Fatou Diome Marianne porte plainte ! Flammarion © Flammarion, 2017. ISBN Epub :
Fatou Diome Marianne porte plainte ! Flammarion © Flammarion, 2017. ISBN Epub : 9782081411364 ISBN PDF Web : 9782081411371 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782081408463 Ouvrage composé et converti par Pixellence (59100 Roubaix) Présentation de l'éditeur "Face aux attaques racistes, sexistes, islamophobes, antisémites, Marianne mérite mieux qu’une lâche résignation. Ne laissons pas les loups dévorer les agneaux au nom de l’identité nationale. Marianne porte plainte !" Née au Sénégal, elle arrive en France en 1994 et vit depuis à Strasbourg. Elle est l’auteur d’un recueil de nouvelles, La Préférence nationale (2001), ainsi que de cinq romans, Le Ventre de l’Atlantique (2003), Kétala (2006), Inassouvies nos vies (2008), Celles qui attendent (2010) et Impossible de grandir (2013). DÉJÀ PARUS DANS LA COLLECTION CAFÉ VOLTAIRE Jacques Julliard, Le Malheur français (2005). Régis Debray, Sur le pont d'Avignon (2005). Andreï Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer (2006). Michel Crépu, Solitude de la grenouille (2006). Élie Barnavi, Les religions meurtrières (2006). Tzvetan Todorov, La littérature en péril (2007). Michel Schneider, La confusion des sexes (2007). Pascal Mérigeau, Cinéma : Autopsie d'un meurtre (2007). Régis Debray, L'obscénité démocratique (2007). Lionel Jospin, L'impasse (2007). Jean Clair, Malaise dans les musées (2007). Jacques Julliard, La Reine du monde (2008). Mara Goyet, Tombeau pour le collège (2008). Étienne Klein, Galilée et les Indiens (2008). Sylviane Agacinski, Corps en miettes (2009) ; nouvelle édition (2013). François Taillandier, La langue française au défi (2009). Janine Mossuz-Lavau, Guerre des sexes : stop ! (2009). Alain Badiou (avec Nicolas Truong), Éloge de l'amour (2009). Marin de Viry, Tous touristes (2010). Régis Debray, À un ami israélien, avec une réponse d'Élie Barnavi (2010). Alexandre Lacroix, Le Téléviathan (2010). Mara Goyet, Formules enrichies (2010). Jean Clair, L'Hiver de la culture (2011). Charles Bricman, Comment peut-on être belge ? (2011). Corrado Augias, L'Italie expliquée aux Français (2011). Jean-Noël Jeanneney, L'État blessé (2012). Mara Goyet, Collège brutal (2012). Shlomo Sand, Comment j'ai cessé d'être juif (2013). Régis Debray, Le bel âge (2013). Alain Badiou (avec Nicolas Truong), Éloge du théâtre (2013). Édouard Launet, Écrivains, éditeurs et autres animaux (2013). Sylvie Goulard, Europe : amour ou chambre à part ? (2013). Michel Schneider, Miroirs des princes (2013). Marie-Josèphe Bonnet, Adieu les rebelles ! (2014). Jacques Julliard, Le choc Simone Weil (2014). Christiane Taubira, Paroles de liberté (2014). Bernard Attali, Si nous voulions (2014). Élie Barnavi, Dix thèses sur la guerre (2014). Alain Badiou (avec Gilles Haéri), Éloge des mathématiques (2015). Jacques Julliard, L'École est finie (2015). Sylvie Goulard, Goodbye Europe (2016). Corrado Augias, L'Italie expliquée aux Français (2011). Jean-Noël Jeanneney, L'État blessé (2012). Mara Goyet, Collège brutal (2012). Shlomo Sand, Comment j'ai cessé d'être juif (2013). Régis Debray, Le bel âge (2013). Alain Badiou (avec Nicolas Truong), Éloge du théâtre (2013). Édouard Launet, Écrivains, éditeurs et autres animaux (2013). Sylvie Goulard, Europe : amour ou chambre à part ? (2013). Michel Schneider, Miroirs des princes (2013). Marie-Josèphe Bonnet, Adieu les rebelles ! (2014). Jacques Julliard, Le choc Simone Weil (2014). Christiane Taubira, Paroles de liberté (2014). Bernard Attali, Si nous voulions (2014). Élie Barnavi, Dix thèses sur la guerre (2014). Alain Badiou (avec Gilles Haéri), Éloge des mathématiques (2015). Jacques Julliard, L'École est finie (2015). Sylvie Goulard, Goodbye Europe (2016). Marianne porte plainte ! La France, c’est le français quand il est bien écrit. Napoléon Bonaparte Le nationalisme est une maladie infantile. C'est la rougeole de l'humanité. Albert Einstein PROLOGUE Messagers du malheur, toujours à trier, accuser, rejeter, ils sont prêts à sonner la curée ; je ne serai pas de ceux qui auront laissé les loups dévorer les agneaux au nom de l'identité nationale. Marianne porte plainte ! Je rapplique fissa, munie de ma sagaie sérère, ma plume. Mon pas décidé fait craquer quelques souches. Sapristi ! De quoi se mêle cette intruse ? philosophent-elles ; face de chocolat, rentre dans ta forêt, va donc bouffer des bananes en Afrique ! Ainsi s'expriment les souches, dès qu'une branche s'agite. Qui peut espérer autre chose du Q.I. d'une souche ? Je ne suis pas française par le hasard d'une naissance, que nul ne doit à son mérite. Le poussin éclot dans son poulailler et se moque de savoir à qui il doit son toit. Née dans les bras sénégalais de l'Atlantique, sous les auspices de Sangomar, arrivée en France à l'âge où Cupidon donne aux jeunes filles le courage de partir, même avec un loup-garou, je suis française par choix, donc par amour, mais aussi par résistance, car le saut d'obstacles que l'on exigea de moi, huit années entières, briserait les jambes d'une jument. Pourtant, me voici, hennissant de joie, à savourer la langue de Molière dans La Nef de Sébastien Brant, où nous sommes tous fous d'être seulement humains. Et des pirates menacent ma mère adoptive sous mes yeux ! Si je leur botte les fesses, ces rabat-joie passeront l'hiver à plat ventre ! Malgré tous les efforts des Théodore Monod, Claude Lévi-Strauss, Jean Malaurie, merveilleux créateur de la collection « Terre humaine », Cheikh Hamidou Kane, pacificateur de L'Aventure ambiguë entre l'Europe et l'Afrique, pour bâtir des ponts entre les peuples, les taupes bornent toujours le monde à leur trou. Tant pis, nous l'élargirons quand même, quitte à nous faire mordre les talons. Alléluia ou Allah Akbar, le français est l'hostie de ma communion, hosanna ! Le français fleurit en Francophonie – comme l'avait prédit Senghor de sa bouche d'ébène –, son éolienne initiale F étant également celle de mon prénom : Françoise et son frère François sont bien obligés de le partager avec moi. La langue, c'est la part clef de l'identité, puisque c'est dans ses rouages que celle-ci se découvre et se relate. À chacun son histoire et sa petite mythologie qui le rattachent à la France. Pas besoin de liqueur de Fehling pour prouver l'appartenance. Alors, l'identité nationale ? Je ne céderai pas un iota de la mienne. La France n'est pas qu'à cette bande de braillards mal intentionnés. Qu'ils avalent leurs sécateurs ! Si la greffe était nuisible à la société, elle ne sauverait personne à l'hôpital. Marianne porte plainte ! Contre ceux qui disent défendre son identité mais, en réalité, se servent grossièrement d'elle pour asseoir leur funeste dessein, Marianne porte plainte ! Contre les indifférents, les fatalistes inconscients, qui laissent une clique de petits Français, indignes des grands d'hier, démolir les valeurs de la République et s'accaparer l'identité de la France, Marianne porte plainte ! Qu'auraient dit Clemenceau, de Gaulle, Jaurès, Blum et Mendès France ? Seuls les lâches et les complices laisseront les loups déposséder Marianne de sa dignité, sans livrer bataille ! Marianne porte plainte ! Le terrorisme servant de luge, le dérapage volontaire est devenu une manière de faire de la politique. Adieu, la solennelle modulation du général de Gaulle ! Adieu, l'élégance dans le choix des mots et La Voie royale que Malraux traçait aux idées, jusqu'au cœur de ses concitoyens ! Dans le sillage de La-Marine- Marchande-de-Haine, des opportunistes tributaires de l'urgence médiatique sont, dirait-on, atteints de la maladie de Gilles de La Tourette et n'ont plus que l'identité nationale à la bouche. Rivalité d'ambitieux, certes, mais quel besoin d'y ajouter une rivalité d'outrances ? L'expression révèle tant de la stature d'un dirigeant. À qui le flambeau de la retenue ? Un tel prix politique devrait voir le jour, il réduirait la toxicité des saillies et rendrait un peu de calme aux citoyens. Tenez par exemple, je voudrais écrire des poèmes, une nouvelle, un roman, une chanson, mais me voici, l'œil rubis, à tricoter nuitamment une amère prose politique. Ma plume portera-t-elle plainte ? Je l'ignore encore. En revanche, je suis certaine que les grandes dames de France comme Louise Michel, Lucie Aubrac, Germaine Tillion, Louise Weiss – qui toutes combattaient les ténèbres pour la justice et la liberté – ne seraient pas restées dans leur boudoir, à juger de la finesse de leurs dentelles, en attendant qu'on démembre, saucissonne leur République de femmes d'honneur ; moi non plus ! Marianne porte plainte ! Je bondis, brandis ma sagaie sérère ! Encore une élection présidentielle, encore cette terrible saison où plonger le nez dans un journal vous file immédiatement le rhume, tant les incongruités démagogiques prolifèrent. Comme à l'accoutumée, les loups se jettent sur l'identité nationale, quitte à écorcher l'idéal républicain. Les bourrasques d'idéologies nauséabondes traversent le pays de part en part et n'épargnent que les morts. Des quatre points cardinaux, de tonitruantes déclarations nous assaillent, nous assomment, nous asphyxient. Toutes les feuilles ne sont pas d'or, surtout à l'automne d'une année électorale ! Des esprits malhonnêtes profitent de l'effroi causé par Daech pour entretenir l'islamophobie et ranger tous les musulmans avec les terroristes. La laïcité se trouve doublement menacée, car ceux qui prétendent la défendre lui nuisent également, en se montrant parfois aussi extrémistes que ceux qu'ils combattent. Quel que soit leur bord, tous les excessifs ruinent la cohésion sociale. Et, parmi eux, les politiciens sont les plus fautifs, car, dépositaires du mandat du peuple, ils ont uploads/Litterature/ marianne-porte-plainte-fatou-diome.pdf
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- Publié le Mai 20, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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