© Humensis Jean Perrot LA LINGUISTIQUE Dix-neuvième édition 154e mille © Humens
© Humensis Jean Perrot LA LINGUISTIQUE Dix-neuvième édition 154e mille © Humensis À lire également en Que sais-je ? COLLECTION FONDÉE PAR PAUL ANGOULVENT Jacques Chaurand, Histoire de la langue française, no 167. Jacqueline Vaissière, La Phonétique, no 637. Irène Tamba, La Sémantique, no 655. Olivier Soutet, La Syntaxe du français, no 984. Sylvain Auroux, La Philosophie du langage, no 1765. Claude Hagège, La Structure des langues, no 2006. ISBN 978-2-13-081255-5 ISSN 0768-0066 Dépôt légal – 1re édition : 1953 19e édition : 2018, septembre © Presses Universitaires de France / Humensis, 2018 170 bis, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris 3 © Humensis NOTATIONS PHONÉTIQUES Le tableau présenté ci-dessous ne donne pas un système complet de notations phonétiques ; il ne contient que les indications utiles pour la lecture du présent ouvrage. Les signes non définis ci-dessous sont à lire comme en français. Les mots grecs ont été transcrits en caractères latins ; α, θ, χ sont notés ph, th, kh ; l’esprit rude h ; les accents ́, ̀, ˆ. Consonnes Occlusives : g note une occlusive palatale sonore comme dans gare ; la sourde correspondante est notée k. q note une occlusive vélaire sourde. note une occlusive laryngale. Affriquées : L’élément spirant est mis en exposant : pf, ts, dz ; de même l’appendice labio-vélaire w de certaines conson- nes vélaires dites, par abréviation, labio-vélaires : kw. č correspond à tch en orthographe française, à dj. Spirantes : Les spirantes sonores bilabiales, dentales et palatales sont notées par le signe grec de l’occlusive correspon- dante : ainsi β (= b ou v espagnol), γ. s note toujours une sifflante sourde comme s- de sur ou -ss- de lasse ; la sonore est notée z. š note ch de chaise, ž note j de jeu. h note un souffle. Nasales : ñ correspond à gn de bagne. 4 © Humensis Semi-voyelles : y note i consonne comme dans bien (1 syllabe) ; ẅ note ü consonne comme dans nuit (1 syllabe) ; w note u consonne (ou en orthographe française) comme dans oui. Signes complémentaires : L’« aspiration » des consonnes est notée par ‛ : t‛, p‛ ; La glottalisation par ’ : t’, p’ ; La mouillure par ' : t'. Voyelles e é u ou ü u ö eu ə e (e « muet ») ã an ẽ in on ö ˜ un Le e fermé a une notation plus précise ẹ, qui s’oppose à notant e ouvert ; de même ọ, ; un son intermédiaire entre a et e ouvert est noté ä. Le signe d’accent ' n’est utilisé que pour marquer l’accent d’intensité : nócte. Les voyelles longues sont signalées, s’il y a lieu, par un trait horizontal au-dessus de la lettre : ā, ō. 5 © Humensis INTRODUCTION OBJET DE LA LINGUISTIQUE La linguistique a pour objet l’étude scientifique des langues ; elle saisit dans les manifestations qu’en sont les langues un phénomène aux aspects multiples, le langage. Le langage se présente à nous, extérieurement, comme un instrument de communication entre les hommes ; il apparaît partout où des hommes vivent en société, et il n’existe pas de langage qui soit pratiqué sans servir de moyen de communication. Le langage est très divers dans ses manifestations : il se réalise sous des formes extrêmement variées, dénom- mées en français, suivant les cas, langues, dialectes, patois, parlers, jargons, argots. Mais il est un en son principe, et représente une fonc- tion humaine : il repose sur l’association de contenus de pensée à des sons produits par la parole. Cette asso- ciation délimite le sens le plus étroit et le plus précis du mot « langage », dont on fait aussi un emploi plus large. Étant moyen de communication, le langage se situe en effet dans l’ensemble des signes servant à communiquer plus ou moins conventionnellement des significations qui intéressent n’importe lequel de nos sens : à chaque sens peut alors correspondre un ordre de langage, dit auditif s’il s’adresse à l’oreille, visuel s’il s’adresse à la vue, etc., une signification convenue s’attachant à des sons, à des objets visibles, etc. Mais les possibilités de communication sont très inégales pour les différents sens. Le langage visuel et 6 © Humensis le langage auditif ont une place toute particulière. Le geste, utilisé pour soutenir le discours de son expres- sivité propre, a même fourni le principe d’un système complet de communication pour les sourds-muets, ainsi que des codes conventionnels servant aux relations entre peuplades d’appartenances linguistiques diverses, par exemple dans les grandes plaines de l’Amérique du Nord. Une autre forme de langage visuel est la commu- nication par images, qui se réalise dans les histoires sans paroles (comme certaines images d’Épinal) et dans des représentations symboliques servant de messages, tels les destins utilisés comme symboles sentimentaux par les jeunes filles chez les Youkaguirs de Sibérie. C’est au langage auditif que les sociétés humaines ont accordé la plus grande extension. Des bruits significatifs peuvent être provoqués pour des significations simples par l’utilisation de divers instruments et appareils ; de ce principe dérivent les langages tambourinés très répandus chez les nègres d’Afrique, ou la transmission de mes- sages par tambours xylophones dans le nord-ouest de l’Amazonie, et toutes les formes de sonneries et d’appels en usage dans les sociétés modernes. Mais si le langage auditif est le plus important, c’est qu’il fait intervenir les sons que l’homme produit en faisant vibrer la masse d’air qu’il déplace dans la respiration. Il existe dans cer- taines sociétés un véritable langage sifflé : ainsi chez les Indiens Mazatec du Mexique, et chez certaines peupla- des noires d’Afrique ; mais l’essentiel est l’existence d’un langage « parlé », dont le fonctionnement consiste dans l’émission et dans la réception de sons produits par l’acte de la parole. C’est ce « langage », au sens le plus courant du terme, qui est l’objet de la linguistique ; on parle aussi, cependant, de « linguistique gestuelle ». Le langage auditif fondé sur la parole a lui-même sus- cité un langage visuel qui n’en est que la représentation 7 © Humensis graphique et qui n’a rien de commun avec le langage visuel évoqué plus haut. Ce langage visuel, l’écriture, est un système conventionnel et très variable pour asso- cier des figurations graphiques aux réalisations phoni- ques de la parole. Toutes les formes de langage existent concurrem- ment : pour appeler quelqu’un, un même individu peut utiliser soit des phrases, soit diverses formes de cris ou sifflements d’appel, soit des gestes significatifs. Le langage apparaît comme une institution sociale d’un type particulier, fondée sur l’utilisation de la parole pour la communication des pensées. L’étude du langage entre, du fait des conditions sociales dans lesquelles il fonctionne et évolue, dans le cadre de la sociologie, étude scientifique des socié- tés. L’étude des langues vues sous cet angle est la sociolinguistique. D’autre part, le langage entre dans l’ensemble des systèmes de signes ; la linguistique s’intègre dans une science particulière qui a pour objet le fonctionnement des signes dans les sociétés, la sémiologie. Cette science, après avoir suscité des contributions philosophiques, s’est constituée comme une sémantique élargie, selon les méthodes de l’analyse linguistique moderne. Le langage, système de signes exprimant des idées, est lié à l’activité psychique : il entre dans l’objet de la psychologie, et la psycholinguistique suscite aujourd’hui des recherches importantes. Enfin, le langage suppose l’activité de certains des organes de l’homme ; l’anatomie et la physiologie en expliquent les mécanismes ; d’autre part, les linguistes ont, comme les psychologues, beaucoup d’enseigne- ments à tirer des recherches pathologiques sur les trou- bles de la parole (aphasies notamment). 8 © Humensis La linguistique a donc un objet à aspects multiples ; mais elle l’envisage comme un tout et domine l’ensem- ble de ses aspects, de sorte qu’elle s’en fait un objet pro- pre. Son but le plus large est l’étude du langage humain dans toute sa complexité, mais c’est à l’étude scientifi- que des langues qu’elle se consacre essentiellement. La linguistique est une science récente, encore en plein développement. Elle s’est dégagée lentement de l’enseignement grammatical, des recherches philologi- ques et des réflexions philosophiques sur les fondements de la connaissance, sur les rapports entre la pensée et ses moyens d’expression. La langue des Sumériens de la Mésopotamie ancienne a servi de langue religieuse et littéraire aux Akkadiens, de langue sémitique (voir p. 22), qui ont consacré à cette langue savante, pour l’enseignement, des grammaires dont il nous reste des fragments, les plus anciens docu- ments grammaticaux connus. Les besoins pratiques d’enseignement, qui ont ainsi exercé une influence importante, ont fait intervenir l’écriture, dont l’invention et la diffusion ont joué un rôle décisif. La fixation des langues en représentations graphiques a entraîné des réflexions sur les langues elles-mêmes ; un facteur essentiel a été la conservation, sous forme de textes écrits, d’états de langue archaïques dans des sociétés où s’est maintenue pendant une durée assez longue une certaine culture. Ce fut la nécessité pratique de rendre intelligibles des textes uploads/Litterature/ la-linguistique-2018.pdf
Documents similaires










-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 6.2895MB