♦ 7 la version des septante La première de toutes les traductions de d’ancien T
♦ 7 la version des septante La première de toutes les traductions de d’ancien Testament hé- breu, faite en grec vulgaire avant l’ère chrétienne. I. Importance. Son importance provient de l’antiquité même de cette version, qui est la première en date. Aristobule, dans un fragment conservé de son Ier livre à Plolémée VI Philométor, écrit vers 170-150, a bien pré- tendu qu’avant Démétrius de Phalère, avant Alexandre, avant même la domination des Perses, ce qui concernait les événements posté- rieurs à la sortie d’Egypte, la conquête de la Palestine et la législation hébraïque, avait été traduit en grec. Clément d’Alexandrie, Strom., i ; Eusèbe, Præp. evang., xiii, 12. Mais le but qu’il se proposait, à savoir montrer que Platon avait tiré une partie de sa sagesse des livres de Moïse, rend son témoignage douteux. D’ailleurs, il ne parlait peut-être pas d’une traduction grecque du Pentateuque, mais seulement d’un abrégé grec des origines et de la loi du peuple juif. Quoi qu’il en soit, la version des Septante, comprenant toute la littérature hébraïque, a pour nous plus de valeur que cette soi-disant traduction antérieure du Pentateuque, que nous ne connaissons pas autrement. ♦ 8 Multiples sont les avantages à retirer de l’étude de cette version : 1. Comme elle représente le texte hébreu de l’Ancien Testament à un stade bien antérieur à la fixation du texte massorétique, la traduction des Septante a une importance considérable pour la reconstitution du texte original de la plupart des livres de l’ancienne alliance. 2. Comme elle a été employée et citée par les apôtres et les écri- vains du Nouveau Testament, nascentis Ecclesiæ roboraverat fidem, dit saint Jérôme, Præf. in l. Paralip., son texte doit ser- vir à confirmer une partie des témoignages apostoliques et des fondements de la foi chrétienne. 3. Comme elle a été faite dans la même langue, le grec vulgaire, que les livres du Nouveau Testament, son texte aide à comprendre, non seulement le style, mais encore le sens de beaucoup de passages de ces écrits. Voir Swete, An introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 433-461. 4. Comme elle a été citée et commentée par les Pères grecs, qui pour la plupart n’ont connu l’Écriture Sainte des Juifs que par son intermédiaire, ce même texte avec ses particularités et ses leçons propres peut seul rendre compte du sens que les écri- vains ecclésiastiques de langue grecque ont reconnu à la Bible juive. Swete, op. cit., p. 462-477. 5. Comme les plus anciennes versions latines de l’Ancien Testa- ment ont été faites directement sur la Bible des Septante, les plus anciens Pères latins ont connu, cité et commenté indirec- tement le texte biblique de cette version grecque, et la connais- sance de la Bible grecque est ainsi fort utile pour l’intelligence de la littérature patristique latine. ♦ 9 6. Comme cette version a servi aussi de prototype à plusieurs tra- ductions syriaques, éthiopiennes, coptes, arabe, arménienne, géorgienne, gothique et slavonne, l’étude de son texte sert donc aussi à l’intelligence des citations bibliques dans toutes les lit- tératures ecclésiastiques de ces diverses langues. 7. Enfin, le rôle que ces versions dérivées jouent dans la critique bi- blique pour la reconstitution du texte original de l’Ancien Testa- ment montre indirectement l’influence exercée durant des siècles par la traduction des Septante, et par suite l’importance de son étude. II. Nom. Cette première traduction grecque de la Bible hébraïque a été dési- gnée dans l’Eglise catholique sous le nom de version ou de traduction des Septante, en sous-entendant vieillards, ou interprètes, ou traduc- teurs. La traduction latine de saint Irénée, Cont. hær., iii, 21, la désigne par les mots : in senioribus, ou seniores. Tertullien, Apologet., 18, dit : In septuaginta et duobus interpretibus. Origène l’appelle την ἑρµηνειαν των Ο΄, Ad Africanum, 5, ou en parle en disant deux fois, παρα τοις ἑβδοµηκοντα. In Matth., tom. xv, 14, Eusèbe de Césarée emploie aussi cette dernière indication. In Psalmos, Ps. II, Saint Jérôme dit couram- ment Septuaginta interpretes ou translatores, Præfa. in Isaiam, in Job, in l. Par., in Ezram ; Commentarioli in Ps., IV, IX, XXI, CXV, CXXXIII, dans Morin, Anecdota Maredsolana, Maredsous, 1895 ; Tractatus de Ps., IX, ibid., 1897, ou Septuaginta tout court. Commentarioli in Ps., XV, CXXI, CXLIV, ibid. En parlant des 72 docteurs envoyés à Alexan- drie par le grand-prêtre Éléazar, saint Augustin dit d’eux : Quorum interpretatio ut Septuaginta vocetur jam obtinuit consuetudo. De civitate ♦ 10 Dei, xviii, 42. La version porte aussi ce nom dans les anciens ma- nuscrits grecs. Ainsi la suscription de la Genèse dans le Vaticanus B est : κατα τους ἑβδοµηκοντα ; en tête et à la fin des Proverbes dans l’Ephræmiticus E, on lit : παρα ἑβδοµηξοντα. Une note du Marchalia- nus Q sur Isaïe l’appelle : ἡτων ἑβδοµηκοντα ἐξδοσις. Le nom courant de cette version dans les manuscrits est : ἡτων ο΄, et on la désigne ordi- nairement par les signes : οι, ο΄ ou οβ΄. Ce nom a passé dans toutes les langues, et en français on dit : la version des Septante, ou les Septante. Par ellipse, les protestants français disent souvent : la Septante, dési- gnation qui n’a pas encore été admise dans le Dictionnaire de l’Acadé- mie française. Ce nom d’un emploi universel provient évidemment de la légende des 72 traducteurs du Pentateuque. La conjecture de Richard Simon, que ce nom lui vient, non pas des septante interprètes qui en furent les auteurs, mais des septante juges du Sanhédrin qui l’approu- vèrent pour l’usage des Juifs hellénistes dans leurs synagogues ou au moins dans leurs écoles, Histoire critique du Vieux Testament, l. II, c. ii, Rotterdam, 1685, p. 191, est sans aucun fondement et contraire à toute vraisemblance. M. Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, t. i, p. 365, note 5, l’a acceptée trop facilement. Si le fait avait eu lieu, le pseudo-Aristée l’eût relaté pour faire valoir la version grecque du Pentateuque. Les critiques modernes, qui ne peuvent tenir compte de la légende des 72 traducteurs, proposent de nommer la version dite des Septante « version alexandrine », parce qu’elle a été faite à Alexandrie, ou au moins pour les Juifs d’Alexandrie. Cette dénomination est juste, mais elle n’a pas prévalu contre l’usage reçu, et ces critiques suivent eux-mêmes le courant et parlent avec tout le monde de la version des Septante. ♦ 11 III. Origine d’après la légende. La première mention de cette légende se rencontre dans la Lettre du pseudo-Aristée à son frère Philocrate. Deux éditions critiques de cette Lettre ont paru récemment : Thackeray, The Letter of Aristeas, en appendice à An Introduction to the Old Testament, Cambridge, 1900, p. 501-574 ; Wendland, Aristeæ ad Philocratem epistola cum cæteris de origine versionis LXX interpretum testimoniis, Leipzig, 1900. Ce dernier en avait publié une traduction allemande, dans Kautzsch, Die Apokry- phen und Pseudepigraphen des Alten Testaments, Tubingue, 1900, t. II, p. 4-31. M. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitaller Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t. III, p. 468-470, place la com- position de cette Lettre aux alentours de l’an 200 avant Jésus-Christ. Aristobule la connaissait déjà de 170 à 150. L’auteur ne sait rien de la domination des Séleucides sur la Palestine, domination qui commença en 187 ; il ne parle que du grand-prêtre juif et ne connaît pas les princes Machabéens à Jérusalem, il semble ignorer la persécution d’Antiochus et il présente la Judée tranquille et heureuse sous le gouvernement des Ptolémées. Cf. Ed. Herriot, Philon le Juif, Paris, 1898, p. 58. Wendland, dans Kautzsch, op cit., t. II, p. 3-4, la reporte à la seconde moitié du Ier siècle, de 96 à 63, plus près de 96 que de 63. Grätz la rabaissait même au début de notre ère, aux années 15-20, Monatschrïft fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1876, p. 289, et Willrich, Judaica, Gættingue, 1900, p. 111-130, après l’an 33. Ces dates semblent trop basses, car la Lettre d’Aristée manifeste une connaissance très exacte de l’époque des Ptolémées, telle que nous l’ont révélée les inscriptions et les papyrus du temps. « Chose frappante : il n’est pas un titre de cour, une institution, une loi, une magistrature, une charge, un terme technique, une formule, un tour de langue remarquable dans cette ♦ 12 lettre, il n’est pas un témoignage d’Aristée concernant l’histoire civile de l’époque, qui ne se trouve enregistré dans les papyrus ou les ins- criptions et confirmé par eux. » Lombroso, Recherches sur l’économie politique de l’Egypte sous les Lagides, Turin, 1870, p. xiii. Les décou- vertes plus récentes n’ont pas infirmé cette conclusion et ont montré que la lettre était écrite dans le grec vulgaire alexandrin, qui est la langue des inscriptions et des papyrus. Les arguments des critiques, qui rabaissent la date d’apparition de cette Lettre, sont peu solides et n’infirment pas les précédents. Or, cette Lettre, qui est un panégyrique de la loi juive, de la sa- gesse juive, du nom juif, est l’œuvre d’un Juif alexandrin, sous le cou- vert d’un uploads/Litterature/ la-septante-ancien-testament-grec-francais.pdf
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- Publié le Apv 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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