Le roman au XIXe siècle : le genre représentatif pour - La littérature « indust

Le roman au XIXe siècle : le genre représentatif pour - La littérature « industrielle » (Sainte-Beuve) - La littérature des élites Le roman devient un super-genre littéraire : du fait de la liberté de sa forme, les écrivains ont du mal à distinguer une forme spécifique du « roman » distinct d’autres genres littéraires (sauf la « poésie ») Supplément Jacques Rancière, entretien Le roman est le genre qui fait triompher en même temps la puissance anonyme de la vie sans qualité et la puissance d’un style indifférent à la dignité des personnages. Et il est le genre qui s’adresse à n’importe qui. Le triomphe du roman comme genre littéraire par excellence est le triomphe de cette égalité qui n’est pas pour autant homologue à celle que met en jeu l’action politique. Pour moi, littérature signifie l’émergence historique d’un mode de textualité et de rationalité. Je me suis donc tout naturellement concentré sur la constitution de cette textualité et de cette rationalité et sur la manière dont, ils ont diffusé au-delà d’un art identifié. Je me suis intéressé à la façon dont des discours savants (psychanalyse, histoire…) ont repris à leur compte des paradigmes de la rationalité littéraire (focalisation sur le détail, lecture des signes sur les corps, opposition d’un langage caché des signes muets au bavardage des significations explicites, rôle de la latence..). De la même façon je me suis intéressé à la façon dont la photographie ou le cinéma ont repris à leur compte des éléments de la poétique littéraire (suspension du sens , doublement de la logique du récit par une logique des intensités sensibles, chevauchement des temporalités). L’histoire de la « littérature » est l’histoire de la diffusion des procédures, formes de rationalité, modes d’identification associées à son nom et non simplement l’histoire de l’évolution de l’écriture romanesque depuis le 19° siècle , de la même manière que l’histoire de la « peinture » , de la « musique » ou du « cinéma » est l’histoire de la diffusion de procédures , de formes de sensibilité, de paradigmes artistiques qui débordent complètement les œuvres faites avec un pinceau , écrites sur une partition, produites avec une caméra. Au début du XIXe siècle, les auteurs de romans essayaient d’éviter la reconnaissance du roman tel quel. Chateaubriand présente Atala comme « une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique ». Balzac parle de ses histoires dans Scènes de la vie privée comme « des ouvrages improprement appelés romans » Zola, en 1880 : « le mot ‘roman’ ne signifie plus rien, quand on l’applique à nos études naturalistes ». Pourquoi le roman est réaliste ? Parce que la forme s’affranchit de la domination des codes de représentation classiques : - La vie quotidienne dispense désormais sa poésie - Il y a un culte de la précision réaliste qui recèle une valeur esthétique particulière - Selon certains auteurs, nous devrions parler plutôt de roman mimétique que de roman réaliste - Abandon du « romanesque » en faveur de la représentation vraisemblable des personnages et des situations. Exceptions : les romans noirs et mélodramatiques (voir Ducray-Duminil, chansonnier, romancier populaire) - Intérêt pour la vie contemporaine des gens : en ce sens, le roman anticipe les fictions de la télévision de nos jours. - Intérêt pour la vie intime des personnages : le lecteur devient un voyeur par l’entremise des narrateurs Balzac, avant-propos à la Comédie humaine : « La passion est toute l’humanité. Sans elle, la religion, l’histoire, le roman, l’art seraient inutiles. » Mme de Stael : les romans devraient être comme des confessions. Chateaubriand, René (1802) Senancour, Oberman (1804) Benjamin Constant : Adolphe (1816) Balzac : Le Lys dans la vallée (1836) Le roman ambitionne de faire le tableau vraisemblable de la vie humaine, de montrer l’homme tel qu’il est, pour éduquer (instruire) le public et pour lui apprendre à bien vivre. Supplément René, l’archétype du héros romantique : René prit sa place au milieu d'eux, et, après, un moment de silence, il parla de la sorte à ses vieux amis : " Je ne puis, en commençant mon récit, me défendre d'un mouvement de honte. La paix de vos coeurs, respectables vieillards, et le calme de la nature autour de moi me font rougir du trouble et de l'agitation de mon âme. " Combien vous aurez pitié de moi ! que mes éternelles inquiétudes vous paraîtrons misérables ! Vous qui avez épuisé tous les chagrins de la vie, que penserez−vous d'un jeune homme sans force et sans vertu, qui trouve en lui−même son tourment et ne peut guerre se plaindre que des maux qu'il se fait à lui−même ? Hélas ! ne le condamnez pas : il a été trop puni ! " J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde ; j'ai été tiré de son sein avec le fer. J'avais un frère, que mon père bénit, parce qu'il voyait en lui son fils aîné. Pour moi, livré de bonne heure à des main étrangères, je fus élevé loin du toit paternel. " Mon humeur était impétueuse, mon caractère inégal. Tour à tour bruyant et joyeux, silencieux et triste, je rassemblais autour de moi mes jeunes compagnons, puis, les abandonnant tout à coup, j'allais m'asseoir à l'écart pour contempler la nue fugitive ou entendre la pluie tomber sur le feuillage. Le héros romantique est un homme des extrêmes: manque d’idéal combiné à une „surabondance de vie”. Le sentiment de vouloir se jeter dans un abîme (le jeune Werther, de Goethe) Un vague de passions: Le "vague des passions", à distinguer du "mal du siècle" théorisé quelques décennies plus tard, est, d'après Chateaubriand, un état de l'âme qui précède le plein développement des passions. Il touche les jeunes oisifs enfermés en eux-mêmes et dont les désirs ne peuvent s'exercer sur aucun objet. Selon l'écrivain, plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état augmente, car il s'agit d'une mélancolie liée au développement du christianisme : l'éternité que celui-ci promet rend plus amer encore le présent de la vie terrestre. À la fin du XVIIIe siècle, ce mal est d'autant plus profond que l'individu est laissé à lui-même dans un monde révolutionné : « Il reste à parler d'un état de l'âme qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien observé ; c'est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente […] On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions […] On habite, avec un cœur plein, un monde vide ; et, sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. » (Chateaubriand, Génie du christianisme). Chateaubriand, Charles Nodier, Senancour ou encore Benjamin Constant sont de ces auteurs du tournant des Lumières qui donnèrent naissance à de jeunes héros dévorés par des formes plus ou moins proches du "vague des passions", un ennui et un dégoût maladifs de la vie à un âge où le cœur déborde des plus belles passions. Le jeune homme civilisé devient "habile sans expérience" puisqu'il peut appréhender les sentiments humains par les livres et non par la vie. Désenchanté, il voit ainsi le feu des passions s'éteindre avant qu'il n'ait pu s'embraser. En outre, la femme, par sa nature excessive, craintive, inconstante et l'incertitude de ses sentiments, entraîne les jeunes hommes dans la mollesse de leurs passions à mesure qu'ils fréquentent leur société. Ainsi, les anciens, séparés des femmes dans les activités du quotidien, avaient l'esprit moins trouble et une énergie disponible à l'exercice de leurs passions. Le héros romantique a une „une posture aristocratique”, puisqu’il assume son altérité pour l’élever au-dessus de la moyenne et s’imposer comme „élus”. Le roman romantique: écrit souvent par des femmes qui prennent pour sujets principaux les passions des hommes et développent le roman sentimental, issu du XVIIIe siècle, mais dépourvu de son côté libertin. La théoricienne du roman romantique, Mme De Stael, trouve que la création littéraire doit avoir pour fondement - La mélancholie - L’enthousiasme Ce que s’y montre, c’st le moi qui désire plus qu’il ne peut concevoir – selon l’esthétique du sublime qui fait déborder le concept par l’émotion. Supplément L’évolution vers le roman réaliste passe par la signification du détail: Pour Mme de Stael: le détail vise la description psychologique; pour les romanciers réalistes (des hommes), le détail vise la description matérielle. Mme de Stael : „le détail scrupuleux d’un événement ordinaire, lin d’accroître la vraisemblance, la diminue”, puisque tout détail qui détourne l’attention de „l’âme” vers „le corps” est immorale. Le roman sentimental, comme la littérature classique, vise à élever l’âme Chercher le beau idéal (beau = bien = vertu) Le réalisme Le réalisme : une volonté de présenter la réalité telle quelle sans l’embellir (idéal scientifique) sans l’idéaliser (pragmatisme, matérialisme) Supplément 1850: Gustave Courbet, n enterrement à Ornans Un enterrement à uploads/Litterature/ roman-xixe.pdf

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