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Fd F"i 7 \l A l*l TS JN tÈb tûrioni%nio ruitaile li lzttttz tcononia(Àiritto IO æ *K L {" ,e \xd d\ k- ONÏS ïm COM|TÉ SOENTIFIQUE: Liana NISSIM Directeur RAOULBOUDREAU CRiST]NA BRANCAGLION ANDRE BROCHU MARIA COLOMBO TIMELLI MANDE Alpha DIARM GUN LUIGI DI BERNARDINI JACQUES DUBOIS ALESSANDRA FERMRO ANNA MARIA MANGIA DAN1ETA MAURI MARCO MODENESI SILV]A RIVA COMIÉ DE RÉDACIION: CnISrINe, BRANCAGLION Secrétaire BARBARA FERRARI MARIA BENEDETTA COLLINI FRANCESCA PARABOSCHI NOTES DE LECTURE Éruors urueursrrQurs CRISTINA BMNCAGLION FRANCOPHONIE EUROPÉENNE GnN LUIcI DI BERNARDINI FRANCOPHONIE DU MAGHREB ANua Menm MANGIA FRANCOPHONIE DE TAFRIQUE SUBSAHARIENNE LNNE NISSIM FRANCOPHONIE DU QUÉBEC ET DU CANADA AlrsseNlne, FERMRO FRANCOPHONIE DE5 CARAÏBES MARCO MODENESI GUVRES GÉNÉRALES ET AUTRES FRANCOPHONIES SILVN RIVA '*,:r !.it ; :. 5i è:1 S T, r:: âçs j r .1 i'il i ISBN : 5?A-AS-?1lL-C?L-q ,ililxJ[lxilil[|L[il 1 Silvia RIVA Interroger la Lettre, ou la hantise logogriphe dans Passage des larmes de Abdourahman A. WABERI L’éternelle répétition du Mot pour sa survie dans le ciel des âges j’ois l’arrière-pays de l’enfance les calligraphies sages de la mémoire imprimées dans la salive de l’instant j’ois aussi les chaînes de mots d’un hier lointain les bouts de chair les carnes vocales qui empruntent les voies secrètes des cimetières en poussière la littérarité révèle les peurs ancestrales que nul ne raisonne j’ois la voix d’homme de l’oued où l’on rejoue la vieille aversion entre le récitant et l’écrivant qui perd la foi j’ois la mitraille de mots comme autant de lianes qui descendent d’un ciel sans cage. (Abdourahman A. WABERI 1) Passage des larmes: un “thriller politique”, un “roman d’espionnage”? La notion de hantise est traditionnellement associée, dans le traitement littéraire le plus courant, et selon les cas, au genre du fantastique – avec quelques incursions (le plus souvent trompeuses) dans le roman policier et d’espionnage. Elle se fonde sur l’impression d’une présence ‘autre’, qui agit de manière invisible et qui visite les lieux et les personnes, ou sur une obsession “monoïdéiste”2, qui déchaîne l’imagination et peut conduire jusqu’à la folie, voire la mort. Passage des larmes, le dernier roman de l’écrivain djiboutien Abdourahman A. WABERI, publié en France en 2009, de l’aveu même de son auteur se présente effectivement comme un “thriller politique” ou bien comme un “roman d’espionnage”3. À l’instar d’un Stanley KUBRICK de la littérature d’expression française, dans chaque roman Abdourahman A. WABERI essaie, en effet, de changer de “tactiques” et “de machineries romanesques”4, bref, de genres e et de factures, tout en gardant comme grandes constantes les questions de l’exil et du nomadisme et le paysage mental djiboutien. Les ouvrages qui composent jusqu’ici son corpus se sont effectivement essayés dans les espèces de composition littéraire les plus diverses: – la nouvelle (dans Le Pays sans ombre, premier volet de la trilogie sur la Corne d’Afrique entamée en 1994, ainsi que dans Cahier nomade, la suite publiée au Serpent à Plumes en 1994, puis rééditée 1 Abdourahman A. WABERI, “Caravane de mots”, Les nomades, mes frères, vont boire à la grande Ourse, Sarreguemines, Pierron, 2000, p. 16. 2 Jacques VAN RILLAER, Les illusions de la psychanalyse, Sprimont, Mardaga, 1980, p. 229. 3 Entretien de Abdourahman A. WABERI par Sylvain BOURMEAU, La rentrée littéraire de Mediapart, 28 Juillet 2009, http://dailymotion.virgilio.it/video/x9zq0h_abdourahman-waberi-passage-des-larm_news 4 Ibid. 2 en 1999, trois ans après avoir reçu le Grand Prix de l’Afrique noire); – le roman-pamphlet, qui emprunte à l’essai historique par le biais d’une galerie de portraits de résistants (dans Balbala, qui clôt la trilogie en 19975); – la chronique (plus précisément, la présentation de trois témoignages réels qui se mêlent à la fiction, dans Moisson de crânes, paru en l’an 2000 et écrit à la suite d’une résidence de deux mois au Rwanda, dans le cadre du projet collectif “Écrire par devoir de mémoire”); – la poésie (dans le recueil Les Nomades, mes frères vont boire à la Grande Ourse, 2000, cité en exergue dans cet article); – le fragment et quelques traces épistolaires (dans les “variations romanesques” – voilà le sous-titre – sur le thème de la quête du sens contenues dans Rift, routes, rails, 2000); – le conte pour enfants illustré (dans Bouh et la vache magique, 2002); – le roman polyphonique (dans Transit, paru en 2003, qui alterne la voix de deux personnages exilés, l’intellectuel Harbi et l’enfant soldat Bachir Assoweh, en transit dans l’aéroport Charles de Gaulle de Roissy, emblème de la situation de l’‘entre-deux’); – le conte philosophique à la SWIFT et à la VOLTAIRE et le récit de voyage dans l’avant-dernier né, Aux États-Unis d’Afrique (2008), où, grâce à la technique de l’inversion, mise en marche par le principe de la distance naïve, l’écrivain djiboutien travaille à une refonte de l’imaginaire qui informe les rapports entre Europe et Afrique. À partir de cette présentation d’ensemble, forcément à vol d’oiseau, on peut se douter déjà que même si WABERI lui-même a classé son dernier roman, Passage des larmes, sous l’étiquette de “thriller politique” ou de “roman d’espionnage”, nous serons confrontés à une espèce très spéciale. D’ailleurs, la littérature francophone, plus que la française contemporaine (à l’exception peut-être de LE CLEZIO ou d’ECHENOZ), a montré plusieurs fois une capacité de vivification du registre fantastique et/ou policier, qu’on utilise comme prétexte ou comme allusion pour des déroulements qui visent à mettre en cause une réalité qui, trop souvent, défie la raison et les règles du vivre commun. Il en va de même pour Passage des larmes, où, comme on l’a observé, “si enquête il y a, c’est celle que la victime elle-même va mener et c’est cette enquête qui entraîne sa propre disparition”6. Toutefois, une présence obsédante hante effectivement tous les personnages, tous les narrateurs du roman, en les conduisant à des réponses très différentes entre elles. L’enquêteur est donc Djibril, dit Djib, né à Djibouti une poignée de minutes avant la proclamation de son Indépendance de la France (le 27 juin 1977). Il fait retour après une bonne dizaine d’années dans son pays natal, qui “n’a pas su ou n’a pas pu [l]e garder auprès de lui”7. Il vit désormais à Montréal, au Québec, où il mène une existence paisible avec sa compagne Denise, férue des livres de Walter BENJAMIN – parmi lesquels Le livre des passages8. Vu sa connaissance des langues et des lieux, Djibril travaille pour une agence occulte de renseignements économiques états-unienne (qui s’appelle Adorno Location Scouting – les clins 5 Initialement publié par le Serpent à Plumes, Balbala a été repris en 2002 par Gallimard dans la collection “Folio”. Cela est à retenir, puisque Abdourahman A. WABERI est le premier écrivain de l’Afrique sub- saharienne à figurer dans cette série. 6 Yves CHEMLA, “Passage des larmes de Abdourahman A. Waberi”, Africultures, 22 Décembre 2009: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9103. 7 Abdourahman A. WABERI, Passage des larmes, Paris, Lattès, 2009, p. 14. 8 Fruit des recherches et des réflexions des années 30 menées par Walter BENJAMIN durant son exil en France, Le livre des passages a été édité pour la première fois en 1982 (en allemand), et traduit en français en 1989. Parmi les éditions les plus récentes, je signale Walter BENJAMIN, Paris, capitale du XIXème siècle. Le Livre des Passages, trad. de l’allemand par Jean LACOSTE, Paris, Cerf, 2006. 3 d’œils aux intellectuels de la Mittel Europe sont, dès le début, très évidents9). Il est, donc, envoyé à Djibouti, un pays de plus en plus militarisé à cause de ses voisins ‘difficiles’: la Somalie, l’Erythrée et le Yémen, dont le petit pays francophone, un “coin d’Afrique aux allures de far west miniature”10, est séparé par un détroit appelé en langue arabe Bab el-Mandeb, c’est-à-dire, ‘passage des larmes’. Grâce à sa position, ce pays est donc devenu “une case essentielle sur l’échiquier géopolitique toujours mouvant”11. Djib doit y séjourner rien qu’une petite semaine, juste le temps de prendre la température socio- politique de cette terre basaltique qui intéresse de plus en plus les grands investisseurs, vu les gisements abondants de pétrole et surtout d’uranium (de nouveau d’actualité, après la mauvaise réputation de Tchernobyl). Dans l’arrière-pays, sur les Îlots dits du Diable qui abritent une prison de haute sécurité totalement isolée, vit le jumeau de Djibril, Djamal, né 28 minutes après son aîné (c’est pour cela que Djamal est appelé “Numéro 28”, ou bien “Mister 28” 12). Il n’a jamais quitté le pays et s’est enrôlé depuis quelques années dans un groupuscule terroriste d’inspiration fondamentaliste, appelé la “Nouvelle Voie”. Mystérieusement – voilà une touche de surnaturel démenti, toutefois, par l’épilogue, qui montre que l’isolement de la prison n’est que de parade –, Djamal arrive à suivre tous les mouvements, les respirations mêmes de son frère jumeau, que Djamal méprise pour avoir trahi la cause des siens et pour l’avoir trahi comme frère, dès le plus jeune âge, en se liant d’une amitié exclusive avec un autre garçon, appelé David. Le roman suit donc un parcours “à double détente”13, comme on le dirait du mécanisme d’une arme où il faut appuyer deux fois sur la gâchette pour que le coup parte. D’un côté, donc, l’enquête de Djib, uploads/Litterature/ lzttttz-li-tcononia-airitto 1 .pdf
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- Publié le Apv 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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