L a poésie arabe de Jacques Aswad, critique d’art, poète, tra- ducteur, éditeur

L a poésie arabe de Jacques Aswad, critique d’art, poète, tra- ducteur, éditeur, fut chantée par Issam el-Hage Ali et Ahmad Qa‘bour (1981). Joëlle Khoury en tira un mono- drame lyrique, Rêve elle est, (cd Eka‘ 2008). Fadia el-Hage chanta J.S. Bach en arabe dans sa traduction (cd WDR 2009). Voici des extraits de son poème sur l’expérience du temps chez J. S. Bach citant (en italiques) La petite chro- nique d’Anna Magdalena Bach, bio- graphie fictive de sa deuxième épouse, écrite par Esther Meynell. L’œuvre fait l’objet d’un spectacle (Andenne 31 mai, Maison de la poésie, Namur, 21 juin 2015) en Belgique où elle paraît en volume chez Quart de ton.i Poème d’ici Le temps me dure loin de toi depuis ton grand départ le temps qu’ensemble nous trouvions si court le temps que tu avais horreur de gas- piller […]/ d’où cette hâte de partir/ où tout le monde sait/ sans pouvoir t’y rejoindre/ […] lorsque sur l’autre rive passe/ l’être qu’on a le plus aimé/ et que le souhait de mourir/ pour le rejoindre devient manque de l’autre rive appelle ce qu’on ne peut posséder deux fois […] ces lointains qui/ creusent la voix nous frappent, nous déchirent et nous unissent dans le feu des sons perdus Te suivre alors dans ces départs franchir le pas […] sans que la mort ne vienne suppléer à l’écoute […] et le voilà, comme un trait de vin dans la gorge/ l’infini martelant tes chemins de son jour Donne-moi ton regard/ je veux voir dans la vie/ comme toi des chemins qui mènent plus loin que la vie […] Contrepoint comme, en avance sur soi, on brûle […] Des baguettes de sourcier flambent en dessinant/ le flot d’une écriture qui m’emporte et m’échappe […] des fois, c’est-à-dire par chance/ ou par amour le grand flot se fait guéable pour moi Et je sens reconnaître sur ma bouche le souffle qui plane au-dessus des eaux […] Passion/ à la recherche de son corps Passion éclairée, transpercée par les cordes au point où le corps passe de l’humain au divin […] De tous côtés le paysage court tenir le milieu entre ces courants – toujours déjà partis mais que leur mise à vif éclaire et bouge – n’est-ce pas voir en un instant tous ces courants à la fois, au temps juste de la mise à vif de chacun d’eux ? Qu’est-ce alors que cet instant conjugué dans tous les temps à la fois et qui a – comment dire ? – son temps porté ? … au juste milieu, toujours différent, que tu tenais pour voir Tranquille passeur d’intranquillité la voix de la musique […] te donnait ce regard/ qui me faisait trembler mais que j’appris à suivre à suivre aussi/ ces tremblements/ qui ont racine/ en dehors de mon corps Tranquille passeur d’intranquillité tu répètes comme on frappe pour per- cer la paroi qui emprisonne et étouffe/ le mur du temps qui ne cède pas/ qui a toujours cédé/ qui ne cède pas parce qu’il a toujours cédé/ qui dure en cédant/ qui me dure et me manque […] tant la musique nous maintient hors du temps […] te suivre c’est aller au cœur de la musique/ au cœur de ceci qui nous met au dehors du temps/ et de la musique Le temps me dure loin de toi je pose sur ta tombe sur ton clavecin mes caresses bleu ciel, bleu ne m’oubliez pas bleu nuit/ le jour pour moi n’est plus que nuit blessée depuis ton grand départ la démesure de l’amour bat la mesure de cette longue nuit qu’est devenue ma vie Le temps me dure loin de toi le temps me dure de Jacques Aswad Littéraire n°108, jeudi 4 juin 2015 uploads/Litterature/ poeme-d-x27-ici-par-jacques-aswad.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager