Etudes françaises automne 2020 Semestre 3/groupes : A-B Initiation à la traduct

Etudes françaises automne 2020 Semestre 3/groupes : A-B Initiation à la traduction Professeur Abdelmajid Mekayssi 1 Semaine 1 1. Pourquoi la traduction ? La traduction, selon Quintilien, n’est-elle pas « le moyen le plus sûr pour acquérir l'abondance et la facilité d'élocution. Nos anciens orateurs ne connaissaient rien de mieux pour cela, que de traduire du grec au latin ?1 Traduire demeure un outil indispensable pour apprendre une langue étrangère pour peu que l’apprenant maîtrise la langue maternelle qui servira de repère et d’élément de comparaison avec la langue à apprendre. Ce projet vise à instaurer la pratique traductive dans l’enseignement supérieur en tant que pratique permettant d’apprendre les langues étrangères et comme évaluation de la compréhension, comme le souligne Christine Durieux : « La traduction pédagogique est un exercice qui s’inscrit dans le cadre de l’apprentissage des langues étrangères et du perfectionnement linguistique. Il est, en effet, courant d’apprendre une langue étrangère au travers de la langue maternelle et par contrastivité avec elle 2 ». C’est là que l’opération traduisante acquiert toute son importance dans l’enseignement des langues du fait que les étudiants ont souvent tendance à recourir à la traduction pour parvenir à comprendre un texte écrit en langue étrangère. Aussi, vaudrait- il mieux de canaliser, d’orienter et de réguler cette pratique : les étudiants, parce qu’ils ne maîtrisent pas encore la langue étrangère traduisent dans leur langue maternelle, parfois inconsciemment et souvent sans méthode, pour comprendre alors que c’est le processus inverse qui est requis. L’étudiant doit bien comprendre pour pouvoir traduire et non procéder à une traduction approximative qui ne respecte ni le sens du texte source ni le génie de la langue cible afin d’accéder au sens du texte d’origine. Tous les spécialistes de la question proposent ainsi de comprendre pour traduire et non de traduire pour comprendre. Le manque de compétence en traduction trahit en fait une confusion chez les apprenants entre langue et discours, certes complémentaires mais bien distincts. Alors que la langue, sociale et virtuelle, est abstraite, le discours est concret car individuel et surtout actuel. En restant au premier niveau, les étudiants n’accèdent pas au message véhiculé par la langue et passent à côté des effets stylistiques et rhétoriques. De ce fait, 1HORGUELIN, P. A, Anthologie de la manière de traduire. Montréal, Linguatech.1981. p.21 2DURIEUX, Ch., « L’enseignement de la traduction : enjeux et démarches » Meta, 2005. p.10-45. Etudes françaises automne 2020 Semestre 3/groupes : A-B Initiation à la traduction Professeur Abdelmajid Mekayssi 2 toute la teneur communicative de la langue est omise pour un transcodage ou un mot à mot qui défigure et mutile le texte de départ. L’apprentissage de la traduction permettra certainement de corriger les imperfections et montrera aux étudiants les spécificités et le génie de chaque langue et surtout mettra en évidence, grâce à la réexpression, les différences et les subtilités entre les langues. Par ailleurs, l’exercice de traduction permet de connaître ou de reconnaître la langue 1 au contact de la langue 2. Inversement, grâce à l’étude et à l’assimilation de la langue étrangère, on en arrive à (re) découvrir sa langue dite maternelle. De par l’expérience d’enseignement, nul ne peut prétendre à un bilinguisme simultané parfait ; on n’est bon dans une langue qu’au détriment de l’autre. Au moment où on utilise une langue on est meilleur dans cette langue. Comme première répercussion didactique, l’étudiant ne doit comprendre le texte 1 que dans la langue du texte 1 ; il ne peut être performant ainsi que dans la langue 1. Une fois le message du texte 1 déverbalisé et bien assimilé, l’étudiant se doit d’être meilleur dans la langue 2 pour réécrire le texte 2 c'est-à-dire la traduction du texte 1. Cela met en évidence les trois moments de l’élaboration de la traduction : - Compréhension du texte de départ ; - Déverbalisation du message du texte de départ. Pendant cette phase, l’étudiant doit arriver à comprendre le message du texte d’origine jusqu’à s’en imprégner. Le message est ainsi comme dévêtu de sa langue source ; - Réexpression du texte d’arrivée. Le résultat escompté est de parvenir à deux messages identiques exprimés dans deux codes différents. Pour ce faire, l’étudiant est dans l’obligation de bien comprendre le texte de départ et de très bien produire le texte d’arrivée. En classe de traduction, l’apprenant entre en contact avec sa langue maternelle, l’arabe, et le français en tant que langue étrangère. En termes de domination le génie de la langue arabe se trouve entaché par le système du français. Parfois il y a des trouvailles heureuses mais le plus souvent la langue arabe est mutilée et dépossédée de ses moyens d’expression propres à elle. L’intervention portera surtout sur la re-connaissance de l’arabe par le truchement de la langue française à travers des exemples et des textes, et vice-versa. Etudes françaises automne 2020 Semestre 3/groupes : A-B Initiation à la traduction Professeur Abdelmajid Mekayssi 3 A travers l’histoire, la traduction a toujours été accompagnée d’un sursaut civilisationnel et d’un éveil culturel. La maison de la sagesse « Bayt AlHikmah » pendant le règne des Abbassides ainsi que l’école de Cordoue en Andalousie ne peuvent qu’attester du rayonnement culturel des savants arabes en rapport avec l’hégémonie de la civilisation arabe pendant ces deux époques. Toutefois l’activité traduisante ne peut guère être payante que si elle est inscrite dans un projet global qui définit les objectifs à atteindre : ce qu’il faut traduire, qui traduit et dans quels buts Le sens de la traduction est également pertinent : en traduisant vers sa langue maternelle, la traducteur enrichit cette dernière du point de vue linguistique aussi bien que du point de vue cognitif puisqu’il permet à sa langue d’exprimer et de véhiculer des connaissances qui ont vu le jour dans d’autres langues. Ce même traducteur, quand il traduit les productions de sa langue maternelle vers la langue étrangère, offre à sa culture l’opportunité d’évoluer dans d’autres sphères culturelles et d’acquérir ainsi une nouvelle existence sous d’autres cieux, dans d’autres langues et pour d’autres publics. La traduction dans l’enseignement supérieur permettra ainsi : - de suivre et d’unifier l’enseignement-apprentissage de la traduction pour une plus grande homogénéité sur le plan méthodologique et didactique ; - d’enrichir les compétences culturelle et linguistique chez l’étudiant en faisant de cette matière une séance d’ancrage dans la culture nationale et d’ouverture sur d’autres cultures afin de permettre à l’étudiant une meilleure connaissance de soi et de l’autre ; - d’uniformiser l’enseignement de la traduction en travaillant, avec les étudiants sur les différents types d’exercices écrits et oraux : thème, version, thème grammatical, résumé de texte, contraction croisée, synthèse et commentaire en tant que savoir-faire qui leur permettront de bien comprendre le message, d’abord, et de l’exprimer ou de le ré-exprimer aisément ensuite, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral ; - de comparer le génie, les spécificités et les possibilités d’expression du français et de l’arabe ; Etudes françaises automne 2020 Semestre 3/groupes : A-B Initiation à la traduction Professeur Abdelmajid Mekayssi 4 - de consolider chez l’étudiant ses compétences de compréhension, d’expression, de synthèse et de commentaire à partir de textes en arabe et en français en partant d’une bonne compréhension pour une meilleure expression. uploads/Litterature/ pourquoi-la-traduction.pdf

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