Marie Deniau 1S2 Les Choses de Georges Perec Sous titre : une histoire des anné

Marie Deniau 1S2 Les Choses de Georges Perec Sous titre : une histoire des années soixante (Editions Julliard ,1965. A nouveau édité aux éditions Presses pocket en 1988.) L’auteur Les dates et âges sont nombreux dans cette biographie, volontairement précisés, ils montrent le génie de l’auteur. Georges Perec est un écrivain et romancier français, né en 1936 à Paris, et décédé en 1982.Ses parents sont tous deux juifs d'origine polonaise. Engagé volontaire contre l'Allemagne, son père est mortellement blessé en juin 1940. En 1941, pour lui sauver la vie, sa mère l'expédie dans les Alpes par un train de la Croix-Rouge ; Son nom, francisé, devient Perec. Georges Perec passera là le reste de la guerre avec une partie de sa famille paternelle. Sa mère disparaît à Auschwitz, en 1943. Georges retourne à Paris en 1945 où il est adopté par sa tante. Profondément marqué par la disparition de ses parents, il entame une psychothérapie avec Françoise Dolto en 1949. Il a alors 13 ans. En 1954, après une hypokhâgne au Lycée Henri-IV, il commence des études d'histoire qu'il abandonne vite. En 1960, marié, il part pour Sfax en Tunisie d'où il revient l'année suivante. (La région a son importance ; elle sera la destination de Jérôme et Sylvie, personnages du roman).Ce n’est qu’en 1962 qu’il commencera une activité, comme documentaliste au CNRS. Son métier lui offrant beaucoup de temps, Georges Perec en profite pour écrire. En 1965, il a alors 29 ans, il publie son premier roman Les choses. Ce livre, récompensé par le prix Renaudot, lui valut un énorme succès. Deux raisons à cela : d’une part, ce court récit plut par la précision du tableau qu'il semblait dresser de la société contemporaine et d’autre part l'étrangeté d'un style que certains voudraient voir s’inscrire dans la mouvance du Nouveau Roman. Caractéristique du Nouveau Roman : Mouvement littéraire d’après-guerre jusqu’en 1970, le nouveau roman veut renouveler le genre romanesque qui date de l’Antiquité et très développé au 18ème siècle. La position du narrateur y est interrogée, l’intrigue passe au second plan. Les personnages deviennent inutiles. Les choses, de Perec, peut se lire comme le « programme » du Nouveau Roman, où les objets de consommation et de désir deviennent les héros plus que les protagonistes. Aucun dialogue dans le livre, aucun échange entre les protagonistes. Deux ans plus tard, Perec entre à l'Oulipo. Ouvroir de Littérature Potentielle, association d’écrivains et de mathématiciens. Les auteurs de retrouvent deux fois par mois pour réfléchir à la notion de contrainte dans la littérature et envisager de nouvelles créations. Cela marque un point important dans son œuvre littéraire puisque désormais ses textes suivront en général des contraintes de type oulipienne. En 1978, il publie La Vie mode d'emploi et, suite au succès de cette œuvre, il quitte son emploi au CNRS afin de se consacrer entièrement à l’écriture. Il meurt d'un cancer des bronches le 3 mars 1982. D’une façon générale, l'œuvre de Georges Perec s'articule autour de l'analyse du quotidien, le recours à l'observation et à l'autobiographie ainsi que le goût des histoires. Néanmoins, malgré sa quête identitaire et l'angoisse de la disparition, jouer et notamment jouer avec les mots est une des caractéristiques fortes des travaux de Perec. Le livre Résumé : Les Choses est la description de la vie quotidienne d'un jeune couple, Jérôme et Sylvie, et de l’idée qu’ils se font du bonheur, étroitement liée aux choses qu’ils rêvent d’acquérir. Le récit se passe au milieu des Marie Deniau 1S2 années 60, et décrit les ressorts et les difficultés de la société de consommation en plein essor. Passés par l'université pendant de courtes années, psychosociologues, ils font du provisoire un mode de vie, mais semblent comme habités par les aspirations matérielles diffusées par les magazines de l'époque. Les choses sont ces objets, mais aussi ces goûts dont ils s'entourent progressivement et qui prennent sens dans les transformations sociales de la période Tourmentés et déçus par leur vie parisienne, Jérôme et Sylvie se décident à tout plaquer et fuir. Ils partent en Tunisie, avec un rêve de dépaysement au cœur. En guise d’ « ailleurs », ils vont surtout emporter leurs images et leur territoire mental, le transplanter sur-place, où évidemment la greffe ne prendra pas. Extrait : Et pourtant ils se trompaient ; ils étaient en train de se perdre. Déjà, ils commençaient à se sentir entraînés le long d'un chemin dont ils ne connaissaient ni les détours ni l'aboutissement. Il leur arrivait d'avoir peur. Mais, le plus souvent, ils n'étaient qu'impatients : ils se sentaient prêts ; ils étaient disponibles : ils attendaient de vivre, ils attendaient l'argent. Ce qui m’a plu Premièrement, le livre décrit très bien la place que prennent « les choses » (l’appartement, tout ce qui fait son confort et notamment le canapé Chesterfield, les petits restos etc.) dans la vie de Jérôme et Sylvie et plus généralement chez nous tous qui appartenons à la société de consommation. Les descriptions sont pleines de vie, et correspondent à s’y méprendre à l’univers et l’idée du luxe que nous proposent les journaux de décoration, de mode etc. On est pris par le récit et l’on s’aperçoit avec amusement que ce que l’on croît être nos rêves propres sont en fait les rêves de toute une génération. Le fait que Jérôme et Sylvie soient psychosociologues ne fait qu’ajouter à notre trouble ! Deuxièmement, Les choses explore un mirage, le mirage de la consommation, et en explique les mécanismes, ce qui nous permet de prendre du recul par rapport aux pièges du quotidien (la publicité etc.). Deux analyses m’ont particulièrement plu : - La démonstration de la façon dont la publicité transforme les choses et notre goût : Perec montre par exemple que le pantalon de velours qui évoquait initialement à son époque le style bohême de Saint- Germain des Prés (c’est le pantalon accompagné du col roulé), devient grâce à la publicité dans Madame Express un objet évocateur de la campagne et bien davantage désirable. - La mise en évidence que la société de consommation nous conduit « à désirer toujours plus que ce que l’on peut acquérir ». L’univers fascinant des objets disponibles. Des objets que l’on peut rapporter à soi. Des objets qui fascinent parce qu’ils ont le pouvoir de vous conférer une identité. Un passage du livre illustre merveilleusement ces deux points. Jérôme et Sylvie partent enseigner en Tunisie et ont désormais les moyens d’assouvir leurs désirs de consommation (grand appartement, objets etc.). L’expérience est néanmoins un échec : en France tous les objets leur parlent (car tous les journaux en parlent), mais ce n’est plus le cas dans l’univers tunisien, où les objets ne sont plus accompagnés du discours et du rêve secrété par la publicité. Comme le dit Perec, la « douche » n’a plus la même valeur ou le même sens en Tunisie. Troisièmement, la technique de Perec, qui consiste à passer par un couple plutôt que par un personnage individualisé, fût-il en couple, permet de ne pas créer de personnages romanesques au sens classique du terme. Plutôt que de poser un être avec une histoire, une psychologie, donc des temps de résistance et d’accélération nés de sa singularité, il y a une machine de couple évoluant de façon très convaincante dans le mode. Une critique? Ma seule déception vient du fait que le livre explique très biens les pièges et les impasses de la société de consommation dans laquelle nous sommes tous pris, mais ne donne pas de solution. Perec explique lui-même que Jérôme et Sylvie voudraient bien être des révolutionnaires, mais qu’ils n’ont aucun mot d’ordre valide à proposer. A la limite, leur seul mot d’ordre serait « un canapé Chesterfield pour tout le monde », ce qui n’a pas grand sens… uploads/Litterature/ les-choses-de-g-perec.pdf

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