Anales de Filología Francesa, n.º 25, 2017 Marina López Martínez 133 Plaisir de
Anales de Filología Francesa, n.º 25, 2017 Marina López Martínez 133 Plaisir des mots et polars au féminin: de L’éloge de la phobie de Brigitte Aubert au “Rompol” de Fred Vargas Words and its pleisure and women’s polars: from The praise of the phobia of Brigitte Aubert to the “Rompol” of Fred Vargas Marina López Martínez Universidad Jaume I, Castellón Iulma1 mlope@uji.es 1 iulma: Instituto Interuniversitario de Lenguas Modernas Aplicadas de la Comunidad Valenciana. Abstract This paper is an approach to the roman noir written by women, especifically to Fred Vargas’ detective novels and Brigitte Aubert’s thrillers, in order to analyze the way their vision of society and writing conception is presented through language. This is interesting for this paper however the so called novel of the irreparable -that is the novel featuring a murder and its resolution- deals with a simple plot and precise language. Everything is subject to reveal information; words can betray and most characters, who are dubious in nature, become suspects. These authors exploit and overflow the language resources. They are passionate about language to the extent of breaking and exceeding some of the genre conventions ― like detectives’ self-restraing exposure. Resumen Este artículo pretende aproximarse a la novela negra escrita por mujeres, en concreto a la novela policíaca escrita por Fred Vargas y a la novela de suspense de Brigitte Aubert para observar cómo exponen su propia visión de la sociedad y su concepción de la escritura. Esto resulta interesante para este artículo en cuanto que en la novela de lo irreparable, véase la novela que presenta un crimen y su resolución, el argumento suele ser simple y el lenguaje preciso. En efecto, todo es susceptible de delatar, de desvelar, las palabras pueden traicionar y los personajes, a menudo ambiguos, son en su mayoría ―si no todos― sospechosos. Las escritoras ante un esquema en apariencia tan simple explotan la lengua y sus recursos, la “desbordan” incluso. Es tal la pasión por la palabra que las escritoras logran romper algunas especificidades tradicionales del género ―véase cierta contención de los detectives o de los sospechosos a la hora de exponerse― y ampliar sus límites. Anales de Filología Francesa, n.º 25, 2017 Plaisir des mots et polars au féminin: de L’ਪਏਇਅ ਅ ਁ ਐਈਏਂਉਅ de Brigitte… 134 Palabras clave Novela policíaca, placer de la palabra, Brigitte Aubert, Fred Vargas Key-words Detective novels, word and its pleisure, Brigitte Aubert, Fred Vargas. À partir des années 70, la critique commence à parler d’ “écriture féminine” et constate l’originalité de son apport et sa rupture d’avec les formes établies. Cette approche ―qui constitue une première reconnaissance― est précédée par le constat de l’existence des femmes tout au long des années 60. Celle-ci se révèle, notamment, grâce à l’évolution des magazines conçus pour elles2, leur entrée conséquente dans les sphères d’influence du marché, leurs assauts réitérés pour l’obtention de droits et la concession de postes de travail en dehors des routines ménagères. Dans le panorama littéraire, on assiste à un ancrage sans précédent qui ira en ascension conformément le siècle décline. Ainsi, les femmes se lancent à l’assaut de l’écriture, choisissent leur genre préféré et, dès les années 60, s’adonnent volontiers au roman policier, honorable paralittérature ―si l’on en croit ce bel euphémisme qui lui est attribué― convertie en “polar” à partir des années 70, en France. Les années 70 marquent d’ailleurs un tournant décisif dans l’histoire sociale de l’Europe, des États-Unis et des femmes en particulier. Les luttes pour l’égalité3 qu’entament les féministes débouchent sur l’incorporation massive de la femme dans le monde du travail et l’acquisition de postes de responsabilité. On observe alors deux tendances dans le roman policier écrit par les femmes, ― surtout par les Anglo-Américaines qui dominent la scène4―. D’une part, les auteures imprègnent les textes de leurs connaissances professionnelles. D’une autre, le désir de s’approprier du discours masculin les incite à choisir des protagonistes hommes et à adopter, très souvent, un pseudonyme masculin. Cette volonté scripturale qui reprend la critique sociale est aussi marquée par la recherche d’énigmes impeccables et rigoureuses. De plus, les années 70 sont décisives pour l’écriture au féminin, car on s’aperçoit à 2 Lancement de Marie-Claire en 1937, Confidences en 1938 et Elle en 1945. Elle va bouleverser la conception des magazines en établissant un nouveau contrat de lecture avec les lectrices dont la participation active, le courrier qui se transforme rapidement en divan de psychanalyse et les conseils pour les inviter à se prendre en charge. Les nouvelles valeurs qui se développent, la publicité qui s’introduit dans ces magazines, à partir de 1932, et le magazine Votre Beauté, rendent compte d’un nouveau secteur du marché prenant de plus en plus d’ampleur (Information tirée de Philippe Ariès et Georges Duby, 1994: 97-98, 147). 3 En France, à partir des mobilisations pour obtenir le droit à l’avortement (le procès de Bobigny en 1972 et la loi Veil, en 1975 pour l’appliquer), la femme commence à réclamer ses droits. Ses revendications obtiennent alors un écho favorable dans la société, toutes générations confondues, et l’assignation d’un rôle limitatif selon le sexe devient une restriction à reconsidérer. 4 Pour les Américaines des années 70, il s’agit surtout de Ruth Rendell et de P.D. James. Celles-ci, tout en renouvelant la tradition, conservent cependant une trame classique avec des enquêteurs masculins. Cependant, leurs héros sont bien différents des détectives américains appartenant au roman noir. En effet, l’inspecteur Wexford et le superintendant Adam Dalgliesh mènent une existence exemplaire, emplie de soucis prosaïques et de doutes existentiels qu’Adam Dalgliesh préfère noyer dans la poésie au lieu de le faire dans le whisky. Anales de Filología Francesa, n.º 25, 2017 Marina López Martínez 135 cette époque que “Les livres féminins ont ouvert une brèche dans l’uniformité de la création littéraire et réflexive, qui s’est révélée phallocentrique. Les femmes, en accédant à l’écriture, ont obligé le pseudo-universel à avouer sa particularité” (Café Montréal, 1998). Par ailleurs, ce tournant marque l’évolution du genre au féminin. Alors qu’en France le code réglé de l’énigme policière s’effrite sous le poids du néo-polar et le genre se prétend à partir de cet instant de gauche et dénonciateur, les tendances au féminin sont influencées par les anglaises qui abandonnent les engrenages sociaux ainsi que les possibles corruptions et se penchent sur les relations interpersonnelles. Certaines d’entre elles les situent à une autre époque, comme la très célèbre Ellis Peters5 et son moine détective, ou la tout aussi célèbre Anne Perry6. Le succès des écrivaines Anglo-Américaines qui excellent à exploiter les formes de l’intrigue, selon Elizabeth George, ouvre la porte à leurs homologues qui choisissent de les émuler: Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, tout au long du vingtième siècle, les romancières ont essayé de rallier cette compagnie choisie [d’auteures de romans d’énigmes qui ont triomphé]: quand une femme réussissait à percer dans un domaine littéraire, d’autres lui emboîtaient immédiatement le pas. Cette fascination pour la littérature policière peut donc s’expliquer facilement : les femmes choisissaient d’écrire des histoires de crime parce que c’était un exercice auquel elles excellaient. Et le succès remporté par une femme engendre chez une autre le désir de réussir (Elizabeth George, 2002: 13). À partir des années quatre-vingts, le genre consolidé comme arme sociale éclate ses propres limites au vue de sa diversité. Les femmes ―auparavant citées― ayant débuté dans les années 60-70 continuent à publier et affirment leur suprématie alors que de nouveaux noms émergent, telles les américaines Sue Grafton, Elizabeth George, Mary Higgins Clark, Sara Paretsky et Patricia Cornwell. Ces nouvelles valeurs, qui défendent leur propre bastion familial, ont appris à essuyer les échecs et à assumer les déroutes. Pour la plupart universitaires ou appartenant à la petite bourgeoisie, elles orientent le genre vers la perspective sociale mais se fondent surtout sur l’exploration psychologique que Mary Higgins Clark7, une des auteures les plus lues ―ou 5 Ellis Peters, née en 1913, est une spécialiste du Moyen Age anglais. Ses intrigues se déroulent au XII siècle, où se meut avec lucidité et de façon subtile Cadfaël, ancien marin ayant vécu d’innombrables aventures ―il a participé aux croisades― avant d’entrer à l’abbaye de Shrewsbury comme moine herboriste. Ses romans présentent des intrigues sous fond historique, avec comme ingrédient complémentaire, mais tout aussi savoureux, l’élaboration de recettes médicales d’herboriste et quelques notes romantiques sur l’amour que vivent certains des personnages, petits nobles et gens du peuple. Le succès international des aventures du frère Cadfaël, traduites en vingt langues et adaptées pour une série télévisée, ont permis la restauration de l’abbaye de Shrewsbury, visitée de nos jours par les lecteurs d’Ellis Peters. 6 Anne Perry préfère, quant à elle, décortiquer l’époque victorienne de Londres. Ses personnages sont l’inspecteur Thomas Pitt, de la police londonienne, et sa femme Charlotte, de petite noblesse et aux idées féministes. 7 Ses intrigues tournent autour de femmes apparemment fragiles, mais dotées d’une force intérieure énorme, ce Anales de Filología Francesa, n.º 25, 2017 Plaisir des mots et polars au féminin: de L’ਪਏਇਅ ਅ ਁ ਐਈਏਂਉਅ de Brigitte… 136 vendues― uploads/Litterature/ plaisir-des-mots-et-polars-au-feminin.pdf
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- Publié le Jui 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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