LE RÉALISME (1850-1880) Formé sur le mot «réel», le Réalisme naît avant 1850 et

LE RÉALISME (1850-1880) Formé sur le mot «réel», le Réalisme naît avant 1850 et se développe après cette date. Il s’agit d’un mouvement en relation étroite avec l’évolution des mentalités et des données sociales. La Révolution industrielle, l’importance prise par le prolétariat, les mouvements ouvriers déterminent de nouvelles sources d’intérêt pour les artistes. Le progrès des sciences, la découverte de la photographie, d’abord stricte reproduction du réel, ont également une influence importante au moment où la Révolution de 1848 met fin aux illusions romantiques, conduisant aussi à l’élaboration de la doctrine positiviste. Cette poussée de scientisme produit en littérature le réalisme et, un peu plus tard, le naturalisme. On doit mentionner l’intérêt de l’époque pour les faits et pour l’expérience, l’influence des sciences biologiques, des découvertes de Darwin, du déterminisme de Taine et du positivisme d’Auguste Comte. Ce mouvement est aussi une réaction contre la subjectivité et le pathétique romantique et contre les tendances idéalistes d’une partie de la littérature. Pourtant, le réalisme se trouve, à un certain point, dans la continuité du romantisme. Les deux influences coexistent chez Balzac, Stendhal ou Flaubert. Les débuts : Le réalisme prend ses sources dans la peinture (Courbet, Daumier, Millet). Courbet rejette l’idéalisme et l’académisme régnant, et puise ses sujets dans la réalité provinciale, banale et humble (L’après-dîner à Ornans, 1849, L’enterrement à Ornans, 1850). Ses toiles suscitent de violentes polémiques : c’est la «bataille réaliste». Elles sont refusées à l’Exposition universelle de 1855. Le peintre ouvre une exposition personnelle, intitulée Le Réalisme, accompagnée d’un manifeste, où il demande le droit d’aborder des sujets contemporains. Courbet représente, sans embellir, le réel dans tous ses détails. Autour de Courbet, un cénacle d’artistes et d’hommes de lettres se forme, dont Champfleury et Duranty, qui se feront les théoriciens du mouvement (en 1856, Duranty fonde la revue Réalisme). Ils demandent que le romancier s’intéresse à ce que l’on appelle alors «les basses classes», écrive des études de mœurs et présente des types sociaux contemporains. Champfleury exige «la sincérité dans l’art», «la liberté complète sous toutes ses manifestations», la simplicité et la sécheresse dans la composition. Caractéristiques : Le réalisme se caractérise par la volonté de certains peintres et romanciers de représenter la réalité sans la modifier. Il puise ses thèmes dans l’observation du monde contemporain, social et historique : il s’intéresse aux choses, aux gens et aux situations qui n’étaient pas jusque-là considérées comme artistiques. La création littéraire et picturale se tourne aussi vers ceux qui vivent dans des milieux médiocres : ouvriers, artisans, marginaux, prostituées, représentés dans les aspects souvent les plus sordides de leur existence. La volonté d’imiter le réel et d’en rendre compte tel quel implique non seulement l’observation mais une véritable documentation. Avant de commencer à écrire, l’écrivain doit aller voir sur place, comme le font les Goncourt, Balzac et Zola, accumuler des notes, s’informer auprès des spécialistes (Maupassant et Flaubert fréquentent les milieux médicaux). L’attitude réaliste se caractérise donc également par le souci du document, de l’histoire réelle, du fait vrai. Il faut traiter l’âme humaine avec l’impartialité des sciences physiques. L’imagination perd ainsi sa place première. Ce souci constant du réel explique aussi que l’étude psychologique des individus perde de son importance au profit de l’analyse du milieu et de la mise en relief des types sociaux. C’est en cela que le Réalisme ouvre la voie au Naturalisme. Le personnage représentatif est puissamment ancré dans l’histoire ; il est toujours situé dans un temps qui est l’agent et la mesure du destin. L’individu est conditionné par le temps et le milieu où il vit. On observe la prépondérance du descriptif sur le narratif, l’invasion du récit par le discours. La description organise le récit, assure sa cohésion sémantique et devient «un actant collectif» (Philippe Hamon). Elle est aussi un alibi du romancier, un facteur de vraisemblance. Les réalistes refusent l’excès de l’imagination et l’irréel, tendance qui pourrait être résumée par la formule stendhalienne : roman-miroir, formule reprise aussi par Balzac dans la préface à La Peau de chagrin (1831). Le grand principe du réalisme reste l’impersonnalité, l’objectivité. C’est un retour à la raison. Les réalistes transcrivent le plus fidèlement possible la réalité sous tous ses aspects. La fidélité au réel, qui ne peut être reproduction, impose la nécessité d’une stylisation. La réflexion sur le style est capitale chez Flaubert : comment écrire de beaux livres sur la médiocrité quotidienne, exprimer l’ennui sans ennuyer ? Il faut y avoir une restitution littéraire du réel par le moyen de l’expression juste. On observe une prédilection du réalisme pour certains genres. Le théâtre et la critique littéraire sont des manifestations moins importantes du réalisme. Le genre majeur reste le roman, avec ses variantes : la nouvelle, le roman psychologique, le roman chronique, la physiologie. L’importance attachée au tableau de mœurs conduit à la formule du roman-fresque. Représentants : Stendhal (1783-1842) -se situe entre le Romantisme et le Réalisme Honoré de Balzac (1799-1850) -influencé à ses débuts par le romantisme, il deviendra le père du Réalisme français Gustave Flaubert (1821-1880) -marqué à la fois par le romantisme et par le courant réaliste Guy de Maupassant (1850-1893) - conteur réaliste de la société de son temps. Maupassant est aussi celui qui sait le mieux rendre les obsessions, les abymes de la vie intérieure. Il excelle surtout par ses contes : Le Horla (1886), La nuit (1887), mais aussi par ses romans : Une vie (1883), Bel Ami (1885), Pierre et Jean (1888) Alphonse Daudet (1840-1897) -des contes : Les lettres de mon moulin (1869), Les contes du lundi (1873) -un roman héroï-comique : Tartarin de Tarascon (1872) Le Réalisme du XIXe siècle a voulu offrir une nouvelle conception sur la littérature. À côté de cette idéologie artistique cohérente, les romanciers réalistes français ont proposé des innovations stylistiques importantes, un choix varié de thèmes, un paysage social et psychique élargi, une typologie complexe. uploads/Litterature/ le-realisme.pdf

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