Lecture analytique 3 Partie I Chapitre 5 Le dîner au café riche Quelques idées

Lecture analytique 3 Partie I Chapitre 5 Le dîner au café riche Quelques idées pour l’introduction • L’ambiance régnant sur les grands boulevards parisiens, qui connurent leur heure de gloire sous le second Empire, nous est reconstituée au chapitre 5 de la première partie de Bel Ami, notamment, celle du café Riche, avec ses cabinets particuliers. • Les grands boulevards (de Bonne-Nouvelle, Montmartre, Poissonnière, des Italiens et des Capucines) sont en effet tous aménagés à la même époque, entre 1880 et 1885, et connaissent un développement sans précédent grâce à l’installation de différents théâtres. • De nombreux cafés s’y installèrent également. Tortoni, Frascati, le Café de Paris, le Café Riche, le Café de Madrid, le Café Anglais. • C’est aussi boulevard Poissonnière que sont situés les locaux de « La Vie Française », le journal qui va être l’instrument de la réussite du héros du roman Duroy • Dans les cabinets particuliers de ces cafés, on dinait à l’abri des regards, dans une atmosphère intime. • Dans cet extrait, Duroy, élégant jeune homme, rédacteur à La Vie française, est invité par Madame de Marelle à dîner au Café Riche en compagnie des Forestier dans un salon privé. Ce petit salon donne sur le boulevard avec une fenêtre unique. C’est un lieu clos et le cadre propice au discours amoureux. Plan. I. Création d’une atmosphère sensuelle: un dîner érotisé a) la sensualité b) le crescendo érotique c) la nourriture comme substitut II. Des conversations révélatrices a) Duroy b) Les deux femmes c) Forestier Question • En quoi ce dîner est-il révélateur de la suite du roman? Remarques préliminaires à placer en fonction de vos besoins. • Le texte est construit de manière symétrique avec 5 parties : • I. Les huîtres… II. On parla d’abord… III. Il parlait… IV. Et on se mit à parler… V. Et comme la première entrée n’arrivait pas… • Il commence et se termine par une allusion au repas que prennent les convives dans leur ensemble et aux différents mets qu’ils savourent (I. et V.) • Entre ce début et cette fin, le repas s’attarde et Maupassant en profite pour nous présenter, en deux parties distinctes (introduite chacune par le pronom impersonnel on) la conversation entre les convives autour deux sujets, l’amour et l’adultère, l’un dérivant de l’autre. (II. et IV.) • Ces deux thèmes placent les personnages dans des rôles et un futur sans équivoque: Maupassant sépare la conversation par 3 paragraphes (Il (Duroy) parlait…/Elles le contemplaient…/ Et Forestier…) où le narrateur omniscient laisse entrevoir les triangles amoureux qui se mettront en place dans la suite du roman. (III.) I Un dîner érotisé (Eros, Dieu de l’amour) • A) L’évocation de la nourriture crée une atmosphère sensuelle (qui est propre au sens, qui fait référence aux sens). • Pour montrer l’érotisation de la nourriture, Maupassant associe aux huîtres des adjectifs inattendus: • “mignonnes”, presque une personnification (aliments aux formes féminines, comme plus loin, la truite qui est « rose comme de la chair de jeune fille») • “grasses”, adjectif peu usité avec des coquillages mais qui est utilisé pour qualifier la poitrine de Mme Forestier (CF texte 2) • Maupassant les compare aussi à de petites oreilles, ce qui peut avoir plusieurs significations. Ce sont tout d’abord des organes délicats (CF “petites”), internes (comme le sexe féminin) et sensibles. Ces organes sont aussi le réceptacle des secrets, des confessions intimes (CF “enfermées”). Enfin avec cette référence à l’ouie, Maupassant mélange les 5 sens (retrouvez-les, pensez aux sonorités): il crée des synesthésies qui exacerbent les sens dans ce passage… • Le premier met apporté, les huîtres, participe enfin de l’atmosphère sensuelle, car les coquillages sont réputés aphrodisiaques (CF Zola, les coquillages de M. Chabre). • Autre exemple, l’oxymore « fondant entre le palais et la langue ainsi que des bonbons salés » le mélange des saveurs (sucré/salé) et des sens (toucher/goût) décuple les sensations. On ne peut d’ailleurs ignorer l’allusion au sexe féminin, là encore, présent dans cette image. B) Un crescendo érotique • A la fin de l’extrait, Maupassant nous présente des «côtelettes d'agneau, tendres, légères…». Là encore,il magnifie la délicatesse de l’aliment. Il s’agit d’une viande jeune, celle de l’agneau, animal symboliquement pur (connotation religieuse) et doux, fragile. Le diminutif –ette renforce cette idée. L’auteur joue sur le double sens de l’adjectif tendre, référence à la fois à la tendreté d’une viande et à la tendresse, le sentiment. • … « couchées sur un lit épais et menu de pointe d’asperges » La fin de la phrase laisse peu de doutes, ce met offert aux convives possède un fort contenu érotique, il est couché sur un lit à la fois épais et menu (oxymore qui décuple aussi les sensations), comme un corps amoureux, sur des pointes d’asperges, aliment réputé aphrodisiaque durant la Grèce Antique, du fait de sa ressemblance phallique. • Le diner s’étirant en longueur, (L’entrée… se fait désirer… CF « Et comme la première entrée n’arrivait pas ») les convives boivent (l’alcool est un euphorisant qui les pénètre et les trouble) et Maupassant s’amuse à érotiser chacun de leurs gestes (« le dos des petits pains ronds, entrait en eux, goutte à goutte en leur gorge… ») jusqu’au paroxysme de la dégustation finale, « avec lenteur, savourant la viande fine et le légume onctueux comme une crème… ». + Champ lexical du délicieux dans tout le texte (fondant, bonbons, onctueux, crème…). • On assiste à un crescendo. C) La nourriture substitut de l’amour • La nourriture ici se substitue à l'amour aussi bien physiquement, puisqu’elle met en scène parfois de manière très crue les tensions amoureuses implicites entre les personnage, que moralement puisque c’est la nourriture qui lance la conversation et influence le thème de celle-ci (“ et les convives commencèrent à parler”. • Il y a comme une relation de cause à effet entre la chair de jeune fille des truites et l’aventure amoureuse dont on parle d’abord. II Des conversations révélatrices. A) Duroy • Le thème de départ de la conversation est un cancan (chisme), un commérage. Il permet à GD de plaider sa cause (CF essayez pour voir)en se rangeant du côté des dames (en étant de leur avis). • « il proclama bien haut... un silence de tombeau ». Proclamer bien haut est un pléonasme. GD insiste. De plus, l’expression contraste de manière amusante avec silence de tombeau: il fanfaronne, il force son explication, invocant la mort plutôt que d’être un « bavard indiscret ». • Duroy fait de la discrétion un devoir. Il utilise un vocabulaire soutenu, proche de l’enquête policière (Expressions « En ces sortes d’affaires » et « silence de tombeau » + la gradation dans l’implication « acteur, confident, témoin », rythme ternaire qui donne de l’importance à son discours). Il se veut connaisseur à envisager ainsi les différents rôles masculins. Il joue son rôle • Dans son discours au style direct, GD déguise son mépris des femmes, à la vertu desquelles il ne croit pas (CF rythme ternaire encore « souvent, bien souvent, presque toujours… qui sous-entend que sans la peur, LES femmes seraient TOUTES volages ») en utilisant une expression méliorative mais volontairement vague « choses charmantes » pour ne mettre en valeur que les côtés agréables de l’adultère, voire les côtés envoûtant (voir polysémie de charmant) • Son sourire sert aussi son discours. Il persuade. Il se veut convaincant: usage d’un impératif ( voyons: nous inclusif) suivi de deux questions rhétoriques qui ne servent qu’à illustrer son propos auprès d’un auditoire conquis: qu’il serait bon de s’abandonner au désir rapide, au caprice brusque et violent, à la fantaisie d’amour (on remarquera encore ce rythme ternaire), à un court et léger bonheur s’il n’y avait le scandale. On remarquera le mélange de deux champs lexicaux opposables, celui du bonheur, mélioratif et celui de la rapidité, plus surprenant en amour. • Conception très matérialiste de l'amour: désir, passager et non réfléchi. Il rend la vie pleine de « choses charmantes » Quel blabla! • Duroy a une conception anti-idéaliste de l'amour. L’amour n'est pas synonyme d'éternité (CF « sans l’admettre éternel » + la rapidité ci-dessus + « durable, un lien, une amitié tendre, une confiance » énumération très réductrice de l’amour à laquelle il oppose les affres précises de la rupture (jalousies harcelantes, drames, scènes, misères). On voit bien que son discours ne tient pas, qu’il est en terrain conquis et que même sa métaphore romantique du Sceau « L'union des sens n'était qu'un sceau à l'union des cœurs » qui minimise (ne… que…) la relation physique n’est qu’une astuce de séducteur • Ce passage est fortement ironique (ironie dramatique, le lecteur/spectateur sait des choses que les personnages ne savent pas encore) lorsqu’on sait que GD fera surprendre Madeleine en flagrant délit d'adultère alors qu'il se promet ici de garder la discrétion. C’est un menteur qui ment pour « faire bien » devant les dames, ou qui se fait des illusions sur lui-même? • Il est hédoniste: Partisan de la doctrine qui uploads/Litterature/ le-diner-au-cafe-riche-bel-ami-maupassant 1 .pdf

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