3 f a e e UlnZalne littéraire du 16 au 30 nov. 1970 La linguistique en 70 p'ar

3 f a e e UlnZalne littéraire du 16 au 30 nov. 1970 La linguistique en 70 p'ar Georges Mounin ---- SOMMAIRE 3 LE LIVRE DE Adolfo Bioy Casares Journal de la guerre au cochon par Hector Bianciotti LA QUINZAINE 4 ENTRETIEN Bioy Casares pa rie de son œuvre Propos recueillis par· H. B. 6 LITTERATURE Luis Harss et Barbara Dohmaim Pori rails el propos par Jacques Fressard ETRANGERE Claude Couffon Migl/.el Angel Asturias 7 ENTRETIEN Amado. écrivain l:'ngagé Propos recueillis par Gilles Lapou~c 9 Reynolds Priee Un homme magnanime par Jacques-Pierre Ameue 10 ROMANS FRANÇAIS Alain Gauzelin L'île mouvante par Claude Bonnefoy Lau<lryc Ln fpmme épUl'pillée Paul Hordequin Motus vivendi par Pierre Péju 12 Rezvani Coma par Paul Otchakovsky-Laurens Les américanoiaques Les voies de l'A mérique Michel Piédoue La menace par Lionel Mirisch 13 Daniel Apruz La Bêlamour par Cella Minart 14 Philippe Augier Les objets trouvés par Claude Bonnefoy Clarisse Nicoïdsky La mort de Gilles par Cella Minart 15 Nicole Quentin-Maurer Portrait de Raphaël par Anne Fabre-Luce 16 EXPOSITIONS Viseux, graveur Propos recueillis 17 par Jean-Luc Verley Dans les galeries par Jean-Jacques Lévêque Nicolas Bischower 18 URBANISME Lewis Mumford Le déclin des l'ilh's ou III recherchepar Françoise Choay d'un nOI//lel urbanÙme Alexandre Mitscherlich PSYl'hanalyse et uruanisme 20 HISTOIRE Maurice Aguthon Lll république au âllage par Marc Ferro ESSAIS Jean-Jacques Salomon Sl'ience l't politique Dar Francois Châtelet 22 LINGUISTIQUE La lingu istiqul:' par Geor~es Mounin 24 ETHNOLOGIE Bronislaw Malinowski Le., dvnamiqnes par Denis Hollier de l'P/1011/ tion culturelle 25 CINEMA Miklos Jancso Sirol'co d'hiver Dar ROl!er Dadoun 26 THEATRE Jarry su r la Butte par Lucien AUoun La Moscheta Crédits photographiques La Quinzaine Iitteraire 2 François Erval, Maurice Nadeau. Conseiller: Joseph Breitbach. Comité de rédaction : Georges Balandier, Bernard Cazes, François Châtelet, Françoise Choay, Dominique Fernandez, Marc Ferro, Gilles Lapouge, Gilbert Walusinski. Secrétariat de la rédaction et documentation Anne Sarraute. Courrier littéraire Adelaïde Blasquez. Maquette de couverture: Jacques Daniel. Rédaction, administration 43, rue du Temple, Paris (4°) Téléphone: 887-48-58. Publicité littéraire : 22, rue de Grenelle, Paris (7°). Téléphone: 222-94·03. Publicité générale : au journal. Prix du n° au Canada: 75 cents. Abonnements : Un an : 58 F, vingt-trois numéros. Six mois : 34 F, douze numéros. Etudiants : réduction de 20 %. Etranger: Un an : 70 F. Six mois: 40 F. Pour tout changement d'adresse envoyer 3 timbres à 0,40 F. Règlement par mandat, chèque bancaire, chèque postal : C.C.P. Paris 15551-53. Directeur de la publication : François Emanuel. Impression S.LS.S. Printed in France. p. 3 p. 5 p. 6 p. 7 p. 10 p. Il p. 12 p. 15 p. 16 p. 19 p. 20 p. 21 p. 23 p. 24 p. 25 p. 27 Laffont Laffont Seghers Stock Laffont Laffont Denoël Buchet-Chastel Gallimard Le Point cardinal D.R. D.R. D.R. Document Sonnabend D.R. D.R. Béatrice Heyligers I.E I.IVR' DE I.A QUINZAINE La guerre au cochon La Qulnialne Uttéralre, du 15 au 30 novembre 1970 1 Adolfo Bioy Casares Journal de la guerre au cochon Robert Laffont éd., 264 p. Estimant que les individus qui ont dépassé la cinquantaine ont fait leur temps, les jeunes gens de Buenos Aires, pendant une semaine, s'appliquent avec allégresse à les exterminer. Les raisons pour les- quelles se déchaîne cette « guerre au cochon» - ainsi qualifie-t-on toute personne d'un certain âge -- n'apparaissent pas clairement. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il ne s'agit pas d'une révolte contre le gouver- nement en place puisque le chef de ceux qui secouent si fermement le cocotier diffuse ses ordres à la ra· dio, et que les crimes demeurent impunis. On apprend aussi de la bouche de l'un des jeunes qui consent à parler de l'affaire avec Vidal - le protagoniste du roman - que « derrière tout cela, il y a des gens qui réfléchissent. Quantité de médecins, de sociologues, de sta- tisticiens, et, tout à fait entre nous, il y a même des gens d'Eglise ». Donc, serait déçu le lecteur qui, après les premières pages, s'atten- drait à trouver dans ce livre un commentaire ou une transposition de cette révolte des jeunes qui, de- puis quelque temps, mobilise les so- ciologues et, souvent, les déroute. La révolte aux contours mal définis mais aux conséquences sanglantes et nettes dont il est question dans ce livre, est d'une ambiguïté fertile : elle laisse sa chance à de multiples interprétations. La « guerre au co- chon » rappelle plutôt les horreurs que propose la science-fiction avec ses invasions d'êtres supra-terrestres ou, plus simplement, celles que le racisme ne cesse de nous offrir et qui, pour l'invention dans la cruau· té, dépassent les cauchemars dl' la littérature. Cependant, dès les pre- mières pages, le livre semble vouloir projeter, dans l'espace qu'il compte remplir de son anecdote, l'arc d'une allégorie et l'on peut se permettre alors, de supposer que les faits et les personnages qui vont surgir, se fondront dans le symbole qui, à son tour, les exaltera. Cette guerre déclenchée par les jeunes est vue à travers un groupe d'hommes qui ont tous franchi le cap des cinquante ans, mais qui n'en continuent pas moins de s'ap- peler entre eux « les garçons ». Le soir, ils se réunissent dans un café pour y jouer aux cartes et se racon- ter leurs petites aventures senti- mentales, ce qui les aide à se sentir encore vivants. Mais les meurtres qui sont perpétrés en ville, troublent leur vie faite d'humbles habitudes. Ils assistent à l'assassinat, dans la rue, du marchand de journaux du quartier ; ils apprennent qu'un jeu- ne homme est remis en liberté après avoir tué un Il cochon» automobi- liste qui ne démarrait pas assez vite à un feu rouge. Le fils de Vidal, quand ses amis tiennent une réu- nion chez lui, oblige affectueuse- ment mais fermement son père à se cacher au grenier. Des bûchers sont allumés dans certaines rues et l'on y jette de vieilles gens; un des « garçons », invité par son fils à un match de football, est précipité du haut des gradins, puis piétiné jus- qu'à ce que mort s'ensuive. Pendant la veillée funèbre, les « garçons », qui lisent dans le journal les nou- velles concernant « la guerre au co- chon », apprennent que le fils de la victime n'a pas été étranger à l'as- sassinat. Entre temps, les habituelles par· ties de cartes étant interrompues, les « garçons», s'inquiétant du sort l'un de l'autre, se rendent mutuelle- ment visite à la maison et décou- vrent, par hasard, des aspects cachés de la vie privée de leurs amis. Ainsi se révèle la nature dérisoire des exploits amoureux dont ils se van- taient dans les conversations de café. Ils ressentent peu à peu une répu- gnance mutuelle qui reste inavouée, mais qui, lorsqu'ils se retrouvent, les pousse à vouloir faire admettre que, somme toute, les jeunes ont bien raison' de traiter de « cochon» une personne de leur âge. Ainsi, indirectement, se font-ils des pro- cès. Les actes criminels dont il leur arrive d'être les témoins ou dont les informent la radio et la presse. les renvoient à eux-mêmes; chacun des personnages se pénètre de son indi- gnité sous les yeux d'un autre qui en fait autant. Le sentiment d'être un poids mort dans la société, le submerge. Le rayonnement de la jeunesse est tel que, de continuer à vivre comme par le passé, peu à peu les remplit de honte. Ils se sentent voués à la vindicte universelle. Dès' lors qu'ils s'y résignent, ils ne sont pas étrangers à leur propre destruc- tion. Rongés par les regards, les jugements des autres, ils se rongent jusqu'à entrevoir, d'une façon obs- cure mais tenaillante, que ce qui est à vivre est, dans la vie, précisément ce qui se détourne d'elle et s'écoule, goutte à goutte, et se perd comme l'eau dans l'eau, dans le mouvement anonyme de l'histoire. Ils ne se reconnaissent plus aucun droit. Ils s'observent et inspectent autour d'eux, de façon soupçonneuse, êtres et choses, et tout - les rencontres les plus fortuites, les plus banales, la lumière au bout de la rue ou sur les objets d'une chambre - leur apparaît comme un signe hostile. Si ce livre autorise des lectures diverses, sous plusieurs angles, à plusieurs niveaux, il me semble toutefois que ne serait pas juste celle qui ne s'attarderait pas sur ces quelques lignes et ne saurait pas y déceler le battement qu'elles trans- mettent à l'ensemble du roman : « Il pensa que ces présages - peut- être de simples coïncidences '-- vous rappellent que la vie, si limitée et concrète pour celui qui y cherche des symboles de l'au-delà, peut tou- jours vous faire vivre des cauche- mars désagréablement surnaturels (...) Il crut comprendre pour la première fois pourquoi on disait que la vie est un songe : si on vit assez longtemps, les faits d'une vie, comme ceux d'un songe, deviennent intransmissibles parce qu'ils n'inté- ressent plus personne. Qui est, en fait, le protagoniste du roman, Vidal, uploads/Litterature/ quinzaine-litteraire-106-novembre-1970.pdf

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