See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://ww

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/324507850 Pour une pédagogie de l'humour en didactique des langues Article in Les Cahiers de l'Apliut · January 2000 DOI: 10.3406/apliu.2000.3009 CITATIONS 3 READS 1,059 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: English for medical purposes View project Branded drug names View project Pascaline Faure Sorbonne Université 33 PUBLICATIONS 45 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Pascaline Faure on 28 January 2019. The user has requested enhancement of the downloaded file. POUR UNE PÉDAGOGIE DE L’HUMOUR EN DIDACTIQUE DES LANGUES Pascaline FAURE1 Université François Rabelais de Tours Mots-clés : Didactique des langues, grammaire, humour, stratégies d’apprentissage Résumé : L’apprentissage d’une langue 2 ne peut se passer de l’apprentissage de la grammaire. La question n’est donc pas de savoir s’il faut, ou non, enseigner la grammaire mais de tenter de trouver une approche qui rende cette matière, réputée ardue, à la fois plaisante et claire. Le recours à une pédagogie de l’humour pourrait être une des solutions possibles à l’ennui anti-didactique qui règne trop souvent dans les salles de classe. Il s’agirait alors d’utiliser l’humour de façon systématique afin de créer une atmosphère propice à l’apprentissage et d’amener l’apprenant à une conscientisation accrue et à une meilleure mémorisation des structures langagières. Mais, comment intégrer des éléments humoristiques dans un cours de grammaire anglaise ? Quel est le degré d’efficacité de l’humour en tant que technique pédagogique ? Le recours à l’humour en pédagogie a-t-il des limites ? FOR HUMOUR IN LANGUAGE TEACHING Pascaline FAURE Université François Rabelais de Tours Key words : Second language teaching, grammar, humour, learning strategies Abstract : To learn a second language, one has to learn grammar. So, the question is not whether grammar should be taught, but rather how it should be taught so as to render it both pleasant and clear to students, who tend to consider it to be a quite daunting subject. Making use of humour could be a solution to the anti-didactic boredom that is often to be found in grammar lessons. The teacher would then use humour systematically so as both to create a more motivating learning environment and to increase the learner’s language awareness and memorisation. However, it remains to be seen the extent to which humour is an effective learning/teaching device, how it can be integrated into an English grammar lesson, and the limits of such an approach. 1 Pascaline Faure est ATER à l’université de Tours, où elle enseigne la grammaire anglaise aux étudiants de DEUG LCE. Son présent travail de recherche consiste à tenter de mettre la grammaire anglaise à la portée de son public en optant pour des supports et illustrations originaux. POUR UNE PÉDAGOGIE DE L’HUMOUR EN DIDACTIQUE DES LANGUES Pascaline Faure Université de Tours « Si les singes savaient s’ennuyer, ils pourraient devenir des hommes »2 Prenons l’éducation, il semblerait que l’ennui y soit un passage obligé. Ceci est surtout vrai pour les matières réputées ardues, enseignées dans un cadre universitaire où les travaux dirigés finissent souvent en cours magistraux. Les étudiants se traînent, écoutent le cours d’une oreille, bayent aux corneilles et se débattent contre le sommeil. Le désintérêt et la monotonie règnent en maîtres tout le semestre pour laisser place finalement à la peur, celle de la mauvaise note, des remarques désobligeantes de l’enseignant, de la déception des parents et du redoublement. Quelle solution pourrions-nous donc proposer contre cet ennui anti-didactique? Comment faire pour que l’apprentissage dans ces conditions peu idéales devienne un plaisir ? Le recours à l’humour. Mais, pas seulement l’humour que l’on fait en classe, lorsque l’on est en forme et que l’on bénéficie d’un bon public, mais l’humour comme partie intégrante des cours et des exercices, l’humour comme outil pédagogique, l’humour dynamisant, formateur, évaluateur. Un plaidoyer pour l’humour dans la didactique et, par là, pour la pédagogie de la liberté, tel est le sujet du présent article parce que faire rimer apprendre et rire nous a toujours semblé une tâche essentielle. Nous analyserons tout d’abord le rôle de l’humour dans l’apprentissage. Dans une seconde partie, nous proposerons une application de cette pédagogie de l’humour à la didactique de la grammaire anglaise. Enfin, dans une dernière partie, nous tenterons de poser les limites d’une pédagogie qui prendrait l’humour comme unique base. 2 Goethe. Le « mystérieux échange du plaisir humoristique »3 Impossible de donner une définition de l’humour. Nombre d’auteurs s’y sont essayé, en vain. Tant de facteurs influencent l’humour qu’il est impensable de l’enfermer dans quelque carcan définitoire. L’humour est une notion qui fluctue au gré des siècles, des sociétés et des convictions. Nous nous contenterons donc de dire que l’humour comprend des aspects intellectuels, émotionnels, sociaux et physiologiques, et qu’il allie la notion de partage à celle de plaisir, deux éléments qui devraient, selon nous, faire partie intégrante de l’enseignement. « L’humour est un geste social », écrivait Bergson4. Cohésif, l’humour est vu comme révélateur de l’élasticité de l’individu, de sa capacité à faire partie d’un groupe. Le rire doit être partagé. De ce partage résultent des liens qui peuvent, dans une classe, se révéler formateurs et motivants. L’humour est à la fois une volonté et un moyen de « briser le cercle des automatismes »5. Stimulant pour l’intelligence, il permet de transgresser l’ordre moral pour reconstruire un monde nouveau et libre. Et, c’est cette liberté qu’il génère qui nous attire, en tant qu’enseignante, car notre expérience nous a démontré qu’on n’apprend que dans la liberté, la liberté de penser, de dire et de contredire. En valorisant l’originalité et la singularité, l’enseignant(e) crée une volonté de dépassement de soi-même chez l’apprenant. Et, c’est cette dynamique du progrès personnel qui contribue à la mise en œuvre du processus d’apprentissage. Parallèlement au sentiment de liberté qu’il installe, l’humour permet d’instaurer un climat de détente et de convivialité, propice à l’apprentissage, mais également à l’enseignement. Notre expérience d’enseignante nous a appris que les atmosphères anxiogènes n’ont jamais favorisé l’expression. Or, la peur est malheureusement profondément 3 Expression empruntée à André Breton. 4 Le rire. Paris : P.U.F., coll. « Quadrige », 1989 [1901]. 5 Escarpit, R. 1960. L’humour, PUF, Collection « Que sais-je ? », p. 127. inscrite dans la vie pédagogique (peur de l’échec, de l’ennui, de l’opinion d’autrui, des humiliations). Et, l’existence d’une relation étroite entre la peur et l’inhibition ne fait plus aucun doute6. Moult inhibitions sont, en effet, dues à un renoncement à certaines fonctions parce que ces dernières sont créatrices d’angoisse. Dans un contexte pédagogique, c’est surtout l’inhibition par rapport au travail qu’il nous faut combattre. Cette inappétence, cet appauvrissement en énergie et cette détérioration de l’exécution sont les symptômes d’une angoisse liée à la contrainte et à l’ennui. Et, nous pensons que l’humour est un excellent moyen de la combattre en contribuant à créer une atmosphère agréable. L’enseignant est, de par sa position, une personne extérieure au groupe bien qu’il fasse partie de la dynamique générale. Son humour et, par là même, son sens de l’humour lui permettent de réduire la distance qui existe entre lui-même et ses apprenants. De réduire et non de supprimer, dans la mesure où la distance est essentielle (nous y reviendrons un peu plus tard). Cette communion par le rire et cet échange de signe de connivences modifient la relation enseignant/enseignés. Abolissant le rapport classique de pouvoir, l’humour installe une relation qui tient plus de l’échange et de la collaboration. Rogers disait d’ailleurs : « on n’enseigne pas, on renseigne ». En d’autres termes, on rend à l’apprenant son libre arbitre. Et ceci est possible, entre autres, en le libérant du formalisme de sa matière et de sa vision contraignante de l’enseignant grâce à un effort de compréhension et d’empathie. En optant pour la pédagogie de l’humour, l’enseignant démontre à l’apprenant qu’il comprend ses angoisses et ses préoccupations, et qu’il tente d’y remédier à sa façon. Car, d’un point de vue psychologique, ce que Freud appelle « l’humour tendancieux » est un défoulement contre les règles et les contraintes institutionnelles, et peut, à petite dose, se révéler libérateur d’angoisse et d’agressivité, en permettant l’expression de pulsions interdites. C’est à cet humour cathartique que nous avons recours dans la préparation de nos programmes d’enseignement. De façon plus générale, l’humour a une influence sur l’humeur en libérant le principe de plaisir. Freud écrivait : « L’humour ne se résigne pas, il défie, il implique non seulement le triomphe du moi, mais encore du principe de plaisir qui trouve à s’affirmer en dépit des 6 Freud, S. 1997 [1926]. Inhibition, symptôme et angoisse. Paris : PUF. réalités extérieures défavorables.7 » Cet ensemble de notions éminemment positives stimule sans aucun doute le désir d’apprendre, d’apprendre sans peur, grâce à un plaisir à la fois psychique, sensoriel et corporel, dans la joie de vivre. Au vu de l’utilisation importante que les publicitaires en font pour convaincre les futurs consommateurs, l’humour peut se révéler très efficace dans le processus de persuasion/mémorisation. uploads/Litterature/ pour-une-pedagogie-de-l-x27-humour-en-didactique-des-langues.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager