1 La lettre hébraïque Shin et l’Oraison d’après Jean-Gaston Bardet Introduction
1 La lettre hébraïque Shin et l’Oraison d’après Jean-Gaston Bardet Introduction Cette conférence est construite principalement à l’aide du livre Mystique et Magies (M&M), qui distingue très soigneusement la véritable Mystique judéo-chrétienne, d’ordre pneumatique, de pratiques présentées par Jean-Gaston Bardet comme étant d’ordre non pas spirituel mais psychologique ou même magique. En effet, Jean-Gaston Bardet, après avoir fait partager sa redécouverte de l’oraison des Pères du Désert dans son livre Pour toute âme vivant en ce monde paru en 1958 puis dans Je dors mais mon cœur veille s’est intéressé non seulement aux déviations possibles de la voie d’oraison mais aussi à toutes sortes de pratiques : magnétisme, pendule, magies diverses dont il donne son interprétation dans M&M. Ce livre est sans doute le plus difficile à comprendre de tous les ouvrages de Jean-Gaston Bardet tellement il touche à des domaines différents et ce, par des méthodes toutes particulières, souvent déroutantes, propres à son auteur. Celui-ci s’est en particulier servi de sa découverte du caractère particulier des lettres hébraïques, découverte qu’il avait longuement explicitée dans son livre majeur Le Trésor Sacré d’IShRAËL pour fonder certaines des affirmations de M&M. Cette conférence n’est pas un résumé ou une présentation du livre mais un éclairage simplifié sur une partie seulement des sujets traités. Nous nous attarderons d’abord sur la présentation par Jean-Gaston Bardet de la 21ème lettre de l’alphabet hébraïque : le Shin et son rapport avec la structure de l’homme, puis sur la véritable oraison Judéo- Chrétienne et enfin sur les déviations ou même singeries de cette oraison. I) La lettre Shin représente la structure de l’homme A) La lettre Shin et Jean-Gaston Bardet Nous nous souvenons que la conférence de l’année dernière, « La symbolique des lettres hébraïques d’après Jean-Gaston Bardet » se voulait un résumé de ses grandes découvertes sur l’écriture hébraïque. Nous avions alors cité 3 fois le Shin : - une première fois pour préciser que cette lettre Shin insérée dans le Tétragramme sacré YHWH donne le Pentagramme sacré YHShWH, considéré comme le nouveau nom, glorieux, de Jésus, succédant au nom terrestre YHShWchA. Les deux peuvent se prononcer Yeshua. Pour Bardet, cette lettre Shin représente la nature humaine du Christ. Le nom de gloire YHShWH est alors la représentation à la fois de l’Incarnation et de la Glorification de la nature humaine du Christ dans la Trinité, représentée, elle, par le Tétragramme (avec Yod = le Père, Waw = le Fils et He = le Saint-Esprit). - une seconde fois lors de l’évocation de la relation entre le Waw et le Shin. Pour Bardet, puisque la lettre Waw symbolise la nature divine du Christ et le Shin sa nature humaine, le binôme Shin Waw (ShW) exprime la notion de Verbe Incarné. Et ceux qui étaient là il y a 2 ans se souviennent peut-être de ce qui avait été dit sur le nom d’Esaü : chAShW (chAyn Shin Waw) qui comporte ce binôme ShW. - une troisième fois lors de l’explication de certaines relations entre les lettres lorsqu’on les considère comme des nombres. Jean-Gaston Bardet décrit le « triangulaire d’un nombre N comme étant égal à : ∆N = 1+2+3+… + (N-1) + N Il ne manque alors pas de remarquer que le Triangulaire de 6 (valeur numérique du Waw) est 21 (valeur numérique du Shin). On a bien : 1+2+3+4+5+6 = 21 ∆6=21 2 Il y a donc une relation mathématique simple entre ces lettres-nombres relatives au Christ. Il appelle alors « gloire » ce Triangulaire car il pense que ces triangulaires indiquent un accomplissement, un achèvement. Ici, le Shin étant la gloire du Waw indique bien la perfection du dessein divin qu’est l’Incarnation. Cette notion d’achèvement dans la matière promise à la divinisation revient souvent dans l’œuvre de Bardet et va de pair avec sa méfiance envers une spiritualité désincarnée. Mais alors, pourquoi ce Shin représente-t-il d’après Jean-Gaston Bardet, la nature humaine, et d’abord celle du Christ ? B) La lettre Shin et les 4 composantes de l’homme C’est à la fois le graphisme, l’histoire et les rapports numériques de cette lettre Shin qui a conduit Bardet à l’identifier à la nature humaine. 1) Le graphisme du Shin représente la nature humaine M&M p72 Cette lettre est formée de 3 waw reliés en bas par une barre horizontale. Pour représenter parfaitement la structure humaine, elle doit être surmontée d’un point (dit point vocalique ou diacritique) que Bardet situe au-dessus du waw central. Figure 1 (cf MM p 72) : Le Shin avec son point diacritique central Nous avons donc 4 composants : 3 waw issus d’une barre horizontale surmontés d’un point. Le corps est représenté par le jambage de gauche. Il correspond au soma grec. Notons que le mot BShR hébreu ne lui est pas tout à fait équivalent et se traduit plutôt par « chair » L’âme, le principe vital ou psyché est le jambage du milieu. Elle correspond au mot hébreu NPhSh (Noun Phé Shin). Elle assure la vie sensible consciente et inconsciente. cf le texte du Lv17,11 cité par Bardet : « l’âme NPhSh de la chair BShR est dans le sang DM » ou encore « la vie de la chair est dans le sang » dans la Bible de Jérusalem, édition de 1998. Notez ce rapprochement entre la notion d’âme et la notion de vie que font les traducteurs bibliques. Cette psyché en situation centrale fait le lien entre les différents niveaux de vie. Elle est immortelle. Le double, une sorte de corps énergétique dont Bardet refuse de faire l’impasse correspond au waw de droite. Pour les hébreux, cette enveloppe appelée aussi gaine, écrin, sachet, germe ou graine est indestructible et s’exprime par le mot TsRWR (Tsadé Resh Waw Resh). Dans la Bible, ce nom TsRWR est cité dans l’expression:.« enveloppe du faisceau des vies » ou « le sachet de vie »TsRWR cHYYM, du Premier livre de Samuel, lorsque Abigayil, femme de Nabal, vient à la rencontre de David : 1S25, 29 : « Et si un homme se lève pour te poursuivre et attenter à ta vie, l’âme de Monseigneur sera ensachée dans le sachet de vie auprès de YHWH ton Dieu, tandis que l’âme de tes ennemis, il la lancera au creux de la fronde ». Bardet pense que ce double TsRWR enveloppe la psyché en attendant la Résurrection et que les purifications purgatorielles ne peuvent s’expliquer sans sa présence. C’est le double qui garde en quelque sorte l’information nécessaire à la résurrection de chaque corps parfaitement individué. Il précise aussi que l’Eglise, par prudence, ne parle pas de cette composante sans doute à cause de certaines pratiques magiques ou de sorties hors du corps qui s’opèrent par son intermédiaire. Il n’intervient pas dans la véritable expérience mystique. Le double appartient bien à notre espace-temps. C’est le Ka des Egyptiens 3 Le pneuma ou esprit est symbolisé par le point diacritique central. Il n’est pas localisé par essence, d’où ce point graphiquement libre. Le pneuma correspond à la Ruah RWcH (Resh Waw chAyn), c’est-à-dire à notre esprit immatériel qui commande tout et qui est, dans la philosophie d’Aristote et de Saint Thomas, la « forme » du corps dans le sens qu’elle l’informe, qu’elle le structure à tous les niveaux. Dans certains textes mystiques, ce pneuma s’appelle la « fine pointe de l’âme ». Il comporte les puissances nobles de l’homme : intelligence, volonté et mémoire. Mais c’est par la psyché que s’expriment les actes intellectuels et volontaires du pneuma, ce passage par la psyché étant représenté par la situation du point pneumatique juste au-dessus du waw central. Dans l’alphabet hébraïque moderne, le point diacritique est disposé soit à gauche (prononciation sin), soit à droite (prononciation shin). Mais pour Bardet, originellement, le Shin n’avait qu’un point central. Le dédoublement du Shin survint avec les Massorètes et cette destruction de la structure axiale est une erreur car elle détruit l’équilibre de la représentation de la nature humaine qu’est cette lettre. En effet, pour Bardet, ce Shin représente la nature humaine du Fils et la nôtre aussi puisque le Christ est le prototype parfait de l’être humain. En résumé, la lettre Shin, symbole de la nature humaine, représente, de par son graphisme, une structure à 4 éléments en tout mais 2 fois duelle : un corps duel (le corps physique et son double) et une âme duelle (la psyché et le pneuma, (l’âme et sa fine pointe). Cela ne correspond pas à la structure uniquement double (âme et corps) imposée par le cartésianisme. On retrouve l’expression d’une citation biblique chère à l’auteur : « Tout va par deux sur la terre comme au ciel »… Cette double complémentarité de la structure humaine peut être figurée, paradoxalement, par un schéma triangulaire utilisant des lettres grecques avec le pneuma surmontant les 3 autres composants. (cf Figure 3). Cette figure 3 de la structure humaine, issue du graphisme du Shin est importante car Jean-Gaston Bardet va s’en servir, dans ses explications sur l’oraison. Le pneuma est représenté par la lettre grecque Pi uploads/Litterature/bardet-shin-et-oraison.pdf
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- Publié le Nov 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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