Muriel SALLE 1 muriel.salle@laposte.net Le commentaire de document Le commentai
Muriel SALLE 1 muriel.salle@laposte.net Le commentaire de document Le commentaire de document est à la base du travail de l’historien : le chercheur ne fait finalement que ça, quand il étudie ses archives avant de rédiger un discours historique. L’exercice est au cœur même du métier d’historien. Aux concours, c’est, sans doute, l’exercice le plus délicat et le plus technique : il requiert méthode et organisation. Objectifs de l’exercice : - Dégager les enseignements, les informations que nous apporte le document. Il faut le « presser » pour en « tirer tout le jus » - Apporter des explications, des précisions sur tous les termes qui l’exigent, identifier les personnages et les lieux cités de façon implicite ou incomplète, définir les institutions auxquelles il est fait allusion… Il faut rendre le texte entièrement compréhensible, mais toujours en faisant attention de ne pas s’en écarter trop longtemps quand on fournit ces explications (l’équilibre est subtil). - Exercer son esprit critique, pour « faire parler » un texte allusif, cerner les intention s de l’auteur, et éventuellement sa mauvaise foi. Pour réussir son étude de document, il faut respecter un certain nombre d’étapes indispensables. 1. Étudier et ré-étudier très attentivement tout le document Le plus souvent, le document soumis à la sagacité des candidats est un texte. Il faut toutefois se préparer à d’autres types de documents (notamment pour l’oral) : document iconographique, plan, monnaie… Nous y reviendrons. Plaçons-nous ici dans le cas d’un commentaire de texte. 1. Lecture très attentive du texte Lors de cette première lecture, on ne prend pas de note et on ne souligne rien dans le texte. On se contente de s’en imprégner une première fois. 2. Lecture du texte stylo en main Lors de cette deuxième lecture, on utilise un surligneur et l’on prend une feuille de brouillon. Au fil de la lecture, il faut relever les termes de vocabulaire qui vont devoir être définis, les noms de personnages sur lesquels il faudra dire quelques mots dans le commentaire, les lieux et les institutions auxquels il est fait allusion. Ce premier travail de défrichement permet d’organiser ensuite rigoureusement la recherche documentaire (en bibliothèque à l’oral de l’agrégation, dans votre tête à l’écrit). Tous les éléments nécessitant un commentaire ou une explication doivent être répertoriés. Au fil de la rédaction du commentaire, il faudra s’assurer qu’on n’en oublie aucun (au besoin, en les biffant dans la liste au fur et à mesure que les évoque). 3. Lecture thématique du texte La troisième lecture doit permettre de répertorier les différents thèmes traités par le texte. Idéalement, on en trouvera 3, évidemment. Si l’on en trouve davantage, il faut les relever au brouillon, les classer et les hiérarchiser pour pouvoir les rassembler au moment de l’élaboration du commentaire. Muriel SALLE 2 muriel.salle@laposte.net On peut utiliser 3 feutres, de 3 couleurs différentes, pour souligner au fil du texte les éléments que l’on utilisera pour traiter le premier, le deuxième puis le troisième thème. Ainsi, lors de la rédaction, on peut retrouver facilement et rapidement les citations que l’on veut insérer dans son commentaire. 2. Tout élucider C’est toujours le document qui guide l’explication. On doit donc sélectionner les informations dont on dispose en fonction de leur intérêt explicatif par rapport au texte. 1. Situer le texte Il faut se poser quelques questions simples et élémentaires, mais indispensables à la compréhension du document. - QUI ? Qui est l’auteur ? L’auteur, s’il est connu, doit être présenté. On doit apporter les éléments biographiques qui permettent d’éclairer le texte, sans se perdre dans des détails sans intérêt pour l’explication du document. Il faut donc sélectionner les éléments de son itinéraire politique, intellectuel ou personnel… qui peuvent aider à la compréhension du texte. On peut ainsi savoir si le texte est exceptionnel, ou s’il s’inscrit au contraire dans le droit-fil de l’engagement (politique, intellectuel) de son auteur, s’il est écrit à un moment exceptionnel de sa vie ou si c’est un document « courant ». - QUOI ? Que dit le texte ? On doit répondre rapidement à la question, idéalement en une phrase. C’est à ce moment q’il convient de préciser la nature du texte (texte littéraire, document diplomatique, discours officiel, correspondance personnelle, etc.). Tous ces types de documents n’ont pas la même valeur historique, et ne doivent pas être appréhendés de la même façon. - QUAND ? À quelle occasion a-t-il été rédigé ? C’est le contexte historique qu’il faut présenter à cette occasion, toujours en rapport strict avec le document. Pour un texte de loi émis par un souverain concernant la répression des révoltes populaires par exemple, il importe peu de préciser que le texte date de la naissance de son 3e enfant. En revanche, il est nettement plus intéressant de souligner que le texte est promulgué 6 mois après un soulèvement populaire majeur. La présentation du contexte renvoie aux circonstances qui ont donné naissance au document, qui en motivent la rédaction. Parfois, le contexte peut être bien plus qu’une simple énumération chronologique ou événementielle : dans certains cas, il faut éclairer un contexte idéologique, culturel, socio- économique… - POURQUI ? Pour qui a-t-il été rédigé ? Il faut mentionner le destinataire de la lettre, la population visée par la loi, le signataire du traité… Pour quelles raisons le texte a-t-il été rédigé ? avec quelles intentions ? 2. Dégager le plan de texte Le texte soumis à votre sagacité n’a pas été choisi au hasard. Généralement, l’extrait en question a une cohérence interne. Cette cohérence doit être dégagée : on doit trouver le plan du texte. Attention, le plan du texte n’est pas celui que vous choisirez pour votre commentaire. On profite de cette étude purement littéraire pour dire quelques mots du ton du texte, de son style (impression générale que suscite le texte, à première vue). 3. Au brouillon, faire une étude ligne à ligne du texte Muriel SALLE 3 muriel.salle@laposte.net Ce travail préparatoire, qui se fait au brouillon, permet de rien négliger, de ne rien oublier. On le mène en utilisant des ouvrages généraux, si on en dispose. C’est l’occasion d’expliquer rapidement qui est tel personnage, à quoi correspond tel événement. À l’oral, on peut avoir recours : - un dictionnaire de langue française, pour le vocabulaire simple sur lequel on a parfois un doute, et un dictionnaire historique de la langue pour les mots dont l’usage peut avoir changé (le Robert historique de la langue française est parfait) - un dictionnaire historique général ou spécialisé s’il en existe un adéquat - un atlas historique, utile pour repérer les lieux dont il est question - une encyclopédie générale (Encyclopædia Universalis) 4. Toujours au brouillon, faire une critique du texte Une fois le texte bien compris, il faut se poser la question de sa valeur historique. il faut donc porter sur le texte un double regard critique. - Critique linguistique. L’auteur dit-il le vrai ? Ce qu’il dit est-il complet ? S’il y a des omissions, sont-elles fortuites ou volontaires ? - Critique des intentions Si l’auteur ne dit que partielle la vérité, ou s’il a une vision très partisane d’un événement, il faut se demander si c’est parce qu’il est mal informé ? parce qu’il est dans l’impossibilité de savoir ce que les historiens savent désormais ? ou s’il est partial, mal intentionné, et veut ne dire que ce qui l’arrange ? Attention, la critique n’a rien à voir avec un jugement de valeur, qui est à proscrire absolument. L’historien n’est pas un journaliste, il n’est pas là pour donner son opinion pour développer une étude scientifique rigoureuse. 3. Rédiger un commentaire composé Il est très rare qu’on puisse faire un commentaire de texte qui suive strictement, ligne à ligne, le déroulement du texte. Il faut donc organiser sa rédaction autour d’un plan (en 3 parties). Quand on rédige un commentaire, ou qu’on le présente à l’oral, vous devez partir du principe que le texte n’est pas connu de votre correcteur ni de votre auditoire. Il faut donc toujours très explicite. Quoi qu’il arrive, un commentaire de texte comporte toujours : • Une introduction Dans l’introduction, on commence par une présentation rapide du sujet abordé par le texte, avec une phrase d’entrée en matière. On présente le document qu’on va expliquer (nature, date, auteur, etc.). On définit le contexte dans lequel il se situe. On dégage la problématique qu’il met en lumière. On doit alors justifier l’intérêt du document en question, dans une perspective assez large. La problématique doit être explicitement mentionnée, si possible sous la forme d’une question. On doit ensuite analyser le document, i.e. le résumer très brièvement, en mettant en évidence les principaux éléments qu’il met en lumière. On explique alors la façon dont il est construit (on précise le plan du texte, en le divisant en quelques grandes parties que l’on distingue clairement : 1e partie de la ligne 1 à la ligne 12, 2e partie de la ligne 13 à la ligne 34, etc.) Muriel SALLE 4 muriel.salle@laposte.net • Un développement Au uploads/Litterature/ le-commentaire-de-document-en-histoire 1 .pdf
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- Publié le Aoû 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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