II- La succession de désirs est contraire à la plénitude du bonheur a) Peut-on

II- La succession de désirs est contraire à la plénitude du bonheur a) Peut-on trouver le bonheur ? Existe-t-il ? Qui est Schopenhauer ? Philosophe allemand du XIXe, très inspiré de la philosophie indienne et bouddhiste. En effet, pour Schop comme pour les bouddhistes le désir est une souffrance car il est : - un état d’insatisfaction car par définition on ne le possède pas donc on éprouve un manque, cet état d’insatisfaction est une souffrance -Lorsqu’on obtient objet de désir, le plaisir d’obtention ne dure pas. - Comme il ne dure jamais, dès que le plaisir est assouvi on se tourne vers un nouveau désir pour combler ce manque.  Donc comme la vie est la répétition de désirs qui ne sont jamais satisfaits, alors la vie est une souffrance. Donc la seule solution pour arrêter de souffrir, c’est d’arrêter de vivre pour Schopenhauer.  Comment Schopenhauer décrit-il la vie ? « Ainsi, notre vie oscille, comme un pendule, de gauche à droite, de la souffrance à l’ennui. » Le Monde comme Volonté et comme Représentation chp 4, paragraphe 57 (œuvre majeure de Schopenhauer) Pour Schopenhauer, il n’y a pas d’état neutre. On est toujours dans un état de souffrance et de temps en temps on souffre moins car on comble un désir mais on se trouve aussitôt dans un état d’ennui ; on ne sait pas quoi faire, on aspire à rien et il n’y a pas de jouissance. EX : J’ai faim il n’y a rien à manger : souffrance. J’ai faim, je mange, pas le bonheur, pas le malheur, l’ennui. L’ennui c’est l’absence du bonheur au lieu de sa présence attendue. Ex : je serai heureux si je mange, je mange et je ne suis pas heureux pour autant. Je ne suis ni heureux ni malheureux quand je mange, mais simplement je m’ennuie. -Souffrance du chagrin d’amour, ennui du couple. -Souffrance du chômeur, ennui du salarié. -Souffrance de l’élève, ennui du travailleur. Donc soit on s’ennuie pcq on ne désir rien, soit on souffre car on a un manque à combler. Ainsi pour Schp. nous ne sommes jamais malheureux, mais jamais véritablement heureux. « Le seul bonheur est de ne pas naître » Parallèle Schopenhauer / PNL : https://raplume.eu/article/le-bonheur-selon-pnl-et-schopenhauer/ Transition (réponse à la question + pourquoi je passe à la sous-partie suivante ?) : Le désir, comme succession de désirs, serait ainsi un obstacle total au bonheur. Le bonheur ne se définit que de manière négative. Mais devons-nous dès lors en déduire que le bonheur est impossible à atteindre ? b) Bonheur = plaisir ? Si on considère le désir comme manque, alors il est essentiellement incompatible avec le bonheur comme plénitude. Puisque nous sommes des êtres sensibles, nous sommes des êtres de désirs. Et en ce sens, nous désirons en permanence et ainsi nous ne pouvons jamais être heureux. Peut-on pour autant affirmer qu’aucun homme n’est heureux ? Rappel : Sentiment de plénitude. État d'une personne comblée, qui se sent telle, qui ressent un bien-être physique et moral. Plénitude absolue, heureuse ; plénitude intérieure; plénitude de l'être; état de plénitude. (site du CNRTL) Ainsi le désir, en tant que manque ne pourra jamais me combler, puisque lorsque je l’assouvie, un autre surgit. Comment peut-on alors croire au bonheur ?  Epictete, philosophe Stoïcien né en 50 et mort en 125 va consacrer une partie de son étude à guider les gens vers une vie meilleure. Les guider vers «l’eudemomia » (=bonheur en grec.) Epictete fait le constat que peu de gens sont dans cet état de bonheur, peu de gens vivent une vie vraiment heureuse. Car non seulement on doit gérer nos propres maux, mais aussi les maux des autres qui s’imposent à nous dans la société (ex : leurs angoisses, leurs frustrations etc.) Ainsi, Epictete va définir le rôle de la philosophie, et donc du stoïcisme, comme un hôpital, sauf que les maux traités dans cet hôpital ne sont pas des maux physiques mais des maux de l’âme (frustration, déceptions, envies, tristesse, angoisse). Le stoïcisme est donc une sorte d’hôpital des maux psychiques afin de parvenir au bonheur.  Mais comment faire pour être heureux ? Tout d’abord, il faut distinguer le plaisir, qui est un état passager, de l’eudemomia qui est un état de satisfaction complet et durable. Pour Epictete on se trompe sur l’objet du bonheur et le but de la philosophie va être de nous recentrer sur les choses qui vont être véritablement bonnes. Ce n’est pas en plaçant l’idéal du bonheur sur celui du plaisir qu e l’on va pouvoir être heureux, le désir étant effectivement caractérisé par le manque. Ainsi, on va distinguer le bonheur du plaisir, et se faisant, on va distinguer chez l’homme le sensible de l’intelligible : il ne se caractérisera non plus par sa sensibilité, mais plutôt par sa capacité à dépasser ce sensible, à le maîtriser. Par ailleurs, il va falloir faire les distinctions sur les choses à changer et les choses que nous ne pouvons pas changer, il faut discerner les choses qui dépendent de nous et les choses qui ne dépendent pas de nous : « Si tu désires quelqu’une des choses qui ne sont pas en notre pouvoir, tu seras nécessairement malheureux, et, pour les choses qui sont en notre pouvoir, tu n’es pas encore en état de connaître celles qu’il est bon de désirer. » Il faut donc renoncer aux désirs, car ils sont vains, ils n’apportent pas le bonheur, ils dépendent trop des événements extérieurs : il faut au contraire apprendre à aimer ce que l’on a, ce qui nous arrive. C’est seulement notre attitude qui dépend de nous, pas ce qui nous arrive. Ex : - ce qui dépend de toi : la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion etc. = c’est tout ce que quoi tu peux agir.  Ce qui ne dépend pas de toi: le corps, l’argent, la réputation etc. = tout ce sur quoi tu ne peux pas agir. Ex : Epictete fut l’esclave d’un maître très cruel. Un jour, son maître lui tordit la jambe avec un instrument de torture, calmement Epictète lui dit « si tu continues tu vas la casser. » Le maître continua et la jambe se cassa. Epictète lui dit alors « Je te le disais bien que tu allais la casser. » Sans complainte ni marque de douleur, Epictète boita toute sa vie, mais ne prenant cet incident comme étant quelque chose qui dépend de lui, il se tient responsable seulement de ce qui est sa possibilité = sa réaction face à la douleur et à cet incident. Ainsi, l’homme pourrait être heureux, mais ce bonheur n’est rendu possible que par la négation totale de nos désirs. Nous ne sommes plus dans la vision pessimiste de Schopenhauer, le bonheur est possible, pour autant il doit être éduqué et reste dans une visée négative. Car qui dit absence de souffrance implique nécessairement une absence de joie. Le bonheur serait une ataraxie, une plénitude due à l’absence de troubles de l’âme. Cf vidéo résumé du stoïcisme : (1) Le Coup de Phil' #13 - Le Stoïcisme de Sénèque - YouTube Transition (réponse à la question + pourquoi je passe à la sous-partie suivante ?) : Il faudrait donc réprimer nos désirs pour être heureux : le désir serait bien un obstacle au bonheur, mais un obstacle surmontable en droit. Pourtant, le désir n’est-il pas l’expression de ce que l’on est, essentielle composante du bonheur comme réalisation de soi ? c) Le désir n’est pas l’expression de ce que l’on est https://www.youtube.com/watch?v=KzZvf3J5qV8  Le plaisir peut finalement être qualifié comme ce qui va éloigner l’homme de la réalisation de soi. En effet, le désir se construit par comparaison à autrui. Pour René Girard, philosophe du XXe siècle : « Le désir est essentiellement mimétique, il se calque sur un désir modèle. » Nous croyons communément que nous désirons obtenir un objet parce que cet objet a des propriétés positives. On veut ceci ou cela, parce que c’est bon, beau, bien, etc. Pour Girard, c’est une erreur : le désir est essentiellement mimétique, je désire ce que les autres désirent. Ainsi quand nous désirons nous imitons nécessairement la mode de notre époque, les coutumes de notre éducation, etc.  Pour Pascal, le plaisir va aveugler l’homme quant à la misère de sa condition. Le divertissement va l’abrutir et l’empêcher de prendre conscience de sa dignité et surtout du fossé qui se creuse entre sa dignité d’homme et sa vie réelle. Le divertissement va être une source de consolation face à la difficulté d’être soi. Aujourd’hui, nous sommes dans le culte du plaisir, dans l’ère ultime du divertissement. Ce n’est pas que nous ne savons plus penser, c’est que nous ne voulons plus penser car cette pensée nous effraie. Alors nous nous divertissons afin d’aveugler notre esprit, afin de prétendre que tout va bien. Le seul moyen de faire face à sa vie serait de s’ennuyer. Mais peut-on encore s’ennuyer aujourd’hui ? N’ouvre t’on uploads/Litterature/ philosophie-bonheur-et-desir.pdf

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