1 Table des titres Un Parloir au collège p.3 La vieille Gogotte p.5 Chagrin d’a

1 Table des titres Un Parloir au collège p.3 La vieille Gogotte p.5 Chagrin d’amour p.7 Le Berger politique p.9 Le bonhomme Lucco p.12 La Comtesse p.13 Le Bal de l’Opéra p.16 Abel de Langle p.18 La Mère Nicolas p.21 Le Viveur p.23 Les Orphelins de Bouxières p.25 Sidor le Bossu p.27 Les Bannis p.29 Martin Pêcheur p.30 Lune de Miel p.34 Printemps coupable p.35 Excelsior p.38 Autres récits lorrains parus dans Noir sur Blanc La Vieille horloge p.42 Mariez les Amoureux p.44 Une Lorraine p.47 Memoranda p.50 Mariage manqué p.51 2 De l’inconvénient d’être noix sur le chemin des corneilles p.57 Le Téléphone perfectionné p.61 Trois récits parus dans La Revue Caudine de décembre 1887 Silhouettes (Profils féminins) p.79 La Vieille p.83 VARIETES - Deux Copains p.85 Annexe : poésie Oraison funèbre d’une mandoline p.87 3 Les titres signalés par un astérisque ont été choisis par Nicole Cadène. La mise en page d’origine a été respectée. Un parloir au collège1 Ils sont rentrés les pauvres gamins ! On les a vus cette semaine errer par la ville avec leurs longues capotes, leurs airs mélancoliques et les bras tout chargés de paquets. – Oh ! qui dira la tristesse de ces âmes d’enfants quand il faut quitter le foyer, la famille, cette maison paternelle où ils se sentaient à l’aise, où leurs rires éclataient sonores dans l’épanouissement de leur joie et de leur liberté ! … Finies les vacances si longtemps attendues !... Et voilà qu’il faut encore s’enfermer dans ces grandes bâtisses sévères qui tiennent toujours un peu de la caserne et du couvent. C’est en vain qu’on s’évertue à les rendre plus aimables, qu’on leur donne de l’air du jour, des arbres ; l’enfant reste rebelle au système de la pension. Un des établissements qui avait déployé le plus d’adresse, le plus d’art pour se faire pardonner son rôle et séduire ses petits détenus, c’était l’école d’Arcueil. Là, rien ne sentait le cloître ni le collège. Sur un large plateau, en pleine lumière, dans un air sain, un grand bâtiment s’élevait entouré d’immenses jardins. On eût dit une vaste famille de jeunes colons. J’ai gardé le souvenir des visites que j’y ai faites quelquefois, accompagnant une amie. C’était comme une ruche bourdonnante, ce parloir des Pères dominicains les jours où le temps ne permettait point qu’on se promenât dans le parc. Alors parents et élèves s’entassaient dans la longue salle basse qui pouvait à peine contenir tout ce monde. On s’asseyait par groupes, on se tenait en petits comités, on chuchotait dans tous les coins…et tous ces bavardages faisaient une rumeur confuse où montait parfois la fusée d’un rire argentin. Les élèves arrivaient un à un à l’appel transmis par un bulletin signé. On voyait de grands dadais, longs comme père et mère, accourir avec une bonne joie sur la figure. ils embrassaient toute la famille avec de gros baisers bruyants, et la jolie sœur, et le jeune frère, et la tante et les cousins. Les petits venaient, eux aussi, l’air étonné, ravi…Ils étaient si drôles avec leurs têtes de chérubins sortant de leur uniforme sanglé ; à cet âge où d’autres encore courent les jambes nues et le cou dégagé. Oh ! ces petits ! quel attendrissement ils éveillaient dans le cœur des parents, forcés par une raison quelconque de les mettre là, au lieu de les garder dans le nid chaud et douillet de la famille ! Ne plus les voir qu’une fois par semaine, quel tourment ! La tendresse des mères était charmante, délicate, toute en grâces ; c’est si bien leur rôle de choyer l’enfant ! Les pères avaient des caresses plus gauches, mais vraiment touchantes. Ces hommes, mêlés pour la plupart aux affaires publiques, qui pérorent à la Chambre, font du bruit et du tapage dans les journaux, redeviennent simples et bons, doux et affectueux, quand ils sont là, en face de ce petit être naïf, qui les regarde de son œil bleu, franc et pur. Ah ! comme on les sent aux prises avec un sentiment qui les tient aux entrailles ! Non 1 Texte signé Paule P. Desbarres, paru à Nancy Artiste le 18 octobre 1883 sous ce titre. Il est donc question ici du collège Albert-le-Grand, fondé par les Dominicains, rue Berthollet, à Arcueil, en 1863. Etablissement prestigieux, ses classes préparatoires à Saint-Cyr, Polytechnique ou encore Navale étaient réputées, ainsi que la place accordée à l’éducation physique : c’est là que germa l’idée de la résurrection des Jeux olympiques. Philippe Pétain et Sacha Guitry y furent élèves. Dirigé depuis sa création par Eugène Captier, un disciple de Lacordaire, il compta le père Hyacinthe Loyson parmi ses professeurs. Après les événements tragiques de la Commune durant lesquels Eugène Captier et d’autres religieux trouvèrent la mort, le père Jourdin reprit la direction du collège jusqu’à l’arrivée du père Didon qui le remplaça à partir de 1890, et ce, jusqu’en 1900. L’établissement ferma ses portes définitivement en 1908, après les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat, date à laquelle les bâtiments furent acquis par la Caisse des Dépôts et Consignations. 4 loin de moi, je voyais un ex-ministre qui venait de remporter tout récemment la plus belle veste parlementaire dont homme fut jamais revêtu…ou dévêtu…Il n’avait pas l’air d’y songer beaucoup ; il était tout à son fils. Un peu à l’écart, je remarquai un groupe délicieux. C’était une belle jeune femme qui se penchait en causant les yeux dans les yeux vers un bambin de sept à huit ans. Le petit se tenait tout droit sur le bord de sa chaise, le cou tendu, le regard levé, religieusement attentif… Il semblait qu’on vît cette petite âme ouverte recevoir le trop- plein du cœur maternel. Ah ! ce qu’elle lui dit là, il ne l’oubliera jamais. Mais la cloche tinte ; c’est fini, voici l’heure des adieux ; et une ombre passe sur tous les visages. On se lève, on se dirige à regret vers la sortie ; on va jusqu’à la terrasse, au bas de laquelle se tiennent les voitures. C’est ici que les recommandations, les promesses s’échangent : « adieu, mon chéri ; sois sage, travaille bien. » « Oui maman » dit le petit tout prêt à pleurer. Et il reste là, planté sur ses jambes, tandis que la voiture s’ébranle et que la belle jeune femme, encadrant sa jolie tête dans la portière, lui sourit encore et lui envoie un adieu de la main. Alors, le cœur tout gros, les yeux pleins de larmes, il s’en retourne tristement vers la salle d’études, qui lui paraît bien morne et bien froide ce jour- là. Puis, le soir, dans son petit lit, en fermant les yeux pour s’endormir, il revoit le doux visage de sa mère qui lui sourit à la portière de la voiture. Ah, cher enfant ! garde-la bien en ton cœur cette adorable vision qui te reviendra aux heures mauvaises de l’existence…Plus tard, quand tu seras un homme, quand tu auras aimé, quand tu auras souffert, quand tu auras vu s’écrouler autour de toi tout un monde d’espérances, et que seul, loin de tous, tu pleureras, non plus de ces douces larmes d’enfant presque inconscientes, mais de ces larmes viriles qui sont de la vie et du sang qu’on répand…Alors, dis-je, dans l’effarement de ta pensée, tu te sentiras soudain tressaillir : tu sentiras passer sur ton front un souffle délicieusement frais et pur…comme une de ces traînées de parfum qu’on saisit au vol durant les longs soirs d’été…, tu te reverras petit garçon, dans le parloir du collège, en face de ta jeune et charmante mère, qui t’enveloppe de sa tendresse, réchauffe ta petite âme et y dépose le germe de tout ce que tu as de bon, de noble, de généreux. A ce souvenir (si lointain !) un immense attendrissement envahira tout ton être…et tu pardonneras à l’autre, en faveur de cette divine femme qui a veillé sur ton enfance, t’a gardé dans ta jeunesse, t’a soutenu dans la vie et qui reste dans ton cœur et ta pensée, immuable et sereine comme la madone sur l’autel, ouvrant éternellement ses bras aux malheureux et aux repentis. 5 La vieille Gogotte*2 Par les riants matins d’été où tout s’éveille joyeusement dans la clarté d’un beau jour qui se lève ; où l’alouette monte comme une fusée dans le ciel, avec des cris aigus de plaisir ; où les bêtes sortent en courant de l’étable et tendent leurs naseaux à la fraîcheur matinale… ainsi que par les aubes grises d’hiver, quand la bise souffle et fait craquer les arbres morts dans la forêt ; quand la neige s’étend partout dans la campagne et qu’au loin, dans un grand silence, on entend un chien de ferme aboyer… par la pluie, par le vent, par le froid, par le chaud, on la rencontre le matin sur le routes, la vieille Gogotte de Bouxières-aux-Dames. Elle va à Clévent, à Custines, à Lay-Saint-Christophe, à Amance3, pour carder les matelas. Elle uploads/Litterature/ les-bannis-et-autres-recits-contes-et-nouvelles-de-gisele-d-x27-estoc.pdf

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