L’auteur Archéologue et philologue de formation, Maurice Olender est historien.

L’auteur Archéologue et philologue de formation, Maurice Olender est historien. Maître de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris), il y a tenu son séminaire, entre 1990 et 2014, sous l’intitulé « Savoirs religieux et genèse des sciences humaines ». Ses recherches portent sur les manières, historiques et sociales, de représenter « l’autre », notamment pour le stigmatiser et/ou l’aduler. En étudiant les mythes et les sciences, chez les Anciens et les Modernes, il a souligné la diversité des constructions de l’altérité que ce soit par la langue, la religion, le sexe ou la race. Professeur invité de la chaire de littérature et culture françaises à l’ETH-École polytechnique fédérale de Zurich (2015), il a également enseigné dans d’autres universités en Europe, aux États-Unis (Princeton, Johns Hopkins, Harvard, Columbia), en Israël et à l’Académie des sciences sociales de Pékin. Membre de la Société de linguistique de Paris et de la Société asiatique, il est membre fondateur de la Scuola Internazionale di Alti Studi « Scienze della Cultura » – l’École doctorale européenne des hautes études en sciences de la culture de la Fondazione San Carlo, à Modène, en Italie. Éditeur, il crée en 1981 (d’abord chez Fayard) la revue Le Genre humain et, en 1985, chez Hachette, la collection « Textes du XXe siècle » (une vingtaine de titres). C’est en 1989 qu’il fonde aux Éditions du Seuil « La Librairie du XXe siècle » devenue, en janvier 2001, « La Librairie du XXIe siècle » (quelque 250 titres, voir ici). Outre ses nombreuses études savantes, il a publié notamment : Les Langues du Paradis, préface de Jean-Pierre Vernant (Paris, Gallimard-Seuil-EHESS, « Hautes Études », 1989). Traduit en une douzaine de langues, couronné par l’Académie française (1990), ce livre a donné lieu à une édition augmentée, en 2002, en « Points Essais » (no 294). Race sans histoire, « Points Essais », no 620, 2009, dont la première édition, La Chasse aux évidences (Galaade), a obtenu le prix Roger-Caillois en 2007. Ce livre a été publié sous le titre Race and Erudition (Harvard University Press, 2009). Il en existe une édition augmentée en italien, Razza e Destino (Bompiani, 2014). Plus récemment, il a publié un essai autobiographique : Un fantôme dans la bibliothèque, Seuil, « La Librairie du XXIe siècle », 2017. ISBN 978-2-02-145448-2 © Éditions du Seuil, avril 2020 www.seuil.com Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. TABLE DES MATIÈRES Titre Copyright La fabrique du funambule - par Christine Marcandier Avertissement Prendre les mots au sérieux - Entretien avec Laure Adler Le temps d’un clin d’œil La séduction à cache-cache - Entretien avec Gérald Cahen Mythologies modernes de la « race » Violence d’une catégorie sans histoire - Entretien avec Pierre Nora De la responsabilité sémantique. Appel à la vigilance - Entretien avec Claire Mayot Auschwitz. Un lieu où l’histoire a creusé son trou de mémoire - Entretien avec William Bourton Une doctrine du Paradis peut être un Enfer - Entretien avec Nadine Richon Strange Fruit L’arbre en sang de Billie Holiday - Entretien avec Franck Médioni Dans l’atelier posthume de Georges Perec Quelques « minutes » d’une rencontre - Entretien avec Maxime Decout Entre fiction et anthropologie - Entretien avec Claude Burgelin Être contemporain de son présent « Je ne suis pas un éditeur » - Entretien avec Olivier Renault Une « Librairie » artisanale - Entretien avec Chloé Brendlé L’archive signe des temps - Entretien avec Claire Mayot Une archéologie de l’art contemporain Tester les limites de l’humain - Entretien avec Guillaume de Sardes. Présentation Alain Rauwel Une roupie pour l’éternité - Écrit à l’invitation de Catherine Millet Sources L’auteur L’éditrice et préfacière Les livres publiés dans « La Librairie du XXe siècle » devenue « La Librairie du XXIe siècle » Ce livre est né de rencontres avec Laure Adler William Bourton Chloé Brendlé Claude Burgelin Gérald Cahen Luc Dardenne Maxime Decout Claire Mayot Franck Médioni Catherine Millet Pierre Nora Alain Rauwel Olivier Renault Nadine Richon Guillaume de Sardes La fabrique du funambule par Christine Marcandier « […] déchiffrer l’univers n’est-ce pas toujours et d’abord s’élancer en funambule à travers une série d’échafaudages ? » Un fantôme dans la bibliothèque, p. 18. Ce livre est né d’un entretien, devenu une forme de conversation ininterrompue 1. L’écrire n’est pas dévoiler quoi que ce soit mais prendre acte de ce qu’est la parole pour Maurice Olender : un engagement et, avant tout, une forme dynamique de réflexion. Si son Fantôme dans la bibliothèque a récemment levé une partie du mystère concernant sa formation intellectuelle et sa construction personnelle, l’une indissociable de l’autre, ce livre n’est en aucune manière une théorie littéraire ou une confession biographique : cette écriture de soi depuis les autres, fragmentée et rhizomique, dégage certes un sens mais elle ne se donne jamais les allures d’une vérité. Le Fantôme est bien plutôt un « savoir toujours en cours d’élaboration », une œuvre « en mouvement perpétuel » qui refuse de gommer « les strates des écritures multiples », comme l’écrit Maurice Olender pour introduire à L’Encre de la mélancolie de Jean Starobinski 2 : comment ne pas y lire un autoportrait intellectuel oblique ? Comment surtout ne pas voir dans cette saisie de soi par une altérité la manière dont Maurice Olender s’exprime sur ses recherches, son activité d’éditeur ou les grands sujets qui animent la vie intellectuelle ? S’il s’engage, se situe et agit, c’est le plus souvent en mettant les autres en avant – les écrivains et savants admirés, les grands aînés qu’il dit avoir eu la chance d’éditer, la jeune génération d’auteurs qu’il publie. Lors d’une soirée au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, le 16 janvier 2018, évoquant Paul Celan, Maurice Olender a rappelé l’alliance sémantique, en allemand comme en yiddish, des verbes d’action denken und danken 3, « penser et remercier » : il est « des liens structurels entre le fait de dire merci et de pouvoir penser, comme si la reconnaissance d’une dette pouvait engendrer une esthétique de l’existence où la transmission entre les générations serait plausible ». Et toute son œuvre est en effet traversée par ce lien fécond entre remercier, penser et donner à penser – plus largement, par tout ce qui permet d’indiscipliner et décatégoriser, depuis les frottements sémantiques et les tensions créatrices. Des apories premières, ressaisies et dépassées par la création et l’engagement, sont à l’origine de la trajectoire d’un homme comme d’une génération d’écrivains et d’artistes hantés par la Shoah, que l’on pense à Georges Perec, Hélène Cixous ou Christian Boltanski 4, luttant contre l’oubli, portés par une transmission et des filiations renouées. L’enfant est habité par des disparitions tragiques, l’adulte trouvera dans une réflexion plurielle sur l’altérité, comme dans la passion de l’archive, la possibilité de fonder un nouveau récit qui soit à la fois mémoire et « fabrique d’une fiction d’avenir ». « Ce qu’on dit de soi est toujours poésie », écrivait Ernest Renan dans la préface de ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883), phrase mystérieuse autant qu’oraculaire dont on ne retiendra ici que le verbe « dire ». C’est en effet entre fiction et diction, en répondant aux questions d’universitaires ou de journalistes, que Maurice Olender a pu donner quelques clés de son rapport à la lecture, au savoir, à l’édition. Même si l’on ignore qu’il est né dans une famille « où l’on ne lisait pas, n’écrivait pas » mais « on en parlait sans arrêt 5 », même si l’on n’a pas en mémoire le verbe « parler » au centre de la première phrase de son premier essai, Les Langues du Paradis 6, on ne peut qu’être frappé en lisant Singulier Pluriel par l’importance que Maurice Olender accorde à la parole, aux tensions et liens entre l’oralité et l’écriture : des conversations ont pu faire naître certains des livres de « La Librairie du XXIe siècle » lors de rencontres et échanges publics suivant la publication des livres de la collection ; et lorsque les textes sont rangés dans les rayonnages de librairies ou les bibliothèques de lecteurs, ils dialoguent et bruissent d’échos. Une part de la « fabrique du funambule » semble ainsi devoir être énoncée, mise à l’essai à travers une parole réflexive et plurielle, pour échapper à ce que l’écriture menacerait de figer et recomposer. C’était d’ailleurs, dès 1981, le programme ouvert par le texte liminaire du grand livre chapitré que forment tous les numéros de la revue Le Genre humain : « La science procède par doute et incertitude. Et les questions ouvrent l’horizon à des réponses inédites qui invitent à de nouvelles interrogations toujours 7. » Dans sa vie comme dans son œuvre, Maurice Olender cultive ainsi le multiple et le mouvement. Il a été cliveur de diamants avant de devenir savant. Spécialiste des mondes anciens, des mythes comme de la genèse des sciences humaines et de l’idée de « race » au XIXe siècle, il est aussi un passeur de l’extrême contemporain. Il travaille à uploads/Litterature/ maurice-olender-singulier-pluriel.pdf

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