Résumé Bachir Lazhar, la cinquantaine, immigrant algérien résidant à Montréal,

Résumé Bachir Lazhar, la cinquantaine, immigrant algérien résidant à Montréal, apprend par les jour- naux qu'une institutrice de sixième année s'est pendue dans l'école même où elle enseigne. La direction de l'établissement tente de repourvoir rapidement le poste, afin de maintenir des con- ditions d'enseignement aussi "normales" que faire se peut. M. Lazhar va proposer ses services, Il est disponible immédiatement, et il a enseigné 19 ans à Alger. M. Lazhar est engagé. Il se re- trouve confronté à une vingtaine d'enfants profondément trauma- tisés. Des élèves pas prêts du tout à accepter qu'un homme, un étranger, prenne la place de leur maîtresse et leur impose des méthodes d'enseignement qui ne ressemblent en rien à celles qu'ils connaissent. Le fossé est d'emblée béant : M. Lazhar commence par une dic- tée hors de leur portée, tirée de La Peau de Chagrin. Honoré de Balzac ? Dictée ?? Règles d'or- thographe ??? Kékséksa ? Personnage énigmatique qui pénètre dans un monde dominé par les femmes et marqué de réformes pédagogiques, M. Laz- har rompt progressivement la glace entre ses élèves et lui. Il s'attache tout particulièrement à Alice et Simon, deux élèves qui semblent particulièrement mar- qués par la mort de leur ensei- gnante, Martine Lachance. Ils ont leurs secrets et M. Lazhar a les siens : il risque l'expulsion du Canada à tout moment ; et son passé algérien n'est pas celui qu'il prétend. ___________________________________________________ Titre original : Bachir Lazhar Film long métrage,Canada 2011 Réalisation : Philippe Falar- deau Interprètes : Mohamed Fellag (M. Lazhar), Emilien Néron (Simon), Sophie Nélisse (Alice), Brigitte Poupart (Claire Lajoie), Marie-Eve Beauregard (Marie-Frédérique), Evelyne de la Chenelière (Mère d'Alice) Scénario : Evelyne de la Che- nelière (auteur de la pièce BA- CHIR LAZHAR) et Philippe Falardeau Musique : Martin Léon Version originale française Durée : 1h34 Distribution : Agora Films Public concerné : Âge légal : 10 ans Âge suggéré : 12 ans Site de l'Organe cantonal (VD et GE) de contrôle des films : http://www.filmages.ch/ "Prix du Public" et "Variety Piazza Grande Award" au Fes- tival de Locarno 2011. Primé aux festivals de Namur, Toron- to, Valladolid. Fiche pédagogique Monsieur Lazhar Sortie en salles 8 février 2012 2 Commentaires Le quatrième long métrage de Philippe Falardeau conjugue les thèmes de l'immigration et des réformes de l'enseignement. Il s'est inspiré de la pièce à un per- sonnage d'Evelyne de la Chene- lière pour écrire un scénario ayant pour thèmes le deuil, la détresse, la rédemption, dans les cadres de l'enseignement et de l'immigra- tion, en ville de Montréal. La confrontation de ce réfugié politique maghrébin courtois et discret, s'exprimant dans un fran- çais châtié et presque obsolète (aux oreilles des enfants, en tout cas), aux méthodes singulière- ment « à l’ancienne» (il débranche l'ordinateur !) avec des enfants habitués à un enseignement autre prodigué par une femme nous réserve de très bons moments. Malgré le retour aux tables ali- gnées en colonnes, le recours à un système vieillot de notation, le passage obligé par le dictionnaire, les règles du participe passé ou autres compléments d'objet direct, les enfants s'attachent peu à peu à ce maître à l'ancienne, et s'ou- vrent à lui. Le courant passe, il leur enseigne le courage, la ten- dresse, la justice, en même temps que la grammaire et la syntaxe, et le dialogue, tel un exorcisme, s'instaure. Ce pédagogue impré- gné par sa propre scolarité à la française entre en matière avec une dictée extraite de La Peau de Chagrin d'Honoré de Balzac, un choc total pour les bambins qui dénoncent "du français de Chi- nois !". "Déjà que Martine ne fai- sait jamais de dictée !" Alors, du Balzac !... Bachir Lazhar réagira avec souplesse au vent de ré- volte, cédant sur certains plans, persistant sur d'autres. Homme calme et doux, qui exige de cha- cun la même courtoisie, il devient peu à peu leur rocher dans la tempête. Son empathie pour leur détresse est totale, il a lui-même fui le terrorisme, perdu ceux qui lui sont chers, sa douleur le rap- proche d'eux. Si la violence est omniprésente dans son pays d'origine, elle semble régner aussi dans l'école. Bachir Lazhar offre aux élèves son écoute et pourra progressivement les amener à parler du sujet tabou : le suicide de Martine Lachance, leurs craintes et leurs soupçons de responsabilité, leur mauvaise conscience. Toute comme dans le film Entre les Murs que Falardeau a gran- dement admiré, le Canadien n'en- visage pas l'école comme un cadre protecteur fonctionnant en vase clos. Il le montre dans ses mutations, ébranlé par les drames et les tensions, et les efforts de remédiation. Le film ne prône nullement les valeurs anciennes aux dépens des nouvelles. Si Falardeau, tout comme Evelyne de la Chenelière a voulu faire une sorte "d'hommage aux ensei- gnants", il y ajoute un éloge de "l'acte fondamental d'enseigner, le pouvoir de la parole comme acte de guérison mutuel entre les en- fants et l'enseignant". L'école a d'autres tâches que la transmis- sion du savoir, elle doit aider les élèves à prendre conscience des rapports de force inhérents à la société, des enjeux de vie, qui vont bien au-delà du quotidien scolaire. Dans le palimpseste de Falardeau, on retrouve quelques types d'enseignants : le profes- seur d'éducation physique brimé dans son travail par la codification des rapports physiques, l'ensei- gnante créative et enthousiaste, la pédagogue expérimentée au long cours, la directrice appliquant des règles sans les discuter et encline à régler le drame comme toute tâche administrative. À travers la réflexion de Monsieur Lazhar, on distingue en filigrane une critique des réformes sco- laires, et une mise en perspective du français canadien par rapport au français de France : l'immi- grant algérien s'exprime diffé- remment des Québécois, il pra- tique la langue de Molière et de Balzac, il n'a pas l'accent du Qué- bec, il ne se sert pas des expres- Disciplines et thèmes con- cernés : Formation générale, vivre en- semble et exercice de la démo- cratie : Reconnaître l'altérité et déve- lopper le respect mutuel dans la communauté scolaire (en identifiant des diversités et des analogies culturelles) Objectif FG 25 du PER Regard sur l'école : relations de la population scolaire (maîtres et élèves) à la société, relations entre élèves, relation élèves et maîtres; création d'un cadre propice au débat, à la confiance et à l'apprentissage; Formation générale, MITIC : Décoder la mise en scène de divers types de messages Exercer des lectures multiples dans la consommation et la production de médias et d'in- formations Objectifs FG 21 et FG 31 du PER De la réalité documentaire à la fiction, le travail de filtrage du scénario ; la représentation de l'école, des enseignants et des élèves à l'écran; la reconstitution du réel en fiction par les moyens du cinéma ; l'adaptation d'une oeuvre littéraire à l'écran ; les notions de gros plan et de plan- séquence, le rôle de la caméra, le montage, les angles de camé- ras ; l'effet Koulechov ; Langue (français) : Comprendre des textes oraux variés propres à des situations de la vie courante Objectif L1 23 du PER Comprendre et analyser des textes oraux de genres diffé- rents et en dégager les mul- tiples sens Objectif L1 33 du PER Le français parlé au Québec (français canadien); le français de Suisse romande; le français parlé en Algérie; les niveaux de langage : soutenu (châtié), fami- lier, argotique, archaïque, vul- gaire, trivial, etc.; les vernacu- laires : dialectes, patois, argots, jargons, pidgins français, etc.; les accents (québécois, parisien, français algérien, ch'ti, vaudois, etc.) 3 sions locales. Cela fait-il de cet immigrant un étranger encore plus étranger ? Le film s'ouvre sur l'annonce d'un événement tragique : le suicide d'une enseignante qui s'est pen- due dans sa salle de classe. Un de ses petits élèves l'a décou- verte. Elle s'entendait bien avec élèves et collègues, que s'est-il donc passé ? Et quelles mesures doivent être prises au plus vite ? Surtout empêcher d'autres en- fants de voir la morte, créer rapi- dement une cellule de crise (con- férence extraordinaire des maîtres), faire intervenir un pé- dopsychiatre, repeindre la classe (sic). Autre mesure : ne pas en- courager la discussion sur le drame (seule la pédopsychiatre peut en parler avec la classe de Martine Lachance, semble-t-il). Et surtout, il sied de reprendre au plus vite un rythme à peu près normal par le biais de l'engage- ment d'un-e remplaçant-e. Ce qui explique l'engagement au pied levé de Monsieur Lazhar. L'his- toire de la convalescence post- traumatique est vue principale- ment de la perspective de Bachir Lazahr à qui est confiée la tâche délicate de reprendre la place de Martine Lachance auprès de ses jeunes élèves. Lui-même peut travailler (par une thérapie de dialogue qu'il laisse glisser, mal- gré les directives de Mme Vaillan- court, vers le sujet "tabou" du suicide de Martine Lachance) sur son propre deuil, et puiser des forces pour faire face aux difficul- tés que lui créent les fonction- naires du service d'immigration, nettement moins enclins uploads/Litterature/ monsieur-lazhar.pdf

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