Introduction : Bouleversés par tous ces événements que leur patrie a vécus, nom

Introduction : Bouleversés par tous ces événements que leur patrie a vécus, nombreux écrivains semblent s’intéresser encore plus à la thématique du « Printemps arabe ». D’origine tunisienne, Azza Filali consacre sa plume pour traiter également le sujet du « Printemps arabe » dans son œuvre intitulée « Les Intranquilles ». En effet, l’auteure s’inspire de la réalité actuelle de la société tunisienne pendant la période postrévolutionnaire mettant en scène des personnages de la classe moyenne, chacun retrace une histoire et un mode de vie différents de l’autre. Les personnages de ce roman représentent les différentes catégories dont se compose la société tunisienne. Ainsi, c’est un roman réaliste social qui dévoile au lecteur ces différentes facettes sociales et lui relève les phénomènes sociaux en cette période postrévolutionnaire. Au fil de la lecture, nous pouvons constater qu’Azza Filali traite une thématique qui n’est pas récente mais déjà abordée par d’autres écrivains, celle du renoncement. Nous nous demandons alors : « Quelle est la symbolique du renoncement dans Les Intranquilles ? » Afin de répondre à cette problématique, nous optons pour le plan suivant : I -Le concept du renoncement ; II –Le renoncement : un antidote à l’Intranquillité : 1. Les Intranquilles : 2. Le renoncement : antidote pour les Intranquilles : I -Le concept du renoncement : Selon un point de vue philosophique, le renoncement est un état d’esprit qui procure le sentiment de la paix intérieure et la sérénité. Nombreux sont les hommes de lettres qui ont abordé la thématique du renoncement dans leurs écrits. A titre d’exemple, le poète Vietnamien Nguyen qui en dit : « le renoncement est la racine de la joie, les passions sont les chaines des souffrances » et le célèbre neurologue autrichien, Sigmund Freud, qui en dit : « La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions »1 ou encore l’écrivain français Christian Bobin qui explique que : « le renoncement est le fruit de tout apprentissages ». En effet, cette philosophie du renoncement consiste à abandonner tout ce qui nous entraine la souffrance. Pensées, émotions et peut-être tout un mode de vie peuvent nous perturber et nous priver de la paix. Pour autant, il est plus opportun de renoncer aux choses qui nous causent une souffrance et un déséquilibre mental ou physique même si cela pourrait nous faire sacrifier d’autres choses. Jalousie, haine, désir, possession, répulsion, avidité... toutes émotions, pensées et actions négatives doivent être dégagées et auxquelles nous devons renoncer afin de gagner notre confort et nous en libérer. D’autre part, selon un point de vue psychologique, le renoncement n’équivaut guère un manque de courage ou tout abandonner, quitter et cesser. Ce n’est pas non plus tout perdre, c’est plutôt savoir distinguer ce qui vaut la peine d’être 1 Malaise et civilisation, Sigmund Freud conquis ou pas et de décider volontairement de renoncer à tout ce qui peut nuire et détruire une vie. Le renoncement est considéré telle une renaissance et une sorte de libération. C’est un nouveau point de départ. Ainsi, pour nous libérer de toutes choses, émotion, situations ou même des personnes qui empoisonnent notre vie et nous entrainent une certaine Intranquillité, nous devons nous engager dans cette voie d’éveil, celle d’apprendre à renoncer pour construire un avenir meilleur. II – Le renoncement : un antidote à l’Intranquillité : D’après notre lecture du roman « Les Intranquilles » et l’analyse que nous avons effectuée portant sur la thématique du « Printemps arabe », un événement qui a bouleversé, non seulement la population tunisienne, mais aussi plusieurs pays arabes, Azza Filali nous dépeint les traces de cet événement sur la société tunisienne à travers diverses facettes. 1.Les Intranquilles : Azza Filali met en scène des personnages qui donnent l’impression des êtres passifs, inaptes face à ce qui ce passe. Cependant, ce sont les Intranquilles qu’indique le titre. Le mot « Intranquille » peut être défini comme l’antonyme de « tranquille ». Autrement dit, ce terme désigne une personne bousculée, turbulente et n’est pas calme ce qui parait complètement contradictoire avec les caractères de ces personnages. En effet, l’intranquillité à laquelle Azza Filali fait écho est plutôt un état d’âme, une sensation intérieure qui ne peut pas être perceptible et remarqué clairement. Ces personnages, vivant dans une société précaire portant encore les cicatrices d’un passé douloureux, semblent également bouleversés et éperdus. Ce n’est qu’au fil des lignes et du déroulement des évènements qu’on comprenne que chaque personnage vit un déséquilibre voire une inquiétude et une angoisse indicibles. Hechmi qui a passé des années de tortures en prison et a perdu sa femme, sort pour confronter encore les attaques féroces de la vie et perd sa mère, le seul repère qui lui est resté pour continuer sa vie entre la solitude et les souvenirs navrés ; d’ailleurs, les taches dans son corps sont tel un témoin des années pénibles en prison. Hamza qui mène une vie difficile notamment avec la maladie de son père comme il l’explique à Abdellah lors de leur discussion, et se retrouve complice de son directeur dans des affaires illégales au détriment des autres ou encore son intégration avec les « Djihadistes », un trou dont il n’a pas pu sortir facilement. Abdellah qui, à cause d’un passé noir, mène une vie d’errance et de pauvreté. Pour trouver de quoi survivre, Latifa professe la prostitution qui l’a rendu marginalisée et mal vue par les autres. Jaafar, de sa part, a vécu une enfance violente et mène une vie corrompue en cachette pour finir en prison, étant lui aussi le complice de son patron, le directeur de la même banque ou Hamza travaillait, dans ces affaires illégales. Sonia ayant pour ambition de quitter son pays et cette société qui ne l’accepte pas autant qu’une femme libre, accepte de s’engager avec un homme qu’elle n’aime pas mais qui lui est le seul espoir pour avoir un visa Schengen ; Sonia représente, en effet, l’image de toute une jeunesse qui ne vise pas continuer sa vie dans un pays bouleversé et manque de stabilité sur tous les niveaux. Et finalement, Zeineb, mariée à un homme qu’elle n’estime pas, ressent une solitude et finit par s’isoler avec ses livres loin, non seulement de sa petite famille, mais aussi du monde extérieur qui l’entoure. Comme nous constatons, chacun de ces personnages, les Intranquilles, mène une vie qui lui entraine cette intranquillité à la fois physique et morale. Pour autant, chacun d’eux choisit de renoncer à ce qui le met en souffrance. Le renoncement leur constitue une échappatoire libératrice de tout ce qui empoisonne leurs vies et un antidote à leur intranquillité. Ainsi, dans le roman nous trouvons des différentes formes de renoncement. 2. Le renoncement : antidote pour les Intranquilles : Associé surtout aux domaines de la morale, de la religion et de la psychologie, le mot renoncement peut signifier le fait de cesser volontairement de faire ou de vouloir quelque chose, souvent au nom d’une valeur jugée plus importante. Tel est le cas de Jaafar qui résout de renoncer à cette vie corrompu et sacrifie de sa liberté pour gagner son confort d’esprit et sa paix intérieure. D’ailleurs, cette tâche, qui se met à grandir sur son front et ne disparait pas malgré le traitement qu’il y fait, témoigne de son intranquillité qui le suit durant toute les années et entrainée par ses actions frauduleuses. Ainsi, le renoncement de Jaafar est un renoncement à la corruption, à la vie de perversion. C’est un pas volontaire et réfléchi quand il a décidé, d’abord, de dénoncer son directeur et puis se dénoncer lui-même. Evidemment, la tâche, la véritable preuve, disparait une fois il est en prison. Vivre dans le confort et l’aisance financière ne comble pas et ne garantit pas son bonheur. Cela ne résout pas tous les problèmes, ni n’épargne de la souffrance. De sa part, Hamza, l’autre complice de ce directeur pervers, se retrouve détruire la vie d’autres personnes victimes de ce qu’il fait. Ses repentances et ses regrets ne parviennent pas à le libérer de son Intranquillité pénible. Il n’arrive pas à oublier ce qu’il a fait à une femme veuve à cause de sa falsification : « L’image de cette femme ne cesse de me hanter, c’est à cause de moi qu’elle est morte. » P.151. Le suicide de cette femme est à l’origine de son renoncement. Hamza choisit également de renoncer à sa vie de corruption et renoncer à sa complicité avec son directeur en abandonnant définitivement son travail à la banque. En effet, il intègre un clan des islamistes, assiste aux leçons religieuses et lis le Coran pensant que c’est la manière qui lui procure la miséricorde du Dieu. Cependant ce n’est qu’un leurre parce qu’il va se retrouver en proie à un groupe des Djihadistes terroristes. Ainsi, Azza Filali nous dépeint deux formes de renoncement à travers ce personnage. La première est quand Hamza renonce, à la fois, à la corruption et à toute sa vie personnelle : son identité et sa famille. La seconde concerne uploads/Litterature/ le-renoncement.pdf

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