Retrouver ce titre sur Numilog.com UNE LECTURE DE LES SOLEILS DES INDEPENDANCES

Retrouver ce titre sur Numilog.com UNE LECTURE DE LES SOLEILS DES INDEPENDANCES Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com 56 bis, rue du Louvre - 75002 PARIS éditions Retrouver ce titre sur Numilog.com Collection A3 dirigée par Bernard Mouralis © E d i t i o n s S i l e x 1985 Retrouver ce titre sur Numilog.com A la mémoire de LOMAMI-TCHIBAMBA le Prince Magnifique Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com INTRODUCTION L'un des textes les plus fascinants de la littérature africaine des années 1970 est assurément Les soleils des Indépendances de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, publié pour la première fois à Montréal en 1968, et réédité à Paris en 1970. Tous ceux qui ont tenté de mener une lecture critique sur ce texte, ont été unanimes pour lui reconnaître des mérites certains, aussi bien sur le plan de l'écriture, de la thématique, que par la maîtrise particulière de la langue utilisée. Des lecteurs avertis ont même proposé de le considérer, sans beau- coup d'excès dans l'interprétation, comme le modèle du re- nouveau dans le romanesque africain. L'expérience spirituelle de Fama, le « prince déchu » qui retrouve sa gloire et son triomphe dans une mort tragique, a été surtout une thématique d'une grande originalité, par delà la nouveauté de son langage : expressions malinké transposées en français, phrases cassées et mâchées, transcription à l'état brut d'un type d'esthétique malinké, contes et proverbes dits pour leurs images, néologismes particulièrement percutants, etc. Au delà de ce langage nouveau, Les soleils des Indépen- dances marque son originalité première, par une sorte de rupture intégrale dans l'écriture et dans la narration. Le devoir Retrouver ce titre sur Numilog.com de violence de Yambo Ouologuem avait déjà consommé cette rupture, en désignant les principes littéraires accrédités par la « négritude », comme des formes idéologiques qui ne pou- vaient plus identifier les sociétés africaines. Sans doute, le récit d'Ahmadou Kourouma ne va pas jusqu'à la violence ex- trême qui exaspère tant dans le texte de Yambo Ouologuem. Mais il y apparaît constamment, comme une nouvelle inter- rogation des sociétés surgies après les indépendances politiques, et surtout des contradictions flagrantes des nouveaux pouvoirs issus des équivoques et des complicités des régimes dicta- toriaux. Le texte d'Ahmadou Kourouma n'est pas un pamphlet poli- tique. Il ne s'attache pas à cette critique acerbe des dirigeants et des institutions. Cependant, il permet de montrer que ces systèmes nouveaux n'ont pas justifié les espoirs suscités. Dès lors, les mythes et les mythologies qui en constituent les tex- tures idéologiques, ne peuvent plus assurer un refuge à l'angoisse et au désespoir des hommes. Les commentaires consacrés au roman africain actuel reconnaissent désormais cette part importante des mythologies politiques. Il serait d'ailleurs tautologique de les reprendre ici. Qu'il suffise de citer les plus significatifs : Littérature nègre de Jacques Chevrier, Littérature africaine de J. Falq et M. Kane, Littérature négro-africaine d'expression française de J.-P. Gourdeau, Panorama du roman africain de C. Larson, La création romanesque devant les transformations actuelles en Côte d'Ivoire de G. Dago Lézou, etc. Des études particulières ont essayé d'analyser les caractères essentiels dans l'écriture de ce roman bien singulier. Des tra- vaux ponctuels, mais aussi des « mémoires » portant sur la langue et les aspects linguistiques les plus caractéristiques. Et des dissertations souvent correctes ont même été rédigées sur des aspects thématiques, ou sur les structures du texte. Il n'est donc pas indiqué de présenter encore une fois Les soleils des Indépendances, pour ceux qui s'intéressent parti- culièrement à la littérature africaine. La masse des études qui lui sont consacrées permettent cependant de dire qu'il est Retrouver ce titre sur Numilog.com devenu, dans la critique littéraire la plus classique, le texte le plus lu et le plus commenté, celui qui réunit une plus grande unanimité autour de son inspiration et de son élaboration, celui qui fascine également l'imaginaire le plus révolté des jeunes auteurs contemporains. Cependant, de ces interprétations sur le roman de Kourouma, il apparaît qu'un aspect important n'a pas été suffisamment relevé : les thèmes mythologiques. Certes, dans l'écri- ture littéraire, les mythologies n'affleurent pas toujours au niveau de la lecture immédiate. Et la narration elle-même, se voulant la transcription d'un certain imaginaire par des symbo- lismes concrets, n'accroche pas directement la dimension mythique. Et pourtant, l'expérience spirituelle de Fama, le héros à la révolte vaine dans Les soleils des Indépendances, n'acquiert sa véritable densité tragique, que si elle est fondée sur des substrats mythologiques, repérables au travers de tout l'espace historique qui inspire ses actes et ses comportements. Les mythes dont il s'agit dans ce commentaire, ne relèvent pas directement de ce que l'ethnologie traditionnelle avait accrédité comme des « récits particuliers », restituant les ori- gines, les causalités et les structures génétiques signifiantes des hommes et des éléments, des mots et des choses. De telles études, particulièrement sur les cosmogonies, l'éthique et l'écologie, ont été entreprises par l'anthropologie classique, telle qu'elle fonctionne comme discipline scienti- fique déterminée. Les mythes, dans ce contexte précis, sont souvent définis comme des récits imaginaires et imaginés. Comme des sortes d'illusions, d' « erreurs admises », struc- turées en systèmes dans une communauté donnée, et aux- quelles la société tout entière adhère irrationnellement, parce qu'elles constituent des éléments déterminés de la cohésion sociale. Dans ce sens, un certain nombre d'auteurs pensent que les mythes ne pouvaient fonctionner que dans des sociétés dites « primitives », parce que « a-scientifiques », qui ne relèvent pas directement de la rationalité positive, et qui ne cherchent Retrouver ce titre sur Numilog.com pas des explications de type scientifique (rationnellement) sur les origines et les significations. Depuis quelques années, depuis surtout les études de Mircea Eliade sur les mythes et les mythologies, études récupérées par certains critiques litté- raires, les thèmes des mythologies ont pu déboucher sur des applications concrètes dans le domaine de la littérature, avec les analyses faites sur des symbolismes et des formes de l'ima- ginaire projeté dans l'écriture. Ainsi, la définition des mythèmes énoncée par Eliade, a été utilisée dans les analyses littéraires, de la même manière que les « fonctions » de Propp et de Brémond dans leurs études sur les contes et sur les récits narratifs. De telle manière que les définitions des mythes, et des mythologies comme systèmes qui les structurent, sont devenues plus opérantes. Il est donc possible de reconnaître que les mythes sont exigés par le fonc- tionnement même de tout imaginaire et de tout l'imaginaire, à travers des symbolismes précis, à travers les rêves, les jeux, et toutes les autres formes de transcription de l'imagination. Il suffit de reprendre les études de G. Durand sur Les structures anthropologiques de l'imaginaire, celles de la psycho- critique de Mauron dans Des mythes obsédants au mythe personnel. Dans un autre sens, on peut citer celles d'Althusser sur les « idéologies » dans Pour Marx, et de les prolonger par celles de P. Kaufmann ou celle de Claude Lefort. Dans le texte de Kourouma, la dimension mythologique est suffisamment soulignée, pour qu'elle puisse inspirer une étude particulière. La réalité sociale, telle qu'elle est vécue dans l'Afrique post-coloniale, s'avère tellement désarticulée, au point de ne pouvoir se rendre cohérente, sinon en invoquant un univers particularisé. Fama Doumbouya, le dernier et légitime descendant des princes du Horodougou, ne peut plus s'insérer dans une so- ciété faussée et truquée par les partis uniques et les cartes nationales d'identité, qu'au travers des « mythologies denses » qu'il se crée et qu'il s'impose à lui-même, jusqu'à se faire écra- ser par elles. Retrouver ce titre sur Numilog.com C'est donc le « temps historique » qui exige une interpré- tation symbolique des sociétés actuelles. Car, le temps de la « bâtardise », ce règne des hyènes comme dit Fama, ne corres- pond plus à l'univers traditionnel, rituellement marqué par des gestes et des actes qui avaient formé la conscience historique de Fama. De cette ambiguïté, plus tragique que celle qui an- goissait Samba Diallo dans L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, ne pouvait procéder qu'une mort plus am- biguë encore. Toutes les anciennes valeurs sont, non seulement niées, mais déformées : les marabouts et leurs maraboutages, sont devenus des escrocs patentés. Les griots et les féticheurs des profiteurs sans scrupules. Le désenchantement de Fama, ses déceptions successives dans la vie sociale, son pouvoir déchu, ses richesses perdues, son commerce ruiné, ses désillusions dans la vie fami- liale avec la stérilité (la sienne et celle de son épouse Salimata, elle aussi marquée par les mêmes formes mythologiques am- biguës), ne pouvaient que le rejeter dans le cercle violent du tragique. Pour avoir assumé le tragique, il sera amené à la « gloire » suprême, au triomphe dans une mort significative, au milieu des caïmans sacrés. La ruine de l'ancien monde et de ses mythes, était déjà inscrite dans la désintégration des tra- ditions premières et originelles. Fama, vieil homme solitaire, n'est pas un déchu qui s'accepte comme tel, et il va invoquer la mort. Celle-ci lui uploads/Litterature/ soleil-des-independances.pdf

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