MICHEL SARDOU SUR DES AIRS POPULAIRES FRÉDÉRIC QUINONERO City Biographie © City
MICHEL SARDOU SUR DES AIRS POPULAIRES FRÉDÉRIC QUINONERO City Biographie © City Editions 2018 Photo de couverture : © Richard Melloul/Sygma/Corbis/Sygma via Getty Images ISBN : 9782824642840 Code Hachette : 85 6253 4 Catalogues et manuscrits : city-editions.com Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur. Dépôt légal : Avril 2018 DU MÊME AUTEUR BIOGRAPHIES, ESSAIS Johnny immortel, L’Archipel, 2017. Jean-Jacques Goldman, vivre sa vie, City, 2017. Françoise Hardy, un long chant d’amour, L’Archipel, 2017. Jane Birkin, la vie ne vaut d’être vécue sans amour, L’Archipel, 2016. Julien Doré, løve-trotter, Carpentier, 2015. Johnny, la vie en rock, L’Archipel, 2014, version augmentée 2015. Sardou, vox populi, Didier Carpentier, 2013. Sheila, star française, Didier Carpentier, 2012. Johnny live, L’Archipel, 2012. Juliette Binoche, instants de grâce, Grimal, 2011. Sophie Marceau, la belle échappée, Didier Carpentier, 2010, version augmentée 2015. Les Années 60, rêves et révolutions, Didier Carpentier, 2009. Édith Piaf, le temps d’illuminer, Didier Carpentier, 2008. Sylvie Vartan, jour après jour, Didier Carpentier, 2008. Sheila, biographie d’une idole, Tournon, 2007. Johnny Hallyday, l’éphéméride, Tournon, 2006. ROMAN Le Chemin d’enfance, GabriAndre, 2009, Prix Vallée-Livres. Préface Michel Sardou est un enfant de la balle ! Par ses ancêtres paternels comme par ses propres parents, Fernand et Jackie. Avant la guerre, mon père Géo Koger avait comme jeune premier dans l’opérette marseillaise En plein pastis le beau Fernand Sardou, ainsi qu’une très jeune « girl » d’environ seize ans, si menue qu’elle aurait pu passer derrière une affiche sans la décoller, disait papa. Après des études chez les sœurs de Saint- Vincent-de-Paul, celle-ci vint remplacer une danseuse défaillante et se fit appeler Jackie Rollin, du nom du tourneur (pas de métaux… « tourneur de tournée », comme disait Jean Cau dans L’Orgueil des mots… un chef-d’œuvre !). Levait également la jambe au côté de Jackie, « Bagatelle », sa mère (la trentaine) qui, des années plus tard, disait son petit-fils, levait également souvent le coude… Certains artistes ont l’intelligence du métier. Michel Sardou, lui, a l’intelligence tout court. Je l’ai rencontré à un séminaire Barclay à Tours. Non seulement étaient présents la crème des paroliers et des compositeurs, mais pour la première fois Eddie Barclay avait invité deux femmes auteures : Mya Simille et moi-même. — Vline, tu connais Michel ? me demande Revaux. Sardou était tout gamin, le cheveu en bataille sur une tête bien faite, drôle et pourtant désespéré. Moi qui adorais Petit et Les Ricains, ses premières chansons, je tombais des nues. Je lui demande de me chanter tout ce qu’il a écrit. — Tu veux mon avis, Michel ? Tu iras loin… très loin même ! Un jour, si tu veux, appelle-moi, on en parlera. Une semaine plus tard, Revaux au bout du fil : — Michel voudrait te voir. Lorsque j’arrive chez Revaux à Neuilly, la porte s’ouvre sur quatre jeunes hommes : Pierre Billon, Régis Talar, Sardou et Jacques. Je lève les bras : — Je n’ai rien fait, monsieur le juge, je n’ai tué que le temps ! — Entre, dit Revaux en riant. Nous bavardons autour d’un café arrosé : les idées, les thunes, les cons ! Tout y passe. Eddie Barclay perdant de l’argent avec Michel lui rend son contrat. Aubaine : le duo Revaux-Talar va miser à fond sur le futur « monstre sacré ». Michel vient chez moi rue Raffet. Ensemble, nous venons à bout de America America, une idée de chanson à laquelle je n’adhère que très moyennement, mais qui, si elle vend médiocrement, dépasse allègrement la vente des enregistrements précédents. Hourra ! Nous nous revoyons dans l’Oise près de Senlis, où mon mari et moi louons une jolie propriété meublée. Heureux avec Sardou nous griffonnons sur une excellente musique de Revaux et une superbe idée de Michel : Et mourir de plaisir, idée qui sera traitée finalement avec infiniment de pudeur. Je guide Michel, lui expliquant où est placé le mot clé pour qu’il sonne efficacement et surtout éviter la fausse poésie qui fragilise le texte. Michel s’endort entre le premier et le deuxième couplet. Quelques gouttes d’eau froide sur son visage poupin et nous terminons la chanson dans la joie. Revaux et Régis adorent notre travail et voudraient maintenant que l’on trouve une idée populaire… très populaire ! — Qu’est-ce que vous voulez que je chante au juste ? gueule Michel. Les marchés populaires, la soupe populaire et pourquoi pas les bals populaires, pendant que vous y êtes ! — Ah ! ça, c’est super. Revaux a déjà en main sa guitare et fredonne : « Dans les bals populaires… » — Viens, Vline, me dit Sardou, on va leur pondre un truc bidon, à ces malades ! Les Bals populaires voit le jour dans la rigolade. — Allo, Michel, vous travaillez… vous en êtes où ? demande Revaux. — Ça va, on n’est pas aux pièces ! Michel n’aime pas vraiment cette chanson franchouillarde, très béret et baguette de pain, mais en 1970 c’est elle qui le propulsera très, très haut. Michel criera sur tous les tons que c’est moi, et moi seule, qui lui ai appris à écrire. En réalité, je lui ai surtout donné confiance en lui. Nous écrirons encore J’habite en France et deux ou trois chansons d’album. C’est alors que mes prestigieux confrères qui jusqu’alors ignoraient le talent du « petit » vont s’y intéresser… Vline BUGGY 1 « Petit, n’écoute pas les grands parler1 » En remontant loin l’arbre généalogique des Sardou, dont le nom renvoie à « sarde » ou « originaire de Sardaigne », on trouve trace vers la fin du Moyen Âge d’un laboureur prénommé Jacques, parti avec femme et enfants de sa province d’Imperia, au nord-ouest de l’Italie, pour s’établir à Marseille. Lors, pendant des siècles, sa descendance naîtra dans le sud-est de la France, de la Provence à la Côte d’Azur. J’ai dans le cœur, quelque part, De la mélancolie, Mélange de sang barbare Et de vin d’Italie… (JE VIENS DU SUD, 1981) Ainsi, Baptistin-Hippolyte voit le jour le 25 novembre 1838, sur la butte des Carmes, à Marseille. Fils de Jean Sardou, boulanger, et de Geneviève Roume, tailleuse, rien ne prédispose l’arrière-grand-père de Michel à une carrière artistique. Charpentier de marine établi à Toulon, puis maître menuisier, il s’unit à Thérèse-Joséphine Moretti, une couturière italienne, qui lui donne deux fils : Joseph et Valentin. Chargé du montage des décors de théâtre, notre homme se prend de passion pour le jeu d’acteur et commence à se produire à temps perdu dans des numéros de mime. — Son emploi consistait pour l’essentiel à recevoir des coups de bâton sur la tête, souligne son arrière-petit-fils2. Sa passion l’emporte sur la raison et il décide de se vouer entièrement à son art. Devenu artiste itinérant, il entraîne bientôt son fils Valentin, né en 1868, dans son sillage. Car chez les Sardou de Toulon – ne pas confondre avec ceux du Cannet, la lignée dont est issu l’académicien Victorien Sardou –, la tradition du spectacle va désormais se transmettre de génération en génération. Valentin Sardou se découvre une voix de ténor et persiste dans la voie artistique tracée par son père. Il gagne ses galons d’artiste professionnel à l’âge de trente-sept ans, en qualité de « comique excentrique », sur la mythique scène de l’Alcazar de Marseille. Fort de cette consécration, il tente l’aventure parisienne, à l’invite d’un cousin éloigné, le chanteur fantaisiste Félix Mayol qui a fait fortune grâce à sa célèbre coiffure – le « toupet à la Mayol » – et quelques succès immortels tels que La Paimpolaise, À la cabane Bambou, Viens Poupoule ! ou Les Mains de femmes. Mayol vient d’acheter le Concert parisien, menacé de faillite, auquel il donne son nom, et recrute des artistes débutants pour compléter un programme dont il est la tête d’affiche. Le 8 septembre 1910, Valentin Sardou inaugure ainsi les planches du Concert Mayol, aux côtés de Raimu et Tramel, tous trois désignés « comiques à l’huile » par les Parigots. Il y impose une chanteuse gommeuse nommée Joséphine Plantin, native d’Avignon et enceinte jusqu’aux yeux. Son emploi, sur cette scène : elle joue le rôle d’une huître et sort de sa coquille dans un vêtement couleur chair. Pour ne pas faire mystère de l’identité du père de son futur enfant, elle se fait appeler « Sardounette ». Un soir, l’huître rondouillette se plaint de douleurs inhabituelles et manque d’accoucher dans sa coquille. Catastrophe ! Le petit Fernand voit finalement le jour dans la salle des pas perdus, en gare d’Avignon, dix jours après l’inauguration du fameux caf’ conc’ de la rue de l’Échiquier. Pourquoi là plutôt qu’à Paris ? Eh bien, parce qu’il fallait impérativement que cet enfant naisse dans le Midi, à Toulon de préférence, mais le « petit » n’a pas eu la patience ! Valentin, d’ailleurs, ne goûte guère la vie parisienne et regagne très vite ses uploads/Litterature/ michel-sardou-by-frederic-quinonero.pdf
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- Publié le Sep 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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