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HAL Id: halshs-01881797 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01881797 Preprint submitted on 26 Sep 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. LES ASSASSINS DE CONFUCIUS Du négationnisme dans la sinologie américaine contemporaine Jean Levi To cite this version: Jean Levi. LES ASSASSINS DE CONFUCIUS Du négationnisme dans la sinologie américaine con- temporaine. 2018. ￿halshs-01881797￿ 1 LES ASSASSINS DE CONFUCIUS Du négationnisme dans la sinologie américaine contemporaine Jean Levi 2 En procédant à une création à partir d’un postulat contraire aux faits, on débouche sur la création d’un ensemble pseudo-réel d’axiomes qui sont, jusqu’à un certain point, l’inverse du réel. Fredric Brown Paradoxe Perdu 3 SOMMAIRE INTRODUCTION : DU MAUVAIS USAGE DES DECOUVERTES ARCHEOLOGIQUES..................................................................................................................................... PREMIERE PARTIE : DOUTES SUR LES ECOLES DES ROYAUMES COMBATTANTS.............................................................................................................................................. I. Les écoles vues d’en haut -L’inventaire bibliographique de l’histoire dynastique des Han -Le faux panorama de Sima Tan -La vision géographique de l’encyclopédie philosophique des Han, le Huainanzi -Les descriptions polémiques du Légiste Han Fei -Deux aperçus d’une encyclopédie cosmologique à l’orée de l’unification -Les anathèmes de Xunzi -Écoles du vice, vice des écoles -Les leçons secrètes de « Ainsi va le monde » du Zhuangzi -Écoles philosophiques des Royaumes combattants, non-écoles des Han II. Les écoles vues d’en bas -Les écoles à travers une dispute -Signes distinctifs -Les écoles dans la société -Maîtres et disciples -Transhumance -Foyers culturels et brassage des idées - Rhétorique et espace de liberté -Livre, geste, parole, secret -Quand le silence se fait parole -Savoir total et recettes spécialisées -Négationnisme et historiographie DEUXIEME PARTIE : LA DÉCONSTRUCTION DE CONFUCIUS............................................ I. Les Confucéens existent-ils ? Le dossier à charge Le dossier de la défense - Les « Écoles Illustres » du Hanfeizi -Le prosélytisme de Mencius et la généalogie de la « Forêt des Lettrés » -Bons et mauvais confucéens chez Xunzi -« Kong Machin » et les têtes de Turcs confucéennes chez Mozi -Confucius et le Confucianisme en débat au 1er siècle av. J.-C. : La Dispute sur le Sel et le Fer -Confucianisme et rites funèbres II. Haro sur les Entretiens ! Confucius et les sources documentaires existantes Stratégies négationnistes Postulats négationnistes et leur critique - Wang Chong contre Ban Gu -La pertinence des critères -La fable de la « décontextualisation » -Citations et formes littéraires : un dialogue du Mencius -La fausse preuve des dictons et des formules condensées -Le monde à l’envers, ou depuis quand le sage confucéen est-il une femme enceinte ? 4 III. Les Entretiens au miroir des sources anciennes Les parallèles avec les œuvres du début des Han -Le Hanshi waizhuan -Le Xinyu Trois auteurs des Royaumes combattants - Han Fei - Xunzi - Mencius Le Zhuangzi ou l’Anti-Entretiens Du bon usage du Mozi La fausse manne négationniste des manuscrits nouvellement découverts De quoi les Entretiens sont-ils le nom ? ANNEXES I. Tableau des passages parallèles au Lunyu dans le Xunzi II. Tableau des passages parallèles au Lunyu dans le Mencius GLOSSAIRE BIBLIOGRAPHIE 5 Introduction Du mauvais usage des découvertes archéologiques Depuis maintenant quarante ans, en Chine, des découvertes archéologiques quasiment ininterrompues ont révélé des bibliothèques funéraires et ont fourni une riche moisson de documents écrits couvrant les champs les plus divers du savoir, canons rituels, traités divinatoires ou stratégiques, textes médicaux et préceptes d’hygiène taoïste, codes législatifs, prescriptions administratives, essais de philosophie ou de morale, etc.. Ces découvertes sont certes remarquables par les matériaux nouveaux qu’elles ont portés à notre connaissance ; mais elles valent peut- être plus encore par la masse impressionnante de documents recouvrés différant fort peu des éditions reçues et attestant la fiabilité de la transmission scripturaire, contredisant ainsi l’opinion couramment admise parmi les spécialistes que beaucoup de prétendus classiques sont des œuvres de basse époque. Ces rouleaux exhumés des tombeaux,---ou désormais de plus en plus souvent achetés par les grandes institutions académiques chinoises sur le marché des antiquités dans des circonstances mystérieuses--, fournissent des copies manuscrites écrites sur soie ou sur lamelles de bambous antérieures de plusieurs siècles voire de dizaines de siècles aux versions qui nous étaient parvenues jusqu’alors. Ils constituent des témoins qui peuvent être datés de façon exacte. Ainsi a été mis à la disposition des chercheurs un moyen de vérification objectif, rigoureux et précis des datations des documents écrits anciens obtenus par les méthodes de la philologie et de la critique textuelle traditionnelles. Il est apparu que la plupart de ces conclusions étaient fausses. Un grand nombre d’écrits que l’on pensait être des fabrications tardives avaient été déposés dans des tombes quatre ou cinq siècles avant la date de leur rédaction fixée par le monde savant. Ce constat aurait dû fournir l’occasion d’une remise en cause des postulats fondamentaux sur lesquels repose cette discipline dont l’archéologie venait de révéler la faillite. Il n’en a rien été. En Chine, les chercheurs ont continué à vaquer à leurs travaux paléographiques, le déchiffrement et l’interprétation de cette avalanche de nouveaux documents accaparant sans doute toute leur énergie. À l’étranger, au lieu d’une interrogation sur les méthodes et les pratiques de l’analyse des textes anciens en sinologie, par un mécanisme de refoulement et de transfert freudiens, c’est l’ensemble de la littérature transmise qui a été révoquée en doute, alors même que les fouilles 6 faisaient jour après jour la démonstration de sa solidité. Pour pasticher Brecht, les faits ayant donné tort aux sinologues, les sinologues ont dissout les faits et en ont inventé d’autres. Tout en continuant à user des mêmes procédés de la philologie et de la critique textuelle qui avaient pourtant montré pathétiquement leurs limites, ils ont clamé haut et fort que les découvertes archéologiques bouleversaient notre vision traditionnelle de la vie intellectuelle de l’époque des Royaumes combattants et que l’histoire des écoles et de leur production scripturaire était à réécrire. Les manuscrits nouvellement mis au jour auraient permis, selon ces audacieux refondateurs de la sinologie, de se faire une idée plus précise de la constitution des textes, de leur agrégation et de leur circulation.1 Entre autres, on aurait découvert que les ouvrages ne formaient pas des entités figées et stables mais obéissaient à des processus dynamiques d’élaboration, de coalescence et de transformation, à la façon de cet animal fabuleux, polymorphe et protéiforme qu’est le dragon—emblème, on le sait, de l’empire du Milieu --, des fragments de textes ayant plus ou moins pour unité sémantique autonome la lamelle de bambou, autre symbole bien chinois, s‘associant, se dissociant, se mariant, s’hybridant, se télescopant, se fécondant et se recomposant en ensembles labiles, ductiles, fluctuants et mobiles, en constante mutation au cours des âges. En sorte que le texte n’est pas un texte mais un devenir-texte ou plutôt un texte en devenir perpétuel. Force serait donc de réviser de fond en comble notre conception traditionnelle et anachronique du livre pour aborder ce type d’écrits. Ces proclamations tonitruantes ressassées désormais ad nauseam dans toutes les revues savantes de sinologie d’Amérique et d’ailleurs, sont un tissu de contre-vérités. Tout d’abord dans notre propre culture (et sans doute dans toute culture) les livres n’ont jamais constitué des entités intangibles ; sans même parler de la Bible ou des Évangiles, encore au dix-neuvième siècle les livres étaient changeants et variaient en fonction des choix éditoriaux. La publication des romans sous forme de feuilleton ou 1Toutefois cette opinion n’est pas partagée par tous les sinologues ; elle est loin d’être admise par la majorité des chercheurs chinois ; on trouve par exemple la conclusion rigoureusement opposée dans un article de Zao Feng intitulé « Les documents exhumés exigent-ils la réécriture de l’histoire de la pensée en Chine ? » : « Les limitations propres aux documents eux-mêmes et aux difficultés de leur déchiffrement restreignent singulièrement la portée que les matériaux découverts pourraient avoir dans le développement de la discipline. Sans un long et ardu processus d’établissement et d’interprétation des textes, on ne saurait déclarer à la légère qu’ils remettent en question radicalement notre vision de l’histoire de la pensée en Chine ancienne » ( Chutu wenxian keyi gaixie sixiangshi ma ? 出土文獻可以改寫思想史嗎? » Wenshizhi 2007 n°5 ) 7 en volume avait un effet et sur les modalités de la lecture et sur la composition même de l’œuvre ; en outre les ouvrages parus en feuilleton subissaient des remaniements considérables d’une édition à l’autre, au point d’ en être méconnaissables ; les recueils de nouvelles ou d’essais admettent des variations importantes suivant la sélection des écrits que l’auteur ou l’éditeur décide de réunir et l’ordre dans lequel il les fait figurer au gré des republications. Et ce choix n’est pas sans influer sur le sens et la portée de chacun des éléments. Les écarts d’une édition à l’autre uploads/Litterature/ les-assassins-de-confucius.pdf

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