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0pWDSKRUHVPpWDPRUSKRVHVHWUHWRXUQHPHQWVV\PEROLTXHVGDQV7UXLVPHV GH0DULH'DUULHXVVHFT PDLVTXLILQLWjO DEDWWRLU" 1RUD&RWWLOOH)ROH\ :RPHQLQ)UHQFK6WXGLHV9ROXPHSS $UWLFOH 3XEOLVKHGE\:RPHQLQ)UHQFK$VVRFLDWLRQ )RUDGGLWLRQDOLQIRUPDWLRQDERXWWKLVDUWLFOH Access provided by Arizona State University (6 Oct 2016 22:02 GMT) KWWSV PXVHMKXHGXDUWLFOH Women in French Studies Métaphores, métamorphoses et retournements symboliques dans Truismes de Marie Darrieussecq : mais qui finit à l'abattoir ?' Nora Cottille-Foley Premier roman de Marie Darrieussecq, Truismes exprime sa colère envers la société occidentale, et plus particulièrement envers la représentation des femmes dans les pays industrialisés. Il est l'œuvre d'une jeune romancière révoltée par l'hypocrisie d'une société à la fois corrompue et obsédée par la pureté. « J'ai écrit ce livre en état de colère, » a-t-elle confié. « Je n'aime pas la société dans laquelle je vis. Tout me révolte. » De son héroïne, elle nous dit « C'est une femme animale, donc vivante, dans un monde bestial, obsédé par la vie saine mais totalement corrompu » (Perrot-Lanaud, Lettre XXXI). La valeur transgressive de ce premier roman n'est pas passée inaperçue. Le quotidien Libération a fait remarquer son « réalisme^ faussement innocent » tandis que la maison d'édition elle-même, citant ce/commentaire, souligne qu'il s'agit d'un « conte moral où l'œuvre d'imagination affiche ses inten- tions de satire sociale » (P.O.L., 1996). Truismes, sur un ton « faussement innocent », pour reprendre l'expression de Libération, raconte à la première personne la surprenante métamorphose d'unejeune fille en truie. Sans éducation, de surplus au chômage, la narratrice- protagoniste accepte de travailler pour une « chaîne de parfumerie », euphémisme qui désigne en fait une maison de prostitution. Elle rencontre un professeur de collège de banlieue, Honoré, avec lequel elle entreprend de cohabiter. Honoré apprécie en particulier le manque d'éducation de la jeune fille, manque d'éducation qu'il juge « sain ». Insuffisamment payée pour ses services sexuels à la « parfumerie », elle est entretenue par le professeur. Parallèlement et en relation avec ces événements, la jeune fille se trouve entraînée dans l'engrenage de son inéluctable métamorphose animale. Tout d'abord, les modestes kilogrammes qu'elle gagne en poids se répartissent harmonieusement sur sa silhouette et la rendent plus désirable. Sa chair devient ferme et lisse, on la trouve désormais « appétissante ». Les clients sont satisfaits et le directeur de la « parfumerie » la donne en exemple. Mais peu à peu, la chair lisse et ferme se couvre de poils, le poids supplémentaire devient graisse, la poitrine se multiplie en mamelles immondes. L'animalité qui la rendait désirable, poussée à l'extrême, la rend désormais repoussante. Elle perd son emploi et, rejetée par Honoré, se retrouve à la rue. Après une période d'errance urbaine terrifiante et solitaire, lajeune femme rencontre Yvan, le riche propriétaire des parfums « Loup-Y-Es-Tu ». Celui-ci Cottille-Foley189 se révèle n'être autre qu'un... loup-garou. Sur un mode tragi-comique, les deux êtres se mettent alors à partager, outre le secret de leurs métamorphoses respectives (l'un en loup, l'autre en truie), une véritable romance. Mais les appétits en chair humaine d'Yvan leur attirent bientôt des ennuis. Yvan est abattu pas la S.P.A. tandis que la jeune femme, ou devrais-je dire la jeune truie, prend la fuite. Les aventures qu'elle subit ensuite sont de plus en plus rocambolesques tandis que les régimes politiques se succèdent frénétiquement. Finalement piégée dans un abat- toir, alors que sa forme humaine n'est plus perceptible, la narratrice voit approcher ceux qui doivent l'abattre. Avec stupeur, elle reconnaît en ses bourreaux sa mère et le directeur de laparfumerie pour laquelle elle travaillait. De façon inespérée, et par un acte de volonté surhumain, elle s'empare de l'arme dirigée contre elle et abat sa mère et le directeur. La dernière image la décrit tendant son cou vers la lune pour retrouver forme humaine. En dépit de ses allures rocambolesques et de son humour noir, Truismes est bien plus qu'un succès de librairie. Comme nous le rappelle la maison d'éditions P.O.L., Truismes est avant tout une satire sociale. Cet essai fera la démonstration des stratégies subversives à l'œuvre dans Truismes. Tout d'abord, l'analyse portera sur ,les pratiques misogynes de la représentation des femmes contre lesquelles le roman s'insurge. Le récit fait le procès d'une culture patriarcale qui exploite des images pornographiques à tendance sadomasochiste. Pour mettre en lumière la caricature à l'œuvre dans le ro- man, il s'impose d'éclairer le contexte sociologique de cette caricature, en particulier le mécanisme médiatique responsable de l'image sexualisée des femmes en France. Le tableau des mécanismes d'insultes sexistes dans les médias décrit par Isabelle Alonso dans Pourquoije suis Chienne de garde, l'analyse rhétorique des insultes raciales, sexistes et homophobiques dans Excitable Speech de Judith Butler, ainsi que l'étude par Bourdieu du système patriarcal dans La Domination Masculine, s'avéreront particulièrement utiles. Il ne s'agira certainement pas ici d'insinuer un lien entre une supposée réalité sociale et une description littéraire qui se voudrait le miroir de cette réalité. Il s'agira plutôt de définir le contexte de Truismes, en acceptant la première définition du terme contexte : « Texte à l 'intérieur duquel se situe un élément linguistique (phonème, mot, phrase, etc.) et dont celui-ci tire sa signification ou sa valeur » (Le Petit Larousse Illustré, 1 998). Ce large contexte social comprend ainsi les publicités, les reportages télévisés, les discours publics. Dans cette première partie, l'analyse portera en particulier sur les enjeux des représentations de la femme dans un texte social contemporain dont Truismes se fait le méta-texte critique. Dans un deuxième temps, l'analyse s'attardera sur les significations sémantiques et quasi-mythologiques du terme « truie », offrant par là-même la signification de la métaphore et donc la clé du roman. L'écrivaine qui tente de défaire les contraintes discursives patriarcales risque l'impasse : ce n'est pas une mince affaire que de trouver les mots pour dénoncer une misogynie diffuse, transparente, se donnant pour naturelle, et déterminant non seulement la langue mais aussi les formes conventionnelles de son actualisation dans la 190Women in French Studies parole. Il faut aller contre des réflexes de lecture et contre des réflexes d'écriture, tâche d'autant plus ardue que les mots sont déjà négativement teintés à l'égard des femmes. Il apparaîtra que, dans une veine derridéenne, le roman utilise l'image de la truie pour déconstruire les oppositions binaires qui tendent à rejeter la femme dans le domaine de l'altérité (culture/nature, public/ privé, actif/passif, sujet/objet). Les pratiques déconstructionnistes recommandées par Derrida ne seront pas ici utilisées comme méthode de lecture. L'analyse montrera qu'il s'agit plutôt d'une stratégie d'écriture parcourant Truismes : le roman s'inscrit dans un (con)texte social qu'il déconstruit. Le choix littéraire de la métamorphose en truie s'avère porteur de significations et de possibilités transgressives. La truie, ou devrais-je dire les truismes, fournit les mots et les images pour exprimer et contester l'oppression identitaire sexuelle. The Politics and Poetics of Transgression de Peter Stallybrass et Allon White servira en particulier à démontrer la richesse subversive des images animales. Truismes utilise en effet ce que Stallybrass et White, influencés par Bakhtine et Derrida, nomment le grotesque de l'hybridation. De jouer entre des états différents permet involontairement à la narratrice de dénoncer, remettre en question et déstabiliser des identités sexuelles conventionnellement considérées naturelles et éternelles. Le corps de la narratrice s'avère le théâtre d'une subversion identitaire. La métamorphose en truie permet d'introduire des métaphores et des double sens qui, par glissements sémantiques progressifs, sapent peu à peu le fondement de la logique binaire sur laquelle repose l'identité sexuelle conventionnelle. Ce n'est qu'une fois cette opération accomplie que la narratrice peut, selon la dernière phrase du roman, tendre son cou vers la lune pour retrouver sa cambrure d'humain (158). Don Quichotte de la plume au féminin, l'écrivaine doit lutter contre les moulins à vent d'une parole patriarcale pour arracher à la langue la dignité de sa propre voix. La Cible de Truismes Plutôt que de conjecturer ici un parallèle transparent entre une situation sociale et une représentation littéraire, l'analyse portera sur le texte social mis en abîme dans Truismes. Comme le rappelle Rita Felski dans BeyondFeministAesthetics : A theoretical position which relates the literary text to its conditions of production and reception does not of course assume that the diverse conditions shaping women's lives are « translated » into writing in any simple and unmediated way; obviously, formal determinants oftextual meaning such as genre possess a relatively autonomous status. Thus contemporary feminist fiction, for example, cannot be said to mirror women's lives in any reliable way ; rather it offers a range of« mytholo- gies » of female identity structured around certain recurring narrative patterns which refer back to and modify already extant generic tradi- tions in relation to changing conceptualizations ofgender. (48-49) En parcourant les pages du roman, la récurrence des références aux représentations médiatiques est frappante. En particulier sont mentionnés les affiches publicitaires, les discours politiques, les magazines féminins et les Cottille-Foley191 émissions de télévision tels que reçus par la narratrice. Ces messages constituent un large texte social qui détermine sa conception identitaire. C'est une image déformée d'elle-même qu'elle observe sur les panneaux publicitaires commandités par le candidat à la présidence Edgar (77, 90), c'est sa relation à son propre corps qui est uploads/Litterature/ metaphores-metamorphoses-et-retournement.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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