Lucien Logette : le retour de Bob Dylan Un homme est passé... Le parcours de Fe
Lucien Logette : le retour de Bob Dylan Un homme est passé... Le parcours de Fernand Deligny Un Moravia inédit Godelier chez les Baruya Vertiges d’Éros Gustave Moreau, Matta Un Segalen enfin plausible Alain Rey pour « la grande métisserie » de la langue 958. Du 1er au 15 Décembre 2007/PRIX : 3,80 e (F . S. : 8,00 - CDN : 7,75) ISSN 0048-6493 2 D’UNE QUINZAINE À L’AUTRE Lignes a 20 ans La revue Lignes a été fondée il y a vingt ans pour analyser les causes de ce que nous subissons de plein fouet à présent : la fétichisation totalitai- re que le « néolibéralisme » imprime à la marchandise. Elle avait aussi pour ambition d’endiguer ce mouvement qui embringue bien des révolutionnaires d’hier au nom de l’assomption d’une société sans classes, rêve proclamé réalité par Tony Blair en 1999. Dans cette sclérose intel- lectuelle, Lignes entend toujours et encore fédérer ceux qui persistent à voir une grande noblesse au mot de « communisme ». Son n° double « 23-24 spécial anniversaire » de nov. 2007 (480 p., 30 e) vient dresser un tableau de « vingt années de la vie politique et intellectuelle ». Le tableau est contrasté. On y trouve l’anthropologue Jean-Loup Amselle qui, parlant de « la fracture postcolonia- le » (sujet qu’il reprendra dans un essai à paraître chez Stock en janv. 2008), remet en cause un livre publié par Alain Badiou aux éd. Lignes sur le sens à prêter au mot « juif » et brocarde son auteur comme contempteur de « la vulgate gauchiste des années 1960-1970 » quand il range Israël dans le camp des nantis. On y trouve parallèlement un article de Daniel Bensaïd qui invoque, lui, Badiou justement comme motif d’espoir d’alliance des forces vives autour de ce slogan : « Refuser inconditionnelle- ment la célébration du fait accompli. Ne pas entrer dans le jeu de l’ennemi. Ne pas consentir ! ». L’Humanité Les Cahiers du journalisme, revue bi-annuelle qui en est à son n°17, publie dans sa dernière livraison un épais et riche dossier intitulé « Fait divers, faits de société ». Le fait divers serait-il un écran de fumée pour masquer l’incendie à bord ? Tel semble être l’avis d’Emilie Roche (Université de Lyon 2) dans sa contribution très explicitement intitulée « Le fait divers comme stratégie d’évitement des discours de presse écrite pendant la guerre d’Algérie ». Chiffres à l’appui, elle montre la gêne de l’organe du Parti des Travailleurs que l’appareil, rallié à la politique de « pacification » de Guy Mollet, contraignit si ce n’est au silence, du moins au plus grand flou. Total : dans L’Humanité, « il n’y a pas de rubrique spécifique à la guerre d’Algérie et, de 1954 à 1957, la mise en page place le conflit en troisième et cinquième pages. Le nombre d’articles consa- crés aux affrontements et aux violences est infé- rieur à celui du Figaro et du Monde ». Un autre chercheur, Alexandre Courban (Université de Bourgogne), enfonce le clou. Il montre dans ces mêmes Cahiers du journalisme que L’Humanité, de sa fondation par Jean Jaurès (1904) à l’assassinat de ce dernier (1914), n’a cessé d’accroître le nombre de ses brèves, quitte à presque les doubler en l’espace d’une décennie. « La mise en scène du fait divers » n’occupe que 6,57% de sa surface papier de 1904 à 1906, mais 12,29 en 1913-14. Pourquoi ? Alexandre Courban nous rappelle que L’Humanité ne fut le journal du « citoyen Jaurès », penseur peu enclin au sensa- tionnalisme, que de 1904 à 1906 « avant de deve- nir un journal socialiste à six pages (1913-1914) » qui « réserve davantage de place aux faits divers qu’aux informations internationales – et ce, jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale – malgré l’aggravation de la situation internatio- nale ». Les Cahiers du journalisme, publiés par les P .U.L (Presses de l’Université de Laval, Québec), sont distribués en France par l’École supérieure de journalisme de Lille (tél. : 0320304403). Le n°17 est vendu pour la somme de 20 e. Femmes, journalistes et révolutionnaires La revue Aden du Groupe Interdisciplinaire d’Etudes Nizaniennes (G.I.E.N) consacre toute sa 6e livraison au double thème « Féminisme et communisme ». Bien des portraits de femmes plus ou moins proches de Paul Nizan se retrou- vent là, ainsi qu’une brève anthologie de leurs meilleurs papiers. Parmi elles, citons d’abord celle qui fut la compagne de Paul Nizan, Henriette. En avril-mai 1934, le couple voyagea en Asie centrale et chacun en rapporta un reportage. On connaît bien celui de Paul Nizan publié dans Europe le 15 mai 1935 (sous un titre qu’il avait écrit en tadjik, « Zindobod Taçikiston », et qui signifie : Vive le Tadjikistan). On connaît moins bien celui que sa femme donna à Russie d’aujourd’hui (juin 1936). Il est ici reproduit. Citons également Magdeleine Paz (1889-1973) qui, exclue du P .C.F en 1927, anima alors dans la revue Contre le courant la vulgarisation des idées de Trotski en France. Elle fut aussi critique litté- raire dans Monde de 1932 à 1933. En juin 1935, sur la photo du Congrès International des Ecrivains pour la Défense de la Culture , elle se tient à la droite de Paul Nizan. Son texte de soutien à Victor Serge fut alors publié dans un mensuel syndicaliste : La révolution proléta- rienne. L ’article sur Magdeleine Paz est signé Anne Mathieu. Elle est la directrice de publication d’Aden (11 rue des Trois Rois 44000 Nantes). Pour cet épais volume de 470 p., il en coûte 25 e (+ 5, 60 e de port pour la France à l’ordre de G.I.E.N). Juristes et littéraires Il y a beaucoup de droit chez des auteurs comme Melville, Kafka, Faulkner et Camus, tous auteurs d’œuvres où des avocats sont mis en scène. Dostoïevski et Flaubert au XIXe siècle ne s’en privaient pas non plus. Et le théoricien du « Law and Litterature », Richard H. Weisberg, l’auteur d’un recueil de critiques littéraires intitu- lé The Failure of the Word (1984), n’a cessé de montrer que les « récits de procédure » se retrou- vent dès la tragédie grecque ou les sagas islandai- ses. La raison principale à ses yeux faisant que le droit habite la littérature tiendrait à ce que cette dernière se nourrit d’ambiguïtés. Exemple avec Camus : « si l’avocat qui apparaît dans la deuxiè- me partie de L’Étranger parvient à obtenir une déposition montrant que Meursault ne voulait pas voir le corps de sa mère au moment des obsèques, nous avons, en tant que lecteurs, la capacité de trouver dans la première partie les informations narratives prouvant exactement le contraire ». (« Le droit dans et comme littérature », in Raisons politiques, n°27 entièrement consacré à l’œuvre de Richard Weisberg dans un dossier inti- tulé : « La démocratie peut-elle se passer de fictions ? », Presses de Sciences Po, 188 p., 17,50 e). À travers les revues Éros au secret Marie-Françoise Quignard, conservateur en chef à la Réserve des livres rares (BnF) est, en collaboration avec Éric Walbecq, bibliothécaire au département « Littérature et Art » (BnF), la commissaire d’une exposition sur l’histoire du fameux Enfer de ladite BnF. Histoire somme toute récente puisque c’est peu avant 1840 qu’une cote fut attribuée aux ouvrages échappant aux « bonnes mœurs ». Les romans libertins du XVIIIe s., alors constamment réédités, furent alors conservés... bien que qualifiés par un catalogueur de la fin du XIXe s., Henri Bouchot, de « marchan- dise idiotement obscène ». Cette exposition fait la part belle aux manus- crits de Sade, à l’œuvre érotique de Pierre Louÿs, connue qu’à la mort de ce dernier et dont Éric Walbecq s’est fait une spécialité. Michel Surya s’appesantit de son côté sur la relation entre Georges Bataille et ses pseudonymes. Pascal Quignard y évoque les « conduites clandestines » et la sinologue Nathalie Monnet montre comment Robert Van Gulik a triché avec l’érotisme chinois. Cette exposition, « Éros au secret », est ouverte sur le site François-Mitterrand de la BnF du 4 décembre 2007 au 2 mars 2008. En parallèle, les ateliers trimestriels du livre, ouvert à tous dans le petit auditorium (hall Est) du même site de la BnF, sera entièrement consacré le 11 déc. (9 h 30-18 h) à la question « livre et censure ». Eugenio de Signoribus à Paris Ce poète italien, pour la première fois traduit en français (Ronde des convers, Verdier), est invi- té par l’Institut Culturel Italien (73 rue de Grenelle, Paris 7e) le 3 déc. à 20 heures. Le lende- main à 18 h., c’est à la Maison de la recherche de l’université Paris-Sorbonne (28 rue Serpente, Paris 6e) qu’on pourra le retrouver autour de l’évocation de son amitié avec Mario Luzi (1914- 2005). Et le 5 déc. à partir de 18 h 30, il dédica- cera ce recueil de poèmes composés entre 1999 et 2004 à la librairie italienne Tour de Babel (10 rue du Roi de uploads/Litterature/ quinzaine-litteraire-958.pdf
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- Publié le Fev 08, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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