Depuis quelques mois, grande publicité est faite autour du dixième mois de bour
Depuis quelques mois, grande publicité est faite autour du dixième mois de bourse : annoncé pour 2010-2011, il permit à certains syndicats de ne construire leur campagne pour les dernières élections CROUS que sur ce thème, clamant à qui mieux mieux qu'ils étaient à l'ori- gine d'une victoire historique. Oui mais voilà, il ne concernera aucun étudiant de Paris IV . Et peut-être aucun étudiant du tout. Historique et décodage d'une vaste fumisterie, sauce chan- tage. Si cette revendication est un vieux combat syndical, c'est suite au mouvement universitaire de l'an dernier qu'elle revint sur le devant de la scène. En effet, les semaines, voire les mois de grève contraignirent nombre d'universités à modifier leur calendrier pour pouvoir maintenir les examens. Nous les passâmes fin juin à Paris IV , mais d'autres universités prirent le parti de les reporter en juillet ou en septembre. Une occasion en or pour demander le versement exceptionnel d'un 10è mois de bourse – il fut promis par la ministre – puis pour en réclamer la pérennisation. C'est ainsi qu'en septembre 2009, dans un sursaut de magnanimité, Nicolas Sarkozy s'en- gagea sur sa création et que le 4 mai dernier , Valérie Pécresse déclara sur France Info que « tous les étudiants qui ont aujourd'hui plus de 9 mois d'études pourront se voir verser à la ren- trée prochaine un 10è mois de bourse ». Sachant qu'aucun fonds ne fut débloqué il y a un an, que le Premier ministre annonça le 6 mai un gel des dépenses de l'État et que ce critère dis- criminant n'apparaît pas dans la circulaire du 7 mai fixant les modalités d'attribution des bourses de l'enseignement supérieur pour 2010- 2011, permettez-nous de ne pas croire le moin- dre mot de cette promesse, qui en outre ne sau- rait concerner les étudiants de Paris IV , puisque notre calendrier s'étend sur 9 mois. Enfin … sans compter rattrapages de septembre, stages de pré-rentrée ou autres soutenances, comme dans de nombreuses autres universités. Et voici précisément où réside le chantage gouvernemental : en effet, si par quelque mira- cle elle était mise en place, une telle mesure créerait deux classes d'étudiants boursiers, creusant ainsi l'inégalité sociale et poussant à la désertion des universités dont les formations ne dureraient pas 10 mois – du moins, selon les critères ministériels. Nos ensei- gnants, aussi chercheurs, seraient aussi touchés : allonger le temps d'enseignement dans l'année, c'est réduire d'autant le temps de recherche. Mais la carotte a un effet très positif pour le ministère : aucun syndicat étudiant national n'est jamais revenu sur la modifi- cation des critères d'attribution des bourses. Car si un sixième échelon fut créé, ce fut au prix du sacrifice considérable de critères pourtant essentiels – handicap, parent isolé, enfant à charge de l'étudiant- ébranlant les fondements même de l'exis- tence des bourses sur critères sociaux et déclas- sant 50 000 boursiers. En réalité, le gouvernement se fiche complè- tement des conditions de vie des étudiants. Des preuves ? En voici une : les bourses sont versées sur 9 mois, les baux en résidence universitaire sont le plus souvent signés sur 10. Sans comp- ter que les plans Anciaux (2004 et 2007), qui prévoyaient de construire 50 000 chambres et d'en réhabiliter 70 000, a pris un retard notable – aucun chiffre n'est communiqué – et qu'un récent rapport du CROUS montre que 47% du parc social universitaire est vétuste. Mme Pécresse affirme que « l'accompagne- ment pédagogique et l'accompagnement social doivent aller de pair ». Certes. Mais elle se contente de faire du chantage avec une mesure inégalitaire et loin de la réalité. Pour un peu, on s'en lasserait. Alice BENSO Éditorial "Les Horlas" Ni fantômes ni esprits malins, qui sont-ils ces êtres étranges qui peuplent les bureaux cos- sus des officines et ministères publics. Voient-ils le vrai monde, vivent-ils vraiment dans le même pays que nous ? Ont-ils, telles les moires, un seul œil pour tous ? Le gouvernement prépare, au scalpel ou au tapis de bombe, sa réforme sur les retraites. Récapitulons : réforme des universités, des hôpitaux, de la carte judiciaire, du pôle emploi, non réévaluation des conven- tions collectives, puis retraites... Avons nous attaqué l'empire pour que l'empire contre-attaque ? Plus que dis- soudre des acquis sociaux fon- damentaux de notre société, c'est une véritable marche vers la misère que le gouvernement prépare pour ceux qui ne sont ni rentiers de famille ni cadres à Véolia. Pour l'étudiant qui devra capi- taliser sur son temps d'étude, le financer, se salarier et fina- lement allonger sa durée de cotisation pour obtenir une retraite décente, le gouverne- ment à-t-il vraiment ouvert les yeux ? Et pour le travailleur en fin de carrière, ou le retraité, qui devra gérer bientôt sa pro- pre couverture sociale, le gou- vernement ferme-t-il les yeux? Voilà l'avenir qu'on souhaite pour nous : devenir cadre supérieur, ou la misère. Pour ceux qui souhaitent mar- cher sur les sentiers battus de ces " Horlas " du gouverne- ment, qui nous laissent specta- teurs du drame de la Grèce pour nourrir leurs argumen- taires, je leur souhaite du cou- rage. Pour ma part je suis convaincu qu'il y a une chose que l'Université sait faire, c'est développer une puissance cri- tique et souligner les men- songes des tribuns. Il nous faudra être prêts, étu- diants, professeurs, person- nels, syndicats et toute la com- munauté universitaire, à nous dresser contre cette nouvelle attaque qu’est la réforme des retraites ; que nous le fassions dans la rue ou dans nos textes. Les deux étant le mieux. Julien AUVERT Président de l’AGEPS Le vendredi 16 avril, le directeur de l’IUFM, Alain Frugière, présentait la maquette du futur master pour les professeurs des écoles. Seizième version en réalité, depuis un an et demi. Le conseil de l’école s’est finalement entendu sur ce point douloureux pour l’avenir de l’éducation nationale. Restait alors à valider cette décision dans les conseils centraux de l’université, à laquelle l’IUFM est rattachée depuis trois ans. L’argumentaire est solennel. On ne reviendra pas sur le fond. Tout le monde est d’accord sur la nature de la réforme : scandaleuse, catastro- phique, aberrante. Scandaleuse parce que des établissements confessionnels peuvent mettre en place des formations d’instituteurs pour l’école publique et républi- caine. Catastrophique, car le suivi professionnel est mué en stages ponctuels au sein du master, posant le problème de leur finance- ment. Déjà, les rectorats – dont celui de Paris – annoncent qu’ils ne pourront pas tous les payer . La sup- pression du statut de fonctionnaire stagiaire va coûter bien plus cher au final. Enfin elle est aberrante puisqu’universitaires et professionnels de l’édu- cation fustigent la réforme et que le gou- vernement persiste dans ce mou- vement, avec une tactique propre : pas à pas, construire un arsenal législatif pour empêcher / compli- quer tout retour en arrière. La décision est difficile à prendre. Le passé plaide pour le maintien d’une ligne : le rejet de la maquette. Dans le même temps, l’IUFM dit avoir besoin de cette maquette pour exister et ne peut se permettre un suicide. Et les 800 étudiants pré-inscrits pour ce mas- ter sont dans le flou : quel calen- drier ? quelle formation ? La place du concours paraît anecdotique. On nous dit qu’il ne sera pas un exa- men sélectif entre le M1 et le M2 : l’accès au master sera implicite- ment limité à 500 candidats sur Paris. Nous restons sceptiques. Au final, le CEVU vote : cinq contre, une abstention, dix pour . Quant au Master des professeurs des collèges et lycées, outre les dates du concours - admissibilité en novembre, admission en juin - et la nature des épreuves, les universi- tés parisiennes et le rectorat se sont mis d’accord sur les stages. Tous les étudiants de M2 (admissi- bles ou non) devront faire un stage d’observa- tion et de pra- tique accompagnée de 54 heures, ainsi qu’un stage en « co-responsa- bilité » de 54 heures aussi – rému- néré – durant deux semaines. Pour des questions pratiques, tous ces stages se feront en binôme, suivi par un « professeur référent ». Sur le fond, des enseignants de l’université de Nanterre, dans l’aca- démie de Versailles, ont proposé d’appliquer la réforme… sans l’ap- pliquer . Il s’agirait de pousser les étudiants à faire un master recherche complet - deux années - et de passer les concours après - troisième année. Cette solution a certains avantages : le master n’est pas dévalorisé et permet aux étu- diants d’aménager plus facilement des plages horaires pour financer leurs études. L’inconvénient est la prolongation du temps d’étude posant tout de même le problème financier et donc l’accès à la forma- tion. Au moment où cet article est rédigé, rien n’est définitivement fixé. Le ministère reste avare d’in- formation sur le contenu des mas- ters, empêchant toute focalisation sur un point fixe et clair pour contrer la réforme. Ce peu d’infor- mation révèle la volonté de ne pas voir émerger uploads/Litterature/ le-sorbonnard-dechaine-n027-juin-2010.pdf
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- Publié le Sep 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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