1 INTRODUCTION A LA LECTIO DIVINA Cet exposé est un résumé de l’enseignement du

1 INTRODUCTION A LA LECTIO DIVINA Cet exposé est un résumé de l’enseignement du P. Enzo Bianchi sur la lectio, paru aux Ed. de l’Abbaye de Bellefontaine, dans son livre sur la vie monastique et la Parole de Dieu. - Définition : La lectio divina est une lecture lue, méditée longuement et priée, en cherchant à ne pas en déformer le sens et en éclairant la Parole par la Parole (lecture enrichie du contexte immédiat ou de textes parallèles ou en rapport). L’Eglise a toujours vénéré les Saintes Ecritures comme elle l’a fait du Corps même du Seigneur. C’est pourquoi nous pourrions nous poser la question : est-ce que nous aimons la Parole de Dieu comme nous aimons Jésus-Eucharistie ? Ne pourrions-nous pas grandir dans un plus grand amour de la Parole ? Notre vie spirituelle mais aussi nos apostolats doivent être nourris et régis par les Ecritures. C’est en nous mettant à l’écoute de la Parole du Christ qu’Il fait de nous des fils du Père selon ce qui est dit dans He 4, 12 et Ac 20, 32 et 1 Th 2,13 : « Elle est vivante et efficace la Parole de Dieu » elle….« qui a le pouvoir d’édifier et de donner l’héritage avec tous les sanctifiés ». Elle nous incorpore à la famille de Dieu. Souvent nous nous plaignons de sécheresse dans l’oraison mentale, sécheresse qui provient du délaissement de la Parole. C’est ce que proclamait avec force Saint Jean Chrysostome : « Voilà pourquoi, oui voilà pourquoi une si grande tiédeur nous a envahis : on ne lit plus les Ecritures dans leur totalité. Mais on décrète certaines parties plus évidentes et utiles et on ne souffle plus mot du reste. Voilà comment se sont introduites les hérésies elles-mêmes : on n’a pas voulu lire tout le corps des Ecritures, et on a décrété certaines parties essentielles et d’autres secondaires ». Cette façon de faire, lire la Parole en la picorant, est une lecture intéressée dans le but d’en tirer un bénéfice personnel, alors qu’il faut en faire une lecture globale. La lecture globale. Il y a eu de nombreuses déviances de la lecture méditée de la Parole, surtout à partir du 16è s. On se méfiera par ex. de la méditation subjective qui est beaucoup plus pauvre que la lectio qui, elle, a marqué les quinze premiers siècles de l’Eglise. Cette méditation, telle qu’on l’entend habituellement – non sans une certaine déformation de l’intuition d’Ignace de Loyola, d’ailleurs – est trop dans l’intellectualisme et surtout le psychologique. Celui qui la pratique est plus un « faiseur d’exercices » qu’un contemplatif. L’authentique méditation chrétienne n’est pas pratiquée pour en tirer du bien. Si cela est, c’est en plus. Elle tend à une seule fin : nous faire entrer dans l’amour de préférence, accroître notre communion avec Dieu dans une descente au fond de notre être. C’est l’amour paternel de Dieu pour ses fils et l’amour sponsal du Christ pour son Eglise. Dieu s’adresse à moi personnellement, il fait alliance avec moi, aujourd’hui. Pour la règle bénédictine, méditer c’est lire et relire, mâcher et murmurer, ruminer et réciter, fixer dans l’intelligence et conserver dans le cœur la Parole, pour parvenir non à une discussion (scolastique), non aux sensations agréables (dévotion moderne) mais à la prière (oraison), à la contemplation et donc à l’action dans un débordement de l’être. C’est « goûtez et voyez comme est bon le Seigneur »… avec le cœur spirituel. 2 La lectio, c’est lire la Bible d’une manière vivante, en cherchant ce qu’elle signifie, en s’efforçant de scruter son jugement sur l’histoire, sur l’Eglise et sur nous ; c’est comprendre le message non seulement dans sa résonance passée, mais aussi pour moi, aujourd’hui. Rapport entre Révélation et histoire. On découvre dans la Parole, de l’humain et du Divin étroitement entremêlés. La Parole de Dieu descend dans la chair. Visages anthropomorphiques et Révélation de Dieu vont de pair, comme nous l’expérimentons dans la vie quotidienne. Il importe d’en tenir compte, d’opérer un passage entre le témoignage tel qu’il a été écrit et notre langage d’aujourd’hui, de distinguer l’enveloppe contingente du message et la pérennité de la Révélation qui s’y trouve. Mais cela ne serait pas suffisant si nous ne prêtions attention au fait que la Parole non seulement est née de l’histoire, mais qu’elle a une histoire. Cette Parole de Dieu, adressée à l’être humain, a été disséminée dans le temps : c’est une assimilation progressive d’un vécu dans lequel Dieu se révèle comme Vérité. C’est une explicitation de vérités déjà contenue dans l’intuition fondamentale. Il nous faut donc tenir compte dans un premier temps d’une lecture historique, pour tenter par après une lecture globale qui vise à situer dans tout le dessein de Dieu, dans l’histoire du salut, le message dégagé par la lecture historique, en relation avec toutes les autres révélations. L’écoute filiale. Dans la vie spirituelle, la Parole de Dieu ne peut jamais être comprise comme un exposé idéologique ni réduite à un livre dont s’inspirerait la théologie. Elle est Parole de Dieu, message de Dieu à l’homme, appel adressé à une personne afin qu’elle connaisse Dieu personnellement, rencontre le Christ et vive pour lui et non plus pour elle-même. La Parabole du semeur (in Mt 13, 3-23) illustre bien l’indispensable écoute de la Parole de Dieu : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». La Parole peut tomber le long du chemin, elle est picorée par les petits oiseaux (les pensées inutiles qui envahissent notre intelligence à cause de notre négligence). Quand elle tombe dans la rocaille, elle meurt par manque de racines, de persévérance. Si elle glisse entre les épines, elle est étouffée par les soucis ou les richesses. Mais si elle tombe dans la bonne terre, elle germe dans le cœur, à la mesure du don de Dieu et de notre générosité. La Parole de Dieu doit être abordée dans la foi. Etre pénétrée sous l’action de l’Esprit Saint comme parole venant de Dieu et conduisant à Lui. Si nous rencontrons une certaine stérilité de la Parole, c’est que nous l’abordons d’une manière plus intellectuelle que spirituelle, cherchant plus à « spéculer » qu’à connaître, à « méditer » qu’à prier. La Parole est le Christ. La Parole de Dieu qui est parole de vie est, avec l’Eucharistie, moyen d’accès à la vie en Dieu. Sans elle nous ne parviendrons jamais à être porteurs de la vie du Christ en nous, donc à vivre de la vie trinitaire elle-même. Le sens étymologique de Parole (dabar en hébreu) c’est le fond des choses, ce qui en elles est caché. Parler signifie : exprimer ce qui est dans les choses, rendre visible et agissant ce qui leur est intérieur. Lorsque Dieu parle, Om crée les choses, Il les fait émerger. Lorsque Dieu donne un nom aux choses, Il les domine, Il étend sur elles sa puissance, Il les porte à réaliser leur vocation propre parce que sa Parole est efficace : elle ne revient pas sans avoir produit son effet, comme cela est dit en Is. 31, 2 et en Gn 1, 12. 3 La Parole de Dieu n’est pas un livre, une collection d’écrits mais une semence portant en elle la vie. Elle germe dans l’histoire comme dans la vie personnelle de tout homme, elle grandit remplissant d’une nouvelle présence toute réalité, elle sanctifie ceux qu’elle alimente et qui la reçoivent, elle illumine car elle dévoile le secret des choses leur donnant une sagesse, un sens et les conduisant à leur ultime achèvement. La Parole s’est faite temporelle en Jésus : « Le Verbe s’est fait chair, Il a habité parmi nous ». La Parole de Dieu porte un nom, elle s’est révélée Personne : LE CHRIST, miroir et image du Dieu Invisible. Dans l’Ecriture nous recevons le Christ comme nous le recevons dans l’Eucharistie. C’est bien ce que dit saint Jérôme : « Nous mangeons la chair et buvons le sang du Christ dans le mystère (de l’Eucharistie) mais aussi dans la lecture des Ecritures ». Quand nous ouvrons les pages, tant du premier que du second Testament, nous nous trouvons face à un seul livre qui est LE CHRIST, parce que, comme l’écrit Hugues de Saint Victor, « toute la divine Ecriture nous parle du Christ et parce que toute la divine Ecriture s’est accomplie dans le Christ ». La lectio divina consiste donc en ceci : chercher le Christ. C’est plus qu’une lecture (terme trop superficiel), c’est plus qu’une étude (terme trop intellectuel), c’est différent de la méditation, terme trop piétiste et volontariste. On peut donc traduire lectio divina dans le sens de « parole priée » ou encore « prier la Parole ». Du bon usage de la lectio divina. Dans l’Ancien Testament, le seul endroit où il est fait mention de la lectio divina, c’est dans le livre de Néhémie au chapitre 9, à partir du verset 3, lorsque le peuple redécouvre la Parole après le retour de uploads/Litterature/ lectio-divina.pdf

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