1 Étapes de réalisation 1 Cette tragédie respecte la règle des 3 unités : 1 / L

1 Étapes de réalisation 1 Cette tragédie respecte la règle des 3 unités : 1 / L’unité d’action se concentre autour de l’amour et de la vengeance de Phèdre. 2 / L’unité de lieu fait que l’action se déroule à Trézène, dans une antichambre. 3 / L’unité de temps est respectée car l’action se déroule en une journée. 2 La règle de bienséance Phèdre n’avoue son amour à Hyppolite qu’après y avoir été poussée par Œnone, sa nourrice et confidente. Elle ne le fait pas d’elle-même. Au dernier acte on raconte les morts sous la forme d’un récit, on ne voit pas : Hyppolite est mort trainé sur les rochers par son attelage et Œnone s’est noyée. 3 La fatalité qui pèse sur le personnage de Phèdre Phèdre est marquée par la fatalité car elle est la fille de Minos et Pasiphaé. Pasiphaé jalouse des infidélités de son mari, lui jette un sort le condamnant à éjaculer des bêtes venimeuses s'il couche avec d'autres femmes.On retrouve l’idée de prédestination du Jansénisme. Malgré cette prédestination, cela n’empêche pas le sens de la faute. Phèdre a conscience de son erreur (Acte IV scène 6). Elle vient de s’empoisonner pour ne plus être vue coupable dans ce monde. 4 Les personnages Ils sont tirés de l’Antiquité (Sénèque) et sont connus du public lettré. Mais Racine les place dans un repère géographique et temporel éloigné pour rendre la faute encore plus terrible. Le respect pour les Héros augmente au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de notre propre époque. 5 La catharsis Il ne faut peindre les passions que pour montrer les désordres dont elles sont la cause. Ici Phèdre est coupable de son amour impossible et de sa vengeance. On la voit sur scène avouer tous ses crimes à Thésée. Elle le fait après avoir absorbée du poison. Affaires de famille La famille – et les affaires qu’elle induit presque naturellement – est évidemment au centre des préoccupations de tous les protagonistes, qu’il s’agisse du drame central (adultère / pseudo-inceste) ou de la péripétie du pouvoir (le fils de Phèdre / Hippolyte le fils de l’Amazone / la Pallantide Aricie). On a affaire en fait à 4 familles : – Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphae. La « rayonnante », la « brillante ». Ascendance lourde s’il en est, { laquelle Phèdre ne manque pas de se référer, mais en insistant plutôt sur le caractère monstrueux et contre nature de la mère, que sur celui, volage, du père (davantage pris en charge, mais sans être pour autant assumépar Hippolyte avec Théramène). La première référence à son ascendance, au début de la pièce, est aussi la plus lointaine : le soleil, père de Pasiphae (42-), mais auquel elle se réfère au moment précis où elle refuse la lumière (la vie) et ne cherche qu’{ se cacher (cf. aussi p. 78- songer qu’{ me cacher). 2 Contradiction d’essence entre le chtonien (Minos) et l’ouranienne (Pasiphae). Hors la terre, qui est l’espace de la parole, des choix, et de la souffrance, Phèdre n’a pas de lieu : descendante du soleil (ciel et lumière) dont elle veut se cacher, elle est aussi fille de Minos (terre et ombre) qui tient l’urne fatale dans la nuit infernale (94–). Surtout : Phèdre se réfère (mais bien sûr de façon très allusive) à la monstruosité de sa mère et à ses égarements (46-), au feu fatal à tout monsang (66-), à son sang déplorable (47-). Phèdre relève cette hérédité et se reconnaît – même si c’est négativement – en elle : elle se définit elle-même comme un monstre (67-), évoque ses ardeurs insensées (71-). Oenone n’apporte pas de dénégation { cette réalité mytho-biologique, qu’Hippolyte quant { lui n’éprouve aucune peine { condamner : Phèdre est d’un sang… De toutes ces horreurs plus rempli que le mien (88–). – Thésée, figure herculéenne (allusion { Alcide, autre nom d’Hercule, cf. p. 38–) : fils d’Égée, et pseudo-fils de Poséidon. Mais son ascendance n’a pas ici grande importance, puisqu’il tient le rôle du père, et même, du père absolu, qui incarne l’ordre et la loi (significatif : le refoulement de Thésée séducteur en I, 1). Grand étouffoir de toutes les passions, c’est son absence qui permet d’abord l’expression et la prise de parole (de Phèdre vis { vis d’Hippolyte, d’Hippolyte vis { vis d’Aricie), et qui favorise l’irruption de la crise. Son retour ne fera que sceller le drame, puis le précipiter. – Hippolyte : < Thésée / reine des Amazones (les Amazones sont filles d’Arès ( la guerre) et d’Artémis ( déesse de la virginité et de la force féminine) ; la filiation maternelle est pleinement vécue par Hippolyte, sans être pour autant assumée. Hippolyte est fils … d’Hippolytè (dans la mythologie, mais d’Antiope sa sœur chez Racine) la reine des Amazones, définie dans toute la pièce comme l’étrangère. Dans la mythologie, Hippolyte est donné comme un chasseur (homme de l’ombre et de la forêt), et un homme froid, se défiant des femmes et du mariage (cf. I,1). C’est un apport romanesque de Racine au personnage (réchauffement que certains ont jugé peu vraisemblable) de le faire tomber amoureux d’Aricie. Refoulement des frasques amoureuses du père, renvoyées au temps de sa jeunesse (arrête 36–). Aricie, sœur des Pallantides : Pallas était un roi d’Athènes, qui aida son demi frère Égée à s’emparer du trône d’Athènes. Querelle ensuite. Thésée tua ses cinquante fils qui prétendaient au trône, les Pallantides. Thésée mort, Aricie est l’héritière légitime du trône. Aricie reste un prétexte dans la pièce, toujours marginale, définie comme une sœur, amoureuse par raccroc, ou fille de substitution, adoptée par Thésée quand tout est consommé. Le surgissement de la parole 3 R.B. a mis en évidence le rôle de la parole dans Phèdre, mais ce n’est pas une raison pour ne pas nous y attarder à notre tour. Il y a dans Phèdre trois sortes de parole : — la parole innocente, on serait tenté de dire « normale » (et par là même aussi qui a vite fait de devenir catastrophique dans le contexte de la tragédie), une parole transitive et assurée de ses fonctions de simple communication. Cette parole, c’est celle de Thésée, celui qui arrive, décontextualisé et innocent comme l’enfant qui vient de naître : le père qui revient du royaume des morts, qui raconte, interroge et juge, qui invoque les dieux sans mesurer l’irréversibilité de ces invocations. — la parole médiatrice (relayée) des confidents : on ne peut mettre sur le même plan Oenone et Théramène (l’une intrigue, l’autre se partage les fonctions plus simples d’accoucheur et de narrateur), mais l’un et l’autre sont ceux par qui la parole arrive, et par qui la réalité advient. Théramène, avec son fameux « Aimeriez-vous, seigneur ? » (mais Théramène fait les questions et les réponses, et Hippolyte dans un premier temps resteinterdit), et Oenone qui est la nourrice, mais aussi l’accoucheuse d’une nouvelle Phèdre, celle qui veut mourir et qui va prendre la parole. — La parole coupable : de ce point de vue, Phèdre et Hippolyte occupent des positions équivalentes, et leur culpabilité première a le même destinataire, ou la même source : Thésée, sous l’aspect du mari et des convenances sociales (pour Phèdre) ou du père castrateur (pour Hippolyte). Il est intéressant d’ailleurs de noter que Phèdre insiste sur son inceste (qui, { proprement parler n’existe pas) pour ne pas parler de sonadultère (qui existe à peine, comme une simple intention, et aussi parce qu’elle voit en Hippolyte une figure de rechange de Thésée : elle ne fait que répéter Thésée à travers Hippolyte ; la faute et la culpabilité importent plus au fond que le désir et sa réalisation). En ce qui concerne Hippolyte, il est intéressant de confronter la version mythologique, où Hippolyte est fils du même, de la même, fils d’Hippolyte la reine des Amazones, un 4 homme froid, plus soucieux de chasse et de forêt que de femmes, et la version psychologisée par Racine, dans laquelle le père intervient comme une figure évidemment castratrice, et de deux façons : — Thésée est l’homme de la séduction, un homme à femmes, qui interdit { Hippolyte d’être homme { son tour et de trouver sa place vis à vis des femmes. Le refoulement est tel chez Hippolyte qu’il prend la défense (croit prendre la défense) de son père en niant sa virilité (l’indigne moitié d’une si belle histoire 38– ; par un indigne obstacle il n’est point retenu 36–). Thésée est un héros qui par là mérite d’être volage (cf. 39–), ce qu’Hippolyte ne peut (ne veut) encore prétendre. Thésée interdit Aricie, l’exception, l’objet du désir élu par Hippolyte. Hippolyte s’interdit toutes les femmes au nom de son père, mais il y a un veto explicite et absolu de Thésée sur Aricie la Pallantide : D’une tige coupable il craint un rejeton (39–) dit innocemment Hippolyte (cf. commentaire). Phèdre et la sortie du silence Le véritable objet de la pièce, c’est le secret d’un amour scandaleux qui uploads/Litterature/ phedre-de-racine.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager