La Compagnie du LivRe Rouge ERICH NEUMANN Origines et histoire de la conscience
La Compagnie du LivRe Rouge ERICH NEUMANN Origines et histoire de la conscience Préface de C. G. Jung Origines et histoire de la conscience isBn : 978-2-84952-822-8 Pour la traduction française © Éditions imago, la compagnie du livre rouge, 2015 7 rue suger, 75006 Paris tél : 01-46-33-15-33 info@editions-imago.fr www.editions-imago.fr ouvrage publié pour la première fois en allemand par rascher Verlag, Zürich, 1949, sous le titre Ursprungsgeschichte des Bewusstseins. © 2004 Patmos Verlag, gmbh & co. Kg,Walter Verlag, düsseldorf und Zürich, isBn 3-530-42185-5, www.patmos.de ouvrage publié sous la direction de Bertrand Éveno, éditeur en langue française du Livre rouge de c. g. Jung. ERICH NEUMANN Origines et histoire de la conscience Préface de C. G. Jung traduit de l’allemand par Véronique liard Professeur d’Études germaniques à l’université de Bourgogne la comPagnie du liVre rouge Préface de C. G. Jung Je réponds d’autant plus volontiers au souhait de l’auteur, qui m’a prié d’écrire quelques mots introductifs à son livre, que je salue la parution de cet ouvrage que j’apprécie particulièrement. Il débute en effet à l’endroit où, si une seconde vie m’était accordée, je commence- rais moi-même la disjecta membra de ma propre production en ras- semblant et en triant tous ces « débuts sans suite » afin d’en former un tout. Lorsque j’ai lu le manuscrit, je me suis rendu compte que les inconvénients du travail de pionnier sont nombreux. On trébuche sur des domaines inconnus, on est berné par des analogies, on perd sans cesse son fil d’Ariane, on est submergé par les nouvelles impressions et possibilités, mais le pire, c’est que l’on ne sait qu’après ce que l’on aurait dû savoir avant. La deuxième génération a l’avantage d’une vue d’ensemble approximative, même si elle est incomplète ; elle dispose de certains repères, situés au moins à proximité ou dans le périmètre de l’essentiel, et surtout, elle sait ce qu’on doit savoir avant de se lan- cer pour explorer à fond le territoire récemment découvert. Ainsi pourvu, un représentant de la deuxième génération peut regrouper des éléments très éloignés les uns des autres et donner une description cohérente de l’ensemble du domaine dont le pionnier n’a pu apercevoir l’étendue qu’à la fin de sa vie et de son œuvre. L’auteur s’est acquitté avec succès de cette mission tout aussi déli- cate que méritoire. Il a réussi à établir des liens et, de cette manière, à forger un tout, ce que le pionnier n’aurait jamais réussi à faire, ni même tenté d’accomplir. Comme pour confirmer ces dires, son travail commence à l’endroit où j’ai abordé pour la première fois, sans me douter de rien, un nouveau continent, celui de la symbolique matriar- cale, et pour faciliter la compréhension de ce qu’il y a discerné, il uti- lise un symbole dont je n’ai entrevu l’importance que dans mes derniers travaux sur la psychologie de l’alchimie, celui de l’Ouroboros. Partant de là, il a réussi, d’une part, à construire le premier une his- toire du développement de la conscience et, d’autre part, à présenter le mythe comme une phénoménologie de cette évolution. Il est ainsi parvenu à des conclusions et à des connaissances qui comptent parmi les plus importantes jamais acquises dans ce domaine. On comprendra facilement que le psychologue que je suis ait parti- culièrement apprécié la contribution fondamentale de l’auteur à une psychologie de l’inconscient. Il donne aux notions, si déconcertantes pour beaucoup, et qu’utilise la psychologie des complexes, des fonde- ments ontogénétiques. Il s’appuie sur ces bases pour construire un bâtiment bien agencé où les notions empiriques trouvent leur place dans le monde de la vie. L’élaboration d’un système ordonné ne peut jamais faire abstraction d’une hypothèse globale qui, de son côté, s’ap- puie sur le tempérament et les prédispositions subjectives de l’auteur. Ce facteur est d’une importance toute particulière en psychologie. L’« équation personnelle » conditionne la manière de voir les choses. Une vérité, dont le caractère définitif n’est que relatif, nécessite que de nombreuses voix se fassent entendre. Je ne peux que féliciter l’auteur pour le travail accompli. Puisse cette brève préface lui montrer ma profonde reconnaissance. mars 1949 c. g. Jung. 8 origines et histoire de la conscience Introduction Celui qui, de trois mille ans d’évolution humaine, Ne sait pas se rendre compte, Qu’il demeure ignorant et dans la confusion, Qu’il vive au jour le jour. goethe, Divan occidental-oriental la présente étude, qui tentera de prouver l’existence de stades arché- typaux dans le développement de la conscience, est basée sur la psy- chologie des profondeurs. elle constitue une application de la psychologie analytique de c. g. Jung, même si nous tentons de la com- pléter et de dépasser ses limites par des affirmations spéculatives. contrairement à toute analyse, possible et nécessaire, qui examine le lien entre le développement de la conscience et les facteurs extérieurs de l’environnement naturel et humain, nos efforts visent à prouver la présence de facteurs psychiques intérieurs, archétypaux, qui détermi- nent le développement de la conscience. Jung appelle « archétypes » ou « images originelles » les éléments structurels de l’inconscient collectif. il s’agit là des formes imagées des instincts ; en effet, l’inconscient se manifeste aussi par l’intermé- diaire d’images qui, comme dans les rêves, incitent la conscience à réa- gir et à assimiler les éléments ainsi révélés : « ces images à caractère de fantaisie trouvent incontestablement leur analogie la plus proche dans les types mythologiques. il faut donc admettre qu’ils correspondent à certains éléments collectifs (et non per- sonnels) constitutifs de la psyché humaine en général et que, pareils aux éléments morphologiques du corps humain, ils sont hérités 1. » les éléments structurels archétypaux de l’âme sont des organes psy- chiques dont le bon fonctionnement assure la santé de l’individu et dont la détérioration lui est néfaste. « ils peuvent en effet être les causes immanquables de troubles névro- tiques et même psychotiques, se comportant exactement comme des organes ou des systèmes fonctionnels organiques négligés ou maltraités2. » il nous faut montrer dans quelle mesure une série d’archétypes constitue une part essentielle de la mythologie, quelles lois régissent les rapports qu’ils entretiennent entre eux et comment leurs différents stades conditionnent le développement de la conscience. au cours du développement ontogénétique, la conscience du moi de l’individu doit passer par les mêmes stades archétypaux qui ont déterminé le dévelop- pement de la conscience humaine. dans sa vie, l’individu suit néces- sairement les traces que lui a laissées l’humanité ; nous voulons montrer comment celles-ci se reflètent dans la série d’images archéty- pales que fournit la mythologie. normalement, les stades archétypaux sont vécus sans heurt et le développement de la conscience se fait de manière tout aussi naturelle que le développement physique, au fil des stades de la maturation physique. en tant qu’organes de la structure psychique, les archétypes sont tout aussi autonomes que les organes physiques et déterminent la maturation de la personnalité, comme les composantes hormonales et biologiques, par exemple, déterminent l’évolution du corps. un aspect historique tout aussi légitime vient s’ajouter à la dimen- sion éternelle de l’archétype. le développement de la conscience du moi passe par une série d’« images éternelles », et le moi, qui se trans- forme à chaque fois, fait l’expérience d’une relation toujours nouvelle avec les archétypes. l’association du moi aux différentes images et à leur caractère éternel se fait progressivement ; il y a un avant et un après, et les expériences se font par stades. la visibilité, l’intelligibilité et les possibilités d’interprétation des images se transforment au fur et à mesure que la conscience du moi se développe, autrement dit au cours de l’histoire phylogénétique et ontogénétique de l’humanité ; le carac- tère relatif de l’image et son rapport avec la conscience du moi qui se développe viennent ainsi au premier plan. les archétypes qui déterminent les stades du développement de la conscience ne constituent qu’une partie de la réalité archétypale. malgré tout, la vision synthétique que donne la perspective ontogénétique fait apparaître, à travers l’incontestable symbolique de l’inconscient col- lectif, une certaine ligne directrice, une certaine voie qui permet de s’orienter plus facilement dans la théorie et la pratique de la psycholo- gie des profondeurs. 10 origines et histoire de la conscience la preuve que le développement de la conscience est jalonné de stades archétypaux ne suffit certes pas à expliquer l’évolution de la personnalité humaine, mais elle offre de meilleurs repères psycholo- giques à un bon nombre de disciplines proches, comme l’histoire des religions, l’anthropologie, la psychologie des peuples, etc., qui peuvent ainsi procéder à une classification ontogénétique et, par suite, mieux comprendre certains éléments. il est surprenant que les différents domaines scientifiques n’aient pas apprécié à leur juste mesure les richesses que peut lui apporter la psychologie des profondeurs et, en particulier, la psychologie de Jung. il apparaît pourtant de plus en plus nettement que nombre de disci- plines partent d’un point de vue psychologique, et l’âme humaine commence à se révéler clairement comme la source de tous les phé- nomènes culturels et religieux. c’est pourquoi on ne uploads/Litterature/ origines-et-histoire-de-la-conscience-erich-neumann.pdf
Documents similaires
-
24
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 5.6717MB