Fiche proposée par Tiziana Arcozzi, professeur de français au Lycéé G. Marconi
Fiche proposée par Tiziana Arcozzi, professeur de français au Lycéé G. Marconi de Parme LE XVIIe SIECLE Le “Grand siècle”, connu surtout en raison de la culture classique qui s’affirme en France et que les autres pays européens prennent comme modèle, est en réalité un siècle très varié dont la grandeur est liée à la profusion de ses écrivains et à leur diversité. Plusieurs courants de pensée se croisent et s’opposent: des survivances de l’humanisme comme le stoïcisme et l’épicuréisme on passe au rationalisme de Descartes qui rompt avec la tradition humaniste et inaugure le classicisme en favorisant en même temps l’essor de la pensée scientifique moderne. Ensuite, vers la fin du siècle le jansénisme de Pascal marque un nouveau tournant et remet en cause la confiance en la raison humaine proclamée par la philosophie cartésienne. Dans le domaine des arts, la première moitié du siècle est marquée par les influences du style baroque d’origine italienne, alors que la deuxième moitié connaît l’affirmation du style classique dont Versailles constitue l’une des réussites les plus célèbres. En littérature on retrouve la même emprise du baroque au début du siècle et l’affirmation du classicisme dans la deuxième moitié; mais le XVIe siècle est sans conteste l’âge d’or du théâtre. Les trois auteurs dramatiques les plus connus sont Corneille et Racine pour la tragédie et Molière pour la comédie. La conception de l’homme connaît également des évolutions remarquables: le héros forgé par la philosophie stoïcienne qui caractérise les pièces cornéliennes laissera la place à l’honnête homme dont le comportement est réglé par les principes de la mesure et du juste milieu. Les courants de la pensée 1. Influence de la Renaissance : le stoïcisme L’esprit de la Renaissance exerce encore son influence jusqu’à la moitié du siècle par diverses manifestations. Dès le XVIe siècle, les maîtres stoïciens sont constamment réédités. Sénèque est étudié dans les collèges et le stoïcisme a fortement marqué la littérature de l’époque. Le stoïcisme est une doctrine qui enseigne à l’homme à ne pas fléchir sous la souffrance et à faire front avec dignité aux malheurs pour préserver sa liberté intérieure. De ce courant de pensée découle l’idéal de l’héroïsme qui s’affirme dans la première moitié du siècle et que l’on retrouve notamment dans les premières tragédies de Corneille. Les personnages sont caractérisés par la maîtrise de soi, par la supériorité de leur rang social, par leur courage militaire. Le goût de l’héroïsme favorise, dans la littérature, le succès d’une certaine formule dramatique: un personnage, seul, se trouve en opposition avec le monde extérieur, hommes et événements, et quelquefois avec ses propres sentiments. L’héroïsme consiste à être fidèle à sa nature profonde malgré les adversités du destin et à sauvegarder son indépendance grâce à la libre disposition de la volonté. Du point de vue social, on constate que ce mouvement de pensée est en étroite correspondance avec la situation du début du siècle, où les nobles se battent en duel pour défendre l’idée qu’ils se font de leur honneur et s’arment contre le roi (la Fronde) par fidélité à un idéal chevaleresque. Page 1 Fiche proposée par Tiziana Arcozzi, professeur de français au Lycéé G. Marconi de Parme 2. Contre Montaigne et la sagesse humaniste Lassés par les querelles religieuses, les derniers humanistes avaient cherché un équilibre dans le calme d’une existence retirée. L’individualisme de Montaigne, son humanité et son goût pour la tolérance en sont les meilleurs exemples. Mais à mesure que la menace protestante disparaît, les catholiques, restés maître du terrain, s’acharnent sur ce qui avait fondé la sagesse de ces derniers humanistes : l’individualisme, le culte du moi. Cette forme de sagesse très personnelle excite l’animosité des catholiques dans la mesure où elle permet à l’homme de trouver son équilibre seul, sans l’intermédiaire des dogmes, et dans la mesure où, postulant la bonté de l’homme, elle minimise la toute-puissance de Dieu. Les protestants éliminés, le nouvel ennemi des catholiques devient ce « moi » qu’ils appellent amour-propre. L’horreur du moi est un point commun de tous les courants de la pensée catholique à cette époque. Pourtant il existe néanmoins une pomme de la discorde entre eux : c’est le problème de la grâce qui sépare d’un côté les Jansénistes et de l’autre les Jésuites. 3. Jésuites et Jansénisme : influences sociales et littéraires. Le catholicisme au XVIIe siècle connaît un regain de ferveur. De nouvelles congrégations apparaissent et se consacrent à l’enseignement, aux missions, aux soins des malades. Dans ce climat de piété se développe un nouveau courant de pensée qui marque profondément le siècle: le jansénisme. Deux congrégations dominent alors la scène sociale : les Jésuites et les Jansénistes. La Compagnie de Jésus fut fondée par Ignace de Loyola en 1539. Cette congrégation exerce une profonde influence sur la société car on élève dans ses collèges les enfants des grandes familles de l’aristocratie et les Jésuites sont souvent liés aux puissants. Les jansénistes sont les disciples d’un théologien hollandais, Jansénius, dont on venait de traduire en français l’Augustinus (1640). Jansénius, en reprenant les thèses de Saint- Augustin, formule la théorie de la prédestination : l’homme pécheur sera sauvé seulement s’il a été choisi par Dieu qui le prédestine au salut en lui accordant sa grâce. Les jansénistes prônent un style de vie simple, pur, exemplaire; ils mènent une vie austère dans un couvent non loin de Paris, à Port Royal. Bientôt ils fondent une école dont Racine sera l’élève. Les jansénistes furent contestés par les Jésuites qui au contraire mettent davantage en relief le rôle personnel de l’homme qui peut se sauver grâce à ses mérites propres. Ils condamnent donc violemment la thèse de la prédestination et ils accusent les Jansénistes d’être des hérétiques proches des protestants. Poussé par les Jésuites, le Pape condamne cinq propositions jansénistes. Pascal, qui s’était retiré à Port Royal, fait paraître 18 lettres où il attaque la moralité des jésuites. Les Provinciales ( 1656) ont un énorme retentissement, mais Mazarin les fait brûler en 1660. Le conflit se calme néanmoins quelques années, même si Louis XIV est également hostile aux jansénistes, pour se rallumer à la fin du règne. Le monastère de Port Royal est alors rasé sur ordre du roi (1709). Le jansénisme aura une influence profonde sur les esprits et les intellectuels de l’époque. En France, son représentant majeur, Pascal, dénonce l’impuissance de la raison à connaître le réel: pour lui l’homme est faible et dépouillé de cette force illusoire qu’est la raison, il se voit contraint de renoncer à découvrir par ses propres moyens les vérités dont il a besoin. Ainsi se trouvent rejetés le rêve stoïcien d’un accès de l’homme au souverain bien par l’intermédiaire de la raison, et le rêve cartésien de l’homme parvenant à la connaissance de la nature, de Dieu et de lui-même par la raison. Pour mettre en pleine lumière l’intervention nécessaire de la grâce, Pascal détruit en l’homme toute confiance en ses propres forces. Le climat moral qui s’installe vers la fin du siècle, exerce une profonde influence sur la production littéraire qui connaît l’essor du roman psychologique (La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette), de la tragédie de Racine dominée par la passion de l’amour et des Page 2 Fiche proposée par Tiziana Arcozzi, professeur de français au Lycéé G. Marconi de Parme œuvres morales (Les maximes, La Rochefoucauld) qui dénoncent la faiblesse humaine, démasquent les ruses de l’amour-propre dans tous les comportements humains qu’il inspire. L’homme est alors conçu comme une victime incapable de maîtriser un destin qui se joue à l’intérieur de lui-même. L’amour sera la passion la plus propice à nourrir l’amour-propre. Ce jeu de l’amour et de l’amour-propre constitue la nature même de la faiblesse humaine et le moteur de l’action. C’est tout particulièrement sur ces jeux de la conscience claire et de la conscience obscure, sur les mécanismes complexes par lesquels l’homme parvient à se tromper lui-même et à se cacher qu’il se trompe, que s’est fixée l’attention des écrivains de la fin du siècle. 4. La philosophie cartésienne Descartes (1596-1650) est une sorte d’enfant prodige. Après de brillantes études chez les jésuites, il découvre les mathématiques et la physique. Il ne cessera plus jamais son activité scientifique, mais parallèlement il se consacre à la philosophie et à la métaphysique. Il publie en 1637 le Discours de la méthode qui est la première grande ouvre philosophique en langue française. Le système philosophique de Descartes constitue une rupture avec l’esprit de la Renaissance. Il fonde une philosophie absolue, indépendante de celles qui l’ont précédée et qui se donne son propre fondement, en partant de rien. Descartes avait découvert l’idée d’une méthode universelle pour accéder au vrai, pour connaître l’univers. Dans son œuvre il affirme la présence en chaque homme de la même raison: les erreurs viennent seulement d’une mauvaise application de cette faculté. Descartes propose des règles à son activité: en premier lieu, il conseille de faire table rase de tout ce que nous avons appris car les connaissances acquises ne peuvent mener à la uploads/Litterature/ le-xviie-siecle-presentation.pdf
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- Publié le Dec 28, 2021
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