LL 4 Introduction : Publié en 1951 Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcen
LL 4 Introduction : Publié en 1951 Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar est une oeuvre protéiforme que Yourcenar a porté durant plusieurs années. Première femme élue à l’Académie Française en 1981, elle invente ici un genre nouveau, celui de l’autobiographie fictive de l’empereur Hadrien (II° siècle). Cette longue lettre d’Hadrien à Marc Aurèle pour lui raconter sa vie, ses méditations, afin de lui servir d’enseignement présente au lecteur une réflexion sur la vie afin de comprendre le monde. Le passage se situe au début du roman Animula vagula blandula lorsqu’Hadrien présente son projet à Marc-Aurèle. Sorte d’Exorde, cette partie présente Hadrien comme un homme vieux et malade qui doit renoncer à tous les plaisirs. Comment Yourcenar crée-t-elle un faux pacte autobiographique avec son lecteur ? En quoi cet extrait fixe t-il le projet des Mémoires d’Hadrien ? Plan : I. Le projet d’Hadrien (lignes 1 à 15) - rythme ternaire avec 3 parties dans la phrase= « Peu à peu » loc. adverbiale pour montrer un glissement entre le but de cette lettre (informer) et les causes (l’état de santé d’Hadrien) = introduction du thème du chapitre Animula vagula blandula. - le passé composé « est devenue » montre un aspect achevé comme si la mutation de la lettre s’était faite à l’insu de l’auteur et qu’il ne pouvait que dresser un constat de cette évolution - « t’» et « mon » = relation entre locuteur et destinataire = mention discrète de ces deux personnes car le plus important reste le but et la cause= « un homme » et « un malade » déterminant indéfini = Hadrien est un homme humble modeste qui replace son humanité au centre de son récit = distance avec soi-même pour montrer que ce n’est pas l’empereur qui écrit mais un homme comme un autre. - « cette lettre » = la forme épistolaire est posée pour mieux expliquer cette relation entre Hadrien et Marc-Aurèle - parallélisme entre « le délassement d’un homme qui n’a plus l’énergie nécessaire pour s’appliquer longuement aux affaires de l’état /la méditation écrite d’un malade qui donne audience à ses souvenirs » = requalification de la lettre commencée entre le loisir, l’écriture - « mon mal » = l’hydropisie d’Hadrien= le départ de la lettre d’Hadrien + « n’a plus d’énergie » + « d’un mal » = la maladie est au coeur de ce premier chapitre - « qui donne audience à ses souvenirs » = c’est l’empereur qui parle et qui relate ses souvenirs pour mieux exposer ses réflexions - la méditation = réflexion sur la philosophie d’Epicure qui situe l’Antiquité au coeur de ce récit - « je me propose maintenant davantage » = le « je » et « me » d’Hadrien prend alors une position sujet / verbe pronominal = insistance sur le rôle d’Hadrien. « Maintenant » = le moment de l’écriture / ce projet - « j’ai formé le projet de te raconter ma vie » = revendication du projet autobiographique= plus de distanciation entre moi-même et l’empereur = réf au préambule des Confessions de Rousseau « Je forme l’entreprise… » que Yourcenar connait forcément, elle permet ici donc la référence ou l’intertextualité de l’autobiographie fictive - « À coup sûr, j’ai composé l’an dernier un compte rendu officiel de mes actes, en tête duquel mon secrétaire Phlégon a mis son nom. » =écriture d’un début d’autobiographie d’Hadrien mais il a préféré mettre le nom de son secrétaire pour authentifier cette action = il tisse une distance entre lui et ses actions, cela donne encore plus d’importance à cette lettre= Hadrien fait un travail sur lui pour montrer que cette lettre est ancrée dans la vérité qu’il veut donner à Marc Aurèle = une première part de vérité - « J’y ai menti le moins possible. » = Hadrien se positionne dans la relation vérité et mensonge en précisant la formule avec le superlatif « le moins possible » pour ne pas se cacher qu’il y a une part de mensonge « J’y ai menti » formule affirmative = c’est le pacte de Vérité entre Hadrien et Marc Aurèle - « L’intérêt public et la décence m’ont forcé néanmoins à réarranger certains faits. » = deux forces en place aux yeux d’Hadrien restent le fondement même de ce pacte de vérité avec le regard des autres et celui sur soi, une sorte d’unité pour que Marc- Aurèle comprenne la crédibilité d’Hadrien cependant, ces deux forces soit aussi des faiblesses car elles deviennent celles qui dictent son écriture puisqu’elles ont forcé Hadrien à « réarranger certains faits » = tout ne pouvait pas être écrit et dit car la présence des deux forces oblige à revoir la vérité, elle n’est pas trahie mais juste « réarrangée » (arranger à nouveau par l’écriture) = c’est donc un pacte de vérité spécifique - « La vérité que j’entends exposer ici n’est pas particulièrement scandaleuse, ou ne l’est qu’au degré où toute vérité fait scandale. » = Hadrien justifie ce pacte de vérité parfois bancale qu’il propose à Marc Aurèle avec le mot « vérité » employé deux fois pour encadrer cette phrase qui semble être une confession d’Hadrien sur sa lettre. Et l’association entre « vérité » et « scandale » = « la vérité » / « toute vérité » différence entre celle qu’il présente et celle qui correspond à l’universalité. « toute vérité fait scandale » = il ne pourra échapper au scandale au choc des personnes qui liront ces pages, il s’y attend car la vérité dérange et il le sait. C’est donc un avertissement pour Marc-Aurèle qui doit apprendre à lire cette lettre comme une confession sans un regard réprobateur mais avec la sagesse qui s’impose, l’humilité d’Hadrien propose cette vérité - « Je ne m’attends pas à ce que tes dix-sept ans y comprennent quelque chose. » = Hadrien sait que l’âge est un facteur d’incompréhension (lettre d’un homme au seuil de sa mort qui peut se retourner en arrière et voir son évolution) il sait ce qu’un cerveau et un coeur peuvent comprendre sans ambages. Relation de la lettre entre son locuteur et son destinataire qui est réduit à son âge. On sait qu’il n’apprécie pas Marc-Aurèle mis c’est surtout cette jeunesse qui n’est pas le point fort pour qu’il devienne empereur selon Hadrien (Marc Aurèle est un second choix) Le projet autobiographique d’Hadrien en écrivant ses mémoires est posé dans le début de cet extrait mais il s’agit pour lui non seulement de transmettre son expérience à son successeur tout comme à lui faire part des difficultés qui l‘attendent, mais aussi et surtout de se peindre tel que Montaigne le définissait dans son avis au lecteur « c’est moi que je peins » devenant ainsi la matière de son livre comme le précisait aussi Montaigne. Cependant, Hadrien se retrouve dans un face-à-face avec lui- même qui ne le laisse pas sans conséquence. II. Soi-même comme un autre (lignes 15 à 26) - « Je tiens pourtant à t’instruire, à te choquer aussi » = la volonté d’Hadrien de proposer un pacte à Marc-Aurèle avec ce rythme binaire autour de l’instruction et de l’indignation (deux valeurs pour Hadrien) La nuance de concession « pourtant » + l’adverbe d’intensité « aussi » soulignent ce double objectif qu’Hadrien se fixe dans cette lettre. Ce n’est pas uniquement un projet personnel mais bien une manière de se distancer de lui-même pour servir l’éducation de Marc-Aurèle - « Tes précepteurs, que j’ai choisis moi-même, t’ont donné cette éducation sévère, surveillée, trop protégée peut-être, dont j’espère somme toute un grand bien pour toi- même et pour l’État. » = pourvoir d’Hadrien sur la vie de Marc-Aurèle dont il a tout organisé pour qu’il lui succède, mais c’est le savoir avec « tes précepteurs » et « cette éducation » qui prime avec les participes passés (verbes de sentiments) mis pour adjectifs présentant l’évolution de celle-ci avec toutes les nuances qu’Hadrien voudrait apporter « sévère, surveillée, protégée » cette amplification montre le souci de l’empereur face à son successeur dans un jugement qui n’a pour but qu’ « un grand bien pour toi-même et pour l’Etat »= ordre de cette instruction qui montre qu’il s’agit d’abord d’une aventure humaine mais l’état reste au centre de cette éducation. Hadrien veut que Marc-Aurèle se découvre aussi lui-même - « Je t’offre ici comme correctif un récit dépourvu d’idées préconçues et de principes abstraits, tiré de l’expérience d’un seul homme qui est moi-même » = le projet d’Hadrien est un miroir qu’il propose à Marc-Aurèle avec toutes les variétés d’approches possibles = le récit n’a pas vocation à donner des leçons mais bien à proposer les visions d’une vie, celle d’Hadrien qui commence à se distancer de lui-même pour mieux construire son récit. Proposer une distance sur soi-même ou s’extraire de soi = commencer à regarder plus loin que sa propre personne = c’est le projet de cette lettre et celui de Yourcenar qui sort de uploads/Litterature/ ll4-avec-autre-version.pdf
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- Publié le Oct 31, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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