Marivaux, Les Fausses Confidences Acte I, scène 14 – lecture linéaire (de « Moi
Marivaux, Les Fausses Confidences Acte I, scène 14 – lecture linéaire (de « Moi, dis-tu ? » à « Quelle aventure ! ») Introduction : – Dubois révèle à Araminte l'amour que Dorante éprouve pour elle. – Fausse confidence = une confidence qui n'est pas « fausse », mais une révélation calculée pour susciter le résultat inverse de celui que Dubois paraît espérer en conseillant le renvoi de Dorante, dans l'intérêt de sa maîtresse. Problématique : comment se manifeste l'habileté de Dubois dans cet extrait ? Mouvement du texte 1. L'amour de Dorante pour Araminte 2. Le caractère désintéressé de Dorante 3. Le récit du coup de foudre Araminte 1 : la phrase exclamative, très brève, montre la stupeur d'Araminte qui vient d'apprendre qu'elle est la femme pour qui Dorante « extravague d'amour ». Dubois 1 : Dubois confirme l'aveu qu'il vient de faire. Il emploie un vocabulaire hyperbolique « Il vous adore ». Il répète « il y a six mois » (cf « il y a six mois qu'il est tombé fou ») pour montrer la constance amoureuse de Dorante. Araminte est considérée par Dorante comme un objet d'adoration inaccessible, ce qui est très flatteur pour elle « Il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler » = opposition entre l'action : l'hyperbole « donnerait sa vie », et le but : « vous contempler »( = une idole). Dubois attire ensuite l'attention d'Araminte sur le comportement de Dorante : « Vous avez dû voir qu'il a l'air enchanté quand il vous parle ». L'adjectif « enchanté » est hyperbolique (victime d'un enchantement). A2 : Araminte est amenée à reconnaître qu'elle a été sensible à ce comportement «Il y a bien, en effet » ; elle présente comme un détail « quelque petite chose » ce qu' elle caractérise d' « extraordinaire » = l'alliance de mots entre le vague, l'insignifiant « quelque petite chose » et le sens fort de l'adjectif, révèle, presque malgré elle, l'intérêt d'Araminte pour Dorante. Elle adopte une attitude de compassion : exclamations «Eh ! juste ciel », ton de la pitié « le pauvre garçon » ; mais elle ne met pas un terme à la discussion. La fin de sa réplique invite Dubois à continuer de parler, avec la tournure interrogative « de quoi s'avise- t-il ? D3 : Dubois poursuit le thème de la folie amoureuse (thème romanesque) avec le terme « démence ». Il en montre les conséquences terribles pour Dorante avec la gradation « elle le ruine, elle lui coupe la gorge ». Il est important de montrer que Dorante n'est pas intéressé par la fortune d'Araminte. Dubois fait habilement l'éloge de son ancien maître : il souligne sa belle apparence « bien fait », mais sans exagération « figure passable », ce qui donne à son discours une apparente objectivité ; et il insiste sur la qualité de son éducation « bien élevé » et sur son rang social, honorable aux yeux d'une personne comme sa maîtresse « de bonne famille ». Son seul défaut, introduit par la conjonction « mais », est présenté sous la forme d'un euphémisme « il n'est pas riche », ce qui en atténue l'importance. Dubois évoque aussitôt des femmes qui ont voulu épouser Dorante, à qui Araminte peut se comparer « qui l'étaient » (riches) = argent, « fort aimables » = caractère, « qui auraient mérité qu'on leur fît à elles-mêmes» = qualités. Il insiste sur leur situation sociale et donne une information importante dans la sub relative « qui offraient de faire sa fortune ». Dubois veut amener Araminte à surmonter son amour-propre et à ne pas considérer l'écart de fortune comme un obstacle infranchissable. Le pluriel « des femmes » vise à mettre en évidence la séduction de Dorante, à montrer qu'un mariage entre une femme riche et lui a déjà été plusieurs fois envisagé et à valoriser le sacrifice qu'il fait par ses refus « il n'a tenu qu'à lui ». Dubois donne l'exemple d'une femme folle d'amour pour Dorante, grâce à des relatives qui prouvent cette passion « qui n'en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours ». Le présent de l'indicatif donne de la réalité aux propos de Dubois qui se présente comme un témoin sûr avec le cc de cause « je le sais car je l'ai rencontrée » . Cette dernière confidence a pour but d'éveiller la curiosité d' Araminte. A3 : La didascalie « négligemment » révèle la volonté d'Araminte de ne pas manifester trop d'intérêt pour les confidences de Dubois. Mais sa question « Actuellement ?» contredit cette apparente indifférence. Le stratagème de Dubois est efficace. D3 : Dubois confirme avec l'adverbe « oui » et la reprise du terme « actuellement » que Dorante est l'objet de la passion amoureuse d'une autre femme. Il donne des détails propres à susciter la jalousie d'Araminte « une brune très piquante ». Et il revient avec insistance à l'amour de Dorante pour Araminte « qu'il fuit, il n'y a pas moyen, Monsieur refuse tout » = le pronom indéfini « tout » montre le caractère absolu et exclusif de l'amour de Dorante pour Araminte. Dubois rapporte au discours direct des propos de Dorante, qui justifient sa conduite : « je ne puis les aimer, mon cœur est parti ». Dans sa dernière phrase, il rappelle le sacrifice de Dorante qui reste pauvre par amour « il sent bien son tort ». Le détail « la larme à l'oeil » vise à émouvoir Araminte. A4 : Elle feint la compassion « cela est fâcheux », mais elle continue d' interroger Dubois qui a éveillé sa curiosité « mais où m'a-t-il vue.... ? » D4 : Dubois peut commencer le récit qui va dépeindre Dorante comme un parfait amant. Il feint de regretter cet événement avec l'interjection « Hélas » et il commence par le coup de foudre de Dorante. Il emploie le passé simple = temps de la narration « ce fut, vous sortîtes, il perdit... », et il présente le cadre spatio-temporel : « l'Opéra, un vendredi, oui, un vendredi ». Son récit contient des éléments typiquement romanesques : la folie amoureuse « il perdit la raison » ; le regard = coup de foudre « il vous vit » ; le désir de connaître l'autre « il vous suivit jusqu'à votre carrosse ; il avait demandé votre nom » ; l'enchantement avec la comparaison « comme extasié », « il ne remuait plus ». Dubois se présente comme un témoin garant de la vérité « je m'en ressouviens » A5 : l'exclamation d'Araminte montre le plaisir qu'elle éprouve à écouter un récit qui la transporte dans un univers romanesque « Quelle aventure !», dont elle est l'héroïne. Conclusion : première fausse confidence de la pièce. Habileté de Dubois qui bouleverse Araminte par sa révélation : l'amour de Dorante pour elle et le récit romanesque du coup de foudre. Cette déclaration d'amour par personne interposée va plonger Araminte dans l'embarras et elle sera ainsi poussée à voir clair dans son cœur. uploads/Litterature/ lecture-lineaire-2-fausses-confidences.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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