus, Paul- Napoléon Roinard, Gabriel-Albert Aurier – auquel il dédiera l’étonnante nouvelle intitulée L’Homme qui a vu le néant et l’homme qui avait perdu une virgule dans Le Mercure de France d’août 1896 -, Julien Leclercq, Paul Roux - bientôt Saint-Pol-Roux-, Alfred Vallette, Léo d’Orfer, Marc Legrand, Alexandre Boutique, Fernand Clerget, Gabriel Randon - futur Jehan Rictus-, mais aussi des femmes comme Rachilde, Elisabeth Dayre -future épouse de Gustave Kahn- ou encore Louise Véron, fille du peintre Alexandre Véron (1826-1897), élève de Paul Delaroche dont l’artiste avait épousé la fille. Cette dernière, également institutrice, quitta Randon, dont elle était alors la compagne, pour se marier avec Théodore Chèze le 2 septembre 1886 à la mairie du XVIIIe arrondissement, en présence de leur ami, le compagnon Charles Malato et du frère de l’épouse, René Véron, également instituteur qui, lui-même, épousa la sœur de Théodore Chèze, Valentine. C’est durant l’année scolaire 1885-1886 qu’il fit la connaissance de son compatriote limousin Anatole Baju, comme lui, instituteur-adjoint à l’école située 8, rue du Corbillon, à Saint-Denis. Il le dépeignit sous les traits de Gorju dans L’Instituteur. Ensemble, ils lancèrent Le Décadent, utilisant au passage les compétences de typographe développées par Chèze, comme Baju l’écrivit dans son ouvrage, L’Ecole Décadente (1887). « … Ce qui nous a toujours gênés, c’est l’insuffisance de caractères. Souvent une sorte de lettres manquait. Une fois la casse des a était presque vide et Paul Pradet avait encore à composer un article de plus de soixante lignes. Pour cela il était obligé de chercher des synonymes à presque tous les mots où il y avait des a…. C’est ce farouche compositeur du Décadent… qui manquant un jour de caractères, envoya un gamin chercher pour quatre sous de t à l’imprimerie voisine. Le prote, croyant être spirituel, envoya l’enfant dans une épicerie où on lui donna, naturellement, pour quatre sous de thé…» Dès le n°1 (10 avril 1886), on devine son omniprésence derrière l’utilisation de plusieurs pseudonymes (Luc Vajarnet, Marc Torrelli ou encore Paul Pradet). Il endossa d’ailleurs le titre de rédacteur en chef. Il y publia des nouvelles dont La Grande Roulotte, tirées d’un ouvrage intitulé Les Blasées qu’il ne poursuivit guère et qui, pourtant, présentait quelque intérêt, quoi qu’en ait pensé Noël Richard, effrayé, sans doute, par la description des scènes saphiques. A la suite d’une dispute avec Baju, Chèze quitta Le Décadent après le n°13 (3 juillet 1886). Il était alors très lié à F.-A. Cazals, comme la correspondance conservée à la BnF nous l’apprend. Si l’on s’en réfère au Tintamarre du 5 décembre 1886, Baju, le fumiste du Décadent, et ses fautes de français légendaires avaient fait les frais d’une charge interprétée par Chèze et son complice Charles Malato, à l’occasion du premier anniversaire du cercle de La Butte. « …Un à-propos plein d’esprit intitulé : Le Viol. Dans ce drame vermifuge, en un acte (notarié) et quatre tableaux, la scène où l’orthographe se plaint d’être constamment violée par Baju, est d’un comique irrésistible. Oui, dit-elle en substance, il m’a lâchement violée, moi et ma sœur aînée, la Grammaire, et mon frère, le Style, et toute ma famille, jusqu’à mon autre sœur, une sainte celle-là, la Synt…axe !... » Entre 1886 et 1889, il hébergea à plusieurs reprises Gabriel Randon. Ce dernier témoigna de son amitié en dédiant une Berceuse triste à la petite Mathilde Chèze, fille de son ami, dans La Revue Septentrionale en 1888 et un poème, Peintre et modèle, dans Le Moderniste illustré du 31 août 1889, dédié à Paul Pradet. En 1888, Randon et Chèze annonçaient dans La Revue Septentrionale qu’ils venaient d’achever un grand drame historique qui devait être interprété par une célèbre tragédienne. C’est dans cette même revue, dans le numéro de Mars à juillet 1888, que Chèze/Pradet donna une longue et bienveillante critique de Fils Adoptif, de son ami Pilate de Brinn’Gaubast. En septembre-octobre1888, Chèze, sous la signature de Paul Pradet, signa une série de quatre nouvelles au Pierrot de Willette et Emile Goudeau, revue à laquelle collaborait Randon activement. Grâce à Philippe Oriol, nous savons qu’une rupture définitive intervint entre les deux amis en 1892, à la suite d’une indiscrétion de Chèze auprès de Charles Morice, au sujet d’un projet éditorial de Randon. Dans Le Moderniste illustré du 25 mai 1889, sous le titre Pubère, il (Pradet) donnait un large extrait d’un volume en préparation qui devait s’intituler Vice. Tous ces écrits semblent être restés néanmoins à l’état de projet. Dès 1891, Louise Véron entama une procédure de divorce qui fut prononcé en janvier 1893 aux torts du mari. Reprenant les dires de Doyon, Jean-Jacques Lefrère, dans Le Journal inédit de Louis-Pilate de Brinn’Gaubast, nous indique que Louise Véron épousa par la suite ledit Pilate et qu’elle s’éteignit plus tard – en 1913 – à Anvers. Or, sans contester la liaison Pilate/ Louisette Véron, attestée par Jehan Rictus, dans son Journal en date du 4 mars 1902, ce n’est pas avec Louise Véron que Pilate de Brinn’Gaubast se maria en 1898, mais avec une certaine demoiselle Garnier. Assurément, il avait bel et bien vécu avec Louisette Véron, mais celle-ci était morte d’un arrêt cardiaque le 10 septembre 1895 à Caen alors qu’elle attendait un enfant. Du reste, le même Rictus nous apprend que Louise Véron était déjà décédée en mars 1902. Quoi qu’il en soit, Théodore Chèze avait trouvé une autre compagne en la personne de Marie-Louise Yanolick avec laquelle il partageait un appartement au numéro 17, puis 16, rue Descartes, collé à l’Ecole Polytechnique, à deux pas du logis de Verlaine. Elle lui donna trois enfants : Théodore Gabriel, né hors mariage, en 1892, Angèle en 1894 et Marguerite en 1901. C’est avec la publication de L’Instituteur, chez Albert Savine, en mars 1891, que Théodore Chèze va connaître le succès, malheureusement assorti de conséquences pour sa carrière. En effet, dans ce livre, quasi autobiographique – il se dépeignait sous les traits d’un instituteur nommé André Servan-, il se livrait à une attaque en règle de l’institution scolaire. On pouvait y lire notamment le passage suivant : « L’instruction niveleuse d’intelligences finissant par devenir une intellectuelle faiseuse d’anges, une avorteuse jurée. Pour affiner les esprits des brutes… une armée d’esclaves à laquelle on a confié la mission de former des hommes libres. – L’école, une immense fabrique soigneusement montée par la bourgeoisie, produisant à son profit une usine monstrueuse où l’on inculque à tous le respect de la possession pour la plus grande tranquillité de l’oligarchie possédante et où l’on apprend à chacun qu’il est noble, digne et grand d’aller se faire tuer ici ou là, n’importe où, au premier mot, au premier geste, afin qu’elle puisse vivre heureuse, dans sa béatitude digérante d’ogresse accroupie sur des monceaux d’or graissés de sang. – On y montre la tuerie comme une chose noble. On borne les cerveaux d’une idée de patrie mesquinisée. Une calotte de plomb sur le cerveau, une corde enroulée à la bouche, un bandeau mis sur les yeux, telle est l’instruction actuelle. L’école qui devrait être l’antichambre propre du palais social en est la cuisine ignoble… » Le ton de l’ouvrage était bien dans l’air du temps, influencé par les thèses libertaires, notamment par celles de son ami Charles Malato. L’ouvrage fut discuté au sein même de la Chambre des députés et Théodore Chèze perdit son poste d’instituteur, situé à l’ouest de Paris. Pire, un lecteur s’étant reconnu dans la description de l’un des personnages du livre, celui-ci porta plainte contre Savine, l’éditeur et Chèze, l’auteur, devant les tribunaux pour diffamation en octobre 1891. Les deux furent condamnés par la justice. Après un séjour en Algérie en 1892, Théodore Chèze vint purger une peine de prison de deux mois dans le quartier dit de la petite Sibérie, à la prison de Sainte-Pélagie, en compagnie de son éditeur. La Presse du 21 janvier 1893 mentionne sa présence à cette époque en compagnie d’autres prisonniers d’opinions comme Edouard Drumont, Pol martinet, Lucien Pemjean et Michel Zevaco. En 1896, avec sa sœur, directrice d’institution et son beau-frère toujours instituteur, il vint se fixer à d'Issoudun-Létrieix, dans la Creuse, au hameau de Chiron-Poty. Il se présentait alors comme puériculteur (sic). Ils n’y demeurèrent guère longtemps car, en 1898, sa sœur était déjà directrice d’une institution de jeunes filles laïque, comptant cent cinquante pensionnaires, située 71, rue Marcadet, dans uploads/Litterature/ l-x27-instituteur-de-theodore-cheze.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager