Jacques Gaillard maître de conférences René Martin prcfesseur à l'université Pa
Jacques Gaillard maître de conférences René Martin prcfesseur à l'université Paris III, Sorbonne nouvelle à l'université de Strasbourg II Les genr s littéraires '\ a NATHAN orne préface de Jacques Perret professeur honoraire à l'université de Paris-Sorbonne Des mêmes auteurs Jacques Gaillard, Approche de la littérature latine, Nathan, Collection 128, 1992. Beau comme l'Antique, Actes Sud, 1993. René Martin, Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, Nathan, 1992. La littérature latine tardive et prémédiévale, Nathan, coll. 128, 1993. Recherches sur les agronomes latins et leurs conceptions économiques et sociales, Les Belles lettres, 1971. Édition, traduction et commentaire de l'Opus agriculturae (1. II) de Palladius, 1976. Énée et Didon: naissance,jonctionnement et survie d'un mythe, Textes réunis et présentés par René Martin, Publications du CNRS, 1990. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions stricte- ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une uti- lisation collective », et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représenta- tion ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (ali- néas 1" de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et sui-vants du code pénal. © Éditions Nathan, 1990 - Paris -ISBN 978-2-09-175191-7 Préface « Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor ... ceci ne tient qu'à toi. Ami n'entre pas sans désir. » Cette sentence, naguère inscrite au fronton d'un de nos musées, conviendrait également au seuil de ce livre. Une littérature n'est-elle pas collection d'œuvres beJJes, conservées elles aussi de manière plus ou moins fortuite, puis rassemblées dans notre librairie comme statues ou tableaux en des salles d'exposition? Etonnées, croirait-on, d'être encore là sous le soleil quand depuis si longtemps leurs destinataires familiers se sont évanouis; effarouchées, même les plus hardies, d'être présentées nues à notre regard incertain d'étrangers, se refermant elles- mêmes dans une indifférence ou absence symétrique. Qu'elle est grande, alors, de notre part, la tentation de parcourir les salles, les pages, au pas de course, pour remplir nos obligations de visiteurs consciencieux, nous assurer personnellement que tout est bien à la place que tout le monde connaît, la Joconde dans sa cage de verre, l'Enéide au siècle d'Auguste avec ses douze livres! Non, il ne faut pas agir ainsi; il faut désirer, espérer, c'est-à-dire se jeter soi-même au-devant. Sans doute. Mais pourquoi « les Genres littéraires », quand il s'agit de ce qu'on a l'habitude de trouver étudié sous le titre d'« Histoire de la littérature» ? Les auteurs ont eu leurs raisons.: ils nous en disent quelques- unes dans leur introduction; d'autres se découvriront dans la suite de l'ouvrage. Tout d'abord, ils sont par goQt des gens qui aiment comparer. Or, il est difficile de comparer des histoires: chacune a son temps à elle, chacune forme un tout bien lié, incommensurable à d'aùtres. La tâche de l'historien est d'en saisir de l'intérieur le développement propre; l'expérience montre d'aj}Jeurs qu'il n'est, pour ainsi dire, jamais tenté de sortir de son sujet et de le regarder du dehors, comme un objet parmi d'autres objets. Une « Histoire », c'est comme· une biographie, J'histoire d'une âme. Les « Histoires» des littératures forment une constellation de monades. 3 4 Au contraire les structures par lesquelles un développement prend corps sont très ~bjectivement saisissables et, de ce fait, appellent la comparaison. Par exemple, et quoi qu'elle puisse représenter dans le d~veloppement d'une cultu~e, une œuvre d:amati?Ue pr~sent:ra. toujours des traits qui la distinguent d un discours ou d un poeme declame : il y a des personnages, une scène. Ces traits présentent des variantes: l'acteur peut être masqué ou non, figurer un héros ou un homme du commun, parler la langue de tous les jours ou une langue spéciale, etc. On est donc fondé à parler d'un genre dramatique existant comme être distinct, se réalisant en formes différentes mais cQmparables, et quoique en chaque culture le thé~tre ait une fonction qu'on ne puisse définir qu'en rapport avec cette culture et qui lui donne un caractère unique. Loin d'être une approche extérieure et donc superficielle du phénomène littéraire, une étude des genres et des formes en fait apparaître au mieux la spécificité. Assurément, une littérature n'existe pas sewement comme collection de genres et de formes; mais elle est aussi cela, et, si on l'oublie, l'histoire de la littérature n'est plus, en fait, que l'histoire d'une civilisation étudiée à partir de ses monuments littéraires, histoire littéraire de la sensibilité ou de l'idéologie. Ce sont les genres et formes par lesquels elle s'exprime qui, au pointdf. vue de la littérature, définissent une civilisation. A côté d'histoires de la littérature latine, il y avait à dresser - ce qui est fait ici - un tableau des formes littéraires attestées chez les Romains. A découvrir, puis à manier cet outillage que les hommes ont inventé pour s'exprimer, bien des questions naissent dans l'esprit. Questions sur la littérature où l'on s'initie: pourquoi les Romains nous ont-ils laissé si peu de romans? pourquoi ont-ils si rigoureusement séparé tragédie et comédie? pourquoi l'une et l'autre disparaissent-elles ensemble au cours du 1 er siècle, alors que persiste le goût du spectacle? Aucune littérature ne tire en plein parti des instruments dont elle dispose. Questions sur la littérature où l'on participe de naissance: pourquoi l'éloquence n'est-elle plus chez nous un genre littéraire? n'avons-nous pas, nous aussi, nos épopées avec Hugo, Péguy, Malraux peut-être? En aucune littérature il n'est facile à l'usager de reconnaître ce qui lui est donné, de s'aviser que quelque chose manque. Il faut regarder par-dessus le mur du jardin; on se prend à rêver que, d'une littérature à l'autre, des formes pourraient être transplantées. Mais cela n'a- t-il pas eu lieu, en fait, bien souvent? N'oublions pas que, comparatistes par goût et techniciens aisés de la littérature, les deux auteurs sont des latinistes. Or la civilisation romaine est une de celles où se manifeste le plus nettement la puissance et le prestige des formes. Mos maiorum. Rome n'a pas ignoré les bourrasques de l'histoire, elle a même vécu une destinée spirituelle très mouvementée, mais elle a toujours conservé sa langue, forme des formes - alors que les civilisations d'alentour perdaient si facilement la leur :' et si haut que nous puissions remonter ou descendre, nous retrouvons dans sa littérature les mêmes formes, et jus.que par-delà l'inflexion périlleuse que lui imposa sa conversion au christianisme: Prudence continue Horace; Jérôme, quoi qu'il en ait, reprend les rythmes et l'arsenal cicéronien; derrière Augustin, il nous faut voir Apulée. C'est par là que Rome a pu si longtemps tenir un rôle d'éducatrice auprès de civilisations neuves qui cherchaient leur voie: elle ne pr~tendait pas les brider, leur insuffler son ~me ; elle les aidait à se cohérer. Il est amusant de constater que cette approche du fait littéraire non par intégration dans une histoire, mais par constitution d'un tableau de genres et de règles ressemble beaucoup à celle que proposait Quintilien, 'le plus pénétrant des théoriciens de la latinité. Mais je sais gré à nos auteurs d'être plus ambitieux que lui, d'essayer, au moins, de déduire les genres littéraires fondamentaux à partir du déploiement de personnes vivant parmi d'autres personnes' :. elles ont à raconter, à exposer, à s'exprimer et font éventuelle- ment tout cela sous une forme mimique; ce sont les genres de base, narratif, démonstratif, àffectif, dramatique. Interviennent ensuite des contingences, souvent inexplicables, qui sur ce canevas brodent un dessin rigoureux; on aboutit alors aux formes particulières, vivifiées quelquefois, irriguées, par de singulières anastomoses, comme la bucolique, cette forme si définie mais qui est à la fois narrative, affective et souvent dramatique. Quel que soit l'angle d'attaque choisi po.ur une exploration, il faut veiller à ne jamais devenir doctrinaire. Nos auteurs sont praticiens trop expérimentés pour se tromper sur ce point: ils ne sont pas de ceux qui ne veulent s'intéresser qu'à l'ombre portée par leurs idées. Les analyses une fois faites, l'œuvre poème, discours, épître, est regardée en face et dans son environnement culturel comme un' tout. On trouvera donc ici, mais à l'intérieur d'un cadrf? où elles changent inévitablement de sens, prenant plus d'éclat, bien des observations et.explications qui seraient également à leur place dans une histoire de la littérature. On y trouvera aussi des traductions. Expérimentales quelquefois, destinées à piquer d'émulation le lecteur, et où aucune difficulté n'est esquivée. Avec, souvent, d'exquises ou joyeuses trouvailles qu'on ench~ssera dans sa mémoire à côté des mots mêmes de l'original. Oui, lecteur, entre ici avec quelque espoir; tu seras accueilli par des gUides alertes; ils sont honnêtes et curieux; ce que vous regarderez ensemble t'agrandira et - nous allons chez les Romains - t'affermira. Jacques PERRET Professeur honoraire à l'Université de Paris-Sorbonne 5 INTRODUCTION Dans le Livre de Blaise, de Philippe Monnier, uploads/Litterature/ martin-gaillard-genres-litteraires-rome.pdf
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- Publié le Nov 26, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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