ASSOCIATION DES PROFESSEURS DE LANGUES VIVANTES 19, rue de la Glacière, 75013 P
ASSOCIATION DES PROFESSEURS DE LANGUES VIVANTES 19, rue de la Glacière, 75013 Paris Tél. 01 47 07 94 82 Mél : aplv.lm@gmail.com Site : http://www.aplv-languesmodernes.org Les Langues Modernes la revue de l’APLV Le document ci-dessous fait partie des ouvrages republiés exclusivement sur le site de L’APLV. Si vous trouvez intéressantes les informations et publications de cette revue et de ce site, pensez qu’elles sont possibles grâce au travail bénévole d’enseignants au sein d’une association qui ne reçoit aucune subvention directe ou indirecte : adhérez à l’APLV et abonnez-vous aux Langues Modernes ! LA DIDACTIQUE DES LANGUES ÉTRANGÈRES À LA CROISÉE DES MÉTHODES. ESSAI SUR L’ÉCLECTISME Christian PUREN Édition originale : Paris, CRÉDIF-Didier, coll. « Essais », 1994, 206 p. APLV-Langues Modernes www.aplv-languesmodernes.org PRÉFACE D’OCTOBRE 2008 Après la reproduction de mon [Histoire des méthodologies de l'enseignement des langues->] (Paris, Nathan- CLE international, coll. « Didactique des Langues Étrangères », 1988, 448 p., http://www.aplv- languesmodernes.org/article.php3?id_article=813), je propose en lecture et téléchargement libres sur le site de l’APLV celle de mon ouvrage La didactique des langues à la croisée des méthodes. Essai sur l’éclectisme (Paris, CRÉDIF-Didier, coll. « Essais », 1994, 206 p., http://www.aplv- languesmodernes.org/spip.php?article1985), dont j’ai récupéré les droits d’auteur. On trouvera en annexe à cette préface les conditions d’utilisation de cette reproduction au format .pdf. À l’origine de la rédaction de cet ouvrage, il y avait les trois principaux constats que j’avais tirés à l’époque : 1) L’une des conclusions de mon Histoire des méthodologies était la puissance et la permanence du mécanisme d’adaptation des constructions méthodologies aux différentes demandes sociales, objectifs, publics et situations d’enseignement-apprentissage différents : or à partir du moment où l’on veut prendre véritablement en compte en synchronie la variété de ces facteurs, toute méthodologie unique est impossible, et la variation méthodologique indispensable. 2) L’évolution des idées − avec en particulier la crise des idéologies, l’émergence de la notion de complexité, l’attention aux phénomènes environnementaux, la critique des structuralismes et le retour du sujet − amenait à remettre en cause, dans les Sciences humaines, toute cohérence globale, forte, permanente et universelle : or toutes les méthodologies constituées, approche communicative incluse, avaient jusqu’alors relevé de ce modèle unique de cohérence. 3) À l’impression personnelle, dans mes visites de classe en tant que formateur et dans mes conversations avec les collègues enseignants, d’une très grande diversité réelle des pratiques d’enseignement sur le terrain, venait s’ajouter l’analyse de l’évolution des manuels − en particulier de français langue étrangère −, qui faisait apparaître à partir des années 80 un abandon des formes exclusives de mise en œuvre de l’approche communicative au profit d’un éclectisme méthodologique d’ailleurs explicitement revendiqué par certains auteurs. Cet Essai sur l’éclectisme a été généralement bien reçu par les enseignants, qu’il déculpabilisait non seulement en expliquant mais en justifiant l’impossibilité où ils se trouvaient de respecter strictement toute orthodoxie méthodologique, quelle qu’elle soit : toute cohérence méthodologique globale, en effet, ne peut se construire puis se maintenir qu’en réduisant fortement la complexité réelle des pratiques d’enseignement- apprentissage, particulièrement en éliminant la question de la gestion pourtant nécessaire des contraires (cf. infra). Cet ouvrage m’a valu par contre les critiques plus ou moins voilées d’une certain nombre de collègues didacticiens. Je reprends ci-dessous les deux principales : 1) J’aurais, en tant que chantre de l’éclectisme, légitimé dans l’esprit des enseignants qu’ils étaient désormais autorisés à faire « n’importe quoi » (qui inclurait le « n’importe comment », « n’importe quand », avec « n’importe qui », etc.), donc les pires régressions « traditionalistes », alors qu’un enseignant doit avoir des principes et des règles, et que les apprenants eux-mêmes ont besoin de cadrages et de régularités. Mais dès l’introduction de mon ouvrage, j’annonçais comme l’une des quatre « propositions » constituant ma thèse, en me référant au constat que je tirais de l’analyse des pratiques effectives et des manuels : « Cet éclectisme présente des aspects très positifs, mais peut aussi avoir des effets extrêmement pervers. » (p. 8) APLV-Langues Modernes www.aplv-languesmodernes.org Dans les années suivant la publication de cet Essai sur l’éclectisme, j’ai dit ou écrit à plusieurs reprises que la langue française présentait cet avantage indéniable qu’on pouvait y faire la différence − très précieuse, en l’occurrence − entre « faire n’importe quoi » (et un enseignant de langue, effectivement, peut être amené à faire une chose et son contraire : faire parler ou faire taire, suivre les interventions imprévues de ses élèves ou les ramener autoritairement à sa programmation, susciter l’intervention des plus forts ou celle des plus faibles, etc. : la gestion de la complexité, c’est en particulier la gestion des contraires)… et faire « du n’importe quoi ». 2) J’aurais rendu un mauvais service à la formation des enseignants, en critiquant l’approche communicative (au titre qu’elle constituerait une cohérence limitative aussi insuffisante que les autres) alors même qu’elle n’était pas encore passée dans les pratiques de la plupart des enseignants. Mes trois réponses à cette seconde critique − digne assurément d’être prise au sérieux − sont les suivantes : a) Si nos prédécesseurs avaient considéré cet argument, nous en serions toujours restés à la méthodologie directe du début des années 1900, parce que ses grands principes − sollicitation permanente de l’activité personnelle de l’élève, recours exclusif à la langue étrangère en classe et approche globale des documents, par exemple − sont encore de nos jours loin d’être appliqués systématiquement dans les classes de langue ; à juste titre d’ailleurs, parce que la seule méthode dont on peut être sûre qu’elle est mauvaise a priori, c’est la méthode unique… b) Je ne peux pas admettre que l’on culpabilise les enseignants, quelle que soit la raison invoquée, comme celle qu’il faudrait « durcir le discours » pour qu’au moins une petite partie du message passe dans leurs pratiques. C’est la fameuse stratégie de la « contre-courbure » : pour redresser un bâton tordu, il faut le tordre dans le sens opposé. Je considère pour ma part que les enseignants, en tant que professionnels responsables (en formation continue) ou pour qu’ils le deviennent (en formation initiale), ont droit à un « discours de vérité », où les innovations sont présentées honnêtement, avec leurs avantages, mais aussi leurs limites et leurs possibles effets pervers. C’est le principe que je m’applique à moi-même, actuellement, dans mes interventions sur la « perspective actionnelle » du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL). L’éclectisme est la réponse empirique que les enseignants conscients et sérieux ont toujours apportée dans le passé − au prix élevé, souvent, d’une certaine culpabilisation ou d’un doute sur leur propre compétence professionnelle − à la complexité à laquelle ils sont constamment et directement confrontés. Leur proposer de remplacer une cohérence limitative par une autre, c’est de la part des formateurs un signe : d’inconscience d’incompétence d’irresponsabilité de perversité (Cocher obligatoirement l’une des quatre cases ci-dessus.) c) Depuis la publication du CECRL et l’interprétation que je fais de l’ébauche de la « perspective actionnelle » présentée par ses auteurs, je dispose d’un troisième argument, qui est que l’approche communicative correspond à un objectif social de référence actuellement dépassé, du moins dans l’enseignement scolaire européen. Il ne s’agit plus désormais, en effet, de préparer seulement nos élèves à un « parler avec » dans le cadre de rencontres initiales et ponctuelles avec des étrangers, mais aussi et surtout à un « vivre ensemble » dans une société multilingue et multiculturelle, ainsi qu’à un « travailler ensemble » dans un espace universitaire et professionnel en voie d’intégration au niveau européen. Mon Essai sur l’éclectisme n’en est pas moins daté, dans la mesure où la perception de l’éclectisme ne peut se produire que sur un fond d’attente qui est celui du type de cohérence que j’ai décrit plus haut, à savoir une cohérence globale, forte, permanente et universelle. Dans le champ de perception qui est le nôtre aujourd’hui, ce fond d’attente a disparu, et la notion elle-même d’ « éclectisme » n’a donc plus de sens : nous nous retrouvons « simplement » (si on peut dire !…), enseignants, auteurs de manuels, formateurs et didacticiens, face à une complexité qu’il nous faut désormais penser et gérer en tant que telle et en accord avec les idées de notre temps. Nous en avons les moyens, si nous savons les chercher et les mobiliser, le « paradigme de complexité » étant désormais pris en compte dans toutes les Sciences humaines. Mon prochain ouvrage n’est pas encore terminé, mais son titre est déjà arrêté, Introduction à la didactique complexe des langues-cultures. Ce titre n’est pas si modeste qu’il peut paraître, parce qu’il fait allusion aux ouvrages de deux de mes principales références épistémologiques : APLV-Langues Modernes www.aplv-languesmodernes.org − Edgar Morin. 1900. Introduction à la pensée complexe. Paris : ESF éditeur, 160 p. − Richard Rorty. 1995. L'espoir au lieu du savoir. Introduction au pragmatisme. Trad. fr. Paris, Albin Michel (coll. « Bibliothèque internationale de philosophie »), 158 p. Je pense que la lecture de cet Essai sur l’éclectisme peut être utile aux uploads/Litterature/ puren-essai-eclectisme-pdf.pdf
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- Publié le Fev 23, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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