Stendhal, Le Rouge et le Noir Explication linéaire N°1 « On s'assit enfin … cet
Stendhal, Le Rouge et le Noir Explication linéaire N°1 « On s'assit enfin … cette main lui resta. » chap. IX, partie I. (p.70-71, Classicolycée) Introduction a) Présentation très rapide du roman de Stendhal (généralités) - Extrait du Rouge et le Noir, roman d’apprentissage à la fois romantique et à tendance « réaliste ». - Ecrit par Stendhal en 1830 - Personnage principal : Julien Sorel, jeune paysan qui rêve de gloire et d’ascension sociale durant la Restauration. b) Situation rapide du texte à présenter à l’oral - Livre I, chapitre IX - Julien = précepteur chez M. & Mme de Rênal. - Rôle : l’éducation de leurs trois garçons dont Adolphe l’ainé, le petit Stanislas. - Julien a refusé d’épouser Elisa, la femme de chambre de Mme de Rênal - Mme de Rênal a compris qu'elle avait de l'amour pour Julien : « Aurais-je de l’amour pour Julien ? ». - Un soir, la main de Julien touche par hasard celle de Mme de Rênal qui la retire aussitôt. - Dès lors, Julien pense qu'il est de son devoir d'obtenir cette main. b) Problématique Comment s’exprime la tension amoureuse entre ces deux personnages dans cet extrait ? d) Lecture du texte en entier 1 Analyse linéaire Paragraphe 1 : mise en place d’une scène de séduction amoureuse embarrassée Paragraphe 2 : les incertitudes d’un jeune homme Paragraphes 3 & 4 :l'angoisse du Temps, la montée de la pression Paragraphe 5 : une victoire en demi-teintes [1] [On s’assit enfin, Mme de Rênal à côté de Julien, et Mme Derville près de son amie. Préoccupé de ce qu’il allait tenter, Julien ne trouvait rien à dire. La conversation languissait]. Situation rapidement posée. Stendhal ne s'attarde pas, écriture rapide et efficace Les personnages s’installent comme pour une durée indéterminée (commodités de la conversation, atmosphère de salon, mondanités) Dès le début du texte, le temps s’éternise : adverbe « enfin » Indices de lieu : marquent proximité des corps Etirement infini du temps : valeur de l’imparfait = futur proche, impft duratif : le temps est arrêté, incertitudes de Julien quant à l’avenir immédiat, action figée. Tenter : Julien s'est lancé un défi à lui- même, il tente une action presque périlleuse languissait : impft duratif, durée indéterminée 2 Tension / montée de l'angoisse de Julien Texte structuré autour de l’épreuve psychologique Passage à l’action seulement dans le dernier paragraphe - Conception de l'amour étonnante : ce n'est pas le désir qui l'anime mais la volonté de se prouver ses capacités. [2] [Serai-je aussi tremblant, et malheureux au premier duel qui me viendra ? se dit Julien, car il avait trop de méfiance et de lui et des autres pour ne pas voir l’état de son âme]. - Style indirect libre (focalisation interne) : on entre dans les pensées de Julien. - Mélange contradictoire de sentiments mêlés : * Incertitude, peu de l’autre et de l’inconnu : adjectif + nom commun * lucidité dans sa tête. Comprend ce qui se passe au fond de lui. = Héros romantique type : désarroi intérieur, manque de confiance en lui. - Emploi futur simple associé au questionnement intérieur (phrase interrogative) : Julien assimile la conquête amoureuse à un duel. Difficulté de Julien à affronter la situation : se réfugie dans l’invention d’un combat imaginaire. [3] [Dans sa mortelle angoisse, tous les dangers lui eussent semblé préférables. Que de fois ne désira-t-il pas voir survenir à Mme de Rênal quelque affaire qui l’obligeât de rentrer à la maison et de quitter le jardin !] Poursuite du point de vue interne, confrontation à son propre désir amoureux - Montée en puissance du vocabulaire (excessif), montée de la tension interne - Désir d’échapper à, peur d’affronter ce qu’il désire le plus : se cherche des échappatoires, de faux espoirs = voir le ! - Tournure hyperbolique : rêve plusieurs fois le départ de la femme aimée (ressassement, obsession) 3 [4] [La violence que Julien était obligé de se faire était trop forte pour que sa voix ne fût pas profondément altérée ; bientôt la voix de Mme de Rênal devint tremblante aussi, mais Julien ne s’en aperçut point. L’affreux combat que le devoir livrait à la timidité était trop pénible pour qu’il fût en état de rien observer hors lui-même]. Stendhal établit un parallèle entre les deux voix : - Voix de Julien = périphrase (bégaiement, hésitations, chuchotements… ?) - Voix de Mme de Rênal : en écho à la psyché de Julien - Repliement de Julien sur lui-même, fermeture à l’autre (négation), centré sur lui - Vocabulaire toujours hyperbolique, guerrier, militaire : gradation des émotions, montée en puissance, modalisateur trop (2 x) registre ÉPIQUE champ lexical du danger/de la guerre [5] [Neuf heures trois quarts venaient de sonner à l’horloge du château, sans qu’il eût encore rien osé. Julien, indigné de sa lâcheté, se dit : Au moment précis où dix heures sonneront, j’exécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle]. Tension progresse d’un cran : - Apparition indices temps (but : rythmer le récit, fournir au lecteur des indices, des étapes) : accélération du tps (impft valeur passé immédiat) - Monologue intérieur (plongée directe psyché Julien) * futurs simples = âme raffermie, décisions à prendre * phrase construite en deux temps = choix (ou conj. coord) * Périphrase Julien n’ose pas nommer sa déclaration d’amour * Par contre, il envisage directement sa mort 4 [6] [Après un dernier moment d’attente et d’anxiété, pendant lequel l’excès de l’émotion mettait Julien comme hors de lui, dix heures sonnèrent à l’horloge qui était au-dessus de sa tête . Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un mouvement physique]. - Sensation d’un temps qui arrive à son terme - Vocabulaire des émotions toujours plus hyperbolique * voc. Émotions violentes * 2 comparaisons qui marquent le paroxyse = l’apogée de l’angoisse, la réaction physique (corps lui échappe) - Sentiment du tragique & du fatidique marqué par un objet : l’horloge - épée de Damoclès 1 1 Denys l'Ancien, tyran de Syracuse , vivait dans un château cerné d'une fosse et sous la surveillance de nombreux gardes. Denys, toujours sur le qui-vive, évoluait alors au milieu de courtisans qui devaient le flatter et le rassurer. Parmi eux, Damoclès, roi des orfèvres, ne cessait de flatter son maître. Agacé, celui-ci lui proposa de prendre sa place le temps d'une journée. Au milieu du festin, Damoclès leva la tête et aperçut une épée suspendue au-dessus de lui ; cette épée était retenue par un crin du cheval de Denys. Ainsi, le tyran montra à Damoclès que son rôle de tyran consistait à affronter le risque d'une « mort » pouvant frapper à tout moment. (Source Wikipédia) 5 [7] [Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main et prit celle de Mme Rênal, qui la retira aussitôt. Julien, sans trop savoir ce qu’il faisait, la saisit de nouveau. Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu’il prenait ; il la serrait avec une force convulsive ; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin cette main lui resta]. Le passage à l’action ! Julien se lance et témoigne ses sentiments - Heure fatidique : le temps imparti est arrivé à terme. Expressions montrant que la scène est arrivée à son terme. N.B : Julien n’attend pas la fin de la sonnerie pour se lancer (acte de bravoure) - Verbes d’action PS (actions brèves, précises = détermination de Julien) mais contradictoires (Mme de Rênal retire sa main) - Echec partiel de la relation amoureuse : Mme de Rênal ne répond pas comme il le voudrait à son appel. Julien : * En proie à ses propres émotions, il ne se contrôle plus * Rencontre le même embarras chez elle * Aussitôt : rapidité du retrait (adverbe) * Froideur glaciale de la main : formule hyperbolique (presque 2 x la même chose) * Elle tente de se dégager mais cède NB : pronom indéfini ON (Mme de Rênal) : elle n’est pas personnalisée (on est dans la tête de Julien) *** 6 Points forts (conclusion) Une scène d’amour hors du commun * Un compte à rebours dans la tête de Julien pressé par le temps : tout au long du roman, les cloches sonnent aux moments essentiels du destin du protagoniste. * Un combat imaginaire qu’il veut gagner. Ce n'est pas l'amour qui anime Julien. Seul le fait de gagner le combat l'intéresse. Une lutte de Julien avec lui-même, il veut se prouver qu’il peut arriver à faire la conquête de Mme de Rênal. * Amour = une épreuve militaire, un combat. Ce qui aurait dû être un moment de complicité se transforme en un affrontement. * Mais un désir sincère, un personnage divisé entre son désir et sa peur de Mme uploads/Litterature/ r-amp-n-extrait-1-etude-lineaire.pdf
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- Publié le Jan 07, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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