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Éléments sous droit d’auteur - © Éditions de Boccard Éléments sous droit d’auteur - © Éditions de Boccard Le Prestige à Rome à la fin de la République et au début du Principat, Baudry R. et Hurlet F., éd., 2016, p. 9-17 (Colloques de la MAE, René-Ginouvès, 13) Le prestige à Rome à la fin de la République et au début du Principat Introduction Robinson Baudry*, Frédéric Hurlet** et Isabelle Rivoal*** L ’idée d’étudier de façon plus approfondie la notion de prestige en tant que terme polysémique et concept opératoire dans le domaine des sciences humaines et sociales est née il y a quelques années avec l’organisation du 10e colloque annuel de la Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès, qui s’est tenu en 2013 et dont les actes ont été publiés en 20141. Les antiquisants avaient alors répondu en très grand nombre à l’invitation de participer à ce colloque, à un point tel qu’il n’était pas possible de tous les intégrer et qu’il a été décidé d’en regrouper le plus grand nombre dans le cadre d’une invitation à un autre colloque, plus ciblé. La parution des actes de ce dernier montre que le défi a été relevé et le projet mené à bien. La spécialisation des collègues qui ont participé à cette réflexion collective sur le prestige à Rome explique que le cœur chronologique de l’enquête soit la période de transition entre République et Principat, ce qui permet de bénéficier d’un nouvel éclairage à partir d’un nombre non négligeable de sources de différentes natures. Une dimension comparatiste a été ajoutée avec une ouverture vers le monde grec. Après tout, la comparaison entre mondes grec et romain est sans doute aussi naturelle qu’efficace tout d’abord parce que ces mondes sont proches tout en ayant chacun leur spécificité, ensuite parce que les collègues pratiquant une telle comparaison ont reçu la même formation et parlent donc la même langue2 ! Il n’est pas surprenant que la question du prestige suscite l’intérêt des historiens de la Rome antique. Il faut y voir une explication dans la nature même de la société romaine, hautement compétitive et concurrentielle. L’exacerbation des rivalités aristocratiques à la période tardo-républicaine se caractérise en effet par la recherche toujours plus effrénée des honneurs et des marques de distinction. Ainsi, comme le formule clairement Arnaud Suspène dans le volume, « en temps de crise politique, voilà une société qui a un besoin impérieux de prestige que ses membres vont chercher à se procurer par des stratégies ­ complexes ». Le fait que cette réflexion collective sur le prestige à Rome a été précédée par * Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès, UMR ArScAn [robinson.baudry@sfr.fr]. ** Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès, UMR ArScAn [frederic.hurlet@mae.u-paris10.fr]. *** CNRS, Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès, UMR LESC [isabelle.rivoal@mae.u-paris10.fr]. 1. Hurlet, Rivoal et Sidéra 2014b. 2. Cf. dans ce sens le plaidoyer de Dalla Rosa 2012. Introduction 10 Éléments sous droit d’auteur - © Éditions de Boccard la publication des actes d’un colloque consacré au même sujet, mais appliqué à un cadre interdisciplinaire plus large présente un avantage certain, celui de fournir un fondement théorique à une notion souvent utilisée par les antiquisants, mais jamais vraiment définie. L’introduction du premier volume interdisciplinaire sur le prestige a ainsi déjà souligné à propos de la Rome antique que le grand historien français des républiques (romaine et française), Claude Nicolet, avait utilisé à pas moins de neuf reprises le terme de prestige dans le seul article, de synthèse, qu’il avait consacré à Auguste et à son pouvoir3. Un tel usage pose le problème classique de l’équivalence d’une notion contemporaine avec la ter- minologie antique, grecque et romaine. Le point sur cette question a déjà été fait, notam- ment pour rappeler dans quelle mesure le prestige, à travers son étymologie même, renvoie à une forme de distinction à laquelle était liée à l’origine l’idée de magie, de surnaturel, ­ d’enchantement ou de séduction. Appliquée à la Rome de la fin de la République et du début de l’époque impériale, cette notion était parfaitement adaptée pour décrire la forte hiérarchisation de la société à cette époque et la recherche permanente de la différenciation justifiée par l’existence d’une forte concurrence entre aristocrates. Elle fut traduite en latin par toute une série de mots qui sont proches sans être parfaitement équivalents et intro- duisent chacun des nuances. On peut opposer la dignitas revendiquée par César lorsqu’il franchit le Rubicon à l’auctoritas d’Auguste quand celui-ci fit de ce terme le fondement de sa primauté dans les Res Gestae (34, 3), mais il vaut mieux tout compte fait étudier com- ment et pour quelle raison on utilise tel terme plutôt que tel autre. Il est ainsi significatif que l’auctoritas ait été transférée du Sénat au prince, au terme d’un long processus qui est caractérisé au départ par une coexistence de l’auctoritas du prince avec celle du Sénat et une surimposition progressive de la première sur la seconde. Les historiens sont bien placés pour étudier ces usages selon une méthode qui conduit à les contextualiser. Outre cette question d’ordre terminologique, qui n’est pas encore totalement résolue et sur laquelle on reviendra tout au long de ce volume d’une manière ou d’une autre, un autre résultat du colloque interdisciplinaire de 2013 a été de montrer que deux concep- tions du prestige se sont croisées et recoupées. La première renvoie à l’idée que le prestige est lié à un statut déterminé d’un individu ou d’un groupe d’individus ou à un attribut (le prestige du sénateur ou celui de l’uniforme par exemple), tandis que la seconde désigne les procédés et les manifestations publiques permettant d’afficher sa distinction sociale et de la rendre visible de manière à se voir reconnaître du prestige ou tout simplement à le maintenir (par exemple le prestige qui consiste à participer à une manifestation impor- tante à une place d’honneur). En d’autres termes, le prestige renvoie autant à un statut qu’à une performance, l’un et l’autre se complétant plus qu’ils ne s’opposent. *** La réflexion que nous avons menée lors de la préparation de ce colloque et l’idée de consacrer une rencontre scientifique au prestige à Rome doivent beaucoup aux travaux de deux historiens, Jean-Michel David et Karl-Joachim Hölkeskamp, dont il faut dire quelques mots sans verser dans l’adulatio et en veillant à ne pas commettre de contresens trop flagrants. J.-M. David, qui a participé au premier colloque de la Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès4, s’est beaucoup intéressé, dans le cadre de sa thèse et de 3. Ce point a été souligné par Hurlet, Rivoal et Sidéra 2014a, p. 14-15. 4. David 2014. Robinson Baudry, Frédéric Hurlet et Isabelle Rivoal 11 Éléments sous droit d’auteur - © Éditions de Boccard plusieurs articles5, au prestige de l’orateur, du patron judiciaire et, plus généralement, à celui des membres de l’aristocratie sénatoriale. On songe à ces pages lumineuses sur un passage de Plutarque relatif au comportement de Pompée après son premier consulat, contraint de se tenir à l’écart du Forum pour laisser « hors des atteintes de l’envie l’hon- neur (τιμήν) et le crédit (δύναμιν) que la guerre lui a conférés »6. J.-M. David pose la question : « Qu’avait donc à craindre un homme qui était arrivé au faîte du prestige et qui risquait tout au plus qu’on lui demande une assistance ou une protection qui ­ n’auraient fait que conforter sa supériorité ? ». Il avance deux éléments de réponse : le risque de l’échec, le danger de la comparaison avec des orateurs plus compétents qui « auraient pu, dans ces années-là, le surpasser par leur éloquence et, par ce simple fait, se grandir aussi de sa propre gloire ». Il conclut : « Il lui fallait protéger ses acquis symboliques même s’il lui fallait pour cela renoncer à davantage de puissance sociale »7. Le prestige y est donc, ici et ailleurs dans son œuvre, davantage perçu comme une performance que comme un fait de structure, ainsi que le montre l’analyse du passage de Plutarque, qui envisage le prestige de Pompée comme un capital susceptible de s’épuiser par le jeu d’interactions sociales malencontreuses et dont la conservation ou l’accroissement requiert de recourir à des stratégies appropriées. À dire vrai, si le terme de prestige apparaît souvent sous sa plume, il est surtout question de « uploads/Litterature/ le-prestige-a-rome-a-la-fin-de-la-repub-pdf.pdf

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